Les parfums de la honte
par Jeanne Doré, le 12 juillet 2012
Vous, oui vous, le perfumista en puissance, qui vous pâmez devant le dernier Lutens, ou le prochain Frédéric Malle, et tournez de l’oeil à la première effluve d’un Paco Rabanne ou d’un Diesel, vous qui êtes la référence même du bon goût olfactif et un véritable rat de parfumeries de niche... je sais que vous avez au fond de votre mémoire un parfum inavouable que vous chérissez, que ce soit une vieillerie ringardisée à jamais associée à une love story romantique (Drakkar Noir ?), ou simplement parce que contrairement à l’avis général, vous trouvez très réussi le dernier lancement que tout le monde déteste (Belle d’Opium ?)
Allez-y, lâchez-vous, c’est maintenant ou jamais, vous avez le droit de prendre un nouveau pseudo si vraiment la honte est insurmontable, mais dites nous tout sur ces parfums que jamais vous n’oserez porter, mais que vous respirez avec émoi dans les rayons des Sephoras, en cachette, lorsque vous êtes seul, et que personne ne vous regarde...
Quels sont vos parfums de la honte ?
image : jean-barak.fr
par Blanche DuBois, le 16 janvier 2023 à 08:43
Et si les nouveaux parfums de la honte étaient tous ces niches sans aucune imagination aux compositions noyées dans des ouds, de l’ambroxan et des notes gourmandes ? Testé hier Rolling in Love by Kilian. D’emblée j’ai eu le droit au discours bidon sur l’Amour. Au moins là on essaie pas d’impressioner la clientèle comme chez Maison Crivelli et leur histoire à dormir debout d’un lys perdu au milieu d’un fjord venteux au beau soleil de minuit. L’Amour en parfumerie c’est tellement cucul, enfin bon ça me gonfle. Et puis la marque est hyper bling quand même. Tout est sucré, on peut pas dire que ce soit très sophistiqué. Je me demande qu’est-ce qui empêche à ces nouveaux parfumeurs exclusifs de créer le nouveau N°19 ou des parfums qui se situent à ce niveau ?
par juju, le 9 janvier 2023 à 22:11
Toquade et Loulou, mais finalement quand j’y pense, ils ne sont pas si " honteux " et sont sans doute de bons parfums en fait. En tous cas j’adore aller en pshitter au sephora et les sentir, sans pouvoir oser en ramener un flacon chez moi. Je les aime sans assumer. C’est ça qui est honteux !
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par neovand, le 11 janvier 2023 à 18:25
Bonjour juju,
Non, Loulou et Tocade ne sont pas des parfums de la honte, ni ici, ni auprès du "grand public"
Ils auraient plutôt tendance à plaire en fait, sans surdosage, grâce à leurs notes vanillées. J’ai pour ma part porté Tocade quelque temps, jusqu’en 2020, il me valait d’ailleurs des compliments.
Question de pure curiosité, pourquoi vous n’arrivez pas à assumer ?
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par juju, le 15 janvier 2023 à 16:13
« Bonjour neovand, oui, cest une très très bonne question que vous posez là, et qui m’a fait réfléchir ... Si je les aime, pourquoi hésiter ? Suite à votre question, je pense moins hésiter, car c’est dommage d’hésiter, et je pense m’offrir un flacon tout d’abord de Tocade, puis en deuxième temps de Loulou. Merci à vous pour votre réponse à mon commentaire, qui m’a fait réaliser à quel point il est dommage de se priver ! Si du moins on peut se l’offrir ... Quant à la difficulté à " assumer " : peut-être car ce sont des parfums assez " marqués " ? Dans le cas de Tocade, c’est moins difficile pour moi à assumer, car je le trouve plus " léger " ; pour ce qui est de Loulou, que, pourtant, je le répète, j’adore, c’est un parfum qui me fait l’effet d’être direct et entier, sans compromis, alors mon hésitation vient du fait qu’il soit peut-être moins " compris ". Mais pour ma part, je vous rassure, je le comprends et surtout je l’aime, ce qui ne s’explique pas - à ceux qui ne le comprendraient éventuellement pas - et ne se justifie pas. Assumons, assumons ! Aimons, aimons ! Parfumons-nous. Peu importe le flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse ! Ennivrons-nous - cf Baudelaire par Reggiani, sur le site de l’INA.
Amitiés à tous les amoureux et à toutes les amoureuses du parfum »
par Oriande, le 3 décembre 2022 à 01:59
Une question, non sur la honte, mais sur la déception : quels sont les parfums dont vous attendiez beaucoup et que vous n’êtes finalement pas parvenus à aimer ?
Personnellement, c’est Joy de Patou, dont la civette m’insupporte, et Émeraude, de Coty. Pour ce dernier, je crois que les multiples reformulations ont du le métamorphoser complètement, car ce n’est pas possible pour moi qu’un truc aussi exécrable et bas de gamme (même la bouteille est moche) comme il l’est aujourd’hui ait pu obtenir sa réputation d’autrefois.
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par Tamango, le 3 décembre 2022 à 18:13
Bonsoir Oriande, bonsoir à toutes et à tous,
J’avais, pour des raisons personnelles, fondé beaucoup d’espoir dans Séville à l’aube de l’Artisan Parfumeur, mais son évolution médicinale m’en a définitivement éloignée : grosse déception !
par Duolog, le 7 décembre 2022 à 00:19
C’est un sentiment que j’éprouve souvent, car je voudrais aimer tous les parfums, mais hélas j’ai du mal à être bon public. Beau de jour, que j’ai critiqué ici, rentre dans ce cas de figure. Je dois aussi avouer que la plupart des Jardins d’Hermès me laissent assez froid, ce qui ne m’empêche pas de comprendre leurs qualités, sans doute de manière plus intellectuelle.
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par ana, le 7 décembre 2022 à 07:12
Chamade et Nahema.
Avec mes excuses à tous ceux qu’ils les apprécient.
Théoriquement, ils ont tout pour me plaire, mais ça ne passe pas.
Chamade me semble mièvre ; un ensemble de notes que j’apprécie mais dans cette combinaison elle aboutissent pas, aucune direction, aucune émotion a part un ennui profond.
Sentir Nahema avant le flacon aux abeilles ne m’avait laissé aucun souvenir ferme, donc aucune émotion et je sais que je l’avais essayé à plusieurs reprises. Le jus dans le fameux flacon aux abeilles est une horreur criarde et maladroite. Je n’ai pas peur des aldéhydes, je les porte avec grand plaisir, mais cette ouverture était agressive et désagréable au plus haut point. Des classiques souvent ont besoin du temps pour se développer proprement, chaque nouvelle rencontre demande patience. J’ai attendu pendant des heures de rancontrer Nahema et ça ne s’est jamais passé. J’ai attendu la rose velouté et la pêche et la suite, mais tout ce que j’ai eu c’était l’horreur pendant 5-6 h et puis plus rien. Je suis toujours si dégoûté que je n’ose même pas essayer celle dans les nouveaux flacons. Et j’ai tout attention d’en acheter Jicky, il paraît que s’est une des meilleures formulations jamais et j’ai toujours besoin d’un ou deux flacons de réserves de Après l’Ondée, donc je ne pense pas qu’un changement de flacon est nécessairement un désastre. Quoi que nous avons eu tellement de mauvaises surprises que le moindre changement nous fait redouter le pire.
par rose de nuit , le 15 janvier 2023 à 11:22
Bonjour Oriande,
Effectivement Joy ne m’a pas du tout plu.. comme vous. Déçue également par Habanita.. il faut que je lui donne peut être une seconde chance, DOMfromBE ne dira pas le contraire je pense !
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par DOMfromBE, le 15 janvier 2023 à 11:27
Hello
Je ne suis pas si tyrannique.
Mais Habanita est très capricieux.
Il change tout le temps, au gré des saisons, des températures, de la façon dont on le vaporise, plus ou moins près de la peau.
Et comme il a une forte personnalité, il ne peut pas non plus plaire à tout le monde.
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par Tamango, le 2 décembre 2022 à 07:37
Surtout pas de honte à porter Soir de Paris, témoin d’une époque où la maison Bourjois nous offrait de belles créations, pour moi , grande nostalgique d’Evasion, plus ancrée dans les années 1970 à la verdeur comparable à celle de Calandre.
par Farnesiano, le 2 décembre 2022 à 07:18
Soir de Paris... Un vieux Soir de Paris, oublié au bas d’une étagère, soldé, acheté pour une bouchée de pain. Au bout du compte, je n’en ai pas honte :-)
par Figue, le 1er décembre 2022 à 23:46
Un diamant Lancôme (le rouge), que j’ai aimé la première fois en magasin, peut-être le nez bouché par les autres parfums (j’étais dans un Sephora...) et parce que je suis toute nouvelle, qui m’a assez vite déplu par la suite. Vomi de sucre, je n’arrive pas à distinguer la moindre note de quoi que ce soit, tout se mélange en un sirop rose bonbon. Dommage pour mon porte-monnaie, mais ça m’a motivé à faire attention pour mes prochains achats et surtout à ne plus jamais acheter de gros flacon sans avoir testé plusieurs fois sur ma peau avant l’achat.
Plus récemment, Matcha Meditation de la collection REPLICA (Maison Margiela), qui n’est pas vraiment mauvais mais que j’assume peu sur ma peau. Dans l’idée, il a tout pour me plaire, mais quand je le sens, quelque chose fait défaut... alors je n’ai pas pris les 100ml (j’ai bien retenu la leçon avec Lancôme), et je le porte en plaisir coupable, parce que j’adore le nuage de latte matcha qui tombe comme une averse quand je le *pchit*.
par Farnesiano, le 22 juin 2021 à 17:02
Dans la fraîcheur d’un après-midi pluvieux, je portais The Scent For Her Absolute d’Hugo Boss, un ambré-vanillé sorti il y a deux ans, acheté pour une bouchée de pain il y a quelques semaines et déjà difficile à dénicher.
Louise Turner est la créatrice de ce cocktail sirupeux et atrocement addictif qui, à une pêche miellée, mêle vanille, ambre et une bonne dose de café sur fond boisé de vétiver. C’est à la fois lourd et captivant, profond et moelleux, gourmand mais équilibré et au final vachement réussi.
À dose raisonnable, un mainstream très agréable à porter. On peut aimer ou détester le flacon Art déco au bouchon, lui, carrément moderniste. Moi, il m’amuse.
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Oups, ce topic n’est pas jeune (2012 !) mais je le trouve inspirant et y apporte ma petite contribution. Mon premier "parfum de la honte" remonte à la fin des années 80, début des années 90, c’était "Stéphanie" (de Stéphanie de Monaco... ou plutôt de Jacques Polge et François Demachy, dixit Fragrantica). J’aimais passionnément ce parfum, dont je m’aspergeais avec allégresse. Mais hélas on m’arrêtait souvent pour me demander d’un air extatique ce que je portais, ce qui ne m’enchantait pas plus que ça, car "j’avais la honte" d’avouer que c’était le parfum de Stéphanie de Monac’ !!! (Et bizarrement, personne ne me demandait jamais rien quand je portais du Guerlain... Pas juste !). Je conserve un souvenir ébloui de ce parfum et j’ai vécu comme un drame "sa discontinuation" (si ça se dit). Aujourd’hui mon parfum de la honte serait "Le Secret d’Arielle" (co-création de Mauboussin et d’Arielle Dombasle...). Bon, je ne lui voue pas la même passion délirante qu’à "Stéphanie", mais sincèrement, pour "un petit parfum vendu pas cher" qu’on trouve facilement sur les sites de destockage, c’est quand même une petite merveille d’équilibre, de finesse et de glamour, sans rien de cheap. Et c’est aussi un parfum qui tient, je peux le sentir sur moi pendant plusieurs heures, ce qui est un tour de force que seul mon bien-aimé "Parfum Sacré" de Caron parvient à accomplir également. Oui, je suis éclectique, j’achète aussi bien des parfums qui coûtent un bras que des petites choses sans prétention qui valent beaucoup mieux que leur positionnement marketing en bas de l’échelle. Mais qu’importe le flacon etc... (on connait la chanson !)
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