Smells like queen spirit
par Jeanne Doré - Jessica Mignot, le 9 septembre 2022
Elizabeth II, montée sur le trône à 25 ans, s’est éteinte ce 8 septembre 2022 à l’âge de 96 ans. L’Angleterre débute donc son deuil et les bouquets de fleurs sont déposés par milliers devant Buckingham Palace, embaumant le palais sous la pluie londonienne. L’occasion d’évoquer la parfumerie anglaise et son lien avec la royauté.
Si l’on attribue à la défunte reine un amour quotidien pour L’Heure bleue de Guerlain, il semble qu’elle ait surtout été fidèle à White Rose de Floris. La maison fondée en 1730 avait créé un parfum à l’occasion de la naissance de la reine en 1926, Royal Arms, qui avait été réédité en édition limitée dans d’anciens flacon à l’occasion du jubilé de diamant de la souveraine. Pour fêter son jubilée de platine, la marque commercialisait cette année Platinum 22.
Il faut dire que l’enseigne entretient depuis longtemps des liens avec la royauté anglaise, puisqu’elle reçoit en 1820 un mandat royal pour la fabrication des peignes du roi George IV. Winston Churchill était également un client fidèle, et c’est la princesse Diana qui avait inauguré leur nouvelle usine dans le Devon en 1989.
Si la reine appréciait le parfum des roses blanches, elle semblait également avoir un penchant pour la lavande de chez Yardley, chez qui elle s’approvisionnait en savons, comme Charles III qui lui succède. Ce dernier poursuit une tradition débutée par le Prince Edward, qui avait nommé Yardley parfumeur royal et fabricant de savon attitré, et par la reine mère et avant elle la reine Mary qui portaient la cologne English Lavender.
Autre maison londonienne qui entretient des liens étroits avec la cour royale, Penhaligon’s a cette année mis sur le marché une composition nommée Highgrove Bouquet, issue d’une collaboration avec le prince Charles (désormais roi) autour de ses jardins de Highgrove House et notamment du Tilla petiolaris, ou tilleul argenté pleureur, qui fleurit en été. Fondée à la fin du XIXe siècle, la marque destine plusieurs de ses créations à la noblesse anglaise, comme Blenheim Bouquet en 1902 en l’honneur du Duc de Marlborough. Mais c’est la reine Victoria qui le nommera parfumeur attitré de la cour royale.
D’autres marques ont reçu ce titre, comme celle de James Atkinson, fondée en 1799 et nommée parfumeur officiel de la cour royale d’Angleterre en 1826 par le roi George IV.
La maison anglaise Creed entretient également un lien fort avec la famille royale, dans une histoire qui débute par l’envoi de gants en cuir parfumés au roi George III en 1760. Tailleur de vêtement et créateur de parfums, Creed est désigné fournisseur officiel de la famille royale par la reine Victoria.
Quant à la new-yorkaise Bond n°9, si elle n’a pas de lien historique avec la famille royale, elle a cependant sorti un parfum au nom de Queen Elizabeth II en 2012, dont les notes florales (tubéreuse, rose) reposent sur un fond musqué et ambré.
Jo Malone, fondé en 1994 et filiale d’Estée Lauder depuis 1999, n’a pas commercialisé de référence spécifiquement royale, mais elle n’en demeure pas moins appréciée par la famille, puisque Meghan Markle porte Wild Bluebell et Wood Sage & Sea Salt Cologne. Quant à la plus secrète Illuminum London, elle s’est fait connaître grâce à son White Gardenia Petals qui était arboré par Kate Middleton le jour de son mariage avec le prince William.
Si certains perpétuent les traditions comme la maison historique Grossmith, fondée au XIXe siècle et longtemps endormie avant d’être réveillée dans les années 2010, la parfumerie anglaise s’est aussi ouverte sur de nouvelles perspectives, avec des enseignes plus contemporaines, comme Miller Harris, créée en 2000 par Lyn Harris, qui l’a depuis revendue et a créé sa nouvelle marque, Perfumer H ; celle de James Heeley, le plus parisien des Britanniques, lancée en 2008 ; ou encore Beaufort London en 2015, imaginée par le musicien Leo Crabtree, batteur du groupe The Prodigy.
Aujourd’hui démocratisés, les parfums sont cependant longtemps restés, on le sait, intimement liés au pouvoir, [1] et les monarques anglais n’échappent pas à la règle. La reine Elizabeth, dont l’amour des animaux est célèbre, avait ainsi elle-même récemment imaginé un parfum pour chien, nommé Coastal Walks. Ses corgis le renifleront désormais avec mélancolie…
Visuel principal : The Economist
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par Aesh, le 10 septembre 2022 à 11:32
S’il vous plaît, ça fait un paquet d’années que l’"histoire" de Creed a été debunkée, arrêtez de propager leurs mensonges marketing éhonté...
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par Jeanne Doré, le 11 septembre 2022 à 13:21
Bonjour Aesh,
Merci pour votre commentaire constructif apporté à la suite de ce tour d’horizon de la parfumerie anglaise.
En effet l’histoire des parfums Creed, notamment leur paternité, est sujet à polémique et a d’ailleurs fait récemment l’objet d’un livre, que je n’ai pas encore lu.
Voulant publier sans tarder cet article, nous n’avons pas eu le temps de démêler le vrai du faux dans tout ce débat, puisque ce n’était évidemment pas ici le propos.
Nous avons donc très succinctement – peut-être à tort ? – rappelé ce que la marque, ainsi que de nombreux autres médias et historiens, ont l’habitude de déclarer concernant les liens de son activité couture d’origine avec la royauté britannique, sans trop rentrer dans les détails.
Si vous avez des sources plus précises à partager avec nous concernant la vérité de cette histoire, elles sont les bienvenues.
Par ailleurs, la place donnée aux parfums Creed sur notre site vous donnera sans peine un indice sur le crédit que nous leur portons... (on nous a d’ailleurs plus souvent reproché cela, plutôt que de propager leurs mensonges ! :)
Bien à vous,
Jeanne
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Dans l’émission DOMENICA IN du 18 septembre Mara VENIER avait invité le nez italien Laura BOSETTI TONATO qui avait créé un parfum pour la reine en 2008.
Elle raconte comment elle a été approchée par le palais, comment elle n’a jamais été en contact direct avec la reine, comment on lui a exposé les demandes de la reine, et comment son travail a évolué jusqu’à la fragrance choisie par Elisabeth II. Elle lui a présenté 12 senteurs que la reine avait limitées à quatre, puis son choix s’est arrêté sur une parfum très british rose-jasmin-muguet-ambre.
La reine avait été intriguée par une senteur dont Laura BOSETTI avait parfumé une oeuvre du Caravage au musée de l’Ermitage en 2005, et elle a voulu avoir un parfum spécialement créé pour elle par ce nez (dont la spécialité était de parfumer des oeuvres d’art, ou plutot de créer de fragrances qu’elle imaginait que tel personnage pouvait avoir porté).
Laura BOSETTI affirme que, à l’annonce de la mort de la reine, elle a détruit la formule afin que personne ne puisse jamais s’en emparer pour se parfumer comme Elisabeth II.
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