Fraicheur de Havane
par Clara Muller, le 28 octobre 2016
Le Habanita créé dans les années 1920 est un parfum de courbes. Tabacé et vanillé, puissant, avec son lourd accord floral épicé, mais velouté par la douceur d’un fond ambré et poudré. La femme Habanita est sensuelle à la manière d’une espagnole à la voix grave et aux traits un peu virils — la Carmen de Bizet ou la Lola de Valence de Manet.
De la cologne dont elle porte le nom cette nouvelle version a les attributs hespéridés, mais du parfum mythique dont elle descend elle conserve l’opulence et le caractère. Bien que dépouillé de sa noirceur, l’original est aussitôt reconnaissable. Son accord Cologne est certes appuyé, développé, mais sans l’acidité ni la pétillance d’une écorce d’agrume entaillée. C’est l’odeur sucrée et lumineuse de la pulpe de bergamote qui enrobe la structure d’Habanita dans une gangue translucide.
D’ailleurs, si Habanita, La Cologne poudre la peau, ce n’est plus à la manière d’un fard épais mais plutôt comme un léger voile d’huile sèche, effet vaguement solaire soutenu par un rayon doré d’ylang-ylang qui vient remplacer le jasmin de l’original.
Enfin, moins sombre, moins dense, et dans un esprit moins vintage, le fond de Habanita est bien là, laissant un sillage assez marqué pour être immédiatement reconnu.
Plus proche de l’original que la version L’Esprit sortie en 2013, qui explorait une autre posture pour « alléger » l’original à coup de muscs blancs, cette version Cologne réussit parfaitement, sans déformation outrancière, sans déséquilibre.
Et si cette nouvelle version porte le nom de Cologne, c’est proportionnellement à la ténacité de la version originale ! Habanita, La Cologne affirme sa présence sur la peau tout au long de la journée et mériterait à son tour le titre de la cologne la plus tenace du monde.
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par Emma Bovary, le 1er novembre 2016 à 17:58
Quelle joie d’avoir été sélectionnée mais en même temps quelle responsabilité ! Ce qui explique le temps que j’ai mis à la rédaction de mes impressions.
Je commencerai donc par le nom de ce parfum qui m’a intriguée et a piqué ma curiosité : "Habanita, La Cologne". Sans parler d’oxymore, le paradoxe qu’il met en avant est indéniable. Pour qui a respiré les effluves chaudes et tenaces d’"Habanita" l’original, lui voir associer le terme de "Cologne" apparaît comme une contradiction. Il est clair que cette nouvelle version promet de la légèreté et de la fraîcheur, mais cela me fait craindre en même temps un manque de tenue... Alors allons-y, lançons-nous, essayons-la et voyons si ce parfum est conforme à nos attentes, en espérant qu’il infirmera nos craintes.
La fraîcheur est dans les notes de tête et le premier pschitt dégage une odeur hespéridée des plus agréables, en même temps très verte que j’associerais volontiers à l’idée de propreté. C’est à ce moment-là que ce parfum remplit parfaitement son rôle de Cologne. Et puis, avec le temps, la fragrance évolue vers un oriental plus traditionnel où l’on peut percevoir des notes d’ambre, de vanille et de miel où finit par se détacher une subtile odeur d’encaustique évoquant un intérieur précieux et suranné. Il est très agréable à porter car l’on se trouve nimbé d’un halo poudré, d’un vaporeux nuage de fumée. Il est alors très "Habanita"...
Quant à ma crainte initiale, elle est balayée : ce parfum s’avère de très bonne tenue, il vous accompagne toute la journée et non seulement les autres mais vous-mêmes en percevez les effluves. C’est très agréable car pour moi, il n’y a rien de pire qu’un parfum qui se laisse oublier. "Habanita, La Cologne", c’est un souffle d’Orient qui traverse un jardin méditerranéen pour terminer dans un boudoir proustien. Il remplit parfaitement les promesses de son nom : frais et oriental, il s’inscrit dans la tradition d’"Habanita" en lui conférant une touche de modernité. Je suis conquise.
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par angelsdontcry, le 2 novembre 2016 à 11:00
Quel magnifique commentaire ! C’est exactement ce que j’ai ressenti ; je reprends vos mots : "C’est un souffle d’Orient qui traverse un jardin méditerranéen pour terminer dans un boudoir proustien".
Vous avez su utiliser les mots qui me manquaient. Je suis en complète admiration devant les nombreux commentaires que l’on trouve sur Auparfum : précis avec un vocabulaire olfactif et littéraire très riche. Merci de votre jolie évocation.
par Eloan, le 1er novembre 2016 à 15:47
Habanita... C’est l’histoire d’un coup de coeur olfactif, devenu un parfum signature, alors que tout avait vraiment très mal commencé entre nous !
Pour mieux vous parler de la cologne, laissez moi vous conter rapidement ma rencontre avec l’eau de parfum qui s’est révélée très chaotique. Je débutais dans les parfums de niche, et le nom d’Habanita revenait très souvent parmi les notes et les accords susceptibles de me plaire à moi qui portait l’Heure Bleue depuis 20 ans. Mais voilà, lorsque je l’ai finalement essayée, mon nez débutant s’est arrêté aux notes de têtes... grossière erreur !! (que je me suis jurée de ne plus jamais commettre) j’avais tellement détesté les notes de têtes : piquantes, désagréables et presque métalliques à mon nez, que j’ai mis de côté l’écharpe que je portais et me suis parfumée avec autre chose ce jour là. Et puis... bien sûr...quelques jours plus tard, durant une journée bien froide... je reprend cette écharpe et je me retrouve envoûtée par une odeur merveilleuse, chaleureuse, captivante, sensuelle. Cette odeur ne m’a plus quittée depuis.
Et pour parler d’Habanita Cologne... eh bien je commencerai par dire que c’est définitivement Habanita ! Cette version est très fidèle. Je la vois comme une plus jeune soeur, plus pétillante, taquine, coquine, mais avec beaucoup de maturité quand même, de la prestance, du chic, du glamour et un brin d’espièglerie ! En somme... c’est Habanita aussi.
La cologne s’ouvre sur des notes agrumes, citron acidulé, et quelque chose de désagréable là encore à mon nez (surement cette noix de muscade piquante grrrr) en bref des notes qui m’ont surprise ! Ce ne sont pas des notes que j’aime, et qui sont à mille lieues d’Habanita alors j’étais plutôt déçue ... mais avec Habanita je suis à bonne école maintenant, et j’espérais que ce ne soit qu’une introduction, et en effet il ne s’agit que d’une introduction...
Le parfum évolue en quelques minutes vers une rose plus poudrée, calfeutrée, séduisante ! Un boudoir charmant... où l’on flâne un bon moment, entre maquillage et rouge à lèvres, poudre de riz et rose. Je sens l’odeur du rouge à lèvres et de la poudre, on n’est plus dans un décor de jeune fille, mais plutôt de jeune femme en devenir, avec du caractère !
Puis dans la demie heure suivante apparaît Habanita... celle que j’aime et que je connais : un fond boisé, ambré, baumé, vanille, ylang ylang, sensuel, chaleureux, excessivement addictif, ma madeleine de proust dans son cocon fumé. Et ces notes s’installent et restent là enveloppantes, sécurisantes, mais toujours aussi séductrices et sexy.
Je suis complètement tombée sous le charme de la cologne... la tenue est fabuleuse, avec un très joli sillage plus nuancé que la version eau de parfum, moins envahissant pour l’entourage je pense. Ce n’est pas une cologne "fraiche, vive, pétillante" comme on pouvait s’y attendre avec le nom de cologne. On retrouve entièrement Habanita à la fin, on a juste virevolté, chatouillé, et dansé un peu avant d’y arriver, et moi j’ai aimé ce voyage.
Je remercie infiniment Au Parfum pour m’avoir permise de découvrir ce parfum.
par S9, le 31 octobre 2016 à 17:01
Pour commencer, un petit détour du côté d’Habanita dont je ne connais que l’ancienne version eau de toilette achetée il y a déjà longtemps et dont je conserve précieusement le flacon, d’autant plus que son changement de concentration en EdP , et au passage sa reformulation, ont fait grincer des dents les afficionados de cette senteur culte.
Perso, je l’apprécie beaucoup sans me l’être vraiment appropriée, je ne sais pourquoi.
Alors découvrir une nouvelle version cologne, sans avoir du coup jamais pris la peine de sentir la version eau de parfum, relevait un peu d’un pied de nez (jeu de mots facile, désolée) à la version n°2 en espérant que la version n°3 ne me décevrait pas.
J’ai résisté à la lecture de la critique et des différents commentaires sur cette cologne pour ne pas être influencée par les avis de chacun.
Ce qui me surprend de prime abord, c’est que je m’attendais à un départ plus vert, plus frais car il s’agit d’une cologne justement. Je détecte peut être une légère odeur de citron ou bergamote ?
Mais dès le départ, c’est la vanille qui est présente, relativement peu sucrée, avec une pointe d’épices.
Elle va se développer, tour à tour terreuse (?) et un peu miellée, terriblement sensuelle, puis les notes fumées vont s’installer et perdurer ; la fameuse note tabac de Habanita version n°1 est bel et bien là, magnifique, mais plus ronde et douce, moins âpre, moins rugueuse.
On est dans la séduction plus timide et subtile, moins rentre-dedans que le Habanita original. C’est le lumineux, le solaire et non plus le côté sombre et les senteurs sourdes, même si les notes qui ont fait le succès d’Habanita sont toujours présentes.
En tout cas pour moi, la version cologne est une réussite, et je préfère de loin sa sensualité, sa vanille et son "tabac à rouler doux" que les racoleuses notes sucrées senties dans tous les lancements de ces 5 dernières années.
par Adina76, le 30 octobre 2016 à 23:19
Bonjour,
Tout d’abord un grand merci à l’équipe d’Auparfum pour m’avoir envoyé un échantillon d’Habanita Cologne. J’avoue avoir douté dans un premier temps de pouvoir essayer à loisir une Cologne à partir d’un seul tube (honte à moi !) mais c’était sous estimer son rayonnement et sa tenue. Voilà cinq jours que je la porte et me sens plus à même de livrer mon ressenti. La note de tête m’a quelque peu échappé la première fois : une brume très épicėe, légèrement amère où se devine une bergamote poivrée nimbée de vétiver qui peut aussi évoquer la gentiane. Aucune douceur mais une entrée en matière piquante, voire âcre sans véritable fraîcheur. Puis très vite apparait une douce odeur cirée d’encaustique, lactée, proche du coco, rassurante. Et enfin s’installe durablement un nuage cotonneux d’ambre et de vanille alourdi d’un vétiver puissant et de cacao amer. Tout n’est que baumes poudrés et chauds, somptueux velours olfactif très enveloppant, parcouru d’une note de tabac douce et sucrée façon fliyng dutchman. C’est pour moi l’évocation d’une Espagne austère et aristocratique, l’odeur profonde qu’on pourrait découvrir dans la demeure d’un Prince et dans son sillage : lourdes tentures de brocard, bibliothèque aux livres anciens, aux couvertures de cuir chargées d’humidité, mappemonde et souvenirs de Conquistador ....
par livresetparfums, le 30 octobre 2016 à 09:28
Je rentre du boulot, il est 19h et c’est avec un plaisir mêlé d’impatience que je déballe le précieux échantillon.
Premier contact, je suis surprise, pas immédiatement conquise, ce n’est pas un coup de cœur immédiat, les notes de tête ne me plaisent pas plus que cela et les notes de cœur sont trop marquées par la rose pour mon goût. Deux heures plus tard, je colle mon poignet à mon nez et oh surprise, les notes de fond m’emprisonnent et ne me lâchent plus, je passe le reste de la soirée le nez collé à mon poignet. Ce matin, je décide de réessayer, et je suis surprise, dès le départ c’est le charme et l’envoûtement, le se fait rapidement poudré et je m’enroule dans ce nouveau parfum comme dans un châle luxueux.
Je tiens à vous remercier de m’avoir permis de découvrir Habanita cologne et de me permettre de l’apprivoiser afin qu’il devienne mien.
par angelsdontcry, le 28 octobre 2016 à 16:01
En premier lieu, je tiens à remercier l’équipe d’Auparfum pour avoir eu la chance de tester ce nouvel opus.
J’avoue, j’avais quelques à priori voire de l’appréhension face à ce "monument" de la parfumerie. Je ne connaissais d’HABANITA que le nom et j’avais évidemment lu la critique de Melle Doré. Je m’attendais donc à un grand parfum "à la Shalimar", un peu trop impressionnant pour mon nez de novice.
Donc, je me décide à le tester, sans réelle conviction et là c’est le coup de cœur olfactif !
Je ne sais comment est la version originale mais cette cologne m’a complètement bluffée : pétillante par ses agrumes (pour ma part, j’imagine des citronniers à perte de vue) et en même temps très chaude et sensuelle.
Elle m’évoque à la fois la nature avec ses agrumes et en même temps j’imagine une grande maison bourgeoise du début du siècle dernier : elle est moderne, intemporelle mais aussi très rétro. Et, comme le dit Jeanne, elle laisse un sillage très marqué, je dirais même "nucléaire", c’est effectivement une cologne mais celle-ci est hyper tenace (dans le bon sens), pleine de vivacité mais aussi d’opulence. C’est une très belle découverte pour moi et mon prochain achat assurément ! Merci !
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par angelsdontcry, le 28 octobre 2016 à 16:05
Désolée, c’est votre article ma chère Clara que j’ai attribué à Jeanne, mille excuses !
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