Chanel N°19
par Vivi Snow, le 6 mars 2011
Bonjour Jicky et bonjour à tous,
•
Me voilà avec le résultats de mes expériences olfactives en tant que jardinière rebelle. ;-)
•
J’ai acheté 5 pots chez un fleuriste, deux de jacinthe de méditerranée d’un profond bleu lavande, deux de muscari d’un beau bleu azur et un pot de plusieurs bulbes de jacinthe de Hollande rose parsemé de délicates lignes blanches. Toutes ces fleurs n’étaient encore qu’à l’état de boutons quand je les ai acquises.
•
Alors voilà, j’étais déjà impatiente de les sentir alors qu’elles n’étaient encore qu’à l’état de boutons. Mon nez collé sur ceux-ci et je pouvais sentir une odeur verte crissante, une odeur de sève fraîche et aqueuse, un vert qui craque et suinte dans une enveloppe duveteuse.
Petit à petit que les jours passaient, je pouvais percevoir une légère odeur fleurie fraîche des premiers boutons qui commencent doucement à entrouvrir leur douces clochettes.
Ce sont les muscari qui ont ouvert en premier lieu leurs innombrables et minuscules grelots tombants bleus azur. Leur parfum était un fleuri vert frais léger et évanescent, il fallait vraiment rester le nez collé sur les petites grappes afin d’en ressentir les légères effluves. Un peu comme une odeur de prune verte. Ces effluves auraient pu faire penser à une cologne agréablement musquée.
Dans un deuxième temps ce sont les jacinthes bleues dont les corolles des fleurs ce sont ouvertes généreusement. Leur odeur est vite passée de verte-âpre à fleurie-musquée-grasse. Leur parfum s’amplifiait de jour en jour jusqu’à remplir toute la pièce.
C’est à partir de ce moment que j’ai commencé mes premières expériences olfactives.
•
Mon mari a crû que je devenait folle. Un jour, je sentais le fromage frais du petit-déjeuner, puis j’allais directement fourrer mes narines dans les clochettes bleues lavandes. Un autre jour, c’était le pot de miel. Encore un autre, c’était la fourrure de mon chat Kiwi. Et ainsi de suite avec le terreau, la poussière sur une lingette, le pot de mayo, la mangue et les physalis du panier à fruit, le pain brioché,... Puis, enfin une révélation : juste après le "poc" caractéristique d’une ouverture d’un pot en verre de conserve, j’ai découvert l’odeur flagrante qui s’en rapprochait le plus. Quelle ne fut pas ma surprise, il s’agissait d’un pot bio de concentré de tomates ! Jicky, on est pas loin du ketchup. Eh oui, la tomate en concentré a un côté vert, sucré et gras.
•
Ensuite, la fragrance musquée de la fleur a pris de plus en plus de place. Plus les fleurs s’avançaient vers leur déclin, plus elles parfumaient la pièce d’une odeur musquée grasse, lourde et entêtante. Comme si dans un dernier sursaut de volonté de vivre, elle lançait un sos olfactif à tous les insectes volants à la ronde capables de faire leur travail de pollinisateur. C’est là que j’ai eu un flash d’un souvenir olfactif très personnel. Et c’est maintenant que ça devient peu "ragoûtant" ! En effet, je me suis souvenue de l’odeur d’un sparadrap que ma maman avait rapidement et sèchement décollé de mon genou lorsque j’étais encore une petite fille. J’avais eu la peau bien éraflée, brûlée et ensanglantée par l’asphalte. La plaie cicatrisait doucement laissant par endroit apparaître une fine pellicule jaunâtre , molle et visqueuse protégeant la chair du dessous. Cette odeur fortement musquée, c’était ça, l’odeur du sparadrap souillé, l’odeur de chairs qui cicatrisent. La machine olfactive à remonter le temps m’a envoyé du coup 15 ans plus tard, la période où je travaillais au service des grands brûlés, la même odeur musquée entêtante à la limite du rejet, des chairs qui palpitent et se recontruisent sous un lambeau jaunâtre, aqueux et gras.
•
On est pas loin non plus du hamburger ;-) Donc, j’ai testé, j’ai préparé des steaks hachés, et c’est au moment où le sang qui s’écoule de la viande devient suc dans la poêle, qu’on peut faire un rapprochement avec l’odeur lourde de la jacinthe bleue ; odeur de recomposition ou de décomposition ? Peut-être...
•
Aujourd’hui, la fleur de la jacinthe bleue est fanée mais, il n’y a pas d’autres mots, elle pue ! Ce musc végétal sale a pris toute la place et ressemble à l’odeur de vieilles chaussettes trop portées ou à celle de vieilles baskettes odorantes. Une infection écoeurante ! Du vrai "fromage de pieds" comme disent mes petits loulous.
•
Et la jacinthe rose ? Elle a fleuri en dernier lieu. Elle a un parfum plus léger et plus agréable que la bleue, le musc n’est pas omniprésent mais plutôt tout en légèreté. La jacinthe sent la prune, le concentré de tomate et un peu le physalis pour son côté vert fruité ; elle contient une odeur fleurie qui ressemble un peu au muguet dans un terreau poussiéreux, les muscs font penser au concentré de tomates, au miel de Corse, très légèrement à l’huile d’argan cosmétible (la vraie du Maroc) et aux chairs abîmées.
•
Et le N°19 Vintage dans tout ça ? Oui, j’y sens le côté léger, vert, fleuri et faiblement musqué de la jacinthe rose dans sa composition. Mais c’est vraiment légèrement piquant, frais et évanescent.
•
Il ne me reste plus qu’à aller comparer avec "Bas de Soie". ;-)
•
Bon dimanche à tous.
Votre réponse
à la une
Smell Talks : Dorothée Duret et Claire Martin – La couleur des odeurs
Interrogeant les mondes visuels et olfactifs, deux expertes échangent en écho au dossier publié dans le dix-huitième numéro de Nez, la revue olfactive.
en ce moment
il y a 15 heures
Bonsoir Adhara, Merci de nous avoir communiqué cette bonne nouvelle. En fan de ce mythique(…)
il y a 15 heures
Profitez-en il y a une promo sur leur site web en ce moment sur plusieurs références(…)
Dernières critiques
Divine, l’été clair d’iris - Divine
Jardin impressionniste
L’Eau pâle - Courrèges
Lavande délavée
Mortel noir - Trudon
Église en flammes
il y a 15 heures
Toute une époque que ce VC Pour Homme ! Cuir suave d’une complexité envoûtante. Un grand masculin(…)