Auparfum

Les parfums D.I.Y.

par Léonore Fernandez - nerola, le 26 septembre 2017

Certains disent que rien ne leur convient, qu’aucun parfum ne correspond à leur envie et qu’En quête de parfum, c’est du vent. Pour contrer cette dépression olfactive, ils se lancent parfois dans la création de leurs propres parfums « faits maison ».
Et vous, est-ce que le do it yourself vous fait envie ?

S’il est vrai que le marché du parfum ne manque pas de propositions, il est de fait difficile de faire le tri, de se retrouver dans les choix des tests consommateurs et de trouver chaussure à son pied - ou odeur à sa peau - parmi ce foisonnement de nouveautés.

Alors pour contourner ce qui nous est déjà proposé, beaucoup s’improvisent petits chimistes et créent leurs propres parfums. Parfois avec les moyens du bord...

Savants fous ou fins nez, les résultats et les expériences varient, passant d’une fragrance entièrement faite maison, au mélange de parfums déjà existant.

Mais comment interpréter ce besoin de se réapproprier complètement son parfum ? Est-il la preuve des failles de la parfumerie d’aujourd’hui, une industrie tournée vers le consommateur avant tout ? La parfumerie est-elle la victime fortuite (et propice ?) de la mode actuelle du sur-mesure et du D.I.Y. (do it yourself) ?
Ne s’agit-il pas par ailleurs d’une négation des œuvres artistiques des parfumeurs, de leurs propos créatifs, voire de leur génie ? Ou plus simplement, serait-ce lié à un souci d’économie face aux prix parfois exorbitants affichés en parfumerie ? Ou bien encore à la peur des produits chimiques que les compositions contiendraient ?

Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà expérimenté la parfumerie maison ? Pour quelles raisons ? Et pour quels résultats ?

Discussion proposée par Nerola.
©Paul Nicoud – CC BY 4.0

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nerola

par nerola, le 28 septembre 2017 à 00:09

Tout d’abord, un grand merci à Jeanne d’avoir publié ma suggestion !

Pour ma part, l’idée de fabriquer moi-même mon parfum est multiple :
- malgré les nombreuses beautés enflaconnées, difficile de trouver celle qui me corresponde complètement (ce n’est pas faute d’avoir cherché, y compris en parfumerie de niche) ;
- un nez en constante formation/évolution qui trouve de plus en plus d’attrait aux matières première naturelles, elles me touchent énormément ;
- une envie de jouer au petit chimiste, pour l’aspect magique et artistique de la chose (la naissance d’une entité différente et ressemblante aux matières utilisées, la recherche des matières et des équilibres qui vont créer une harmonie) ;
- l’aspect thérapeutique, le possibilité d’adapter les mélanges à mes humeurs.

Alors oui, j’ai essayé quelques accords en choisissant les matières avec qui j’ai le plus d’affinité, et certains m’ont beaucoup plu. Il n’y a aucune prétention de ma part dans cette recherche personnelle, bien loin de moi l’idée de rivaliser avec un parfumeur, je cherche juste à me sentir en harmonie avec une fragrance, peu importe si c’est moi ou quelqu’un d’autre qui l’a construite, et après avoir un peu expérimenté j’admire encore plus le travail de ceux pour qui c’est le métier.

Je propose aux personnes qui s’intéressent aux créations D.I.Y. de poster leurs créations, en toute simplicité (nous ne sommes pas forcément chimistes de formation, mais nous sommes capables de créer de belles choses).

Je me lance !

Un accord pétillant, épicé et un peu fruité (sur une base alcoolique de 50ml ajoutée à la fin, j’ai utilisé de la vodka) :
HE* girofle (clous) 1 goutte
HE orange sanguine 4 gouttes
HE lavande fine (vraie) 3 gouttes.

(*HE= huile essentielle)

Un hespéridé qui m’apaise (base alcoolique de 50ml) :
HE petit grain bigaradier 4 gouttes (c’est très vert, mais l’accord s’équilibre après un petit temps de repos)
HE bergamote 4 gouttes
HE orange douce 5 gouttes
HE litsée citronnée 1 goutte (elle lie les autres notes entre elles, et améliore la tenue)
teinture de benjoin maison (entre 3-4 gouttes)

Huile acidulée et verte (base de 10ml de caprylis ajoutée à la fin, substituable par de l’huile de jojoba) :
HE bois de hô 20 gouttes
HE bois de gaïac, une petite trace
HE ylang-ylang diluée à 10% dans du caprylis*, 3 gouttes
HE orange sanguine 1 goutte
HE petit grain bigaradier 6 gouttes
HE bergamote 1 goutte
HE litsée citronnée 6 gouttes
HE citron vert 1 goutte
HE orange douce 1 goutte
teinture de benjoin 8-10 gouttes

(*9 gouttes de caprylis pour 1 goutte d’ylang-ylang)

Au plaisir de connaître en détail vos créations !

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Gilbert-Noël Sfeir Mont-Liban

par Gilbert-Noël Sfeir Mont-Liban, le 27 septembre 2017 à 19:15

Si l’on ne s’improvise pas parfumeur, comme on vient de le dire, on peut toutefois observer, essayer de comprendre les règles du jeu, démonter une construction olfactive pour tenter de la recréer soi-même dans la mesure du possible. On ne peut pas tout faire chez soi, cela est évident, mais il y a des types de senteurs qu’il est plus facile d’analyser et de comprendre, toujours est-il que les ingrédients dont elles sont composées doivent être trouvables et assez accessibles.
À titre d’exemple, j’ai mis au point, il n’y a pas longtemps, mon propre Caron (c’est ainsi qu’on appelle au Liban, par défaut, Pour un homme de Caron), avec des matières d’origine culinaire que j’ai extraites un peu dans ma chambre, un peu dans ma cuisine, en respectant par la suite une période de macération plutôt longue. J’y ai rajouté une seule essence naturelle que j’ai achetée dans le commerce. La ressemblance avec l’original était frappante et c’était d’une finesse, comment dirais-je, toute saine. Certains reconnaissaient le modèle, d’autres me demandaient ce que c’était, mais tout le monde en voulait ! Très bonne longévité et un sillage à toute épreuve. Le coût ? Dérisoire !
Je ne compte pas m’arrêter là ; je m’attable bientôt à un nouvel essai afin de retrouver quelque chose qui me ramène matériellement le souvenir d’une vieille crème pour le corps Versace à l’odeur divine, maintenant complètement disparue, et dont toute trace ou mention sont introuvables sur la toile. Mais là, la tâche sera plus ardue car je devrai procéder de mémoire, alors que le Caron, que j’ai d’ailleurs totalement dans le nez, est et sera toujours disponible. Le travail se déroulera sur des fruits, une rose, une décoction, et comme base, une substance résineuse. Tout cela n’est encore que spéculation et devra sans doute beaucoup changer.
Dans un troisième temps, un parfum-Église de mon cru auquel j’aimerais donner des « vapeurs » très fin-de-siècle. Il faut dire que je suis d’un optimisme indéfectible.

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par nerola, le 29 septembre 2017 à 22:20

Oh, j’aimerais beaucoup essayer cette recette qui ressemble à Pour un homme ! Pourriez-vous nous la communiquer s’il vous plaît ?

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Farnesiano

par Farnesiano, le 27 septembre 2017 à 16:34

Je plussoie ! Adina76 et DOMfromBe l’ont compris : on ne s’improvise pas parfumeur. Rien ne nous empêche cependant de mixer quelques jus et de renforcer ou de " soutenir " un parfum existant avec un autre, par exemple par l’ajout d’une note de cuir, de patchouli ou de vanille à la rose ou à l’ambre d’une fragrance qu’on juge un peu faible. Pas de juxtaposition ou de mélange des deux parfums sur un même endroit de la peau mais les faire voisiner. Sur le vêtement, c’est plus facile encore. Notons qu’alourdir est plus aisé qu’alléger... Mais tout cela a déjà été évoqué dans un chouette échange sur ce site.
https://auparfum.bynez.com/parfums-mix-et-remix

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par DOMfromBE, le 27 septembre 2017 à 17:25

On ne va pas réinventer le monde, en effet.
Mais pour en revenir au DYI, mon rêve/fantasme, serait de voir ce que donnerait une surdose de cette mousse de chêne dont on veut nous protéger (mais la cacahuète est une bien plus impitoyable tueuse et on en trouve partout) dans toutes ces formules essoufflées, amaigries, mal botoxées qu’on nous inflige depuis le tournant des années 2010...
 ;-)

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DOMfromBE

par DOMfromBE, le 27 septembre 2017 à 11:39

Comme Adina76, je crois que la parfumerie ne s’improvise pas. Il y a des règles, des techniques, et nous n’avons pas accès à toutes les matières avec lesquelles les vrais parfumeurs travaillent.
Je me suis essayé à bidouiller mon patchouli au départ d’huiles essentielles, mais ce n’était pas brillant.
Alors, je me contente de "consommer".

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Adina76

par Adina76, le 27 septembre 2017 à 07:32

Bonjour,
Ma contribution au débat sera maigre : non je ne suis absolument pas tentée de faire moi même mes parfums. La parfumerie est pour moi un Art qui a ses virtuoses et grands créateurs. Je n’ai aucune formation en la matière et ce serait absurde, prétentieux ou inconscient de ma part de me mettre à "bidouiller" un jus quand il y en a tant sur le marché et à tous les prix qui me plaisent. Même les parfumeurs se mettent au bio donc là aussi l’offre existe... le "Do it yourself" en matière de parfums, ce n’est pas pour moi.

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