Qui est propre, qui est sale ?
par Jeanne Doré, le 10 mai 2011
On parle souvent de “parfums propres”, évoquant le linge, la lessive, le savon, le shampooing, ils peuvent nous rassurer, nous faire nous sentir frais, confortables, à l’aise, ou au contraire, nous plongent dans un désintérêt total par leur assimilation aux produits d’hygiène, peu glamour.
A l’inverse, le mot "sale" revient souvent en parfumerie, avec des notes animales (la civette et son odeur fécale, le miel qui peut évoquer l’urine), florales (le jasmin et son indole déroutant), fruitées (le cassis qui sent le pipi de chat) ou encore épicées (le cumin et sa forte odeur de transpiration). Ce genre de notes peut être rédhibitoire pour certains, mais au contraire, bien dosés, ces ingredients apportent aussi ce qu’il faut de sensualité, de relief et de personnalité à certains parfums mythiques et adulés (Shalimar et Jicky seraient-ils les mêmes sans leur civette ? Déclaration sans son cumin ? Onda sans son miel cireux ?)
Et vous, quels sont les parfums que vous trouvez les plus propres, les plus sales ? Pourquoi les aimez vous, les détestez-vous ? Etes-vous finalement plutôt parfums "proprets" ou parfums "salaces" ?... ou les deux ?
par Géraldine, le 11 mai 2011 à 10:48
Ah désolée j’oubliais le comble du cracra fascinant pour moi, je crois que c’est Absolue pour le soir de FK ! Le genre de parfum devant lequel fronce le nez d’un air dégoûté sans pouvoir m’empêcher de revenir sans cesse dessus...la drogue, c’est mal !
par Géraldine, le 11 mai 2011 à 10:36
Sale, sale, sale. Qu’elle soit discrète ou explosive, la note qui nous rappelle que c’est bien notre corps fait de chair et de sang que le parfum orne me fait chavirer.
Eau d’Hermès, Musc Ravageur, Jicky, Mitsouko, ou d’autres moins sales mais tout aussi torrides comme Habanita, Ambre Sultan, ou d’autres encore juste troublants, comme Dans tes bras ou Nuit de Tubereuse et leur terreau humide...
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En fait ces parfums ne m’évoquent rien de sale. C’est l’animal que j’aime en eux, c’est l’animal qui sommeille en nous et que le parfum chatouille qui me plaît tant.
C’est cela aussi qui me fait apprécier le repos qu’offre l’odeur du linge propre, les notes fraîches et limpides, vertes, un peu crissantes.
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Heureusement que je ne peux renoncer à rien...
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par Patrice, le 11 mai 2011 à 15:46
Muscs, civette, castoreum... ces notes servent à réveiller l’animal qui sommeille en nous !
C’est beau ça ! ^^
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par schlimmelmann, le 24 mai 2011 à 13:38
Vous avez tout à fait raison, Géraldine, Habanita a quelque chose detroublant. Quelques heures après l’avoir vaporisé, l’odeur me fa penser au cuir fétiche.
par DOMfromBE, le 11 mai 2011 à 08:34
Tout à fait sur la même longueur d’onde que vous !
Le "propre" m’évoque les Saintes Nitouches (Diorissimo et grande culotte blanche de Bridget Jones) tandis que les "sales" se rapprochent de la sublime bourgeoise en tailleur Chanel, perles au cou, qui va rejoindre un amant anonyme pour de furieuses étreintes ... Rhabillée, son brushing retouché, sa peau gardera des traces olfactives de ce qui est sensé n’être connu que d’eux seuls ...
C’est ce qui me plaît dans le N°5, 1OOO, Shalimar, Narcisse Noir, Mitsouko, Youth Dew... Des actrices italiennes sublimes de chic, sorties des films en noir et blanc des années 50-60, qui volent des instants de bonheur ou de folie entre les bras des Marcello, Vittorio ... Et reviennent au foyer dans de belles voitures, prisonnières des apparences et des convénances, mais avec un petit côté "bancal".
Là dedans, je peux me reconnaître. Avec plaisir.
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par mitsouko, le 11 mai 2011 à 15:40
Ah, j’adore l’image évoquée Dominique ! On est décidément sur la même longueur d’onde : c’est tout à fait ça !
Les parfums qui sentent bon le propre m’ennuient très vite. Il me faut des odeurs de fourrure, de cuir, de terre, de peau échauffée. Mitsouko, Arpège, Miss Dior, Habit Rouge, Habanita, Cabochard...... Là on ne s’ennuie pas une seconde.
Et pourtant j’adore Flower qui n’a rien de sale mais qui m’évoque la femme qui se fait belle avant de rejoindre son amant avec ses odeurs de poudre et de rouge à lèvres. Le N°19 qui peut paraître austère ne l’est pas pour moi, il m’évoque plutôt la femme qui refuse de se soumettre non par puritanisme mais parce que son truc c’est plutôt la domination......
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par dominique, le 11 mai 2011 à 21:54
Oui, Mitsouko, Chanel N°19 pourrait être, en parfum, que je viens de découvrir, la face austère d’une beauté froide, en tailleur Mugler de la grande époque du créateur, le regard dissimulé sous une voilette, cravache à la main, passant parmis son cheptel de partenaire soumis, comme dans les images fantasmées des romans trash d’Anne Rice. Par ailleurs utilisatrice du N°22.
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par dau, le 12 mai 2011 à 07:55
Je ne trouve pas le N°19 si extrême. Je trouve qu’il s’arrête avant de manier la cravache. C’est plus un jeu dans sa tête. Il se passe beaucoup de chose dans la tête du 19, c’est un cérébral celui-là, qui aime dominer mais sait que la domination vraie ne passe pas vraiment par les choses physiques. Le passage à l’acte, ce serait le Bas de Soie de Lutens. La vraie garce SM, c’est elle.
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par dominique, le 12 mai 2011 à 08:40
C’est sans doute un effet de génération, sachant que les "filles" de Madame Claude étaient souvent habillées en Chanel, dans ce défunt Paris giscardien que j’aurais tant aimé connaître, et depuis reconverties pour beaucoup en épouses de grands patrons ... Ca me travaille l’imaginaire. J’ai toujours craqué pour Chanel depuis que je m’intéresse à la mode et aux parfums ...
Et la rue Cambon est un des derniers vestiges de ce qui fût le luxe à la française, avec quelques enseignes telles Hermès ou Goyard, mais un flacon de rêve est plus abordable qu’un sac, Birkin ou Voltaire.
Je suis impatient de découvrir Coromandel.
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par dau, le 12 mai 2011 à 09:03
Heu... on a plus ou moins le même age. Oui, Chanel est l’une des rares maisons qui fasse encore rêver. Mais je ne pense pas aux filles de Madame Claude. Plutôt au sacré personnage qu’était Mademoiselle : une fameuse garce ! (j’adore les garces)
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par dominique, le 12 mai 2011 à 13:09
Nous avons le même âge. Juste quelques jours encore avant de franchir le cap des 40 bougies !
par mitsouko, le 12 mai 2011 à 08:55
Je te rejoins Dau sur cette vision du N°19. Une dominatrice sans cravache puisqu’elle n’en a pas besoin. Une poigne de fer dans un gant de velours. Un regard autoritaire auquel on se soumet sans réfléchir, envouté par un sourire plein de promesses......
par Vivi Snow, le 12 mai 2011 à 16:13
Exactement ça N°19, une cérébrale conquérante qui porte la culotte. Elle est tellement intelligente, subtile et fine, attention manipulation en vue : regard séducteur pénétrant et hypnotique... ;-)
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par cellist, le 12 mai 2011 à 16:29
Je ne peux pas partager votre avis sur le N°19, c’était le parfum de ma maman quand j’étais petite alors vous me faites peur avec vos idées de femme dominatrice conquérante sévère à tendance masochiste ! ;) Vous pervertissez mon doudou !
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par Vivi Snow, le 12 mai 2011 à 16:46
J’ai bien ri de votre peur Cellist ! Ce ne sont bien entendu que des images (plutôt sadique la tendance, avec harcèlement psychologique, mais bon, je vais arrêter de faire ma grande méchante louve ^^) amusantes. Je l’ai offert à ma maman ce N°19 et bien heureusement, elle n’est pas manipulatrice sadique...
Mais en portant moi-même ce N°19, j’ai bien ressenti ce genre de sentiment conquérant, à flotter légèrement au dessus des autres, un sentiment amusant mais loin d’être perverti par du sadisme.
Bon amusement avec votre doudou ;-)
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par cellist, le 12 mai 2011 à 17:09
Ne vous en faites pas, j’ai conscience que le ressenti vis-à-vis d’un parfum est on ne peut plus personnel :) Et puis je ne prétends pas connaître la personnalité complète de ma mère !
par schlimmelmann, le 24 mai 2011 à 13:34
J’adore Bas de soie, et j’adore votre vision de ce parfum dau. Merci !
par dau, le 11 mai 2011 à 08:20
Le propre, j’aime bien, mais sur les autres. Le coté une tonne d’aldéhyde comme dans Blanche de Byredo ou White Linnen, j’adore, mais je trouve qu’on s’en lasse vite. Pareil pour les muscs proprets...
Le sale, c’est pas mon truc pour moi : sur les autres, je trouve ça craquant, mais sur moi, c’est complètement raté, ça ne me va pas du tout. Pas le physique, pas les fringues, pas l’allure, pas sexy ni sensuel etc. Donc, pas moi. Mais c’est quand même rudement plus intéressant et évolutif que le propre. (Le propre, on s’ennuie vite !)
Comme Jicky, j’adore les faux propres ceux qui sont un peu savonneux mais dont on se dit qu’il y a un petit truc pas net la-dessous. Le N°5 a toute ma préférence en extrait parce qu’après la phase jasmin, il se passe un truc poudre-savon avec des traces noires par en dessous franchement pas nettes. Et ça , j’adore.En plus, c’est typiquement le genre de chose qui me va bien parce que faut pas exagérer, je suis pas une bombe, mais j’ai rien non plus d’un néo-puritain.
ça me fait penser à Turin qui disait que la parfumerie française, c’étai fait pour et par des gens qui aiment manger des choses pourries qui puent (genre fromage et gibier faisandé) pas pour les adeptes du pasteurisé désinfecté.
par Jicky, le 11 mai 2011 à 00:02
Ah ah !!! Autant je suis capable presque tout ce qui s’approche du dégueu (en même temps, Jicky quoi...). Alors que bizarrement, le propre j’ai du mal.
En fait, je différent les propres entre eux. Il y a les lessiviels, les lisses, les astringeants et les faux propres. Mes préférences vont pour les faux propres : ceux qui sentent le savon, mais qui sont super dégueu en fond ! Avec pour exemple mesdames les n°5 et Joy (le jasmin ;)
Les lessiviels : L’eau de lutens, et toutes les cliques dans le genre. Toutes aussi utiles qu’interessantes olfactivement. Les lisses c’est un peu le style Beauty. Les astringeant c’est ceux qui montent au nez. J’aime beaucoup en fait ceux là aussi. Essence, Infusion d’Iris, CkOne aussi.
En sale, j’adore tout. Cumin (Eau d’Hermès notamment !). Animaux (Jicky etc). J’ai pas vraiment de truc à vous dire pour le moment...
J’y reviendrai !
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par Patrice, le 11 mai 2011 à 15:43
Ah oui, dans les faux-propres, Infusion d’Iris tient une bonne place !
Avec son odeur de savon qui a déjà bien servi, presque chargé de toutes les salissures. Un peu genre "eau du bain après trempette" ou "odeur de savon sur la peau après une journée d’efforts".
Mais paradoxalement, il est vraiment attachant et on aurait presque honte d’aimer une telle odeur ! ^^
par amatsu otome, le 14 juillet 2011 à 14:26
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Bonjour,
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Je crois que dans les “propres” on pourrait mettre Aromatic Elixir de Clinique...
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Lorsque je le porte, j’ai l’impression d’être un objet neuf entouré d’un papier de soie...sortant d’une dernière application de vernis brillant....
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Il est vrai que cela s’estompe nettement par la suite...et que... diffuse....sur les pulls de mohair ...l’odeur devient plus tendre...chaleureuse.. mais toujours aussi enveloppante...
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Sinon, je pensais aussi à la première formulation de l’ Eau de Roche de Rochas...et peut-être certains Penthegalions ...
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