Penhaligon’s renoue avec l’aristocratie anglaise
par Diane Dervaux, le 19 septembre 2016
Penhaligon’s dresse le portrait de quatre représentants de l’aristocratie anglaise, sous la forme de quatre parfums : The Tragedy of Lord George, The Revenge of Lady Blanche, Much Ado About the Duke et The Coveted Duchess Rose.
A la manière de La Bruyère, la maison de parfum sort ce mois-ci le « premier chapitre » de ses “portraits olfactifs”, qui propose de lever le voile sur l’aristocratie anglaise : est-elle snob et bien trop polie ou, au contraire, pleine d’humour et amatrice de provocation ?
The Tragedy of Lord George : le parfum d’un homme décrit comme fidèle et respectable, sage et bon dissimulateur des ses pensées. Signé Alberto Morillas, il allie cognac, savon du barbier et fève de tonka. Penhaligon’s le qualifie de « fragrance pour tout homme à cheval sur sa réputation »
The Revenge of Lady Blanche : décrit comme « charmeur et assassin », il se veut le parfum d’un « papillon mondain qui peut piquer cruellement ».
Daphné Bugey a associé un iris poudré, avec de la fleur de narcisse et de la hyacinthe, pour former un ensemble « floral vert narcotique ».
Much Ado About The Duke : de revendication clairement shakespearienne, ce parfum décrit un jeune dandy se rendant au théâtre quotidiennement et séduisant toutes les femmes sur son chemin, bien qu’étant marié. Daphné Bugey a composé une rose volontairement “épicée et envoûtante”, qui s’accompagne de gin et de bois tannés.
The Coveted Duchess Rose : ou “la Duchesse convoitée” décrit la malheureuse femme délaissée du duc ci-dessus, et qui reprendrait le dessus sur sa vie.
Christophe Raynaud a composé un mélange de rose, de mandarine et de bois musqués. Clin d’œil un peu provocant à la société française, Duchess Rose aurait comme slogan : « Quand la délicatesse se teinte d’hédonisme ».
Premier chapitre de la collection “Portraits”, disponible
225 euros/75ml
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par Donald Bovy, le 3 octobre 2016 à 18:27
Pas de compositions extraordinaires pour ces 4 eaux et pas de produits extraordinaires. Pas de raison d’un prix extraordinaire, donc. Mais sur le sujet des prix énormes, j’ai le souvenir d’avoir senti en 2006 chez Guerlain leur Eau de Cologne Hégémonienne. Création de 1890, elle est composée en exclusivité pour la Maison d’Espagne. Le flacon de cette réédition était décoré à l’or fin. Elle avait donc donc un prix exorbitant. Mais les matières étaient magnifiques et quelle composition ! J’en rêve encore. Classique et original. Un vrai sillage et une vraie tenue pour une eau de Cologne aromatique et boisée toute en délicatesse. LE VRAIS LUXE : coûteux, raffiné, somptueux (définition du Larousse).
par Jean-David, le 20 septembre 2016 à 11:49
Et c’est dommage, car le programme affiché par ce quatuor est intéressant. Remarquez aussi que les prix exorbitants s’accompagnent souvent de quantités mesquines. On ne propose pas 100 ml, mais 75, ou 50.
C’est intéressant, ce que vous dites sur la vulgarité, parce que ces collections, affublées de qualificatifs qui se veulent élogieux ("exclusifs", "private", etc.), flattent, par ces dénominations mêmes, et parfois par leur conditionnement , par l’obsession de la dorure (cf. le clinquant de certaines sorties récentes de M. Lutens), la vanité d’une certaine clientèle. On croirait entendre : "Ce motif léopard est pour moi, puisqu’il est cher !"
La clientèle-cible n’est pas ici l’amateur de parfum - quelles que puissent être les qualités, grandes ou non, des créations proposées - mais le parvenu, pour qui rien n’est jamais assez cher pour se convaincre qu’il est unique. Là n’est pas le moindre paradoxe d’une série de parfums qui se veulent un éloge de la noblesse... mais Balzac, Maupassant, Huysmans, Stendhal, ont assez décrit le phénomène, et l’on achète aujourd’hui des parfums comme on achetait des titres autrefois.
150 euros pour 100 ml d’eau de toilette ou d’eau de parfum (mettons à part les extraits) devrait être, pour toute marque respectueuse de sa clientèle, et a fortiori pour toute marque dite de niche, la limite infranchissable entre le bon et le mauvais goût.
Or le bon goût... voilà bien ce qui est véritablement distinctif.
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par Egoïste !, le 20 septembre 2016 à 12:26
Paradoxalement l’inflation des prix va de pair avec la démocratisation de la parfumerie de niche. Vous avez toutefois parfaitement exprimé les raisons de ce paradoxe.
par M., le 20 septembre 2016 à 21:21
Surtout que cela semble être les flacons que l’on paye une centaine d’euros...ils sont de plus en plus imposants alors que la quantité de parfum diminue.
Enfin si avoir des animaux empaillés dorés sur les flacons séduit certains que dire...D’ailleurs Penhaligon’s propose-t-elle des recharges ? Cela va peut-être devenir la seule manière de s’offrir des parfums à des prix "raisonnables" .
Cependant la description de la"Duchess Rose" m’amuse beaucoup "la malheureuse femme délaissée du duc" : je me demande s’il le service marketing espère un effet d’identification....
par Dandelion, le 25 septembre 2016 à 10:48
Rien à redire, je suis tout à fait d’accord avec votre description de la situation et la référence aux romanciers et d’autant plus pertinente qu’attendue je pense par les créateurs eux-mêmes qui ne s’en cache pas (cf. l’article « fragrance pour tout homme à cheval sur sa réputation »). Je reviendrai juste sur le flacon (je parle souvent beaucoup de flacons, ça s’explique par les faits que je n’ai ni senti le parfum, ni encore à mon goût suffisamment de qualifications et de vocabulaires pour les évoquer, de plus issues d’études de design je me sens, pour l’instant, plus confidente avec le produit en lui même que son contenu) qui me fait penser à, justement, un article "design" dans la définition populaire de ce mot, c’est à dire tendance, à la mode chez les classes moyennes-élevés. Ces articles que l’on payent le double de leur valeur parce qu’ils sont de marques et prétendus de meilleurs qualités et parce qu’ils suivent les codes des mœurs de leurs temps. Les têtes d’animaux, animaux fiers que sont le cerf, l’ours, le loup -...- sont fréquemment utilisés dans la grande consommation aujourd’hui, en chromé brillant comme l’illustre si bien ces flacons. C’est d’ailleurs un indice sur la véritable identité de ce parfum à mon avis : un article de petit riche, faux-vrai hipster, tendance (je ne souhaite dénigrer personne, je respecte tous les choix et ne fais que caricaturer pour exposer mon point de vue).
par Nezenmoins, le 20 septembre 2016 à 10:46
Je trouve que la parfumerie dite de niche n’a plus de limite en ce qui concerne les prix. Les parfums tournent autour de 150€ en moyenne pour ne pas exploser ensuite. C’est donc mettre 975 Francs pour son parfum. Certes, en surfant sur le principe de rareté et sur la singularité, on développe un attrait mais est-ce justifié ? Cette absence de retenue vis à vis du consommateur n’est elle pas une forme de vulgarité.
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par euskalpyth, le 21 septembre 2016 à 16:58
Pas du tout : les commerçants et industriels (y compris ceux de la parfumerie) sont là pour vendre et pour faire du chiffre...
Il n’y a pas de vulgarité : ils proposent, et si en face, ça mord, ils auraient tort de ne pas en profiter ! Ils n’ont jamais dit qu’ils étaient philantropes !!! Ils ne sont pas là non plus pour éduquer le client et développer son bon goût... (ça, Roudnitska estimait que c’était le devoir et le rôle du parfumeur, mais visiblement, certains ont oublié la parole du Maître - c’était ma séquence "langue de pyth")
Alors, effectivement, ça ne s’adresse plus du tout aux amoureux du parfum que nous sommes, mais plutôt aux personnes qui ont les moyens, qui n’y connaissent rien au parfum (sinon, ils se rendraient vite compte qu’il y a bien mieux ailleurs pour moins cher...) et qui ont l’impression qu’avoir un parfum unique ou "peu porté", c’est "mieux" ;-)))))
Du coup, ça explique toutes les lignes dites "exclusives" (qui sont finalement vendues presque partout...) hors de prix avec des jus souvent plus que moyens, les éditions limitées (genre "y’a 100 flacons dans le monde : si t’en as pas un, t’es vraiment qu’un gros blaireau") et tout ce qui tend à flatter l’égo du client et à lui faire croire qu’il s’y connait parce qu’il veut être unique (voir les parfums sur mesure proposés par de nombreuses marques), alors qu’il y a sur le marché actuel suffisamment de choix pour que chacun trouve son, voire ses, bonheur(s) !
A chacun de faire son choix et d’acheter ou pas : si personne n’achetait, tous ces produits sur-évalués et sans intérêt olfactif, je pense que les marques en tireraient les conséquences...
Perso, inutile de dire que je passe mon tour ! Et pourtant, il y a de jolies choses, comme certains Tom Ford, par exemple, mais je refuse de payer le prix réclamé, qui me semble très abusif et résulter davantage d’une politique de positionnement délibérément "élitiste" que de la valeur du produit (car ne nous leurrons pas : il s’agit d’un produit).
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par amber, le 27 septembre 2016 à 00:51
Euskalpyth a parfaitement résumé la situation.
Les marques ont compris qu’il y avait une clientèle prête à débourser une somme folle pour des parfums soit disant "exclusifs" et ne sont pas fait prier pour répondre à cette demande.
J’apporterai ma modeste contribution de vendeur de parfum en grand magasin et notamment d une marque proposant une collection privée pour dire que les plus grosses ventes sont réalisées avec des clients fortunés qui n y connaissent absolument rien. Ces ventes dépassent parfois les 1000€ et sont faites en moins de 5 min, le client souhaite juste se faire entendre dire " vous serez le seul à porter ce parfum "
Je suis un peu étonné des gens qui s’offusquent des prix en le mettent en parallèle avec la qualité. Si le prix était en relation avec la matière première , le savoir faire , l artisanat, beaucoup de marques et d autres secteurs devraient être critiqués. C est triste mais c est la faute au consommateur qui accepte de payer davantage pour combler un besoin , se sentir exister .
Qui achète une écharpe Burberry à 400€ pour sa qualité de fabrication ? Le luxe est ainsi fait, le prix n obéit qu à un seul critère : le seul psychologique maximal auquel une certaine clientèle est prête à ouvrir son porte monnaie pour se sentir l espace d un instant faire parti des grands de ce monde.
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par Nezenmoins, le 15 novembre 2016 à 10:58
Je poste une petite réflexion sur les parfums anglais. La sortie de L’ Angeterre de L’ Union européenne ouvre t elle pour elle le moyen d’échapper à la réglementation européenne ? Même si certaines grandes marques sont rattachées à de grands groupes européens, cela ouvre t il des possibilités afin de revenir à des formules anciennes ?
L’ Angleterre pourrait elle devenir le pays des parfums originaux ? Certes pour les collectionneurs mais je vois déjà le marketing trouvant un segment à exploiter comme la niche de la niche.
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par Nymphomaniac, le 15 novembre 2016 à 11:16
s’ils veulent vendre en France et dans les autres pays de l’UE, il faudra bien qu’ils se plient aux règles ifra et autres ! ou alors il faudra aller chercher ses flacons en Eurostar sans craindre un rehaussement des contrôles douaniers
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par Nymphomaniac, le 15 novembre 2016 à 11:19
d’ailleurs, j’ignore quels sont les contours du périmètre ifra, mais il est possible qu’il dépasse déjà le strict cadre européen
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