- Marque : Atkinsons London
- Année : 2016
- Créé par : Fabrice Pellegrin
- Genre : Masculin
- Famille : Boisée
- Style : Élégant - Sensuel
Désert anglais
par Jeanne Doré, le 3 juillet 2016
Vous savez déjà ce que je pense de l’oud (oui, il parait qu’en bon français on doit dire l’oud et pas le oud).
Il y a évidemment dans ce nouveau genre olfactif venu du Moyen-Orient, et qui s’est peu à peu propagé dans notre parfumerie occidentale, à boire et à manger.
Lorsqu’Atkinsons, sympathique marque d’origine londonienne au charme très british, mais pas pour autant réfractaire aux influences étrangères, s’intéresse au sujet, c’est toujours avec un certain flegme, une élégance et un humour à l’anglaise.
La marque s’était déjà essayé à l’oud en 2013 avec un premier duo aux noms ironiques : Oud Save the King et Oud Save the Queen, et récidive cette année avec deux nouvelles inspirations venues d’orient, à consonance toujours très royaliste : Her et His Majesty the Oud.
La version masculine, loin d’aller flirter avec l’intensité animale et l’opulence outrancière de certaines marques moyen-orientales, offre une version plutôt assagie du genre, dans une interprétation un peu dandy d’un prince bédouin, dont le charisme exotique aurait été occidentalisé, voire édulcoré, renouant avec la vision d’un Orient mythique et mythifié des grands films d’aventures des années 60 se déroulant dans des contrées désertiques.
His Majesty the Oud démarre dans des volutes de tabac à pipe avec des facettes fumées, épicées, boisées et herbacées de foin et de paille, desquelles s’épanouit progressivement une petite note liquoreuse et anisée de bâton de réglisse. Une dimension un peu sucrée, vanillée, presque gourmande vient contrebalancer l’aspect sec et âcre de la fumée rêche.
J’aime assez cette impression de tabac douceâtre, un peu piquant, qui m’évoque cependant plus un vieux lord anglais en train de siroter un thé épicé accompagné de scones, et de tirer sur sa bouffarde, confortablement installé dans son fauteuil club en cuir, qu’un souverain du désert transpirant sous son keffieh.
A moins que cette dimension fumée, cuirée, un peu humide et poussiéreuse, presque moisie qui se dégage peu à peu, n’évoque à certains la moiteur romanesque d’un pur-sang arabe au galop, monté par un beau prince mystérieux du Sahara.
Les notes de fond ont tendance à se tempérer, dans un accord oriental ambré, vanillé et musqué, plus convenu et moins aventureux. Au choix, le lord s’est endormi, ou le prince a disparu à l’horizon…
His Majesty the Oud veut sans doute nous rappeler que, dans le film Lawrence d’Arabie de David Lean en 1962, le personnage de Fayçal 1er - dont s’est inspiré Atkinsons pour créer le parfum - était interprété par le on ne peut plus britannique Alec Guinness. Tout s’explique.
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par yoda, le 14 juillet 2016 à 11:24
Comme il est difficile de "juger" de ce type de parfum par 40°… oui, il est très agréable de vivre à Montpellier, mais oui il est très difficile d’appréhender, à mon sens, cette odeur, par une si forte chaleur .... N’en déplaise à David NIVEN, lequel devait en connaitre un rayon ....
je retrouve, en portant cette eau de parfum, le confort ressenti à entrer dans un appartement ancien et cossu, ou brulerait, par exemple, "tek et tonka" de chez Esteban, ou encore "bibliothèque" de Byredo .... L’ensemble me semble coherent, équilibré, assez classique et sans réelle rupture ni décalage, auquel on pouvait s’attendre d’une marque Anglaise, apte au clin d’œil !
Alors je valide cette eau pour un sage dimanche d’automne gris, propre et élégant, où le repas de famille sera pièce maitresse de la journée et le débat d’idées incontournable !!!
en revanche, exit (brexit ?), à mon avis, toute débauche sensuelle sous un soleil de feu, prince ou non, désert ou non ....
"sage, mon fils .... Trop sage !"
par alizarine, le 10 juillet 2016 à 12:29
Un grand plaisir de recevoir cette petite fiole dans son boîtier doré, le plaisir de découvrir, de tester. Donc tout d’abord tous mes remerciements !
J’ai tardé à écrire mon ressenti sur cette senteur. J’en attendais un grand parfum boisé, fumé, masculin et orientaliste. Un peu entêtant, "too much" (comme l’or ostentatoire de son cartonnage ) et à la tenue pot de colle
A vrai dire, je n’ai rien trouvé de tout ça. Ce si magnifique chevalier/ cavalier d’orient au regard sombre que j’attendais n’était pas au rendez-vous. Désarçonnant indeed ;)
J’ai pourtant cru l’apercevoir au tout-début, avant même de le pschitter. Oui en sentant au départ tout simplement la flaconnette tout y était : le fumé, le cuir, le thé, les épices et... peut-être même l’oud ( enfin l’oud que j’ai en tête et idéalise, mon oud rêvé... car l’ Oud existe-il vraiment en dehors de notre imaginaire ? Il est si lointain, protéiforme, un peu magique du fait de cette distance justement. )
A peine vaporisé, sa fragrance tant dans l’air d’abord que sur ma peau ensuite, il s’était métamorphosé. His Majesty The Oud était devenu plus rond, beaucoup moins sec. J’ai été étonné de le trouver vanillé et presque doux, un doux tendance caramélisé. Je vous avouerais avoir cru à une erreur de votre part et j’ai vérifié aussitôt sur l’emballage que ce n’était pas Her Majesty qui s’était faufilée chez moi. Mais non, pas d’erreur c’est bien la version mâle ... J’y retourne donc. Cette fois de nouvelles notes se sont développées sur mon poignet mais j’ai du mal à retrouver thé, fumé, (ou thé fumé) , cuir ou oud . La vanille nimbe toujours l’ensemble mais le tout devient plus subtil, s’équilibrant dans une structure agréable... à défaut d’être vraiment séduisante.
Il a fallu patienter encore pour que le développement de ce parfum parvienne à trouver son ton, qu’il sonne juste. Il est effectivement assez intéressant à ce moment-là. J’ai apprécié découvrir ses volutes d’encens au lieu du thé fumé que j’attendais. His Majesty The Oud est un parfum surprise qu’il faut prendre le temps de voir éclore, il se mérite. C’est un plaisir personnel cependant voire intime : il reste un parfum de peau, sans sillage ni aura. Un peu dommage... quoique non, peut-être pas. J’ai aimé le porter comme un secret.
par Walkyrie, le 8 juillet 2016 à 18:42
Bonjour,
Il m’est difficile d’ajouter quelque chose à la chronique de Jeanne : je ressens exactement les mêmes choses... en Bretagne. L’ayant reçu la veille de mon départ vers le sud, je l’ai testé tout au long du trajet, par différents climats. Par temps chaud, les facettes se restreignent pour laisser la placer à cette liqueur de réglisse boisée, qui m’évoque un mix entre Santal Majuscule et Lolita Lempicka. J’adore ces parfums, toutefois, avec celui-ci, j’ai un peu une impression d’inachevé, comme si les facettes manquaient de liant pour rendre l’ensemble cohérent. Néanmoins, je l’aime bien et le porte avec plaisir !
par ghost7sam, le 8 juillet 2016 à 11:33
Merci à Auparfum une fois de plus pour nous faire participer à de sympathiques découvertes, et pour donner une tribune aux amoureux du parfum.
Je connaissais de nom et de vue la marque Atkinsons, avec notamment un opus dans ma liste "à sentir" - il s’agissait du Odd Fellow’s Bouquet dont la description de Jeanne donnait comme d’habitude l’eau au nez -euh à la bouche...
On en vient à ce His Majesty The Oud, dont le nom m’évoque bien sûr Sa Majesté La Rose chez Serge Lutens
Bon, c’est vrai qu’il s’agit du 1 023 463ème oud au flacon doré, mais il ne faut jamais juger le contenant mais le contenu ("ne regardes pas la cruche, mais son contenant... etc..." Maximes des Pères etc...)
On en vient à la première pulvérisation...
Une fumée, légèrement âcre, qui pourrait être ocre d’ailleurs, s’échappe du flacon et se pose sur la peau. Une âcreté très douce et fruitée je trouve même, qui se transforme rapidement en accord réglisse. On devine l’accord oud en filigrane, mais vraiment l’accord- bien loin d’un vrai oud (vaguement dans le style des ouds de Byredo).
La note de tête est en même temps très douce et fruitée, typique des "marques de niche" qui intègrent les codes gourmands de notre temps.
Je dirais que parfum se joue plutôt en 2 temps (que l’académique rythme ternaire - tête/coeur/fond) avec un fugace départ un peu fumé/réglisse/fruité.
On embarque ensuite dans une vague de bois ambrés et vanillés qui font tenir le schéma mais à mon goût n’apportent pas de vraie structure ou de vrai propos à l’ensemble du discours.
—
En découvrant en ce moment la chronique de Jeanne, je tique sur le mot clé "édulcoré" qui pour moi exprime très bien ce parfum. Une majesté édulcorée qui a dû faire beaucoup de concessions à ses sujets ....
Je passe mon tour pour cette fois.
Merci tout de même pour cette découverte, merci à la marque pour accepter de jouer le jeu de s’exposer à la critique, et aux autres auparfumistes pour leurs commentaires - que je vais de ce pas découvrir.
peace
par Frédéric, le 6 juillet 2016 à 15:56
Et bien pas de trace de oud dans ce parfum mais une jolie surprise néanmoins que j’ai envie de rebaptiser plus justement Thé Narguilé. C’est hyper fumé, un peu âpre et on devine le fond très doux dés les premiers instants. J’ai directement des comparaisons qui me viennent à l’esprit, Black de Bulgari pour ce thé noir hyper fumé et Myrrhe Ardente de Annick Goutal pour cette note de matière collante.
En fait il suffit de se rappeler ce moment quand on se ballade en rue et que l’on tombe sur un de ces salons à chicha, on attrape une bouffée de fumée âpre très aromatisée qui se mélange au thé sucré. La note de thé est donc indéniablement le centre du parfum mais il faut l’imaginer comme une pâte à fumer sous un charbon ardent, une boule collante travaillée avec les doigts.
Sur peau le parfum s’adoucit relativement vite, il devient un thé noir cuiré sur fond vanillé qui me semble fort déjà senti, mais pas déplaisant du tout. C’est un fond oriental classique très ambré avec peut être cette note de oud quelque part, Sa Majesté la plus discrète du monde.
J’aime vraiment beaucoup, même si il pourrait faire odeur d’ambiance de salon Marocain je pense qu’il est suffisamment qualitatif pour dépasser cela et fera même des ravages sur la bonne personne.
par Jeanne Doré, le 6 juillet 2016 à 00:15
Bonsoir à tous,
Déjà 7 critiques pour ce Oud majesté, et je dois dire que je suis très impressionnés par la justesse, la précision et la pertinence de vos descriptifs, peu importe qu’ils soient techniques ou personnels, enjoués ou nuancés, cet exercice montre une fois de plus comment un parfum peut être exprimé, illustré, mis en mots, à travers des personnes pourtant différentes, au ressentis et aux goûts variés, mais qui parviennent pourtant à en dresser toutes ensemble une sorte de portrait-robot.
Alors merci à ceux qui ont déjà écrit, et merci d’avance à ceux qui s’apprêtent à le faire !
par Farnesiano, le 5 juillet 2016 à 14:16
Bonjour Sarah13. Tous les parfums de la marque Atkinsons London peuvent vous séduire tant ils dégagent du charme et une élégance toute british. J’ai cependant un faible pour Odd Fellow’s Bouquet que Jeanne a très bien évoqué sur notre site. N’hésitez pas à le découvrir. Bonne prospection !
https://auparfum.bynez.com/the-odd-fellow-s-bouquet-atkinsons-london-2856
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par Sarah13, le 5 juillet 2016 à 14:34
Merci pour votre conseil. Je vais jeter un coup d’œil sur cet Odd Fellow’s Bouquet au plus vite !
par Sarah13, le 5 juillet 2016 à 10:41
Bonjour à tous,
J’ai reçu mon échantillon aujourd’hui et tiens à remercier le site Auparfum et la marque Atkinsons pour ce joli présent.
Je n’ai pas les qualités romanesques et poétiques de certains critiques de ce site, si plaisants à lire, mais je vais tenter de vous décrire ce que je ressens en inspirant ce parfum.
Je n’ai lu aucun de vos avis, afin de ne pas être influencée par vos ressentis, et de voir surtout s’il existe un universalisme de l’esprit humain dans l’approche d’un parfum, ou un imaginaire partagé.
Je vaporise donc l’échantillon au creux de mon poignet et là, surprise ! Je m’attendais à quelque chose d’opulent, de chargé en ingrédients divers, de compliqué à comprendre... Mais rien de tout cela !
Ce qui se dégage des premières notes et une sorte de baume chaud, une odeur de parquet ciré ou de vieille bibliothèque londonienne. Oui car c’est un parfum très "british". Préjugé certes encouragé par la marque qui est londonienne, mais je dois avouer qu’à mes premières inspirations je me suis retrouvée dans ce Londres que j’aime temps.
Une odeur moderne donc, mais basée sur des critères rétros. Un cliché de représentations anglaises me parvient (Sherlock Holmes, un trench Burberry, l’éventreur de Whitechapel...) bien loin de l’image orientale que souhaite véhiculer l’esprit de cette fragrance. Finalement, on n’y mets les représentations que l’on veux et même si cette fois-ci je n’ai pas été influencée par la description du parfum sur le site de la marque, il m’arrive de plonger dans les limbes du marketing et des discours imaginaires qui me font acheter un parfum.
Je sens également une légère odeur de bronchodermine, qui me ramène dans les douceurs de mon enfance. Suis-je la seule à sentir cela ? Cette effluve finit par s’estomper pour laisser place, au fil des heures, à un parfum doux et enveloppant, dans lequel je m’installe confortablement. Un vieux salon, un feu de bois, la neige dehors.... tiens, voilà Harry Potter ! Que de représentations fantasmées, mais qui me font aimer ce parfum. Attention cependant, il s’agit d’un parfum "pour soi", à faible sillage (mais il faut que je le teste davantage pour confirmer). Les adeptes de parfums opulents peuvent se rhabiller. Quand à moi, je vais me pencher davantage sur les créations de cette marque qui me parle. Peut-être que j’y trouverai mon graal parfumé, que j’attends depuis si longtemps... Merci encore pour l’échantillon.
par Sehnsucht nach dem Duft..., le 5 juillet 2016 à 09:19
Je n’y connais pas grand chose en Oud, j’ai dû sentir une fois le Oud Palao de Diptyque et le Al Oudh de l’Artisan Parfumeur, j’ai déjà été surpris par le parfum "très oriental" d’une personne dans un ascenseur et appris qu’il s’agissait de Oud. Voilà pour mon expérience en Oud. Découvrir His Majesty The Oud de Atkinsons London c’était découvrir une marque et une nouvelle matière !
Première pulvérisation et je suis rassuré, ça ne sent pas ce que j’ai collé comme préjugé au Oud : la biquette et la crasse humaine. Non, au contraire, ça sent le sucré, le réglisse ou l’anis peut-être... En fait, je sais, ça sent le Carensac, ce petit bonbon au réglisse enrobé d’une couche de sucre vanillé. Pour être plus précis, ça sent le paquet de Carensac ouvert dans un sac en cuir : les bonbons sont éparpillés au fond du sac depuis un petit moment, certain ont été écrasés et d’autres ont un peu fondu au soleil à l’intérieur du sac.
Cette odeur, pas désagréable, reste longtemps sur la peau, elle perd juste progressivement de son sucré et gagne en cuiré puis en fumé.
Difficile après une image aussi précise que celle de ce paquet de Carensac de vous en dire plus ! Le parfum est plutôt facile à porter, sucré doux ce qui lui enlève l’aspect "sale" du Oud. Il n’est pas écoeurant, il est très poli, très anglais sans doute.... {{}}
Farnesiano
a porté His Majesty the Oud le 23 janvier 2024
Walkyrie
a porté His Majesty the Oud le 8 juillet 2016
ghost7sam
a porté His Majesty the Oud le 8 juillet 2016
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par yoda, le 14 juillet 2016 à 11:31
Je remercie, encore et toujours, ce site et Jeanne de nous permettre la découverte et la liberté d’expression .....
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