Auparfum

Bestialement vôtre

Petrichor

par Petrichor, le 21 mai 2021

Je teste actuellement "Khamsin" de Martine Denisot et sa marque Pour toujours parfum. Je l’ai acheté d’occasion à l’aveugle.

Et il défriche un continent du "sale" pas encore exploré. Car d’ordinaire les marques trichent, elles pondèrent les odeurs sales (slip, cuir, tabac acerbe) par des notes asséchantes. salubres et onctueuses. (résines ambrées, encens blanc, herbes aromatiques, iris, miel...).

Dans Khamsin, les effets "animal" des ingrédients se surajoute : l’odeur de pipi fossilisé de rongeur de l’hyraceum, l’effet gasoil des fleurs blanches (jasmin, tubéreuse), l’odeur foin et tabacée du narcisse, le côté sale de l’anis étoilé, le oud et le safran de synthèse.

Pendant un bon moment, il sent le pansement souillé, le gasoil des fleurs blanches, le slip sale et salé, et la viande fumé -façon mortadelle dans la choucroute-. Bref, je ne l’aime pas, mais je m’amuse bien avec.

Il ne donne rien sur touche de papier, mais il est intéressant sur la peau en "parfum de peau" (10cm de sillage). (l’anis domine les fleurs, l’ambre sec et poudré évoque le désert, et on se sent moins seul face au bloc de l’accord animal). Il est encore différent sur les tissus, où les fleurs s’échappent un peu, avec au début un jasmin amandé (qui rappelle un peu "l’heure bleue" de guerlain), quelques facette bubblegum... Je suis encore en train de le tester.

Autrement, dans les senteurs vraiment brut, il y a "oud cuir d’arabie" de Montale, qui sent le tapie en peau de vâche, le tabac et la bouse. Je ne l’ai senti que deux fois, et c’est ce qui m’évoque le plus un cow-boy de film de far west. Et je dois sentir Oudh infini de Dusita, qui est réputé assumé les facettes repoussantes du oudh sans les atténuer.

Comment sent la Rome antique dans votre imagination ?
Les athlètes des palestres se nettoyaent avec de l’eau et de l’huile, parfumée d’herbes aromatiques. (thym, sauge, lavande, baie de laurier ?) Il raclait le surplus avec un instument en fer recourbé.
Les empereurs étaient gaga de rose. La distillation et la rose de damas n’est arrivé qu’après. Je suppose que vous ne cherchez pas à sentir les pétales de rose ?

J’ai cité des parfums pour la déconne. Si je me laisse vraiment guider par mes goût, il y aura plus de fleurs. Je vous ferais essayer "Adjatay" de The different company (ou "Tubéreuse criminelle" de Serge lutens). Adjatay est une tubéreuse cuirée par des notes végétales, notamment la sauge, et un fond confortable de bois de santal. C’est une tubéreuse qui assume ses côtés dérangeants et mixtes (camphre, latex, steak tartare). On jette le bouquet de fleur blanche classique, on garde une odeur narcotique agréable, une odeur de lieu exotique à la fois apaisant et hanté. ("Manoumalia" chez LesNez réussit aussi le côté hanté et île paradisiaque, mais la tubéreuse est vraiment florale (effet gardénia), et le fond bénéficie d’un vétiver envoûtant qui sent l’encens, rappelant Habanita.)
Tubéreuse criminelle a l’un des contrastes les plus forts de la parfumerie. Il sent le baume du tigre, tant il est camphré par l’eucalyptus au début. Il faut aussi lui donner 15mn pour que les aldéhydes ai finit de lancer le parfum, et que leur rondeur féminine se barre, pour rende le parfum mixte.
Cuir de Russie EDP chez Chanel a aussi de ces qualité-là. Beaucoup sont attiré.e.s par lui, mais peu arrivent à le dompter. Ylang-ylang, sauge, jasmin, castoreum, platane pyrogéné, bois de cade... Il est tendu comme une larme de métal qu’on courberait et qui voudrait reprendre sa forme initial. Ce n’est pas un bouquet de fleur. C’est l’ambiance 1900 d’une boutique de maroquinerie, avec l’odeur militaire des bottes cirées des clients, l’éclairage avec des lampes à huile, et le parfums diffus des clientes.
"Yatagan" de Caron faisait aussi un bon parfum sans compromission, âpre dans ses notes vertes, cuiré, et animal. (et on le trouvait partout) D’ailleurs une piste serait les autres parfums qui sentent les aiguilles de pin. (fir basalm)

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