Auparfum

Parfums disparus : flop olfactif ou flop marketing ? 4/4

4- Les masculins, années 2000

par Jeanne Doré, le 29 janvier 2008

Rush for men, Gucci

2000, Antoine Maisondieu, Daniela Roche-Andrier

Le petit copain de Rush, blanc comme neige, n’était pas si pur et angélique qu’il y paraissait. Comme dans le féminin, la sensualité et la fièvre sulfureuse étaient bien là, traduits par un accord boisé épicé, musqué, très signé et à fort potentiel de séduction.

Une tête aromatique lavande, cyprès, résineuse, dominant un accord boisé très santal, vétiver, encens, et basé sur le Oud, matière provenant de la sécrétion d’un arbre en décomposition.
Cet assemblage donnait un effet fumé, sec, presque mystique, un peu enivrant, tout en étant sobre, moderne et ultra chic. Flop marketing plus qu’olfactif, ce Rush au masculin était une perle rare qui n’a pas trouvé son (bon) public.

T, Tommy Hilfiger

2001, Annie Buzantian

Avec T, Tommy Hilfiger poussait à l’extrême le concept du parfum qui “sent le propre”, peut être un peu trop loin, d’ailleurs, si on en juge le résultat. L’inspiration du parfum était l’odeur d’un T-shirt blanc qui aurait séché à l’air libre. En le sentant, on pouvait même rajouter l’étape du repassage, tant la quantité d’aldéhydes présents évoquait l’odeur du fer chaud, et même l’atmosphère métallique et aseptisée d’un pressing. Quelques notes citronnées, boisées, aqueuses et vertes venaient renforcer cette impression de lessive et de propreté industrielle, assez éloignées pour ma part de l’image “sexy clean” que la marque voulait inventer.

Mémoire d’Homme, Nina Ricci

2002, Christine Nagel

Nina Ricci n’a pas eu beaucoup de succès avec les parfums masculins depuis Ricci Club... (à quand Nina pour Homme ?) Mémoire d’Homme était un beau concept, un joli nom, mais un flacon moyen et le parfum, bien que raffiné et sensuel, était un peu trop banal à mon goût. Un boisé aromatique avec des agrumes en tête, des notes épicées de réglisse, de muscade, de poivre, du vétiver, du cèdre et du cuir en fond. Agréable, mais cela n’a apparemment pas été suffisant.

 

Yohji Yamamoto pour Homme

2004, Jean-Pierre Bethouart

Yohji n’est pas le créateur japonais le plus chanceux en matière de parfums. Après un premier lancement qui s’était déjà soldé par un échec en 1999, Yohji Homme, une fougère épicée, il récidive avec un nouveau parfum masculin en 2004. A côté de ses compatriotes Kenzo, qui s’est confortablement installé dans les leaders du marché, avec Flower by Kenzo, Kenzo Amour, Kenzo pour Homme, et Comme des Garçons, qui occupe une place de référence incontestée dans une parfumerie de niche, créative et anti-conformiste, la marque peine à trouver sa place... Yohji Yamamoto pour Homme se positionne peut-être un peu trop au milieu des deux autres. Pas assez grand public olfactivement, mais trop “mass market” et pas assez “fashion” pour entrer dans l’univers des parfums rares. Ce boisé chypre avait pourtant de grandes qualités, un accord sombre, mystique, sensuel, avec des facettes de cuir, d’encens, de poivre et de goudron, qui aurait pu tout à fait trouver sa place dans la lignée des Comme des Garçons, s’il n’avait pas été présenté, hélas, dans un flacon digne d’une eau de toilette Yves Rocher.

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par moujik4, le 6 novembre 2008 à 15:23

Merci pour vos réponses. J’aime beaucoup M7 que je reporterai un jour c’est sûr. Dans la collection Private Blend j’ai acheté Tobacco Vanille cet été, je l’utilise avec parcimonie... J’aime beaucoup aussi Moss Breches qui me rappelle ARAMIS, que je porte en ce moment. Je suis dans ma période "vintage", mais il faut dire que ces parfums, comme GENTLEMAN de Givenchy, ont une réelle empreinte, que j’apprécie énormément. Je pense n’être pas le seul à déplorer l’évanescence de beaucoup de parfums actuels...
D’autre part est-il exact que Diptyque va retirer de la vente certains parfums, dont L’AUTRE et l’EAU 3 ? Ce serait vraiment très dommage, je les ai aussi découvert récemment et je les adore ! Avez-vous des infos ce sujet ?

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par jerryb, le 6 novembre 2008 à 16:39

Bonjour Moujik, comme vous avez l’air passionné, j’aimerai connaitre votre ressenti sur Cèdre Blanc de Heeley par rapport à Rush homme. Il est assez bien noté par Lucas Turin et je suis plutôt d’accord. Si vous passez au Printemps Haussman à tout hasard, votre avis m’interesse ! En outre, je partage votre opinion sur Gentleman, quel style ! J’aime beaucoup ce parfum pour son effet "vintage" pas toujours évident au quotidien, mais bien sympa. Il nous ferait presque regretter les nouveautés Play et Pi Néo. Pour Dyptique, peut être qu’ils rationnalisent dans la même logique qu’Annick Goutal (que des 100ml et nouvautés bien standardisées haut de gamme et hors de prix). Si c’est le cas, ils comptent sur les marchés émergeants pour accroitre leur "puissance" et faire de la marge. La France et les anciens parfums ne font pas le poids face à cette logique ! S’ils changent, pourquoi ne pas en profiter pour voir ailleurs ce qui se fait ?

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par moujik4, le 6 novembre 2008 à 21:32

bonsoir. Oui c’est vrai, depuis cette année c’est vraiment devenu une passion ! Bien sûr que j’irai tester le HEELEY et je vous dirai ! je suis très curieux d’ailleurs de sentir leur CARDINAL, qui a priori a tout pour me plaire. Le connaissez vous ? Je dirai même que ma curiosité en la matière, m’a même fait aller voir sur l’autre rive, du côté des parfums dits "féminins" qui nous réservent de bien belles surprises, je citerai par exemple FEMINITE DU BOIS ou DATURA NOIR de Lutens, voire BLACK ORCHID de Tom Ford. Mais je fais mienne la réflexion de Jean Claude Ellena, disant qu’"une odeur n’a pas de sexe"...

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par jerryb, le 7 novembre 2008 à 22:32

Moujik, je suis désolé, mais ma mémoire olfactive me joue parfois des tours : Cèdre blanc n’as pas grand chose à voir avec Rush homme. On est plus proche d’un bois clair, vert, assez "figue" que de Rush. En revanche, si vous aimez l’encens, Cardinal en est un bloc pur, pas "facile" mais captivant !

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par jerryb, le 4 novembre 2008 à 22:42

Bonjour, si je peux me permettre, Sens et bois est une bonne suggestion. Un autre parfum s’ approche fortement de Rush homme : Cèdre Blanc by Heeley (33 passage du désir 75010 Paris) et au Printemps (www.heeleydesign.com). Dans le registre "bois blanc sec" il y aurait aussi Tumulte homme de Christian Lacroix et Un Bois Farine chez l’Artisan mais ils sont quand même un peu différents. En souhaitant que vous trouviez votre bonheur.

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par moujik4, le 4 novembre 2008 à 21:30

Un vendeur du BHV Hommes m’a aussi dit beaucoup de bien de RUSH FOR MEN, ce qui me fait beaucoup regretter de ne pas pouvoir le tester. Pouvez-vous me dire, Jeanne, quel parfum actuel s’en rapproche le plus ? Le vendeur me parlait de Un Parfum des Sens & Bois de Different Company. Qu’en pensez-vous ?

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par Jeanne Doré, le 4 novembre 2008 à 22:29

Bonsoir Moujik, il faudrait que je ressente ce Different Company, je ne l’ai pas en tête. Je pensais tout d’abord à M7 d’YSL, qui est basé lui aussi sur le Oud. Il y a aussi le Oud Wood de Tom Ford dans sa collection Private Blend, qui est aussi assez épicé, mais attention le prix !... Plus éloigné, mais toujours dans un esprit très résine-épices-santal, il y a également le merveilleux Tam Dao de Diptyque. Ou enfin, un autre très proche (s’il existe encore ?!) et moins onéreux : Tumulte pour homme.

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par Maowel, le 8 décembre 2010 à 22:25

Aujourd’hui, on pourrait peut-être recommander Bang ! de Marc Jacobs ? Son aspect poivré et très sec me rappelle beaucoup Rush for Men, qui a disparu des rayonnages avant que je n’aie l’occasion d’en acheter un flacon. Ce Rush n’a hélas jamais eu dans la gamme Gucci que la place de cadet aux côtés du sulfureux Envy, dont la disparition tout aussi brutale ne lasse pas de me surprendre : autant Rush n’a jamais été très fortement soutenu par sa marque, autant Envy a vraiment incarné le renouveau de Gucci et le virage sexy et très contemporain pris à l’arrivée de Tom Ford. Là, tout y était : le nom, le flacon, la composition... et les ventes ! Au lieu de multiplier les lancements tous azimuts, les responsables marketing auraient dû l’épauler par des campagnes renouvelées car il avait vraiment le charisme pour perdurer. Une énigme et une grande déception pour moi. ;)

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schlimmelmann

par schlimmelmann, le 10 septembre 2008 à 21:32

Je suis arrivé ici par hasard et j’ai lu d’un trait cet article autour des parfums disparus.

J’ai utilisé Le Feu d’Issey (même si ce nétait pas un parfum masculin) jusqu’a sa disparition. J’ai vu s’évanouir Oblique (avec ce Play aux senteurs des parcs d’attractions et le sucre des barbes à papa), un Rykiel Homme assez ambigu et le particulier Yohji Man. Les mérveilleux Gloria de Cacharel et Mémoire d’Homme (à mon avis éclipsé à cause de sa similitude avec M7 d’YSL) ont été détruis. Just Me de Montana et Messe de Minuit d’Etro ne sont plus en Espagne. Kenzo Jungle pour Homme et Black de Bulgari doivent être achetés par commande même dans les parfumeries les plus anciennes de Barcelona.

Ça fait peur d’aimer Arabie de Lutens, Dzongkha ou Héritage si on voit que tout ce qu’on aime disparaît.

Néanmoins, des parfums banals et clonés sont lancés chaque année. Au même temps, les réeditions estivales et les plagiats peuplent les magasins pour des gens qui veulent sentir le savon des toilettes poste à essence (si c’est D&G qui signe le flacon).

Voilà la catastrophe.

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par wanderson marinote, le 29 janvier 2008 à 21:22

C’est vraiment dommage que Rush for men ait disparu du marché. Je ne comprends pas...C’est peut-être l’apparente mauvaise tenue sur la peau car il n’y a pas d’autre explication. Jeanne, je ne savais pas qu’il y avait du bois d’oud (le même bois de M7 ?) dans sa composition, les sites internet citent le bois d’okoume comme l’une des matières...enfin, c’est triste voir un parfum qu’on porte toujours disparu des rayons !

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