Belle d’Opium
Yves Saint Laurent
- Marque : Yves Saint Laurent
- Année : 2010
- Créé par : Honorine Blanc
- Genre : Féminin
- Famille : Chypre
- Style : Gourmand - Opulent
Patchou laid
par Jeanne Doré, le 5 octobre 2010
S’il y a en cette rentrée 2010 une nouveauté en ligne de mire, tous canons pointés vers elle, c’est bien Belle d’Opium.
Proclamée ici et là petite soeur opportuniste ou nièce usurpatrice de patronyme, le moins que l’on puisse dire, c’est que si on devait prouver sa filiation avec son ancêtre Opium en procédant à un test ADN, il y a de grandes chances pour qu’on ne leur trouve pas deux nucléotides à la suite en commun
Mais après tout, on s’en moque. La question est de savoir s’il est réussi, ce rejeton ? Franchement ? Non.
Alors à quoi sert Belle d’Opium ? Recréer le phénomène Opium 30 ans après ? Séduire les adeptes de l’original qui auraient peur de prendre un coup de vieux ? Attirer les plus jeunes qui fantasmeraient sur la période mondaine et décadente Palace-Betty Cartroux d’Yves Saint Laurent ?
En fin de compte, un flanker, on sait bien à quoi ça sert : capitaliser sur le nom et la renommée d’un succès existant, et sachant qu’ils sont éphémères, ou au mieux discrets, en général on leur pardonne.
Là où on est un peu moins tolérant, c’est lorsque la prétendue héritière prend toute la place dans les magazines et les stands des grands magasins, pour clamer "moi je, moi je" alors qu’elle n’a rien à dire, n’ayant comme marchandise à nous proposer qu’un triste patchouli sur rose confite à la pêche. Merci, on y avait jamais pensé !
Belle d’Opium nous ressert la recette miracle des années 2000, le chypre fruité en version low cost, tout en prétendant se démarquer avec un sulfureux accord narguilé (ouh là là !) au risque de ne pas plaire à tout le monde et d’être “polarisant” (comme si c’était devenu aujourd’hui le nouveau gage d’un futur succès pour les gens qui ne comprennent rien au parfum).
Il démarre directement sur l’ingrédient phare, le patchouli, qui fait ainsi office de tête d’affiche, pour dévoiler rapidement son accord fruité pêche-prune saisissant de glucose, et enveloppé de fleurs artificielles et fluettes qui finiront par se faner tristement sur une crème à la vanille vaguement boisée.
Seulement voilà, Belle d’Opium n’a pas d’âme, ni de charme, et même des non-experts ne s’y trompent pas, ils le trouvent juste inintéressant et cheap (paroles de consommateurs, in situ !).
Car on ne construit pas un bon parfum sans y mettre un peu d’émotion, (celui-là semble en avoir cruellement manqué), ni un minimum de prix (mais d’où vient donc cette horrible base florale fruitée ?).
L’Oréal a apparemment pris le train du parfum bas-de-gamme à grande vitesse. Ils risquent juste de ne pas avoir beaucoup de voyageurs...
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par incense, le 8 octobre 2010 à 10:05
Laid. Vulgaire. Mercantile.
J’ai envie de pleurer quand je vois ce que des lessiviers peuvent infliger à une si belle marque, et démolir un univers aussi somptueux que l’héritage YSL.
Comble du cynisme, ils osent détourner un monument de la parfumerie, Opium, pour nous en donner une version calamiteuse. Si encore ça restait cheap... Mais là on dépasse les bornes !!! Qui osera s’infliger un tel jus ?
L’Oréal continue sa grande destruction de la parfumerie française, et c’est effrayant.
par Sharlenou, le 6 octobre 2010 à 19:51
Eh oui Jeanne ! J’ai eu le droit aussi au discours "un audacieux accord narguilé" nananana... mais la pauvre n’y croyait pas elle même et ne m’a pas contredit à la fin.
Même ma petite sœur de 12 ans a levé les yeux au ciel avec un "trop nul ce truc" quand elle l’a senti, c’est pour dire !
par clochette79, le 6 octobre 2010 à 19:50
Eh oui, c’est malheureusement ça... La chose qui choque le plus, c’est le décalage entre le discours et le parfum. Beaucoup ont été choqués de symboles sataniques apparaissant dans la pub (le geste à la 18eme seconde entre autres, paraît-il). On a une atmosphère enfumée à la "Opium", une danse langoureuse, tout ça pour...ça. Pour ceux qui aiment le narguilé, tournez-vous donc vers Ambre Narguilé de Hermès, ou vers Opium, l’original, cette sortie ayant eu l’unique avantage de ramener le classique dans nos rayons (au Portugal, par exemple, il était jusqu’à présent difficile de trouver Opium, avec cette sortie ils l’ont aussi remis en rayon). Après Miss Dior chérie, Parisienne, Trésor in Love, Belle d’Opium se situe dans la lignée des usurpateurs de notoriété. Ça me fait le même effet que quand on voit une "fille de..." sans talent ni charme mise en valeur dans les soirées mondaines et les médias. Et là on regarde certaines autres "fille de..." comme Chanel N5 eau première, et on se dit que certains savent faire leur boulot. Et qu’Opium aurait mérité une version dépoussiérée. Dommage, zéro pointé pour moi aussi, même si je ne doute pas une seconde que le formatage imposé par LVMH soit plus responsable que le nez, qui souvent n’a pas beaucoup de liberté, uniquement celle de faire ce qu’on lui demande.
par Jeanne Doré, le 6 octobre 2010 à 18:46
Sharlenou, si même les demonstratrices s’y mettent, alors ils sont mal barrés !
Jicky, "opulent" est juste un style, pas un attribut technique qui voudrait dire "tenace", ceci dit je vous accorde que ça peut paraitre paradoxal d’être à la fois opulent et très furtif, mais ça existe, la preuve ! A vrai dire, BDO tient sur la peau (grâce à la vanille) mais ne diffuse pas.
Lililatigresse, vous confirmez donc mes suppositions, l’impression de "fade" est générale, mais je suis sûre que vous n’y connaissez “pas rien en parfum”, puisque vous nous lisez ;)
par lililatigresse, le 6 octobre 2010 à 18:37
En tout cas les vendeuses étaient bien brieffées pour nous le vendre, ce truc ! Je
me suis fait sauter dessus par une de ces charmantes créatures qui m’a vaporisé un peu de ce Belle d’Opium sur le poignet, en me servant le truc sur le naguilé (mais ça sent quoi le narguilé ?le tabac ? La pomme chimique ?Les 2 ?). J’ai donc senti, tout en ayant un a priori favorable, je dois l’avouer (je trouve le flacon très beau, normal puisque piqué à son grand frère), et comme j’aime bien Opium...association d’idées facile mais qui peut servir d’accroche (le principe du flanker en somme). Et puis...rien. Fade, c’est le mot qui pour moi illustre le mieux l’impression que j’ai eue. Des odeurs comme mises en sourdine, aucune ne devançant les autres. J’ai cherché le naguilé (pour le fun) mais même ma chicha dégage des odeurs plus complexes que ce "parfum". Du coup le rêve s’est effondré avant même d’avoir existé ! Je n’ai même pas cherché à lui trouver des excuses tant ça me paraissait évident. C’est d’ailleurs ce qui m’interpelle dans les autres commentaires, même ceux qui n’y connaissent rien le trouvent sans intérêt, et bien c’est exactement mon cas, je n’y connais rien et pourtant j’ai su immédiatement que ce parfum était sans âme, vide.
Aucun scrupule à ne mettre aucune étoile, car j’estime que c’est se ficher du monde que de faire passer ce "jus" pour le descendant d’Opium, qui lui au moins, pardonnez l’expression, "avait des c*******".
par Jicky, le 6 octobre 2010 à 18:13
J’ai vu l’article sur mon téléphone au lycée (non c’est pas un truc de la pomme, mais juste l’internet préhistorique qu’il y a sur mon telephone^^), puis je voulais commenter mais non....
Bah Belle d’Opium, bah ... heu... voila !
Moi perso ça me fait rire ! La première fois que je l’ai vu, c’était à un corner Saint Laurent aux Galeries de Montparnasse... La vendeuse elle m’a fait "un audacieux accord narguilé reprenant l’univers mystique de son ainé, Opium".
Je m’attendais pas à THE truc, mais là quand même c’est gonflé !
"Je suis ton obsession, je suis ton déo parfumé" ! C’est complétement ça ! Au début, ça sent les fleurs blanches et les agrumes ! C’est pas désagréable, mais ça pique le nez, c’est bizarre, puis t’as de la fleur d’oranger pas drôle du tout, bien girly.
Après, je le répète, ça sent les fleurs blanches, mais fades, puis l’orange avec des muscs et du patchouli, sans la facette terreuse et marron, mais plus celle fade et dépourvue d’un certain côté rapeux !
Puis après ça sent plus. Tenue sur peau ? Huuummmm : 45 minutes ? Même pas, 30 minutes ! C’est dégueulasse !
L’accord narguilé moi aussi me fait singulièrement rire - jaune. Car Belle d’Opium est une pompeuse ! Elle prend le nom d’Opium, et les succès récents... en moins bien ! Le côté fleur blanche orangée, c’est Flora Nymphéa de Guerlain (la beauté en moins...), puis l’éternel floral truc à la Coco Mademoiselle !
Allez, bravo Jeanne ! moi je me suis bien marré ^^
Je fais : alors 0.25 créateurs, 0.25 pub et flacon 0 pour le reste (originalité, beauté, etc)... Bref, je sais pas trop ^^ 1 étoile ou 0. Je vais mettre 0, chose rare chez moi, parce que bon, prendre ça avec la suite d’Opium et chez YSL, je trouve que c’est de l’arnaque ! D’autant plus que la tenue est à chier...
Vive l’odorat !
Ps : "cheap", c’est un euphémisme... mon déo n’est pas "cheap"...
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par Jicky, le 6 octobre 2010 à 18:21
juste Jeanne, sauf votre respect, mais vous mettez "opulent" dans le style...
Quand ça tient une demi-heure, on met vraiment "opulent" ? Bon après je dis ça je dis rien...
par Sharlenou, le 6 octobre 2010 à 18:05
Cheap
Cela résume très bien ce parfum. Pas la peine (il ne le vaut pas...) d’en refaire une description, lorsque je l’ai senti, cheap est le seul mot qui m’est venu et ce n’est pas la démonstratrice consternée du stand YSL qui m’a contredit, c’est dire si je ne devais pas être la première à faire cette réflexion !
Triste rentrée ! J’ai vite pris la direction de stand où se trouvent certains collectors qui ont prouvé leur valeur avec le temps pour réanimer mon odorat !
par Jeanne Doré, le 6 octobre 2010 à 14:39
Etiennesuper, oui, les féminins sont bien trites, heureusement que les hommes s’en sortent un peu mieux (Bang & Midnight in Paris...)
Rebel, j’ai eu le même sentiment confus : ça sent tout et rien à la fois, mais même s’il évite la praline (mais pas la vanile), on frôle quand même le patchoufruit de base, ou plutôt ici, le patchoufleur ? :)
Dau, oui, j’ai pensé aussi que les cendres d’YSl devaient se retourner dans le jardin de Majorelle... Il valait mieux en effet aller voir l’expo, un bien meilleur hommage que les derniers parfums de la marque.
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par etiennesuper, le 6 octobre 2010 à 16:20
Chère Jeanne, moi aussi j’ai beaucoup de mal à définir l’identité de ce parfum. En le sentant ce matin, je me suis juste dit : "c’est comme si on avait passé Angel à la machine à laver le linge..." Je n’ai pas osé l’écrire tellement ça me paraissait horrible mais j’ai l’impression que nos perceptions se rejoignent en fait, non ? Un comble pour un parfum censé sentir le "souffre" et provoquer le désir (dans la publicité, il y a écrit "je suis ton obsession" ou une accroche dans le style)
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par Jeanne Doré, le 6 octobre 2010 à 16:57
Oui, vous avez raison, l’effet procuré va à l’encontre de celui revendiqué. Ce qui est étonnant, c’est que tout le monde le trouve "cheap", même ceux qui n’ont pas le nez très aiguisé... Serait justement le contraste entre la promesse et le résultat qui déçoit autant ? Ou est ce vraiment intrinsèque à la formule elle-même qui respire le bas-de-gamme ?...
par dau, le 6 octobre 2010 à 13:51
Après le lifting sauvage, la version homme ratée, voici le flanker cheap. Pauvre Opium. Et pouvre Saint Laurent, lui qui avait souffert de voir ce que Tom Ford faisait au pret-à-porter... Heureusement qu’il nous reste les expos de robes et de merveilleux souvenirs.
par The Rebel Gardener, le 6 octobre 2010 à 13:08
Belle d’Opium est tellement creux que lorsque je l’ai testé, j’ai été absolument incapable de définir qu’est ce que ça sentait. Son seul mérite est de ne pas être un patchou-fruit praliné.
Les responsables LVMH (ou l’Oréal, on s’en fout) sont de sacrés alchimistes. Transformer ainsi le vide en or, ça imposerait presque le respect.
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