1740
Histoires de parfums
- Marque : Histoires de parfums
- Année : 2000
- Créé par : Sylvie Jourdet
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Boisée - Chypre
- Style : Opulent - Viril
Cuir sadique
par Clara Muller, le 3 novembre 2016
Un cuir boisé, liquoreux et sombre, pour un homme aux sombres desseins.
En 1740 est né le plus sulfureux de nos auteurs français, Donatien Alphonse François de Sade. Ecrivain libertin, adepte de pratiques extrêmes (et souvent emprisonné pour celles-ci), le marquis de Sade n’est célébré comme un auteur majeur que depuis le début du XXe siècle. Gérald Ghislain, fondateur de la maison Histoires de Parfums, s’est inspiré de cet étrange personnage pour créer un noir parfum d’alcôve : cuiré, boisé, liquoreux. Une histoire surgie d’un recoin de mur oublié dans lequel reposait un vieux rouleau de papier parcheminé couvert d’une fine écriture...
Tout commence par l’illusion étourdissante d’un bouchon en liège, un peu amer lorsqu’on y pose la langue, imprégné d’un alcool de prune presque noir à force de vieillir. Dans un cadre suggestif, jouant sur l’image fantasmée d’un boudoir du XVIIIe, survient aussi un cuir sombre et gras comme les lanières d’un martinet passées au goudron de bouleau et qui vous allonge sur une banquette de velours. Le parquet ciré luit sous la lumière vacillante des chandelles. De bien louches prémices...
Fort heureusement la sécheresse boisée de l’immortelle permet d’éviter d’être débordé par la crasseur [1] du cuir. Elle est la dorure du décor, elle contrecarre les plans de débauche, nous évite le dangereux abandon. Soutenue par une touche fumée de patchouli, elle ajoute un caractère tabacé au parfum. L’accord ambré caché dans le fond de 1740, qui se révèle après un long moment, nous rappelle finalement à une sensualité plus sage, loin des frasques du divin marquis.
1740 est peut-être le plus sombre des cuirs, d’un rouge bientôt noir, comme du sang qui caille dans les recoins obscurs du désir. Tout cela est beau sans doute, mais comme un décor de théâtre, une évocation policée du mythe Sade. Si le cuir de 1740 peut faire frôler l’écoeurement, l’ensemble manque de quelque chose de plus franchement sale. Il ne laisse pas vraiment entrevoir la perversion ni la violence inouïe qui se dévoile dans les pages des Cent Vingt Journées de Sodome, pour ne citer que cet ouvrage. Ni sueur, ni sang, ni fèces dans les ébats de ce marquis là. Qui le regrette ? Moi peut-être, car en l’état 1740 pourrait presque aussi bien seoir à un dandy du XIXe, tout juste libertin pour la forme...
[1] qualité de ce qui est gras (ancien français)
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par Frédéric, le 3 novembre 2016 à 23:49
mon dieu si celui-ci est encore trop sage pour vous, Clara Muller, je ne sais pas si c’est encore de parfum que vous vous aspergez. Ce parfum est très très difficile à porter malgré sa reformulation d’il y a quelques années. Il est moins intense, moins fumé et beaucoup plus sucré mais ça reste parmi les parfums les plus difficiles de ma collection.
Après il reste juste "Sécrétion Magnifique" mais faut-il être toujours aussi "plat" dans la démarche ? Sade=sang sperme sueur.
Eldo vient de sortir un parfum aussi sur l’oeuvre de Sade, la démarche est identique et le résultat est à des kilomètres.
par Nymphomaniac, le 3 novembre 2016 à 23:39
aucune odeur de sang ni de féces en effet, donc assez peu sadien, mais un peu de sueur, quand même... Et il ne m’écoeure jamais – à l’inverse de Tubéreuse 3 de la même marque, par ailleurs joli, qui reprend certaines facettes de ce 1740
en vertu des innombrables reformulations liées aux diverses règlementations ou à l’accroissement de la marge – souvent, un peu des deux, dans un marché sursaturé –, un 3-uplet (nom du parfum, mois de production, année de production) voire un 4-uplet (nom du parfum, jour de production, mois de production, année de production) est désormais nécessaire pour caractériser un parfum
je ne connais pas la version actuelle (mon flacon date d’avant 2010). Peut-être a-t-il subi le même sort que Sables, dont le concentré a été dilué et dont le profil olfactif est désormais plus proche d’un spéculoos vendu chez Dia. En particulier si le dosage maximal règlementaire de l’immortelle a été revu à la baisse... car, pour moi, 1740, c’est surtout l’immortelle qui le rend magnifique
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J’ai découvert ce parfum pendant ma quête d’odeur à base d’immigrés. Viril, je ne sais pas, c’est vrai que j’ai tendance à moins le porter que Sables ou un Bois lumière. Je suis d’accord avec Frédéric, ce n’est pas un parfum facile et s’il n’a pas de relents puissants à la MKK ou Sécrétions magnifiques, c’est quand même un " sacré morceau" ! C’est mon "masterpiece".
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par Vesper, le 6 novembre 2016 à 18:14
Votre correcteur orthographique semble encore plus mal intentionné que le mien :-).
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par demian, le 8 novembre 2016 à 18:52
Je n’avais pas vu, effectivement, il va falloir que je sévisse...
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