Kokorico
Jean Paul Gaultier
- Marque : Jean Paul Gaultier
- Année : 2011
- Créé par : Annick Menardo - Olivier Cresp
- Genre : Masculin
- Famille : Boisée
- Style : Gourmand - Viril
Bûche figue-cacao
par Thomas Dominguès (Opium), le 8 octobre 2011
Depuis la sortie du Mâle en 1995, accord innovant entre fougère virile et oriental langoureux et séducteur, les parfums alliant virilité et douceur, masculinité et gourmandise ont été nombreux : A Men de Thierry Mugler ; Lolita Lempicka Au Masculin ; Dior Homme ... pour les plus réussis ; jusqu’à Black XS pour homme et One Million, tous deux par Paco Rabanne, pour les plus racoleurs... et efficaces, puisqu’ils parviennent à truster les meilleures ventes, concurrençant directement Le Mâle.
Après des succès mitigés lors des sorties qui suivirent, avec Fragile, Gaultier2 et Ma Dame, qui n’ont probablement pas fourni les résultats escomptés, bien que récoltant souvent un succès d’estime, Jean-Paul Gaultier se serait totalement investi dans le projet d’un boisé gourmand, afin d’en faire un succès commercial, mais, également un produit qui lui ressemble : c’est-à-dire, un mélange des genres assumé, alliance des contraires. Olivier Cresp et Annick Menardo auraient obtenu le brief sans mise en concurrence avec pour mot d’ordre de "se faire plaisir" et d’être original.
Probablement exaspéré d’en voir d’autres reprendre avec succès son schéma "de la gagne" (1 Million, dont on sait qu’il est en concurrence directe, et par le jus, et par le succès, et par la clientèle visée préférentiellement), Jean-Paul Gaultier a fait le choix de stopper les tests consommateurs habituels et de laisser libre cours aux parfumeurs afin de ne pas élaguer la créativité.
Qu’en est-il de ce parfum dont vous lisez des lignes et désirez connaître l’ossature ? Là où, souvent, on multiplie les accords, les matières, pour créer l’illusion de la richesse, il a été fait le choix d’une ligne claire, avec peu de matériaux qui s’expriment pleinement.
Tout démarre, en tête, par un accord entre feuille de figuier assez verte et galbanum herbacé, métallique et grinçant. Immédiatement, ils se font très secs et boisés. Cela explique sans doute le "teasing" relaté dans le dossier de presse où les notes sont censées apparaître "c*l par-dessus tête".
En coeur, se révèle une note de fèves de cacao et de tonka, plutôt amère bien que gourmande, assez brute, qui sera le pivot de la composition. Les accords de fèves, bien qu’intéressants, sont très difficiles à manipuler, car ils évoluent par va-et-vient, disparaissant pour réapparaître, et ce, sous un visage qui n’est pas le même selon la peau qui les développe. C’est sur cette note de fèves que va se jouer sur un fil l’équilibre du parfum ; très rond ou très rêche. Bien que beaucoup décrivent Kokorico comme "sucré", y détectant de la vanille, du café, ou du thé noir, pas toujours le cacao, c’est bien lui, associé à la tonka, qui va montrer différentes facettes. De gourmand, genre Poulain Grand Arôme, donc chocolaté vanillé sucré et gras (voire écoeurant pour bon nombre), à un cacao très amer de type Van Houten, sans adjonction de sucre, dans ce cas, plus proche d’un grain de café torréfié et strident.
Le cacao apparaît et disparaît par volutes autour du patchouli et du cèdre omniprésents, laissant plus ou moins de place au figuier et au galbanum. Là, réellement, se joue un numéro de funambule : si la note verte ne s’exprime pas, si le figuier ne peut exister, noyés par les fèves, le parfum n’est alors que la copie d’autres qui l’ont précédé. Si l’accord vert émerge, alors, une création originale s’exprime.
Des bois forment le fond de Kokorico... Cèdre, vétiver sec, patchouli et figuier donnent un effet boisé, vaguement crémeux grâce au cacao, mais très sec dans l’ensemble. C’est à partir d’une essence naturelle de cèdre que l’idée de ce boisé aurait émergé, bien que le patchouli, au ressenti, soit omniprésent.
Le parfum s’impose, de prime abord, massivement, telle une bûche cacaotée projetée en pleine face ! Cela rend cohérent le discours de la marque que nous avons découvert ici, et qui nous semblait risible. Effectivement, ce parfum, avec du coffre, est assez "viril" dans sa démonstration de force. Les gens froncent le nez de prime abord, face au sujet imposé "in your face" : sans agrumes, ni aromates, ni fleurs, ni fruits pour adoucir la donne. Le parti pris, outre celui de la ligne claire, est donc brut de décoffrage (à l’image du flacon, qui semble si laid, et se révèle être un bel objet, reproduisant de profil, dans un clin d’oeil malicieux, le buste si reconnaissable du Mâle).
En cela, il rappelle One Million, mais aussi Black XS dont il partage le fond boisé ; ce qui est probablement une déception (Black XS a été créé également par Olivier Cresp). Mais, il s’est probablement agi d’équilibrer les risques en répliquant ce qui avait fait le succès de l’avant-dernier Paco Rabanne, quasiment passé aux oubliettes tant il est phagocyté par son successeur, en apportant ainsi à Kokorico une rondeur plus que nécessaire lors de l’opération de "taillage des bûches de bois". Par la manière commune qu’ils ont d’alpaguer l’attention, ces trois parfums sont de la même veine.
Pour ma part, si Kokorico joue définitivement dans la même cour que les deux derniers Paco Rabanne masculins, il le fait de manière bien plus tranchée et osée. A ce titre, il se rapproche également d’autres compositions beaucoup plus réussies :
Par le traitement du cacao et du patchouli à Angel et A Men bien sûr, surtout dans ses éditions "Pure Coffee"
Pour l’aspect massif "brutaliste", à Au Masculin de Lolita Lempicka (également créé par Annick Menardo en 2000)
Par un aspect vibrant, vivant, irradiant et pétillant de bois, vert et humide, sifflant et crépitant dans une cheminée, à Womanity et Alien de Thierry Mugler ainsi qu’à Baudelaire de Byredo. En raison, également, dans un souci de lisibilité et d’efficacité, de la réduction de la pyramide au strict minimum, rendue percutante grâce à l’absence de parasitage(s), de "saletés", qui font bien et pointu sur le papier, mais n’apportent, souvent, pas grand chose.
L’Instant Extrême pour homme : Honte sur moi, je n’avais pas senti la parenté flagrante avec la création Guerlain (dont j’ai pourtant vidé un flacon !), jusqu’à ce que Jicky m’en parle (dans un de ses éclairs lumineux dont il a le secret). Les similitudes sont nombreuses dans le traitement de la fève tonka avec l’accord patchouli/boisé. L’instant a un envol rendu plus harmonieux par la patte hespéridée Guerlain et se fait moins boisé en notes de fond que Kokorico, qui revendique une facette verte originale qui le différencie.
La trame d’un accord patchouli - cacao a donc déjà souvent été exploitée, expliquant probablement un sentiment de "déjà-senti" auprès de ceux qui testent Kokorico. Parfois même en parfumerie de niche, L’Heure Défendue ou Bornéo 1834 en sont les exemples les plus subtils et délicats. Un ami s’est cru dans un "jardin de Naples", je le cite dans le texte, tant le figuier était flagrant sur ma peau (aucun porteur de Jardin en Méditerranée à ce moment-là près de nous, il s’agissait bien de moi !).
Mais, pour avoir cette impression, encore faut-il que cette note verte émerge sur la peau de celui qui le porte. Le manque de substantivité de cet accord vert, censé faire la différence dans ce parfum, qui n’est pas conseillé dans de petites boutiques où l’on prend le temps de guider l’acheteur, mais vendu parmi tant d’autres dans les Nociphorarionnauds, pourrait lui être fatal. Je ne peux que vous conseiller, au moins par jeu, de tester sur peau ce parfum, pour découvrir si vous êtes plutôt "amer" ou "sucré"... Si le vert éclot ou reste muet.
Certains trouveront Kokorico vulgaire, prétentieux, racoleur, banal.
D’autres, culotté, tranchant, intéressant. Détestations, haines farouches, commentaires contradictoires et passionnés, tout devrait être dit et pensé à propos de Kokorico. En cela, il est à l’image du premier parfum de Jean-Paul Gaultier, de celui-ci même, des parfums qu’il a lancés, et de sa mode, tantôt jouissive et créative pour les uns, tantôt exagérée et insupportable pour les autres ; en somme, Kokorico est cohérent avec le patrimoine artistique de son créateur. Cela est si peu fréquent aujourd’hui, pour de trop nombreuses marques, prestigieuses par le passé, qui saccagent leur propre histoire dans des sorties effrénées sans queue ni tête, que cette volonté d’afficher une cohérence est plaisante et remarquable.
Je parie que dans les prochains mois, après des débuts difficiles, l’invasion de Kokorico dans les rues, le métro, dans les bureaux, dans les bars, les restaurants, les boîtes, partout, jusque même dans les draps des a(i)mants, en exaspèrera beaucoup ; car, ce parfum sera, de mon point de vue, probablement, un succès. Sans nul doute. Il démarre mal et polarise... comme son aîné ou un certain "Ange" dont on édite l’EDT actuellement.
Même si ce n’est pas encore Noël, et que c’est un peu déraisonnable car indigeste pour certains, moi, j’me resservirais bien une nouvelle part de bûche figue-chocolat !
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par Neo, le 27 novembre 2014 à 16:08
Je viens rajouter mon analyse de Kokorico et la comparaison qui lui est faite avec LIDGE que je vois dans le côté "vert" des parfums. Dans ce dernier il y a un côté assez vert avec la badiane qui peut sauter au nez au premier abord inscrustée dans le flot d’agrumes citronnés et épicés par l’élémi, la badiane étant elle-même soutenue par le poivre rose anisé et le cèdre de virginie qui semble là traverser la composition avec le thé lapsang délicatement boisé (l’effet camphré est là), un aspect un peu "fougère hespéridé" pour imager dans les premières minutes avant que s’en suive l’envolée orientale boisée, mais en aucun cas uniquement "vert" si vous voyez ce que je veux dire, Kokorico lui semble s’arrêter sur un "bois vert" piquant parfumé par la feuille de figuier (je ne sens pas l’odeur de figue personnellement, juste la feuille...) mais il est assez sec voir même résineux et terreux même si on peut y déceler une petite douceur sucrée peut-être. Mais je reconnais qu’on peut lui apporter cette touche d’originalité qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs. Après c’est mon ressenti sur ma peau, désolé si cela choque certains, au cas où...
par catfat, le 13 septembre 2012 à 15:52
Kokorico, c’est le parfum pour lequel mon copain a eu un coup de cœur immédiat. J’ai essayé de lui en faire sentir d’autres mais non, c’était celui-ci ! Je lui ai offert les fameux coffrets dont vous parlez (économique...) et depuis il le porte et j’aime. Il est ultra viril ça c’est sûr. Les notes de tête très vertes et crissantes ne sont pas ma tasse de thé mais c’est ce qui fait toute l’originalité du parfum. La tenue est excellente, sans problème jusqu’au soir, il a également un vrai sillage. Je le trouve original (la note figue qui dure) et sensuel (les bois). En tout cas il est bien fait et il sort des sentiers battus.
Kokorico by night, je l’ai senti tout à l’heure très rapidement, pas convaincue du tout, il ne reste que des notes gourmandes et douces, beaucoup moins incisif, plus trace de la figue qui donne tout le caractère de Kokorico. Pas à la hauteur de l’original (surtout, by night, je m’attendais à plus de sensualité et de virilité...) à mon nez.
un flacon imonde, un nom ridicule, mais un excellent parfum, quoique un peu déjà vu (l’instant, very irrésistible, un peu dior homme aussi)
et , ayant été chez marionnaud cet après midi, sa place sur les rayons se réduit comme peau de chagrin, le flanker à mon avis c’est la dernière tentative de booster les ventes.........................
par Troudujol, le 2 juillet 2012 à 22:40
Ayé, voilà un flanker ! Kokorico by Night, qui sortira en septembre. Bergamote, rhubarbe, cacao et fève tonka. Flacon de forme identique à l’original mais il ne semble pas opaque et présente un dégradé du rouge au noir. Personnellement, je préfère ce nouveau flacon. Reste à sentir le contenu ! Les notes m’évoquent B*Men que je n’appréciais pas plus que ça...
par Troudujol, le 8 janvier 2012 à 22:55
Une vingtaine de coffrets Kokorico à -30% dans mon Sephora, avant même le début des soldes... Pas bon signe...
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par Patrice, le 8 janvier 2012 à 23:13
Oui mais ce sont des coffrets !
*tente de se rassurer*
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par Troudujol, le 9 janvier 2012 à 00:08
Des coffrets que le magasin a commandé en grande quantité, pensant pouvoir les écouler facilement... et qui lui sont restés sur les bras ! C’était un des seuls coffrets (le seul ?) présents en si grande quantité. La nouveauté qui a le moins trouvé son public malgré des espoirs haut placés ???
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par lolo, le 12 janvier 2012 à 21:50
Et bien moi ce kkrc je le trouve magnifique porté par une femme, moi en l’occurence, qui m’a valu un " j’adore ton parfum, c’est celui d’une femme de caractère !".
Sur moi pas de buche au chocolat (que j’imagine un peu écoeurante), mais un poudré sec tenace et délicieux plutot vert et poivré....une merveille !
par , le 7 novembre 2011 à 23:36
Je re reviens pour dire qu’il me rappelle aussi very irrésistible for men et amor de cacharel pour homme, qui sont tous les deux relégués en bas des étagères ,d’ailleurs il a intérêt à marcher ce "kokorico" parce que vu la forme du boitier et du flacon, il va prendre de la place.
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Ce parfum n’existe plus ? J’aime Rochas Man, l’Homme ideal, Dior Homme, (Amen ?) et dernièrement j’ai acheté l’excellent Instant edp avec ce fond magnifique. Mais aucun n’a ce truc special qu’avait Kokorico. J’adore l’instant mais je le trouve trop sage, trop poli. Kokorico etait comme une version rock de l’instant...
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