La Fille de Berlin
Serge Lutens
- Marque : Serge Lutens
- Année : 2013
- Créé par : Christopher Sheldrake
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Florale
- Style : Chic - Sensuel
Rouge qui tache
par Jeanne Doré, le 5 avril 2013
Je ne tenterai pas de vous résumer la vision poétique que Serge Lutens associe à cette Fille de Berlin, entre expressionnisme allemand et hommage maternel, nul besoin de tout cela pour en apprécier ses qualités. Car cette fille-là, avec son incroyable teinture rouge cardinal (attention aux cols blancs !) ne manque pas de charme ni d’attraits, même sans autres explications.
Une rose rouge, bien sûr, charnue, veloutée et profonde, dont les épices pointues qui l’habillent lui donnent un certain côté métallique, que nous sommes évidemment tentés de décrire comme sanguin, à la vue du flacon pourpre sanguinolent. Si le jus avait été rose layette, on lui aurait sans doute prêté des airs de savonnette...
Et c’est là que la rose retrouve sa meilleure amie : la violette et ses ionones, notes poudrées qu’elle partage avec la framboise, également présente sous une forme confiturée et fondante - presque un macaron rose-framboise - sans être écœurante.
La rose épicée évolue dans ce bain sirupeux qui se transforme peu à peu en enveloppe musquée, ambrée, poudrée, balsamique d’une douceur presque fauve, telle une fourrure parfumée, forcément nostalgique.
Pour une fois sans trop de redite, l’esprit Lutens est pourtant parfaitement restitué, avec cet accord épicé-confit typique, cette violette sombre et ce fond ambré boisé dense et tenace.
Sans être follement originale ni unique, La Fille de Berlin offre au moins une rose de qualité sur les étagères des Sephoras, où la marque Serge Lutens est aujourd’hui largement distribuée, constituant une alternative accessible mais encore distinctive.
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par Sendero, le 20 mai 2013 à 00:16
Je ne savais pas trop où mettre ce petit billet où le novice en parfum que je suis se laisse aller à la description hative des sentiments ressentis en sentant les créations de certaines maisons, afin d’en tirer une image globale, l’essence de l’esprit de cette marque.
Je me suis dit que comme Serge Lutens était la maison recensant les créations que je préfère, et la Fille de Berlin étant le prochain que j’aimerai sentir, autant le faire ici.
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Les Serge Lutens raconte une histoire, un roman. C’est toute une ambiance. A la fois empreinte de classe et de personnalité. Pas une élégance vide, de facade, celle d’un commercial ou d’un simple cadre, venant en costume cravate mal coupé, flasque et vide de toute personalité. Non, les Serge Lutens ont chacun une élégance vraie raffinée, et diverses. Même ceux tournant autour du même univers olfactif ( voyage en pays arabe, balade dans les bois,...) chacun à sa personnalité propre , chacun à son style, son élégance qui le rend unique. Ce sont des parfums qui transforme la personne qui le porte.
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Les Annick goutal sont des parfums qui nous font voyager dans un lieu naturel, beau, et fragile. Ce ne sont pas des parfums qui changent la personne, comme le sont les Serge Lutens. Ce sont des parfums qui transporte celui qui le porte dans un endroit qu’il n’a jamais visité, mais que pourtant, il connait. Des senteurs de fruits, d’arbres, de fleurs,... Ce sont des jardins paradisiaques, tous différents, mais tous empreint de cette même sérénité, comme celle qui nous transporte quand, après une semaine de dur labeur, nous nous couchons dans l’herbe, le soleil nous réchauffant, les oiseaux chantant, et la Vie, dans sa facette la plus simple, nous entourant, et nous rendant plus serein que jamais.
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Diptyque nous fait voyager également, mais pas de la même façon que Annick Goutal. Avec eux, nous sortons de l’ambiance "blanche neige". Nous ne sommes plus dans une nature belle, fragile et innocente, mais dans des ambiances plus complexes, plus recherchées, plus mature. Une clairière cachée, un vieux club anglais du XIXè, une foret lointaine et touffue, ou même un vieux théatre italien. Un théatre, voilà ce que me font ressentir les parfums Diptyque. Nous ne baladons plus dans une ambiance, nous sommes spectateurs. Une pièce, composée de différents actes, se passe sous nos yeux.
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Voilà, je ne sais pas si vous serez d’accord ou non avec mes propos, ou si vous avez vous aussi tiré une personnalité propre à une maison en particulier.
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par Opium, le 20 mai 2013 à 22:25
Bonsoir Sendero.
Vos perceptions me paraissent bien justes et appropriées.
Même si elles sont souvent personnelles et qu’il y a des variations nombreuses possibles, il suffit de lire certains échanges à propos de L’Eau de Narcisse Bleu pour le comprendre, parfois émerge un ensemble de traits communs malgré tout dans la diversité.
Il en est ainsi surtout pour les parfums Lutens et les Annick Goutal dans les ressentis différents qu’ils évoquent pour moi comme pour vous. Leurs "univers" me semblent si différents. Si l’image qui me vient à l’esprit est bien celle d’une photo du passé pour cette dernière marque, un moment d’émotion amical ou familial, les "personnalités" des Lutens me semblent flagrantes. Toutefois, parfois, comme dans Chêne, une scénographie et une imagerie très Annick Goutaliennes peuvent émerger aussi.
Les Ditpyque qui me font voyager dans l’espace et le temps sont surtout ceux du passé, les pots pourris foutraques et bordéliques, plutôt que certains des plus récents, en dehors de Volutes qui, lui, trace une trajectoire directe avec les parfums historiques de la maison en invitant clairement au voyage ! ;-)
Merci pour vos impressions agréables et bien ciblées à propos de chaque personnalité propre à chaque maison. ;-)
A très bientôt.
Opium
par Milena, le 28 avril 2013 à 20:28
Pour moi, ce n´est aucune "Fille de Berlin", mais "La Belle au bois dormant" : un peu de sang et apres la rose sage, modeste, sans opulence, son sillage est médiocre. La couleur (qui est séduisante dans le flacon) n´est pas trop pratique - elle laisse des traces visibles.
par Vol de Nuit, le 19 avril 2013 à 15:06
J’ai senti la Fille de Berlin par hasard alors que je comparais les divers flankers de Very irresistible - Givenchy... La vendeuse m’a dit : vous voulez sentir une vraie rose ? Et elle m’a vaporisé La fille de Berlin sur une touche. Vous pouvez imaginer le contraste après le fruité de Very irristible !
Le même choc olfactif que j’avais eu en découvrant Après l’ondée (merveille impressionniste) puis Insolence juste après ! Woow !
j’ai Ete surprise, vraiment. Effectivement c’est un bouquet de roses rouges que l’on nous tend. J’ai connu Rose de nuit et le divin Féminité du bois, tous deux de Lutens et cette rose est encore différente. Opium, Jeanne, vous en parlez si bien !
Rose lourde, cardinale, rose de sang. Avec ce parfum surprenant et addictif on se sent L’ ame vampirique, twilight n’est pas loin...
C’est une rose Wagnerienne, Kolossale ! On ferme les yeux et un homme nous tend une douzaine de roses rouges.
Le jus rouge sang surprend...
Pas sur que je vaporiserais sur des vêtements quelle que soit leur couleur...
Je mets 3 étoiles car ce parfum ne ressemble a aucun autre.
par maena, le 18 avril 2013 à 20:26
Bouhouhou, il est pas encore arrivé dans mon Sephora de province.
C’est moi qui les ai informé de cette nouveauté en les appelant pour savoir s’ils distribuaient Lutens ...
Pfffff ...
par Opium, le 11 avril 2013 à 17:59
Bonjour ou Bonsoir à toutes et à tous et à toi Jeanne.
Il est bien ce texte, simple et efficace, Jeanne !
Elle sait déjà ce que je pense de ce texte. Je suis sur la même longueur d’ondes qu’elle. Sans hurler au génie, surtout que des roses pas trop roses mais plutôt rouges en même temps qu’ambrées et cosmétiques, il y en a déjà eu quelques-unes, je trouve La Fille de Berlin utile dans la gamme Serge Lutens et presque osée chez Sephora en ces temps maussades.
En fait, avec La Fille de Berlin, je me suis dit : en tant que connaisseur pas trop mauvais de ce qui se fait aujourd’hui, en relation au discours expressionniste et en comparaison à d’autres roses très "rouges", je me suis dit, donc, que cela ne tenait pas tout à fait ses promesses. A côté de Une Rose ou de Nahéma, cette rose en dehors des quelques premières minutes, semblerait presque pâle. Mais, ensuite, je me suis dit que tout le monde ne connaît ou n’apprécie pas ces deux roses-ci. Voici, alors, une option intéressante.
Un autre point m’ayant posé problème était la difficulté que j’ai eue pour "classer" mentalement cette rose.
Beaucoup parlent d’une "rose métallique". Or, si je vois ce qui pourrait donner cette impression (oxydes de rose et verdeur d’un géranium grinçant) moi, je ne l’ai pas du tout. J’ai, donc, été content de lire Jeanne préciser que si cette rose avait eu une couleur plus pâlichonne on aurait parlé de "rose savonneuse". Ah, le pouvoir de la suggestion, c’est énorme. Parole de psy ! Bien entendu, nous pouvons connaître des différences inter-individuelles importantes quant à notre perception ou non de certains éléments, que ces différences soient héréditaires ou acquises, ce que l’on appelle l’héritabilité en psycho (qui additionne les deux facteurs ensemble pour signifier l’ensemble transmis à une personne par un ascendant).
Moi, dans cette rose, je ne perçois qu’un effet "Hollywood chewing-gum à la chlorophylle" mâché trop longtemps conservé en bouche. J’ai la même sensation avec Rose - Etoile de Hollande, la dernière création de Mona di Orio, sortie l’an passé. Et, je n’aime pas tellement cette sensation, cela me gâche mon plaisir, sur des compositions par ailleurs réussies. Je préfère la verdeur envahissante d’Une Rose ou de Nahéma, plus franche.
Une rose que j’ai sentie récemment et m’a confirmé que La Fille de Berlin n’était pas si métallique, c’est Red Plasma (ou Red +MA) de la marque Blood Concept. Oublions la transgression. Au nez, là, vous avez de la rose sanguine et métallique, comme des lames de ciseaux sur des tiges de roses. Antoine Lie en est le parfumeur, et, on sait, depuis Sécrétions Magnifiques, à quel point il excelle à rendre la chimie plus vraie que nature, à transformer des molécules en fluides physiologiques ! ;)
Lorsque la rose se fait moins sanguine et "métallique" (/chlorophylle de chewing-gum), elle devient crémeuse. Mais, je ne parvenais pas à tout comprendre. Comme une sensation de bonbon à la violette, mais à la rose. Le macaron de Jeanne sans doute. Cela hésitant entre lipstick et ambre. Enfin, la signature Lutens, un musc rosé animalisé, une note animale pour le moins, avec un lointain quelque chose de la conclusion de Muscs Koublaï Khän. Le seul point qui me manque encore, ce sont les épices, mais, je crois que je les distingue en filigrane derrière le reste.
En fait, une rose cosmétique ambrée proche, qui débute assez verte avant d’évoluer vers la bâton de rouge à lèvres, pour finir entre ambre et note animale de civette, est Hammam Bouquet. Il y a comme un vague air de famille, à 125 ans d’intervalle. On a connu pires références !
La Fille de Berlin n’est peut-être pas le chef d’œuvre de l’année (on n’est pas obligé de craquer que pour des chefs d’œuvre !), mais, c’est une belle rose, complexe et intéressante, ce qui est déjà loin d’être négligeable.
Bon signe pour les créateurs, mauvais signe pour moi : elle me fait envie. ;)
La sortie de printemps est souvent la plus décevante de l’année (L’Eau, Nuit de Cellophane, Jeux de Peau), mais, depuis L’Eau Froide l’an passé, les parfums Lutens sont plutôt tous réussis je trouve. Tant mieux !
Allez, je vote : trois étoiles pour cette rose aux pétales assez séduisants.
Encore merci Jeanne !
Bonne fin de journée ou bon début de soirée (je sais plus...) à tou(te)s !
Opium
par Lilly-of-the-valley, le 6 avril 2013 à 16:50
Merci beaucoup pour le billet. Je suis sous le charme de cette rose rouge depuis un bon moment. Avec l’arrivée du printemps, elle est devenue tout simplement irrésistible. It rocks !
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