Shalimar Millésime Vanilla Planifolia, l’hommage de Guerlain à la gousse
par Anne-Sophie Hojlo, le 20 octobre 2021
Cet automne, la maison Guerlain offre de nouvelles déclinaisons à ses classiques : une version de Shalimar qui met l’accent sur la vanille, et un Mitsouko revisité en édition limitée et ultra luxueuse.
Thierry Wasser et Delphine Jelk dédient Shalimar Millésime Vanilla Planifolia à la fameuse gousse essentielle à la guerlinade, signature olfactive de la maison. Les parfumeurs ont cherché à souligner sa dualité, entre « sommet de sensualité » et « dimension gourmande (qui) nous replonge dans la douceur de l’enfance ».
Dans cette nouvelle création, la bergamote et le coeur floral du Shalimar de Jacques Guerlain sont mis en sourdine pour laisser la part belle à la vanille, présente sous forme d’extrait naturel, d’éthylvanilline et de teinture maison bio de vanille de Madagascar (obtenue à partir de gousse fraîches mises à macérer plusieurs mois dans de l’alcool), et qui exprime ainsi « la profondeur de ses facettes à la fois suaves, boisées et légèrement cuirées ».
La composition comprend également de l’« opopanine », l’accord ambré emblématique de Shalimar mêlant notamment vanille, opoponax et patchouli, ainsi que des muscs, pour un « sillage généreux et racé ».
Les deux parfumeurs maison ont également travaillé à une édition très limitée de Mitsouko, née d’une collaboration avec Jeanne Briand. La plasticienne a eu carte blanche pour créer une série de flacons « à la forme sensuelle et organique », accompagnés d’une installation artistique, réminiscence d’un jardin japonais. Cette édition signée et numérotée, limitée à huit exemplaires dans le monde entier, accueille Mitsouko Absolu 17, « une vision radicale, absolument contemporaine » de la création de Jacques Guerlain, associant bergamote, baies roses, abricot, absolue de rose et accord iris.
Déjà disponibles
Shalimar Millésime Vanilla Planifolia, eau de parfum 107 euros / 50 ml
Mitsouko Absolu 17, 12 000 euros dans les boutiques Guerlain
Premières impressions
Passons rapidement sur Mitsouko Absolu 17, un avatar plus fruité et moins chypré que l’original, qui ne constitue pas le principal intérêt de l’œuvre, avant tout visuelle, et risque de toute façon de ne pas être accessible à beaucoup de nos lecteurs…
Quant à Shalimar Millésime Vanilla Planifolia, on y reconnaît sans peine le classique de Jacques Guerlain, dépouillé de son ouverture très hespéridée et de ses notes fumées-cuirées. C’est donc une vanille chaleureuse qui s’étire sur la peau, enrobée d’un nuage de muscs moelleux la rendant encore plus enveloppante. Une version modernisée et simplifiée de son illustre ancêtre, qui ne le remplacera pas dans le cœur de ses adeptes, mais convaincra peut-être certains réfractaires ?
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par En recherche , le 9 novembre 2021 à 20:35
Je ne le trouve pas en Belgique, je suis déçue j’aurais aimé comparer et découvrir
par kismi, le 25 octobre 2021 à 11:24
Bonjour,
Il y a longtemps je me régalais avec Havana Vanille, de l’Artisan Parfumeur. Il n’y a peut être pas ce coté vanille trop mûre et alcoolisée dans ce nouveau Guerlain. Mais il me le rappelle. En revanche je ne vois plus la parenté avec Shalimar. Pour moi la vanille écrase tout, et sur peau j’ai une vanille assez pâtissière, gourmande, avec de l’ambre ou un bois ambré.
Je l’aime bien, mais je suis mal à l’aise parce que j’ai l’impression que le gosse n’a pas reçu sa part d’héritage. C’est moche d’assister à une injustice . Des bises !
par Petrichor, le 23 octobre 2021 à 22:31
Mes attentes sont gentiment déçues avec ce Shalimar Vanilla planifolia. Le parfum sent la tarte tropézienne... je peux pas.
J’adore le gâteau, mais le parfum ne fait pas avancer la parfumerie d’un iota.
Je ne serais pas bégueule, il faut être reconnaissant.
Shalimar EDP est un chef-d’œuvre, disponible en toute parfumerie.
Étant un chef-d’œuvre, c’est normal de faire moins bien en le modifiant. Car il est basé sur d’énormes tensions et équilibres. C’est une horlogerie qui a 90 ans, on ne modifie pas un élément sans amoindrir son effet, sa théâtralité. (Shalimar requiert les propriétés de la vanille de synthèse, et même des impuretés qu’on trouvait dans les premiers procédés chimiques.)
Ce flanker a un flacon très beau et il est abordable. Il se rapproche fortement du plaisir esthétique que procure le flacon d’extrait de 30ml ou l’ancien flacon de 60ml, grâce à sa jolie étiquette, et son profil en demi-lune. Mais tout le monde ne pourra pas s’offrir l’extrait, quand bien même il ou elle le voudrait.
Je préfère d’autres vanilles à ce flanker. Or les goûts en vanille -naturelle ou de synthèse- c’est très subjectif.
. L’extrait actuel de Shalimar contient déjà de la vraie gousse de vanille, avec son effet rhum. Là j’ai l’émotion. Le flanker pâlit en comparaison (dommage !).
(Je crois que c’est depuis les année 90. L’extrait n’est pas forcément plus fort, mais plus ronronnant. Et je ne connais pas les version d’avant, à notes animales -musc tonkin- et nitromuscs interdits -façon bâtonnet d’encens. Ma version préférée reste l’ancien "parfum de toilette" pour sa tonalité ambregris, qui ôte tout monotonie à son fond.)
. Je lui préfère "Essences insensées 2019" de Diptyque, avec son tiaré et sa vanille naturels. J’apprécie son étrangeté, son odeur d’embrun, bref ses défauts font de lui une prière profane. En comparaison, le flanker de Shalimar est tarte. Comme Diptyque l’a arrêté, il apparaît un peu partout à prix cassé. Son prix de vente de 190€ pour 100ml, son étrangeté, sa relative intensité de départ, et le côté "pas pratique" des pompes l’auront desservi.
. Ironiquement, c’est "Le lion" de Chanel qui renouvelle le mieux Shalimar dernièrement. C’est un Shalimar EDP qui assume plus d’amertume citronnée en tête, plus de cuir acerbe dans le cœur, mais avec tout le confort et le ciselage qu’on peut souhaiter.
. "L’air du désert marocain" de Andy Tauer est une belle paraphrase de Shalimar, mandarine petitgrain coriandre jasmin résines vanille ambregris... et une belle intégrité dans le choix des matières.
... et d’autres vanilles, naturelle ou pas, mais ce serait digresser.
Je ne sais pas si ce Shalimar utilise sincèrement autant de vanille naturelle qu’il le prétend.
On est sur un argumentaire de la baguette magique : on change l’éthyl-vaniline par la gousse de vanille, et tout deviendrait idéal. Les curieux vont prétendre y sentir de la rémanence et des détails supplémentaires, et les attribuer à la vanille naturelle. Et moi je ne vais pas le porter. Reste que ce Vanilla planifolia sent bon à l’usage, comparé à "Mahora / Mayotte" qui avait fait un flop commercial. Ce dernier tombait dans l’écueil "vanille lourde, vanille flan, crème brûlée", malgré sa part d’ylang-ylang et de vanille naturelle. Autre flop, "Havana vanille / Vanille absolument" de l’Artisan parfumeur, que d’autres perfumistas avait adopté, et pour lequel je n’ai jamais eu le déclic.
En épilogue, si vous aimez ce Shalimar là faites des stocks.
Je croise encore des gens qui cherchent à sentir et acquérir Shalimar "ode à la vanille" (l’original, le "route du mexique" et le "route de madagascar"). Bof quoi ! Quant à moi, j’aimerai bien revoir Habit rouge l’extrait.
Par contre Guerlain semble avoir arrêté l’extrait de Nahéma, Samsara, et Chamade è_é
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par Farnesiano, le 24 octobre 2021 à 08:37
L’extrait de Nahéma est à tomber, d’une modernité inouïe qui range au placard les plus belles niches actuelles. Que Guerlain nous le rende !
Quant au délicieux Parure, il ne demeurera plus qu’un lointain souvenir. Jean-Paul Guerlain avait avoué ne jamais vouloir le recréer : la liste des " interdits " était apparemment déjà trop longue il y a 20 ans. Et, modifié, Parure ne serait plus Parure (quel merveilleux nom pour un parfum que celui-ci.)
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par DOMfromBE, le 24 octobre 2021 à 09:22
Bonjour,
Hélas, que représentent quelques vieux fétichistes de la narine par rapport au marchés mondiaux, neufs, avides de consommer du réconfort sucré toujours plus vite senti et oublié ?
En laboratoire, la parfumerie est peut-être un art, mais sur les étagères ce n’est plus qu’un business.
Bon weekend.
par Petrichor, le 25 octobre 2021 à 02:50
J’espère vraiment que c’est juste un soucis d’approvisionnement durant le Covid-19, qui empêche de proposer ces extraits. Je conseillais à tout va Chamade extrait comme l’un des plus beau parfum existant, et Samsara extrait pour sa part de santal blanc (à égale mesure avec Bois des îles de Chanel).
J’ai senti Kadine, c’est très beau, mais en fait c’est quasiment l’extrait d’Après l’ondée, au double du prix élevé habituel des extraits guerlain. J’espère qu’on ne vas pas retrouver dans quelques années Chamade extrait rebaptisé "Cachet jaune" et vendu en édition limitée, juste pour le vendre le double du prix.
Une rumeur raconte que JPG ne créait pas les parfums. Grosso modo, de façon croissante depuis les années 70 il n’en aurait fait que la direction artistique. Il y aurait eu un ou plusieurs nez d’un super niveau pour faire le gros du travail de composition à sa place. Donc peut-être que JPG ne savait pas recréer Parure, tout court. Je crois à cette rumeur, mais je varie beaucoup pour chercher où mettre le curseur, en fonction des époques et des créations. Comme je crois qu’il a bien créé Chamade et Habit rouge, ça reste un génie pour moi.
par Garance, le 24 octobre 2021 à 09:40
Eh bien moi, j’ai beaucoup apprécié ce nouveau flanker. J’ai porté Shalimar, ainsi que les Odes à la Vanille. Et j’avais adoré l’Eau légère, celle créée par Mathilde Laurent. Je trouve que toutes ces déclinaisons apportaient non pas un "plus", mais une variation intéressante par rapport à l’original. Je ne suis pas non plus une adepte aveugle de tous les flankers du majestueux ancêtre : le Souffle de Parfum ne m’a jamais enthousiasmée, et le Philtre m’a déçue, trop facile, trop peu subtil.
Là, bien sûr, la vanille est extrêmement présente, c’est bien l’enjeu. Mais je trouve qu’elle n’écrase pas toute la composition (alors que pour ma part, je pense que c’est le cas dans le Philtre). On sent les autres facettes du parfum, hormis effectivement la bergamote qui disparaît plus ou moins. Cette vanille est aussi extrêmement qualitative, fine et moelleuse. Le mélange avec les muscs lui confère un aspect doucement régressif, enfantin, mais aère la composition, je n’ai nullement quant à moi l’impression de tarte à la vanille. Je vais acheter cette nouvelle version, c’est certain.
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par Petrichor, le 25 octobre 2021 à 02:34
Écoute, tant mieux si tu aimes ce Shalimar vanilla planifolia :) On est toujours plus pertinent quand on décrit un parfum qu’on aime.
Quand je fais des crêpes, je teste certains sucres vanillés, et j’ai été très déçu dernièrement par les vanilles naturelles. Le flanker de Shalimar est peut-être une victime collatérale.
Pour les crêpes, je crois que je ne veux plus que de la synthèse ou de la gousse fraîche (je veux essayer). Je me sens insulté quand je sens ces vanilles naturelles faiblardes, polies et régressives. En dépit du prix élevé, elles ont l’intensité diminuant d’un soleil couchant.
Au marché où j’allais, j’ai trouvé une fois des gousses très fraîches, vendues par une franco-malgache qui rentabilisait ainsi son aller-retour en avion. J’ai acheté 2 gousses 2€. Elles puaient, c’était atroce. Ça sentait plus que le rhum : le pourri, et le médicamenteux. Chaque ouverture du placard avait de quoi vous dresser les cheveux sur la tête, ça a duré 6 mois comme ça. Mais je crois que je préfère encore cette approche sado-maso de la gousse de vanille.
Cette expérience rappelle que la vanille tient son odeur d’un procéder de fermentation. Et comme pour le café et le chocolat, la gamme de ce qu’on peut trouver va de très nulle à sublime. Ce que nous propose les industriels est souvent nivelé par le bas. Les gens aiment retrouver le même goût, et cette standardisation aide les industriels, qui vont au plus facile pour s’approvisionner en quantité.
J’ai envie d’opposer ce flanker de shalimar à "la proie pour l’ombre" (Lutens), qui est un vrai jeu de piste et qui m’intrigue, et qui contient aussi de la teinture de vanille. Mauboussin de Mauboussin (Christine Nagel) m’intrigue plus que ce Shalimar, tout en étant bien plus monocorde et très économique à produire, vu les prix discount.
J’aime beaucoup Shalimar "eau légère déodorante" (le nom a été repris, et l’effet atténué). Je l’ai trouvé au fond d’un carton, en brocante, et je devrais le porter plus souvent. Je me demande s’il utilise le petitgrain citronnier pour arriver à son effet.
par Lia Marsh, le 11 novembre 2021 à 10:57
Bonjour à tou(te)s,
J’ai testé avec deux échantillons issus de deux parfumeries, et j’ai eu la surprise de trouver l’un beaucoup plus nuancé que l’autre. Mon premier avis était que ce millésime renfermait un fantôme de Shalimar, sans bergamote (frustration) mais avec une vanille perçue par moi comme authentique (celle de la gousse ouverte) et qui tenait, elle, très longtemps sur la peau.
Mais au deuxième essai (et à tous les autres), avec le deuxième échantillon, j’ai trouvé le fantôme bien beau, avec un serrement de coeur, une réminiscence de "mon" Shalimar, celui que j’adorais depuis l’enfance et que j’ai senti tel sur ma peau une bonne dizaine d’années (depuis certaines reformulations, je trouve qu’il ne tient plus sur ma peau). Ensuite, c’est en effet un tout autre parfum, presque un solinote pour moi, une vanille baumée qui demeure.
D’où ma question. Se peut-il qu’il y ait réellement d’une bouteille à l’autre, des différences qualitatives, sachant que le parfum est récent et que les testeurs devraient donner les mêmes notes... Est-ce lié aux conditions de conservation du testeur (l’un était exposé pleine lumière) ?
Merci d’avance pour vos avis éclairés.
par Duolog, le 21 octobre 2021 à 12:25
Ce Shalimar Millésime Vanilla Planifolia m’a fait l’effet d’un bébé Shalimar. La vanille est bien présente mais très polissée, elle n’a pas du tout le côté liquoreux ou la rugosité de la gousse, et effectivement elle se fond dans des muscs très doux qui m’ont finalement fait penser à un univers assez enfantin, sans aspérités. Comme le dit Anne-Sophie, les réfractaires devraient s’y retrouver !
par gabichou, le 20 octobre 2021 à 19:34
J’ai justement testé ce midi ce Shalimar vanilla planifolia. C’est peu de le dire qu’il fait la place belle à la vanille, j’avais vraiment l’impression de respirer un gousse tout juste ouverte. Est-ce parce que je savais que c’était un flanker de Shalimar, mais j’ai ressenti une petite déception à ne par retrouver la bergamote habituelle ... Je pense que si je n’avais pas su que j’avais affaire à un Shalimar, je l’aurais plus apprécié pour lui même, encore que cette vanille soit tout de même juste un peu trop gourmande à mon goût.
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Je me réjouissais d’aller sentir à Bruxelles, dans l’unique Boutique Guerlain de la Belgique francophone, Kadine et Shalimar Vanilla Planifolia. Grande déception, plus aucun flacon, pas même un testeur. Aucune des références de la collection des Parisiens n’est présentée (Chamade Homme, L’Âme d’un Héros...), impossibilité d’acheter Jicky en extrait, rupture de stock pour d’autres flacons qui ne m’intéressent pas... On vous fait passer Frenchy Lavande, Épices volées et Herbes troublantes pour de toutes grandes nouveautés, etc. Bref, je sors de là aussi rageur que dépité.
Par bonheur, cinquante plus loin, il y a Senteurs d’Ailleurs où, après quelques charmants essais (Sang bleu, Vert d’Empire, Barrois...), je fais la découverte de Synthetic Jungle des Éditions F. Malle. Mon amour des parfums verts remonte à l’enfance quand ma mère se mettait un peu de Vent Vert dans le cou. SJ n’est pas Vent Vert mais j’y retrouve l’intensité, la puissance détonante, humide, gorgée de sève aux mille nuances de vert, de l’ancien Balmain. Tout ici me plaît : galbanum en majesté, basilic, muguet, jacinthe, patchouli terreux... Force d’évocation peu commune, et peu synthétique à mes yeux. Trois heures plus tard, sur la peau l’enchantement continuait. Et pour reprendre le fameux slogan, " Vive l’odorat ! "
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