Naturelles ou synthétiques, Corps volatils célèbre les matières premières
par Anne-Sophie Hojlo, le 26 octobre 2020
Nicolas Chabot, déjà à l’origine de la renaissance de la maison Le Galion et de la création d’Æther, dédiée aux molécules de synthèse, lance sa troisième marque.
Alors que la chimie est souvent diabolisée et que les parfums se revendiquant naturels se multiplient, Corps volatils rompt avec le discours ambiant en mettant en valeur des ingrédients issus à la fois de la nature et de la synthèse, « pour parvenir à l’émotion la plus juste ».
La marque propose ainsi pas moins de vingt-quatre références, créées en partenariat exclusif avec IFF-LMR : une gamme de douze accords, composés uniquement à partir de matières premières naturelles issues de LMR Naturals, qui en mettent chacun une en avant, ainsi qu’une collection de douze molécules de synthèse pures, produites par IFF.
Chacune peut être portée seule ou combinée, permettant « aux amoureux du parfum d’aller à la source de la création avec des fragrances pures, innovantes, personnalisables à souhait ». Corps volatils se donne ainsi pour mission de « sublimer la nature, l’enrichir, l’augmenter en réalité, grâce au savoir-faire de la science et de l’homme réunis ».
Côté naturel, Jean-Christophe Hérault signe Enhanced Pepper (associant notamment poivre noir et fève tonka), Enriched Lavandin (mariant entre autres le lavandin à l’armoise), Transcended Rose (rose et magnolia), Liquified Amber (Ambréine, obtenue à partir du ciste, et néroli) et Fractioned Patchouli (Healingwood, obtenu à partir du patchouli et menthe poivrée).
Caroline Dumur a créé Captured Aldehyde (polygonum, une plante herbacée à odeur d’aldéhyde et gingembre), Extracted Jasmine (jasmin sambac et mandarine), Magnified Narcissus (narcisse et baie rose) et Fragmented Vetiver (vétiver et bourgeon de cassis)
Julien Rasquinet a imaginé Distilled Geranium (géranium et cèdre) et Revealed Sandalwood (santal et cardamome)
Et enfin Nicolas Beaulieu est l’auteur de Blended Bigarade (bigarade et graine de carotte cœur).
Sur le versant synthétique, on trouve :
Encapsulated Sun (composé à 100% de Bicyclononalactone (un dérivé de la coumarine, assez proche olfactivement), Hybridised Flower (Rhodinol, à la note rosée lavandée), Enchanted Air (Pino Acetaldehyde, un pin ozonique et menthé), Blessed Fruit (Verdox, à l’odeur de pomme boisée), Altered Leather (Suederal LT, un cuir doux et velouté), Overdosed Cologne (Dihydromyrcenol, ou DHM, la célèbre note hespéridée et aromatique qui sent le propre), Synthetised Citrus (Nootkatone, un pamplemousse aux évocations de cannabis), Expanded Carbon (Timbersilk, une note boisée-violette douce), Supercharged Musk (Musk Z4, un musc poudré, qui évoque la peau), Cloned Ambergris (Grisalva, doux et propre, évocateur d’ambre gris), Crystallised Sugar (Ethyl Maltol, la fameuse note de praline et de caramel), et enfin Replicated Wood (Cedramber, bois ambré-cédré).
Spray rechargeable 30ml/ 70 euros
Spray 15ml/ 35 euros
Recharge 50ml/ 70 euros
Sets d’échantillons 10x2ml/ 35 euros
Disponibles sur le site de la marque
Premières impressions
Une démarche originale à saluer tant pour sa célébration oecuménique du naturel et du synthétique que pour son caractère pédagogique, qui offre la possibilité au grand public de découvrir des molécules auxquelles il n’a habituellement pas accès.
Le caractère « portable » des références synthétiques peut être discuté, elles sont davantage destinées à compléter un autre parfum, dans un subtil jeu de DIY, ou tout simplement être mieux appréhendées isolément. Les accords 100% naturels se révèlent quant à eux assez simples et directs, voire épurés, permettant souvent de se faire une idée assez juste de leur ingrédient vedette, mais pas forcément. Parmi nos préférés dans les naturels : Enriched Lavandin, une fougère poudrée ambrée, Magnified Narcissus, qui développe de jolies facettes miellées et anisées (mais sans être très centré sur le narcisse), Distilled Geranium, assez direct, et dont les accents aromatiques se prolongent par des notes boisées chyprées plutôt élégantes, et Enhanced Pepper, un beau poivre noir qui s’adoucit par la fève tonka et du patchouli.
Les prix accessibles, associés aux petits formats, constituent un point positif pour ceux qui voudraient tester la collection sans trop se ruiner.
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par Vhesper, le 29 octobre 2020 à 16:57
Un peu étrange comme marque... et comme stratégie marketing. Vendre 70€ une recharge de 50ml, sans même un flacon... Pour Blessed Fruit par exemple, la molécule Verdox, pour un parfum 100ml, peut être trouvée à trois ou quatre euros (pour un particulier !), 100ml d’alcool de parfumeur ne coûte pas plus cher (3 ou 4 euros aussi au détail) et ne reste plus qu’à acheter un flacon. Pour moins de 15€, on peut obtenir, par soi-même, 100ml de ce que cette marque propose à 70€ les 50ml. Je ne comprend pas. C’est vraiment jouer sur l’ignorance des gens, leur faire croire que c’est très compliqué de faire ce qu’ils font, alors que n’importe qui peut faire la même chose.
J’étais attiré par la marque au début, parce que j’aimais le fait qu’elle assume et joue avec l’utilisation de molécules synthétiques (je trouve idiot de les diaboliser, sachant qu’elles sont dans quasiment tous les parfums et qu’elles n’ont jamais tué personne), mais outre le fait que je suis à des années lumières de la tendance du layering, je trouve malhonnête de vendre à prix d’or des produits qui ne valent rien sous prétexte qu’il y a le logo d’une marque de luxe dessus. Et surtout, rien d’artistique là-dedans ! Le parfumeur est un artiste, alors que mettre une molécule unique dans de l’alcool, c’est tout sauf de l’art. Je me serais bien intéressé aux vraies compositions de la marque, mais je suis trop refroidi pour ça...
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Je viens de tester 17 références de cette marque et je suis consterné. Certes, j’ai été ravi de découvrir des solinotes qui me plaisent énormément comme Altered Leather ou Replicated Wood ! J’aurais éventuellement pu payer 70 € pour ce genre de gadget, mais après un essai sur peau, ça reste plat, sans évolution ni grande tenue. En revanche, les quelques références de ce qu’il convient d’appeler des mélanges parfumés, m’ont horrifié ; comme ce Fragmented Vetiver qui écrase un Vétiver d’Haïti que j’aime tant, sous un Géranium que je déteste ; ou alors ce Fractioned Patchouli qui assomme son patchouli sous une menthe exagérée. Il y a même quelques références qui empestent carrément, pour ne citer que les deux pires : le désagréable Blended Bigarade et surtout cette horrible Overdosed Cologne qui rappelle les colognes les plus cheaps du marché. Seul point positif : le flacon de 30 ml est joli ; mais à 70 € la blague, ça ne va pas être suffisant.
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