Rimbaud, la jeunesse éternelle vue par Celine
par Anne-Sophie Hojlo, le 21 janvier 2022
Cette nouvelle composition vient compléter la collection de neuf parfums lancés par Celine en 2019, sous la direction d’Hedi Slimane.
Le créateur poursuit son « journal olfactif » en consacrant ce nouveau chapitre à la figure d’Arthur Rimbaud, qui a marqué ses jeunes années. « Comme d’autres avant et après nous, nous étions fascinés par la fragilité et par la grâce du jeune poète et ressentions ses tourments comme s’il s’agissait des nôtres », raconte-t-il. Rimbaud lui permet, selon la marque, de continuer à creuser les thèmes qui lui sont chers : « la notion d’identité au delà du genre, l’essence de la jeunesse et la fragilité d’un état suspendu entre l’enfance et l’âge adulte, l’esprit français et son ancrage culturel, la trame classique qu’elle tisse en réinventant perpétuellement l’élégance ».
Créé avec un parfumeur dont le nom n’est pas dévoilé, le parfum est construit autour de deux matières premières fétiches d’Hedi Slimane : la lavande, déjà présente dans l’Eau noire qui avait inauguré la Collection privée de Dior, et l’iris, signature de Dior homme, composé lui aussi sous sa direction. Accompagné de néroli, d’un accord blé et de notes de musc et de vanille, ce duo d’ingrédients « signe la facture délicate presque introvertie de ce parfum, une forme de fragilité olfactive, suspendue, en dehors du temps, à fleur de peau » pensée pour retranscrire « les états d’âme, la grâce et le spleen adolescent ».
Eau de parfum 210 euros/100ml, 310 euros/200ml.
Déjà disponible
Premières impressions
On retrouve l’élégance surannée et le sillage poudré qui faisaient le charme des créations précédentes de la marque. La lavande, fine et douce, déploie ses facettes aromatiques teintées d’une pointe de réglisse, avant de se fondre à l’invitation de la fève tonka dans un lit moelleux de notes irisées, crémeuses et vanillées. Une fougère à la construction plutôt classique qui démontre qu’il n’est pas nécessaire de noyer la lavande dans le sucre pour qu’elle séduise les femmes aussi bien que les hommes.
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par Farnesiano, le 23 janvier 2022 à 17:27
Bonsoir,
Il y a Baudelaire chez Byredo. Aujourd’hui, Rimbaud s’installe chez Céline, apparemment sans sauvagerie. On sait pourtant que Rimbaud débarqua à Paris, négligé, sale, puant, et infernal provocateur. À l’élégance surannée et au sillage poudré qui font le charme de la marque, correspondraient selon moi d’autres poètes, délicats ceux-là, subtils, et qui ne seraient pas maudits, tels des Mallarmé, Henri de Régnier, Albert Samain ou même Verlaine dans ses poèmes les plus aériens.
Curieuse association qui cependant titille mon imagination ! Quel parfumeur va désormais s’attaquer à notre Verlaine, tantôt funambule de la rime, tantôt époux infernal, tantôt Pauvre Lélian ? Ou à Apollinaire ? On pourrait ainsi conseiller à JM Duriez d’intituler un de ses parfums "Le pont Mirabeau " puisque y coule déjà sa Seine amoureuse... ;-)
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par Garance, le 24 janvier 2022 à 08:34
Je me suis tout comme Farnesiano fait la réflexion que la présentation du parfum donnait une image bien policée -ce qui ne l’empêchera sans doute pas d’être intéressant. J’aurais vu des associations de matières plus excessives, des ... délires olfactifs ? Toutefois, la note "blé" me renvoie à un de mes poèmes chéris, d’une grande simplicité, "Sensation" : "Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,/Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : /Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds."
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par Petrichor, le 24 janvier 2022 à 14:31
Ah.... Rimbaud :
"Obscur et froncé comme un œillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
(...)
Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse"
Ça vous inspire un parfum chypré à l’œillet ?
Eh bien c’est le sonnet du trou du cul :D
Pour l’adapter, je fais plus confiance à État libre d’orange.
Je vous rejoins sur ce point. L’utilisation commerciale du nom de Rimbaud est parfois navrante. Car les marques tombent parfois dans l’erreur, qui consiste à nous le présenter seulement comme un enfant sage et rêveur. (Comme la photo qu’on voit partout, et où le photographe a appliqué un flou artistique très lourd)
par Carlier, le 16 mars 2022 à 23:14
J’ai pensé au même poème que vous par rapport à cet accord blé. C’est l’idée de jeunesse associée à Rimbaud, le décor bucolique du dormeur du val (bien que les Ardennes n’évoquent pas la lavande...) avec ce que cela a d’évanescent, plutôt que le Rimbaud "voyant" ou voleur de feu, qui ont inspiré Hedi Slimane. Le nom n’est pas le plus adapté de la collection (alors que les autres parfums de la gamme portent globalement très bien le leur) mais il est charmant. Pour moi qui voulait une version plus"jour" et moins sophistiquée de l’eau noire (du même Slimane), je suis ravi.
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