Le réveil des belles endormies : Le Jardin retrouvé, les prémices de la niche

Naissance
Dans les années 1970, Yuri Gutsatz, alors vice-président de la Société Française des Parfumeurs, ancien créateur chez Roure (ex-Givaudan) et cofondateur de l’Osmothèque, constate l’évolution de l’industrie et l’effacement du parfumeur derrière le marketing. Le 12 décembre 1975, il décide de fonder sa propre marque, Le Jardin retrouvé, qui constitue ainsi, un an avant les débuts de l’Artisan parfumeur, un des précurseurs de la parfumerie de niche. Son épouse, Arlette, contribue à l’identité visuelle en imaginant notamment le premier logo. La maison propose alors non seulement une trentaine de parfums, mais aussi une gamme maison (bougies, encens) et des produits de beauté (savons, gommages, huiles, shampooings). Lorsque son fondateur s’éteint en 2005, elle entre en sommeil : seuls les anciens stocks sont encore en vente, dans une logique d’écoulement.

Reprise
À la suite de la disparition de l’épouse de Yuri, Arlette, et de deux de ses fils, Denis et Jean-Pierre, leur troisième enfant, Michel Gutsatz, envisage de reprendre Le Jardin retrouvé avec sa femme, Clara Feder. Un changement de vie radical s’impose, au même âge qu’avaient ses parents lorsqu’ils avaient créé la marque. Le couple avait alors un parfumeur en tête : Maxence Moutte, rencontré quelques années auparavant lors d’un mariage, et admirateur du travail de Yuri Gutsatz. Celui-ci accepte de se joindre à l’aventure et Le Jardin retrouvé est relancé en 2016.

Rapport aux formules anciennes
Lors de la reprise, sept parfums créés par Yuri Gutsatz entre 1976 et 1981 sont sélectionnés et envoyés à différents bloggeurs, afin de s’assurer de leur actualité. Suite aux retours quasi-unanimes, ils seront reformulés en 2016 par Maxence Moutte, dont l’un des défis a notamment consisté à rendre les formules de Yuri compatibles avec les réglementations diverses, tout en respectant leur identité olfactive. Les fournisseurs et les méthodes de fabrication recommandées par le parfumeur (trois semaines de maturation et trois semaines de macération) sont toujours respectés. Les parfums d’origine ont parfois été renommés, en ajoutant à la note majeure de la composition énoncée par Yuri, le nom de jardins – réels ou imaginaires – situés dans le monde entier, pour renforcer l’identité au sein de la gamme. Seul Cuir de Russie, considéré comme leur « héritage affectif », n’a pas changé de nom.
Mais la maison s’ouvre également aux créations contemporaines de Maxence Moutte. La bougie Mousse mystique, qu’il imagine en 2018, est le premier lancement inédit et sera déclinée en version eau de parfum en 2021, sous le nom de Mousse Arashiyama. Sur le même principe, une sortie est prévue fin 2022 d’après la bougie Osmanthe Liu Yuan. Les packagings, enfin, ont été pensés de manière à être rechargeables, upcyclés et réutilisables, afin de conserver l’ADN « écologique et d’avant-garde » de la marque.

Direction olfactive
Clara Feder, belle-fille d’Arlette et de Yuri

Parfumeur
Maxence Moutte

Positionnement prix
Eaux de parfum 42 euros/15 ml, 98 euros/50ml

Best-sellers
Tubéreuse Trianon, Sandalwood Sacré et Cuir de Russie. Mousse Arashiyama – qui a obtenu une « Victoire de la Beauté, catégorie Clean », est en passe de devenir également un best-seller.

Dernier lancement
Mousse Arashiyama, dont la verdeur tour à tour astringente et douce, orchestrée par un accord de figue humide et un encens léger, dessine une évocation poétique des jardins du même nom, à Kyoto, au sol recouvert de mousse.