"Qu’importe le flacon", documentaire consacré au parfum sur Stylia

Ce soir, à 21h10, sur la chaîne Stylia (disponible sur la plupart des box internet sur abonnement) sera diffusé un documentaire dédié à la parfumerie dite de niche, Qu’importe le flacon : l’autrement du parfum, réalisé par Isabelle Porte.

Ayant vu ce documentaire en avant-première, je vais pouvoir vous en parler plus précisément. Construit sur des interventions d’une quinzaine d’acteurs divers de la parfumerie de niche, il permet de faire un rapide tour d’horizon de cette parfumerie confidentielle, sur sa naissance discrète, son essor et surtout sur les raisons de son existence.

Christian Astuguevieille, directeur de création de Comme des garçons

Souvent, les reportages à la télévision sont vivement critiqués par les passionnés, parfois à tort, parfois à raison. N’oublions pas une chose, c’est que ces reportages sont destinés à un grand public qui n’a que peu (voire pas) de connaissances en parfumerie, et qu’il faut brasser un nombre de questions considérable tout en restant accessible. Effectivement, parfois les émissions rabâchent les clichés les plus infâmes voire ont peu de scrupule à falsifier une vérité déjà fragile. Mais ce n’est pas le cas de cette émission.

Clara Molloy, éditeur de parfums Memo.

Qu’importe le flacon donne la parole à des acteurs "directs" de la parfumerie de niche. On peut écouter les gérants de boutiques parisiennes comme le grand Antonio de la boutique Marie-Antoinette place du Marché Sainte Catherine ou François Hénin, le chef de l’ambassade des parfums rares Jovoy (mais aussi Colette ou Liquides). Puis, pour découvrir les marques, la réalisatrice a laissé s’exprimer soit les créateurs ou les directeurs artistiques de chaque univers : Serge Lutens (qui structure toute l’émission avec trois interventions ouvertes à la fois sur sa marque, la parfumerie de niche mais aussi la création en général), Céline Verleure d’Olfactive Studio, Christian Astuguevieille de Comme des Garçons ou encore Etienne de Swardt d’Etat Libre D’Orange. A ceux-là viennent s’ajouter les bons mots de parfumeurs, à l’image de Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire ou Aliénor Massenet, parfumeuse chez IFF et qui s’occupe de la création chez Mémo.

Romano Ricci, Créateur de « Juliette has a gun »

Les aficionados de la parfumerie confidentielle n’apprendront pas forcément grand chose, néanmoins, on peut écouter avec un certain plaisir ces têtes que beaucoup connaissent bien, apprécier les bons mots du grand Serge et découvrir les synesthésies des parfumeurs. Et finalement, on peut aussi voir avec du recul les thématiques chères à la parfumerie de niche.

Beaucoup évoquent l’émotion et l’importance de raconter une histoire (en parallèle avec la parfumerie grand public, gouvernée par des poncifs marketing bidons, pour faire court évidemment). J’ai été assez étonné de voir beaucoup d’allusions à la spiritualité liée au parfum, aussi bien dans son aspect contemplatif qu’artistique, qui est une notion finalement peu évoquée dans le discours qu’on a l’habitude d’entendre. Enfin, beaucoup parlent de matières premières. Serge Lutens les fait parler jusqu’à creuser leur aspect identitaire, Marc-Antoine Corticchiato joue sur leurs facettes et l’illusion olfactive et Christian Astuguevieille s’assure que jamais tout ne soit trop beau.

De plus, je pense que regarder ce reportage avec vos proches leur permettra d’entrer un peu plus dans ce monde (qui est aussi le vôtre), afin qu’ils comprennent pourquoi vous criez comme un hystérique quand vous partez pour un sniffathlon.

Ainsi, mardi soir à 21h10, vous pourrez remplacer votre mouillette par votre télécommande !

* Image d’illustration

Gérald Ghislain, créateur de « Histoires de parfums »