Fleurs d’oranger
Serge Lutens
- Marque : Serge Lutens
- Année : 2003
- Créé par : Christopher Sheldrake
- Genre : Féminin
- Famille : Florale
- Style : Classique - Opulent
Tubéreuse licencieuse
par Clément Paradis, le 24 septembre 2019
À mille lieues des fragrances orientales, lourdes de bois, miels et épices qui ont fait la célébrité de Serge Lutens, ces fleurs d’oranger déploient une fraîcheur inattendue et restent singulièrement attirantes.
« L’évocation » de la fleur d’oranger au détour d’une conversation suffit en général à faire réapparaître les expériences les plus heureuses et les souvenirs les plus attendris : un petit déjeuner en bord de mer avec des navettes encore tièdes, les crêpes d’une cousine qui sait recevoir, les charmantes pâtisseries orientales de l’été dernier, les guimauves à la fête foraine – « rappelle-toi, c’était il y a si longtemps... » La fleur d’oranger, qui fait souvent intrusion dans nos vie sous forme d’eau de fleur d’oranger, nous transporte dans son monde de délices innocents. Avec elle, on se laisse aller, on baisse la garde. Et c’est peut-être bien là le point de départ de l’assaut olfactif pensé par Serge Lutens.
En effet, sitôt vaporisé, le jus orangé dissout toutes ces réminiscences gourmandes : « on n’est pas chez mémé ». Le départ hespéridé et juteux, sensiblement camphré, prend son public par surprise. Il dessine les contours charnus des pétales de quelques fleurs qu’on ose à peine qualifier de « blanches », tant elles manquent d’innocence : un jasmin encore vert et une tubéreuse capiteuse. Figurée comme elle est avec un doigt de sirop, on pourrait presque la mâcher comme un chewing-gum. Et la fleur d’oranger promise, me direz-vous, a-t-elle sa place ? Sûrement, oui, peut-être bien. Elle finit par transparaître à travers les indoles. Elle fait silencieusement son chemin dans cet entrelacs vert pastel, comme fil blanc de la composition. L’éclosion passée, un néroli légèrement miellé apparaît en soutien de l’édifice. Rien de tarte, qu’on se rassure : le jus n’est pas une gourmandise, Lutens lui a refusé toute référence « utilitaire ». Un trait de muscs blancs et de cumin vient au contraire l’aérer, l’humaniser aussi : nous sommes là dans une nature habitée, loin des étendues sauvages. Au cœur du développement du parfum, on devine même les traces d’une rose pâle, portée à même une peau humide. Le divorce entre les fleurs blanches et les fantasmes de pureté est ainsi prononcé, et voilà que se libèrent les instincts charnels de ces plantes, délicatement musquées pour faire corps avec celle ou celui qui les porte.
En 1995, c’est donc toute cette mise en scène que Serge Lutens a nonchalamment intitulé Fleurs d’oranger. À l’époque, la composition finissait par être plus miellée et épicée ; la version contemporaine, vendue dans la « collection noire », accentue quant à elle la fraîcheur du bouquet. Le néroli vivifié par la tubéreuse y prend des airs de fleur tropicale. Tressage compact mais vibrant en vert et blanc, le parfum frappe par l’intention qu’il dessine, ce parti pris qui refuse la séduction des compositions translucides pour inventer une fleur en métamorphose constante, évoquant l’oranger sans en faire le centre de l’attention.
Vingt-cinq ans après leur éclosion, ces fleurs d’oranger restent singulièrement attirantes. À mille lieues des fragrances orientales, lourdes de bois, miels et épices qui ont fait la célébrité de Serge Lutens, elles déploient une fraîcheur inattendue dont on peut aussi apprécier le caractère matriciel : poussées dans leurs derniers retranchements par Christopher Sheldrake, elles se feront Tubéreuse criminelle quelques années plus tard, puis finalement assagies, elles se présenteront sous les traits de Fleurs de citronnier, aujourd’hui reformulé en « eau de politesse ».
120 euros/50ml, 180 euros/100ml.
à lire également
par Auphile, le 18 mars 2022 à 13:56
Je l’ai enfin acheté — réjouissance suprême.
Je trouve cette fleur d’oranger particulièrement concrète et réaliste, veloutée, enivrante ; et sa tenue m’émerveille par rapport à d’autres fleurs d’oranger plus légères et évanescentes.
C’est aussi un jasmin pas trop entêtant et surtout une tubéreuse très présente et extrêmement réussie (certaines autres tubéreuses me plaisent moins - par exemple Carnal Flower qui est magnifique mais dont je n’aime pas complètement la note coco).
J’ai l’impression d’être dans un nuage de fleurs blanches tenaces et c’est incroyablement satisfaisant. Moi qui ne sortais pas des roses depuis un an, me voilà ailleurs, et transportée — vraiment.
par héspéridés, le 25 septembre 2020 à 15:54
Bonjour à tous,
Je partais pour être séduit par fils de joie (j’aime le jasmin) et voilà que je tombe finalement sur fleur d’oranger qui en contient aussi.
Un sillage parfait, frais et élégant avec toute l’aura que je recherchais.
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par Calygo.W, le 20 décembre 2020 à 14:00
Bonjour Héspéridés,
si je peux me permettre, si vous aimez le jasmin, vous devez absolument jeter une narine à Sarrasins, qui est pour moi l’un des plus beaux jasmins toutes marques confondues.
Je ne sais pas si il est toujours aussi beau (j’ai un très vieux flacon arcades de sa sortie et un d’il y a 5 ans environs qui ne sont pas si différents) mais même s’il a pris une claque, je pense qu’il vaut le détour.
C’est un jasmin très indolé, presque cuiré (daim) avec une touche légèrement épicée accompagné d’une note "d’encre" un peu amère. Il est velouté, soyeux, silencieux, contemplatif. Je pense que c’est mon Lutens préféré.
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par héspéridés, le 12 avril 2021 à 12:34
Bonjour Calygo,
Je vous remercie pour ce conseil et m’excuse de la réponse tardive.
Je suis en effet très souvent séduit par le jasmin (ce Fleur d’Oranger, ou Cèdre Sambac en Hermessence récemment, qui m’a beaucoup plu). J’irai donc découvrir Sarrasins lors de mon prochain passage sur Paris. S’il est associé à une note cuir/daim, il risque fort d’être pour moi, les notes de cuir étant aussi quelque chose que j’adore.
Je reviendrai vous donner mon avis
par BMAIRE, le 6 juin 2020 à 12:20
ce parfum est mon premier de SL il y a de nombreuses années. Ça sent bon et la marque a une collection remarquable.
par Adina76, le 25 septembre 2019 à 07:51
Mon tout premier Lutens, que j’ai longtemps trouvé trop capiteux pour une fleur d’oranger. Puis je l’ai peu à peu apprivoisé, pour finir éblouie par son sillage suprêmement élégant, ses cumin et jasmin lui donnant une profondeur et une sensualité incomparable. Un très grand parfum !
par Absinthe, le 24 septembre 2019 à 21:19
Acheté en 2009 si ma mémoire est bonne, je n’ai jamais réussi à accrocher avec ce Lutens, je lui trouvais une odeur de bonbon Kréma à l’orange, trop sucré, poisseux et sans réelle évolution. Le descriptif me faisait rêver, mais le jus me faisait penser "tout ça pour ça."
Je l’ai gardé pendant 10 ans avant de le revendre (d’ailleurs à mon sens il s’était bonifié avec le temps, sans pour autant susciter plus d’intérêt de ma part).
Par contre, quelle claque magistrale concernant le prix au millilitre ! Ont-ils donc tous perdu la tête ?
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par Iridescente, le 25 septembre 2019 à 10:53
Je crains bien que non, hélas ! et qu’ils aient au contraire tous bien compris leur intérêt commercial, étant donné que les ventes, paraît-il, se portent fort bien malgré le décollage avéré des prix.
Blanche DuBois
a porté Fleurs d’oranger le 28 août 2024
Blanche DuBois
a porté Fleurs d’oranger le 22 août 2024
Blanche DuBois
a porté Fleurs d’oranger le 11 août 2024
Blanche DuBois
a porté Fleurs d’oranger le 4 août 2024
Blanche DuBois
a porté Fleurs d’oranger le 1er août 2024
Blanche DuBois
a porté Fleurs d’oranger le 29 août 2023
Blanche DuBois
a porté Fleurs d’oranger le 28 août 2023
Blanche DuBois
a porté Fleurs d’oranger le 26 août 2023
héspéridés
a porté Fleurs d’oranger le 25 septembre 2020
BMAIRE
a porté Fleurs d’oranger le 6 juin 2020
à la une
Bon nez bon œil : la liste de Noël de dernière minute
À quelques jours de Noël, nous avons dressé une liste (non exhaustive) des publicités de parfums qui ont croisé notre regard dans la rue. Voici une appréciation - évidemment très personnelle - de ce qui vaut vraiment le coup de nez.
en ce moment
il y a 18 heures
Certaines senteurs sont genrées, d’autres non ou moins. Dans la catégorie unisexe, un parfum(…)
il y a 20 heures
Bonjour, Farnesiano. "Le Critique de parfum" (anonyme mais à mon avis un nez) écrit ça : "Hermès(…)
hier
Bonsoir, Je ne sais où placer mon intervention sur Barénia, le dernier Hermès sorti il y a(…)
Dernières critiques
Armonia - Anatole Lebreton
Nombre d’or de l’iris
Infuse - Akro
Songe d’une nuit des thés
Feu sacré - Réserve en Afrique
Désert brûlant
par mayer, le 18 juin 2023 à 18:43
Bonjour à tous,
Je cherche désespérément un parfum "masculin" autour de la fleur d’oranger, ou au moins mixte et qui tienne un tant soit peu.
Étant fan de plusieurs parfums de Lutens j’espérais trouver mon bonheur avec ce parfum mais il s’est estompé très vite dans mes souvenirs. Je retenterai prochainement.
Mais auriez-vous des conseils ?
J’ai en tête un parfum d’ambiance dans un riad à Marrakech : une fleur d’oranger fumé (ce n’était pas de l’encens).
Si une telle association existe je suis encore plus preneur de conseils.
En vous remerciant !
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par Garance, le 18 juin 2023 à 19:26
Moi je trouve que Fleurs d’oranger de Lutens tient vraiment bien, je le sens plusieurs heures sur ma peau, et plusieurs jours sur mes vêtements.
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par mayer, le 18 juin 2023 à 20:17
Merci Garance.
Je vais définitivement le ressentir alors.
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par Bois Brun, le 19 juin 2023 à 04:48
Fleur d’oranger, masculin ? Habit Rouge simplement ? (le dernier, Rouge Privé)
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par mayer, le 19 juin 2023 à 06:02
Merci beaucoup ! Je viens de voir les notes, ça a l’air prometteur ! Je vais essayer ça.
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus