Vitriol d’œillet
Serge Lutens

- Marque : Serge Lutens
- Année : 2011
- Créé par : Christopher Sheldrake
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Boisée
- Style : Chic - Classique
Tireur d’élite
par Alexis Toublanc, le 11 septembre 2011
Comme vous avez pu le constater, cela fait belle lurette que je n’ai pas montré le bout de mon nez sur auparfum. Pour fêter mon retour et la rentrée, nous vous proposons un nouveau concept de "critique croisée" : un parfum, deux blogueurs, chacun publiant son avis sur le blog de l’autre, simultanément (enfin on va essayer...)
Je vous invite ainsi à lire ci-dessous la critique du "Lutens de la rentrée" par le célèbre Jicky, et vous pourrez découvrir la mienne sur son non moins célèbre blog Dr Jicky& M. Phoebus
Jeanne
« What is it, Dr Jekyll ? » est-il écrit en guise d’initiation au parfum export Serge Lutens du tumultueux Summer 2011. En tant que Dr Jicky, je me suis senti visé.
« Parfum de la colère », « gifle », « vitriol » a-t-on pu lire dans la traditionnelle envolée lyrique de la communication lutensienne. Plutôt calme de nature, hum… je me suis senti visé.
« Poivre », « poivre », « poivre » et « poivre » était-il gravé sur la pyramide de Vitriol d’œillet. Pour le petit bonhomme que je suis, ayant la psychorigidité du « je veux être celui qui poivrera mon poivre en dernier » (oui bon, ça va), je me suis senti visé.
« Œillet » et « dandysme » comme maîtres mots d’une facette florale du parfum. En bon œil douteux que je lance sur les fallacieux adorateurs du doux Fingal O’Flahertie Wills et ses acolytes, je me suis senti visé.
« Féminité du bois sans bois » m’avait averti un message mystérieux envoyé par un Robin des Bois du parfum (là, j’étais visé). Connaissant mon trouble naturel envers la légende de 1992, je me suis senti visé.
Je pourrais continuer comme ça pendant longtemps – oscillant entre délire mégalo et parano exacerbée. Mais l’évidence est là : Vitriol d’œillet est bien le tireur d’élite du surpuissant Serge Lutens dans la parfumerie. Si Ambre Sultan est une bombe nucléaire, Iris Silver Mist un poignard dans le noir et Fille en Aiguilles une rafale d’épines, Vitriol d’œillet réussit à canaliser une nouvelle subtilité : le tireur sans gêne, qui visera chacun d’entre nous. La signature Lutens est là, un éclair vif et tracé sans hésitation, mais dieu merci, l’armement a changé (Jeux de Peau sentait beaucoup trop le matériel rouillé à mon nez…).
La continuité sur la balistique Lutens plus récente et différente, menée par le sublime et frigide Bas de Soie, est là. Le tir est précis, et le sillon plus lisse. Cependant, cet aspect lisse de violette-rose poudrée et poivrée qui pourrait paraître ennuyeux a ce quelque chose qui énerve, et donc attache (comme une rayure sur le calibre de votre sniper, qui exaspère au plus haut point, mais le rend unique à vos yeux).
La tête de la balle vaporisée par Vitriol d’œillet est à l’image de l’ogive : arrondie et pointue. Elle s’envole dans une explosion de poudre, qui marquera la peau à vif.
La balle touche avec précision le cœur de la victime : le sang aux odeurs de fer se libère et coule sur la peau aspergée des restes de poudre. La chair aux alentours de l’impact demeure intacte, et libère encore le parfum délicat de la vie : ce mélange de rose, vanité du désir de l’homme, de musc poudré délicat et de crasse que chaque être porte en lui. Au sein de la plaie, l’odeur de fleurs blanches, qu’exhale la future charogne, commence à envahir l’atmosphère. De la bouche de la victime coule un filet de salive et de sang, entre odeur de fruits rouges et de plasma sanguin.
Le projectile a traversé peau et muscle et se perd maintenant dans le fond de la future scène de crime. La balle s’encastre dans un morceau de bois sec et épais d’apparence. En s’écrasant contre la matière solide, la balle s’est brisée et a libéré ses restes de poudre. En tombant sur le sol humide à cause d’une pluie récemment tombée, le corps de la victime projette une myriade de gouttelettes imprégnées de l’odeur du goudron de la ville, encore ombragé par tous les pas qui ont foulé le sol.
Vitriol d’œillet souffle sur le dessus de son arme, plus pour le geste que pour l’utilité, et dissipe les quelques volutes de fumée qui s’échappent de l’arme de précision. Il repartira, se déguisant en dandy pour mieux séduire la morte amoureuse. Mais ce n’est qu’un masque. Vitriol d’œillet est un tireur. Et sa balle un parfum.
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