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Green Water

Jacques Fath

Opération Découverte
Flacon de Green Water - Jacques Fath
Réédition
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Phœnix vert

par Jeanne Doré, le 26 janvier 2017

Jacques Fath, couturier imaginatif et majeur de l’après-guerre, lance en 1946 Green Water, qu’il fait composer par Vincent Roubert, talentueux parfumeur chez Coty à qui l’on doit également le mythique Iris Gris pour la même maison. C’est le début d’une longue histoire...

Cette eau hespéridée, verte et aromatique, surdosée en menthe, est adoptée par les hommes à une époque où la parfumerie masculine sort à peine de son enclave hygiéniste confinée aux seules colognes.

Après la disparition du couturier en 1954, Green Water connaitra des transformations plus que radicales au fil des rachats successifs de la licence par différents groupes plus ou moins concernés par la conservation du patrimoine de la parfumerie. En 1967, sous la houlette de L’Oréal, une version très versée sur la lavande voit le jour, puis en 1993, c’est une variation low cost assez éloignée qui vivotera longtemps sur le marché, jusqu’à ce que le groupe Panouge [1] décide en 2016 de faire renaître de ses cendres ce phœnix de la parfumerie.

Il faut savoir qu’à l’époque de sa création, et malgré les pénuries liées la guerre, le problème du coût des matières premières dans la formule n’était pas un souci pour les parfumeurs : le parfum n’était pas devenu l’industrie que l’on connaît aujourd’hui, les clients étaient peu nombreux, et les quantités suffisamment faibles pour concentrer le prix dans le flacon, et pas autour… Le dosage était par ailleurs généralement inférieur à celui des eaux de toilette actuelles.
Il y aurait ainsi, par exemple, dans la formule originale de Green Water une quantité considérable d’essence de néroli. Cette matière, sous ses airs gentillets de shampooing pour bébé, atteint facilement les 4000 euros le kilo, et fait donc allègrement grimper le coût de la formule à chaque micro-goutte ajoutée dans un flacon.

C’est sans aucun doute l’une des raisons principales qui ont poussé les successifs propriétaires à revoir la formule à la baisse, en proposant des créations qui s’en éloignaient dangereusement, avec souvent aussi le désir de « moderniser le jus », si tant est qu’il en ait eu besoin.

Lorsque Cécile Zarokian, parfumeur indépendante, est désignée par Panouge pour s’atteler à la nouvelle formulation de Green Water, elle se rend à l’Osmothèque pour sentir la reconstitution fidèlement pesée d’après la formule léguée par les descendants de Vincent Roubert. Elle la trouve étonnamment moderne, intemporelle et élégante pour son âge. Mais, pour des raisons de confidentialité, elle n’a pas accès directement au document et ne peut pas non plus emporter avec elle un peu de la reconstitution. Elle doit se contenter d’embarquer des mouillettes, seules à avoir le droit de quitter Versailles, et d’écouter les conseils de Jean Kerleo, seul à avoir accès à la formule secrète. Un peu comme si elle avait du reproduire un tableau avec un bandeau sur les yeux, avec quelqu’un à côté qui lui dirait “plus de rouge, moins de bleu, non, à droite…”

Toujours est-il que la mouture de 2016, sans prétendre être une copie conforme, semble, d’après les connaisseurs et adeptes des versions vintage du parfum, se rapprocher au plus près de l’esprit d’origine, notamment dans ses proportions en naturels.

La première sensation est un peu comme ouvrir une fenêtre sur un grand air frais printanier, un vent froid qui pénètre les narines avec ses notes nerveuses, zestées et vertes.
La bergamote, le néroli et la menthe fusent avec vigueur et énergie, et des intonations de wintergreen, de verveine râpeuse et d’estragon anisé. La forte dimension naturelle contraste avec une sensation de lessive en poudre et de savonnette retro. Le menthol et le camphre qui s’échappent des feuilles de menthe, soufflent leur haleine fraiche de dentifrice, tandis que des bois musqués et poudrés infusent une propreté rassurante de draps blancs, dans une agréable fraîcheur linéaire et persistante.

Green Water semble s’être accroché, avoir traversé les décennies et survécu aux maltraitances du temps pour nous délivrer, avec sa rafraîchissante candeur old school, son témoignage vivant, bien que malmené, de l’histoire de la parfumerie.

Merci à Cécile Zarokian pour ses précieuses indications.

— 
Green Water, Jacques Fath
50ml/84 € - 200ml/180€

[1Également propriétaire de la marque Isabey

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Adina76

par Adina76, le 29 janvier 2017 à 21:38

Un grand merci à l’équipe d’Auparfum et la maison Jacques Fath de m’avoir permis de découvrir cette Green water qui porte bien son nom. C’est un double plaisir de découvrir un jus a priori nouveau et dont l’origine remonte à cette période qui est pour moi un peu l’âge d’or de la parfumerie. Les secondes suivant sa vaporisation m’ont surprise par cette explosion mentholée forte, assez médicinale, qui m’a rappelé un bain de bouche que j’appréciais assez modérément. Fort heureusement, tout se calme très vite, les notes hespéridées prennent le relai, équilibrant harmonieusement la giclée verte initiale. Un fond légèrement chypré, vert et frais (la verveine sans doute) complète ce beau paysage olfactif qui évoque pour moi une pelouse bien entretenue parsemée de petites fleurs blanches ou une belle chemise bien coupée en piqué de coton. C’est simple, reposant, rassurant mais avec beaucoup de tenue et d’élégance. On se tient ! Elle m’évoque aussi ces acteurs des années 40, à la virilité classieuse tels Spencer Tracy ou Cary Grant ou ces femmes décidées et pleines d’allant dans le style de Katherine Hepburn ou Lauren Bacall. Le monde est simple, beau, rayonne d’optimisme et appartient à ceux qui s’en saisissent. Bref, tout un monde élégant, sportif et plutôt fortuné ou sur le point de le devenir. On est bien dans le registre d’Aqua di Parma évoqué par certains d’entre vous mais aussi dans l’univers culturel d’un White Linen. Malheureusement, comme toutes les senteurs hespéridées de ce type, au coeur de l’hiver, Green Water s’évanouit complètement sur ma peau en moins d’une heure. Et pourtant, il s’agit ici d’un parfum !
Je vais garder le reste de mon échantillon pour les beaux jours. Je suis certaine que c’est alors qu’il éclatera de tout son rayonnement, doté de cette merveilleuse vertu de vous remplir d’optimisme et de confiance en soi. Juste pour cela (car l’automne et l’hiver sont mes saisons favorites), vivement les beaux jours !

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Quelques fleurs

par Quelques fleurs, le 29 janvier 2017 à 21:10

J’ai eu la belle chance d’être sélectionnée pour donner mon avis sur ce parfum. (Merci Au Parfum et la maison Jacques Fath).
Premier essai sur touche : une envolée hespéridée belle et tonique. Un splash de fraîcheur. Je n’ai pas senti la menthe mais j’ai trouvé une vraie sensation de frais. Ensuite apparait une belle rondeur (le néroli), très "féminine".

Sur peau toujours l’effet hespéridé mais moins fort qui glisse ensuite vers cette jolie douceur et puis après, chez moi, cela s’éteint très vite.
Mon compagnon l’a testé sur sa peau, et là c’est un délice, discret mais très agréable.
Une belle découverte.

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par Catherine, le 28 janvier 2017 à 17:20

Il y a bien 40 ans, j’avais un peu plus de 15 ans, j’écumais les parfumeries sous de faux prétextes pour récolter des échantillons....sans jamais rien acheter !
Je me rappelle la petite bouteille verte,carrée, un trésor ! l’odeur fraîche, piquante qui me sautait au nez. Voilà une senteur que j’avais totalement oubliée jusqu’à votre critique. Sera-t-elle diffusée plus largement ? Sur les sites en ligne je vois la version précédente seulement....

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hangten

par hangten, le 28 janvier 2017 à 16:49

Bonjour, quelqu’un sait-il si Green water nouvelle mouture sera plus largement diffusé que dans trois boutiques, et à quel prix ? Merci !

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par derby13, le 29 janvier 2017 à 10:47

Bonjour Hangten, il est proposé en 50 ml (84€) et 200 ml (180€) sur le site de Jovoy. Pour la diffusion je ne sais pas !
Bon dimanche à vous.

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par hangten, le 29 janvier 2017 à 17:53

Merci à vous Derby13 ! J’avoue que la quête de celui-ci constitue une sorte de Graal pour moi. En effet, les commentaires lus sur la version originale m’avaient mis l’eau à la bouche il y a quelques années, et je m’étais procuré le flacon rectangulaire bleu/vert, dernière reformulation en date. L’ouverture fusante et fraiche me plaisait énormément, absolument idéale pour le printemps et l’été, avec cet aspect à la fois vintage et pour autant non commun. En revanche, le fond m’avait moins convaincu !
Le prix que vous m’indiquez me refroidit un peu, aussi l’achat à l’aveugle me semble-t-il périlleux... Vite, une diffusion sur Nantes, que je porte mon nez sur cette version !
Excellente soirée à vous.

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par Jeanne Doré, le 29 janvier 2017 à 15:29

Bonjour Hangten,

Les parfums Jacques Fath sont bien présents ailleurs que dans les trois boutiques qui apparaissent sous l’article, il faut juste cliquer sur "plus de boutiques" (qui n’est peut-être pas assez visible ?) pour obtenir la liste complète :
https://auparfum.bynez.com/parfumeries-de-niche?id_mot=924

Le prix est bien de 84 euros/50ml et 180/200ml.

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par hangten, le 29 janvier 2017 à 17:56

Merci à vous Jeanne ! Il ne me semblait seulement pas avoir vu de mention de Nantes, ville proche de ma côte vendéenne !
Excellente soirée à vous.

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derby13

par derby13, le 28 janvier 2017 à 13:45

Un grand merci à Au Parfum et à la maison Jacques Fath de nous permettre de découvrir ce nouveau parfum. J’ai été enchanté d’être sélectionné, enchanté de trouver l’échantillon dans mon courier. Je l’ai malheureusement été beaucoup moins lors des essais successifs. La cologne fraîche et verte est un genre que j’affectionne et porte finalement assez souvent : l’Eau d’Orange Verte d’Hermès, l’Eau de Guerlain, la cologne de Mugler, l’Eau de Lierre de Diptyque...
Ayant lu la description de Green Water avant le test, je m’attendais à quelque chose de plus... tranché et puissant... L’ouverture est très "cologne", classique, avec tout le confort que procurent les belles matières (on sent bien qu’on a à faire à une eau de qualité). Ensuite et très rapidement, les choses s’adoucissent : aurais-je reconnu le néroli, la menthe si je n’avais pas lu la composition avant ? Pas sûr. Puis vient un fond de musc à peine relevé par ce que je perçois comme une pointe de vétiver (?).
Ce que je lui reproche c’est d’être trop poli, le cheveux bien coiffé avec la raie de côté bien dessinée, mais pas comme celle d’un hipster, plutôt comme celle de Mr Fillon (pour prendre un exemple dans l’actualité) ! Trop poli et avec sur moi, malheureusement, aucune tenue : au bout de 45 minutes on sent bien vaguement quelque chose mais on ne sait plus quoi... C’est dommage car comme je le disais plus haut, j’aime bien porter ce genre de parfums frais et verts (après le sport, le week-end...). Mais là il me le faudrait en version ultra concentrée !

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par lookoverother, le 27 janvier 2017 à 19:59

Tout d’abord je voudrais remercier Au Parfum de m’avoir permis de découvrir la réédition d’une fragrance dont la marque évoque les années 40. Dès la première pression sur le petit vaporisateur échantillon de Green Water, très certainement influencé par mon histoire familiale et personnelle, j’ai été immédiatement propulsé quarante ans en arrière : sur une artère madrilène un dimanche après-midi au printemps... L’air est très doux, les passants arborent leur plus belle tenue pour effectuer le paseo dominical. Devant moi un couple d’un certain âge portant des vêtements impeccablement propres et repassés mais de condition modeste. L’homme dégage une senteur un peu savonneuse et très hespéridée... Ainsi, Green Water aura eu le mérite de réveiller chez moi des souvenirs et émotions d’enfant et de me rappeler que la marque espagnole Puig a édité en 1940 Agua Lavanda dont le lien de parenté avec cette Green Water me paraît assez net . Ce n’est pas pour autant que je pourrais porter cette fragrance aujourd’hui... En effet, ce que la maison Fath qualifie pompeusement de "parfum", a complètement été absorbé par ma peau en moins d’une heure... Une fois les notes de tête très vives et vertes évaporées, le coeur est d’une grande platitude... Quant aux notes de fond, elles sont inexistantes, à l’instar d’une cologne très banale. La "copie" de l’originale Green Water ne me semble pas contenir la dose de néroli suffisante pour la distinguer d’autres, plus qualitatives. En fait je suis déçu, moi le fanatique de senteurs vertes et hespéridées, de ne pas avoir trouvé derrière ce nom évocateur, ce que je pensais être une référence en la matière...

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Huskussam

par Huskussam, le 27 janvier 2017 à 19:11

Et bien moi je m’étais inscrit pour le sentir, mais je n’ai eu aucune réponse. Peut-être m’avais-je inscrit trop tard ?

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par Huskussam, le 27 janvier 2017 à 19:12

Peut-être"m’étais-je" je voulais dire ! la fatigue...

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par domik, le 27 janvier 2017 à 20:02

Bonjour

Nous n’avons que 15 échantillons... nous ne pouvons pas satisfaire tout le monde. Mais il y en aura d’autres !

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par Huskussam, le 28 janvier 2017 à 07:53

Oui bien sûr je comprends ! Je retenterai.

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laviedevantmoi

par laviedevantmoi, le 27 janvier 2017 à 15:09

Merci à l’équipe Auparfum et la maison Jacques Fath pour ce test de Green Water. Je ne connais aucun des parfums de cette maison , j’ai trouvé Green Water très classe, chic, élégant, intemporel...mais cela a déjà été dit. Je traduirai cette découverte en 3 émotions que j’ai successivement ressenties , au fil de son évolution .
Le tacle hespéridé m’a immédiatement rendue nostalgique. J’ai associé ce départ fusant à des proches , seulement des hommes , plus si jeunes mais pas très vieux et qui , chaque jour, aimaient se raser , se parfumer , autant pour eux que pour leur entourage. Que portaient-ils alors ? Green Water sûrement.
Le cœur de l’eau m’a apporté du réconfort : cette fraicheur persistante a de l’assurance, donne une assurance , sans tapage. Ce n’est pas le fil d’Ariane au cœur du labyrinthe, non, c’est celle de Moneypenny tenant tête à 007 (Sean C. bien sûr) et à son discours de mâle alpha. Dans mon "James Bond" , Green Water est peut être le parfum de Moneypenny.
Enfin, le fond moussu s’est chargé de me rendre joyeuse, il m’a fait pensé à mes fils, la jeunesse de leur discours et la fraicheur de leur sourires encore intacts. Green Water est sûrement fait pour moi.
Pour résumer : j’ai adoré..!

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EleonoreL

par EleonoreL, le 27 janvier 2017 à 11:42

Jeanne votre texte est vraiment intéressant (et bien écrit, comme toujours !).
Je remercie Auparfum et Jacques Fath de m’avoir donné l’opportunité d’essayer Green Water, dont je n’avais jamais senti les versions précédentes.
J’ai beaucoup apprécié porter cette eau, fraîche, énergisante mais aussi très élégante et intemporelle.
L’ouverture est une explosion d’agrumes (en particulier de citron et de bergamote), adoucie cependant par la présence de néroli (Dieu que j’aime le néroli !). Vient ensuite le double effet "kiss cool" de la menthe (poivrée ?), donnant une sensation vivifiante qui dure bien quelques heures, ce qui m’a agréablement surprise. Plus tard, la senteur évolue vers un fond relativement vert mais propre. Ce sont les notes de vetiver et de musc qui sont restées les plus tenaces sur ma peau, non sans me déplaire.
J’imagine très bien un homme aux cheveux poivre et sel et à l’allure soignée porter Green Water hors saison quelque part dans sa maison secondaire au Cap Ferret. Mais j’adorerais aussi le porter moi (jeune fille de 25 ans), un jour de grand soleil au travail, ou en weekend à Rome (tous les deux sans persooonne).
C’est une senteur qui donne le sourire, évoque l’élégance des colognes de belle facture (Aqua di Parma..), tout en ayant une belle tenue. Il me fait penser à mon père (un peu), aux vacances (beaucoup).
Très beau travail de Cécile Zarokian, dont j’avais déjà beaucoup aimé quelques créations chez Laboratorio Olfattivo.
Je me sens légère et optimiste, merci pour cette belle découverte :)

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