Le Galion fête ses 90 ans entre tulipe, bourrasque et champs de mai
par Anne-Sophie Hojlo, le 20 novembre 2020
Fondée en 1930 et relancée en 2014 par Nicolas Chabot (également à l’origine d’Æther et plus récemment de Corps volatils), la maison alterne depuis sa renaissance les créations originales (L’Âme perdue, Cuir) et les plongées dans ses riches archives (Sortilège, Whip).
C’est à nouveau le cas pour les compositions lancées cet automne - pas moins de neuf - pour célébrer les 90 ans de la marque, qui réunissent six réinterprétations de parfums disparus et trois nouveautés.
Champs de mai, par Quentin Bisch, est une réécriture d’une création du prince Murat, fondateur du Galion, en 1930. Il figure « une rose ressentie dans les Jardins de Bagatelle, un joli mois de mai, au petit matin quand la rosée s’évapore sous les premiers rayons du soleil », mariant la rose centifolia à un accord abricot, du Petalia, du Nymphéal (des captifs Givaudan aux facettes florales fraîches) et de l’ambroxan.
Chypre, par Jean-Christophe Hérault, succède à celui créé en 1930 par le prince Murat. Il « joue la partition ambigüe d’une fleur de lys oscillant élégamment entre floralité éclatante et animalité troublante », avec des notes de baie rose, oxyde de rose, absolue de jasmin, patchouli cœur LMR et vétiver cœur LMR.
Bourrasque, signé Rodrigo Flores-Roux, est un hommage à celui de 1937, signé Paul Vacher, qui racheta Le Galion au prince Murat. Il transpose « ce coup de vent violent, qui survient subitement, cette tornade au sens métaphorique et poétique » grâce au gingembre, à la rose bulgare, à l’osmanthus, au patchouli et au ciste.
Jasmin, par Rodrigo Flores-Roux, revisite un autre parfum de Paul Vacher lancé en 1937. Tombé amoureux de cette création que portait sa prof d’anglais, le parfumeur mexicain célèbre « la fleur blanche, animale et remplie de nectar » à travers le jasmin sambac, le jasmin « vintage » (une qualité exclusive Givaudan aux nuances fruitées et veloutées), l’ylang-ylang, le patchouli et un accord « ambiance de sellier ».
Brumes, par Vanina Murraciole, s’inspire d’une composition de Paul Vacher en 1938. « Hommage à la féminité triomphante et à la liberté », il associe ananas, jasmin, oranger absolu, rose et vanille.
Lily of the Valley, par Domitile Michalon-Bertier, est une réinterprétation d’un parfum de Paul Vacher en 1948. L’odeur du muguet y est recomposée uniquement grâce à des matières de synthèse « pour une beauté sans artifices autour de molécules nouvelles : le Starfleur à la floralité aquatique, l’Ambertonic et la SinfonideTM pour un souffle musqué ».
Esquive, par Jean-Christophe Hérault, est une création originale, mais ses muscs blancs font écho au musc animal du 111 signé par le prince Murat en 1932. Il dévoile « un accord pur cuir, aux vibrations sombres de patchouli, modernisé par les accents propres d’un accord de linge immaculé irradié de poivre rose ».
Tulipe, par Thomas Fontaine, donne vie à la « tulipe noire, fleur incomparable » de L’Invitation au voyage de Charles Baudelaire grâce à la fleur d’acacia, un accord vert de tulipe, du jasmin, de l’ylang et du cèdre blanc.
Tilleul, par Quentin Bisch, s’inspire d’une « nuit d’été où la fleur miellée du tilleul argenté, troublant par son charme et sa sensualité, étend son sillage vaporeux à travers les rues de la capitale », avec un accord tilleul, du miel, des muscs et de l’ambroxan.
Eaux de parfums 150 euros/100ml
Déjà disponibles chez les revendeurs de la marque comme Le Paravent à Lyon, La Majestueuse à Bordeaux, Marie Antoinette ou Jovoy à Paris, Parfumerie Basic à Reims.
Premières impressions
Une collection plutôt surprenante, qui s’éloigne pas mal de l’esthétique rétro à laquelle nous a habitués la marque. Les notes fruitées se font parfois très présentes (Champs de mai, Tulipe), les bois secs un peu trop perceptibles (Tilleul, Champs de mai), tandis qu’une impression désincarnée se dégage parfois (Esquive, Lily of the Valley). Dans cette gamme pléthorique et hétérogène, certains tirent cependant leur épingle du jeu : Bourrasque, un beau chypre épicé, automnal et mordoré (notre préféré), Chypre, un floral propre et souriant, Jasmin, lumineux et charnu, ou Brumes, qui se révèle malgré son nom être un bouquet solaire crémeux.
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