Qui est propre, qui est sale ?

Qui est propre ? Les fougères bien sûr. Rive gauche pour homme et Fougère royale, par exemple. A leur manière, sans le côté hygiénique obsessif, l’assaut hespéridé-boisé frais qui a tant de succès (et qui fonctionne fort bien dans certaines créations). Elles me rappellent la petite salle de bains proprette et tout de blanc de mes grands-parents.

Les parfums sont propres ET sales. Les parfums sont bâtis sur des équilibres "chaud/froid" "mangeable/pas mangeable" etc., et ces équilibres se transforment tandis que le parfum évolue sur la peau ou le tissus. C’est une histoire de contrepoint. Il y a un îlot de yin dans le yang.

Le parfum qui me fait dire "Non !", c’est M/Mink. Pourtant j’aime la base anymalis II. Je peux porter Kouros.
Mais avec M/Mink, je visualise directement la pastille de javel au fond des urinoirs. Je m’en fous qu’il prenne des accent de pinède et des nuances touchantes de fraîcheur. Pour filer la métaphore, c’est l’urinoir de Duchamp de la parfumerie. J’ai l’impression d’une supercherie, mais les conversations autour sont intéressantes. Cela dit, j’ai gardé mon flacon de 10ml.

J’aime "l’eau d’hermès".

Je suis pour le sale, la richesse, les évolutions, et la complexité. Ce n’est pas pour rien qu’on reproche à la parfumerie fine actuelle de trop ressembler à la parfumerie fonctionnelle.
Frédéric Malle reprochait cet aspect "dénominateur commun du goût", l’effet des groupes de testeurs, qui lisse toutes les aspérités d’un parfum avant sa sortie.
La domination du propre et du gourmand est révélateur d’un manque de liberté artistique, d’un manque de temps pour le parfumeur, d’un manque de bonne direction artistique, de moyen, d’imagination, de courage, etc.

(Autrement, replacé à l’échelle de l’histoire de la parfumerie moderne, les odeurs de savons (aldéhyde, muscs blancs de synthèse) furent initialement l’odeur des parfums de luxe. Car les molécules étaient chers. Ces parfums furent imité par les savons quand le prix de ces matières de synthèse chuta.)

Et inversement, je trouve une beauté sacré dans l’odeur des baies de laurier du savon d’alep. Parce que le laurier est une plante dédié à Apollon, l’olivier à Athéna, et que les premiers parfums greco-romain était de l’huile où macérait des herbes aromatiques, et qu’utilisait les athlètes pour leur toilette. Pourtant ce sont des odeurs un peu âcres.

Alors, qui est sale, fastoche : Bambou de Weil - l’original évidemment - et Oud infini de Dusita. Vive la saleté !

Très propre sur lui : Musc extrême de Perris.

Je n’ai pas encore rencontré de parfum sale. Même Kouros, Antæus et Yatagan ne me donnent pas vraiment cette impression. Je soupçonne que les formulations contemporaines sont responsables. En revanche, le parfum qui pour moi signifie "propre" comme au sortir de la machine à laver est Eau de narcisse bleu d’Hermès. Il sent l’assouplissant qu’utilisait ma tante. Quand je le porte, j’ai l’impression d’être une pile moelleuse de serviettes de toilette pliées.

J’ai senti récemment The Scent - Hugo Boss en dansant et je l’ai trouvé intéressant, avec quelque chose d’indéfinissable...en cherchant les notes sur Internet, j’ai trouvé "fleur de Maninka" que je ne connaissais pas . Je l’ai re-sniffé en parfumerie et il est peut-être un peu racoleur mais j’aime bien . Et du coup, je ne sais pas - sale ou propre ? Ca dépend sur qui :)

Pour moi le terme sale est mal choisi. Avant de parcourir les sites de passionnés comme Auparfum, il ne m’était jamais venu à l’esprit que des parfums que je portais pouvaient être considérés comme "sales" (Aramis, Eau d’Hermès). L’idée-même m’aurait semblé totalement absurde.

je pense que les gens sont influencés par ce qu’ils savent de l’origine par exemple du civet, et par d’autres avis de passionnés, eux-même influencés par leur connaissance etc., et de là portent un jugement sur le fait que certains parfums seraient "sales".

Je vais en faire la démonstration : portez pendant une journée Jicky ou Shalimar ou Kouros ou l’eau d’hermès. Demandez autour de vous ce que votre entourage sent. Je suis prêt à parier que personne ne dira ni ne pensera que c’est "sale" (la raison étant bien-sûr que ces parfum sentent très bon). Peut-être dira-t-on que c’est "vieux". Donc je pense que le terme de "sale" est une déformation propre aux gens qui en savent trop sur la parfumerie.

Dans mon esprit, je qualifiais la note de Civet (avant de savoir qu’il s’agissait de civet) présente dans Aramis et Eau d’Hermès d’odeur de "peau", ou "grave" (par opposition aux notes fraiches que je qualifiais d’ "aigues")

Le terme d’ "animal" me conviendrait déjà beaucoup mieux.

Parfum propre et parfum sale : peut-être est-ci ici la bonne rubrique pour poster un avis sur Santa Maria Novella Marescialla :

Voici donc un incroyable parfum tout droit sorti du XIXe siècle, Une ouverture stupéfiante, une eau d’apothicaire, herbeuse, quelque chose que l’on pourrait sentir dans de vieilles demeures de maître, avec parquets, lambris et la poussière dansant dans la lumière des grandes baies qui donnent sur le parc...
Puis tout cela s’adoucit, se sucre aussi, et se mue en l’odeur un peu crémeuse des produits de rasage d’un barbier des beaux quartiers.
Chef d’oeuvre dans cette jungle contemporaine de clones, de sucrailles de boites de nuit, sans souffle, sans histoire.
Faites une pause, respirez, méditez dans la lente coulée du temps.
Rare. Magnifique.
Le sale et le propre réconciliés.

Oui, c’est bien ce que je disais plus haut. Si la frontière sociale est bien établie, la dimension olfactive ne l’est plus du tout pour certains parfums. Pour le déo ( et sur avis d’un éco-toxicologue d’origine allemande ), le mieux est un produit Ecocert le plus naturel possible. Pour le parfum, le mieux est d’éviter les mentions " sport " ou " pure / sheer " pour les féminins. C’est reposant pour le nez et honnêtement je préfère encore me parfumer avec un sheer qu’avoir une sinusite, mais ça perturbe l’odorat car là dedans impossible de s’y retrouver, c’est du pareil au même.
Tiens encore une belle journée ici, si l’envie me prend d’aller à Bordeaux... Enfin non j’ai autre chose à faire heureusement, à tous les coups " Paris " ahhhhhhhhhhhhhh va subir une nième variation printanière, autrefois " Premières Roses " n’était pas si mal ( 10 ans en arrière ou à peu près ), aujourd’hui je fuis. Bref, c’est bien la notion de performance donc la course en avant qui logiquement priment, même ( et beaucoup ) dans le Bio - franchement un supermarché Bio ? - alors les parfums quelle aubaine !

Hello,

Et oui " Extrême " c’est le nom de la nouvelle eau Chanel, le clip a été réalisé par Kathryn Bigelow donc et le surf qui lui est un sport propre ( respect de l’environnement, communion réelle avec l’océan, danger aussi car hélas beaucoup de surfeurs professionnels y ont laissé leur peau )devient donc l’égérie de Chanel, qui déjà, avec Marc Thiercelin avait misé sur le sport, la voile à ce moment là. lol oui toutes les déclinaisons sont possibles, c’est tellement facile. Le surfer dont j’ai oublié le nom est un surfeur connu, la réalisatrice n’en parlons pas, le parfum lui ressemble beaucoup à Allure, bref... Mais je n’ai pas senti directement sur mon poignet. En revanche, j’ai découvert Diane et là stupeur ! Faussement classieux, voire vulgaire à mon avis et impeccablement codifié ! Alors là, moi qui m’attendais à quelque chose de joli et bien je suis déçue. Par contre, j’en ai profité pour flâner dans le nouvel espace beauté et parfums des Galeries Lafayette ( rénové entièrement et depuis janvier je n’étais pas retournée sur Bordeaux, c’est dire combien j’aime " ma" ville ) Serge Lutens y est, ainsi que d’autres maisons et l’espace lui même est agréable et euh disons le tentant donc un petit tour et puis s’en va ! C’est une petite niche au sein de l’espace, ma foi bienvenu quand on veut sentir tranquillement un parfum. Dans le tram, j’ai repéré beaucoup d’eaux chez les hommes, jeunes et moins jeunes, c’est vrai que de l’un à l’autre ça sent la même chose. Par contre et là cet après-midi c’était flagrant : tous sont descendus à des arrêts urbains ou périphérie bourgeoise... Comme quoi, se parfumer, même mal et avec des parfums chers reste décidément l’apanage de certains car vous pouvez me croire dès qu’on aborde la banlieue plus modeste, ce ne sont plus des parfums aussi falots soient ils que l’on repère, mais des parfums nettement plus cheap. Au final, je me demande ce qui sent le plus propre : Chanel ou Axe, très franchement ça reste à prouver !