Auparfum

Idée reçue n°3 : la qualité d’un parfum varie suivant les peaux

par Jeanne Doré, le 9 mai 2015

L’idée :
« J’adore ce parfum, mais sur ma peau il vire au vinaigre », ou « Je n’aime pas ce parfum sur moi, mais sur elle, c’est divin ».
C’est vrai, c’est bien connu, de mystérieuses substances à la surface de certains épidermes se jettent à l’assaut des parfums dès qu’ils sont vaporisés pour les reformuler en de dangereuses molécules pestilentielles (et vinaigrées) ou en de sublimes effluves sorties de nulle part.

La vérité :
On a tous en effet à la surface de notre peau une flore bactérienne qui en fait l’unicité.
Notre transpiration, notre sébum, notre température corporelle, nos habitudes alimentaires et d’hygiène, et le pH de notre peau (son acidité) influencent et façonnent la manière dont un parfum va être diffusé, absorbé, déformé,. En effet, le parfum est constitué de molécules odorantes, qui peuvent, en fonction de cet environnement physico-chimique, être sujettes à certaines réactions qui peuvent ainsi légèrement modifier l’odeur générale.

Le pH de la peau est naturellement acide, et il varie entre 5,2 et 7, la moyenne étant 6,5.
De là à métamorphoser un horrible patchoufruit en subtil chypre velouté, il ne faut pas non plus exagérer.

Des ressentis différents, oui, une qualité et un résultat totalement distinct, c’est beaucoup plus rare.

Image : La piel que habito, Pedro Almodovar.

Demain : pourquoi mon parfum ne sent rien ?

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Jeanne Doré

par Jeanne Doré, le 10 mai 2015 à 21:32

Bonsoir à tous, merci pour vos nombreux commentaires, et questions...
Ce sujet est épineux et toujours délicat à aborder, je n’ai fait que l’effleurer, et on ne peut en effet qu’emmettre des hypothèses et des suppositions.

Bella : je ne crois pas qu’il y ait une différence naturel/synthétique, mais certainement certaines matières qui sont plus sujettes que d’autres à métammorphose selon les peaux.
Aloxe : la "couleur" de la peau a des incidences sur on pH, son épaisseur, etc... donc sur l’évolution d’un parfm, mais de là à tirer des conclusions générales sur tel type de peau qui ferait tourner tel type de parfum....
Lady of Shalott : vous avez tout à fait raison, les autres odeurs (shampooing, gel, laque, crème, déo, lessive des vêtements...) peuvent avoir une grosse influence sur la perception d’un parfum d’une personne à l’autre ! Je crois en effet que ces paramètres ont au moins autant, sinon plus d’influence que le type de peau.
DomfromBE : nous sommes d’accord, la "demachysation" n’arrange pas le problème de "reconnaissance" des parfums !
BillieH : il y a toujours des exceptions qui confirment la règle !
Hangten : ne s’agirait-il pas plutôt ici d’une histoire de "goût" ? :)
Sigisbée : il faut que j’aille ressentir ce Jungle qui a apparemment tant changé ?

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par tambourine, le 11 mai 2015 à 14:50

Bonjour Jeanne,

je suis surprise de lire ça, car si le ph de la peau ne modifie pas la qualité d’un parfum, elle peut en revanche réellement en altérer l’effet. Shalimar sur moi est agressif et désgaréable, et j’ai pu comparer Poison lorsque j’étais petite sur deux personnes de la ma famille, et bien le rendu n’était clairement pas le même.

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par tambourine, le 11 mai 2015 à 20:41

idem lors du lancement de ninféo mio, dont les notes acides viraient au soufre et à l’urine de chat sur certaines peaux...

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par Jeanne Doré, le 11 mai 2015 à 22:05

Tout à fait, Tambourine : « Des ressentis différents, oui, une qualité et un résultat totalement distinct, c’est beaucoup plus rare. »
l’effet, le ressenti,... l’émotion quoi ! :)

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par sigisbée, le 10 mai 2015 à 19:07

Oh et bien mes amis... Ne m’en parlez pas !
Quand je vois le désastre qu’est devenu Jungle sur moi, je me dis qu’il n’y a pas de hasard...
Tristesse et désolation.

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hangten

par hangten, le 10 mai 2015 à 15:14

Bonjour Jeanne ! Je m’interroge tout de même sur Ninfeo Mio, dont mon ami me demande à chaque fois quelle est la chose désastreuse que je porte... A priori s’agissant des notes de cœur et de fond... Une vraie métamorphose de mon point de vue, quand je considéré la fraîcheur de l’attaque... Histoire de peau ? En tout cas, ça me frustre !

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par Farnesiano, le 10 mai 2015 à 23:47

* Bonsoir Hangten. Je m’intercale dans le débat pour signaler que sur ma peau Ninfeo Mio tourne au désastre au bout de dix minutes (tout comme Pamplelune par ailleurs) : acidité, acidité, acidité, une véritable catastrophe. Ce n’est même pas l’aspect " pipi de chat ", Sancerre de bas étage ou éventé, vinaigre de vin blanc... Non, le parfum agit ici comme un vrai répulsif. Je ne m’explique pas ce cas (presque) unique : en effet, c’est bien le seul Goutal qui " vire " sur moi de façon désagréable. Pourtant, j’aime tellement l’ouverture de ce parfum rare. Et par malchance, sur le vêtement il s’éteint trop rapidement et perd de son originalité contrairement à Mandragore Poupre ou au fabuleux Nuit étoilée
* En revanche, j’ai porté cet après-midi Bergamask de la marque Orto Parisi créée par Alessandro Gualtieri, ex-Nasomatto. Même acidité de départ cologne/citrus/bergamote pourrait-on croire mais se développe au fur et à mesure de l’évolution une animalité douce mais franche (musc, quelques épices, une pointe de vétiver ?), animalité qui n’est autre que la chaleur d’une authentique sueur masculine faussement rafraîchie par une cologne. Odeur plus que parfum, senteur d’une intimité révélée au grand jour. Simpliste pour certains, brouillon pour d’autres, ce parfum culotté me paraît si proche du réel qu’il faudrait l’appeler autrement que parfum.

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par hangten, le 13 mai 2015 à 23:52

Bonsoir !
Merci Jeanne pour votre réponse, et très heureux Farnesiano de me sentir moins seul dans mon histoire contrariée avec Ninfeo Mio... D’ailleurs, en lisant de nombreux avis sur Fragrantica, j’ai constaté que cette eau tourne à la catastrophe pour un certain nombre de membres, qui relèvent pour la plupart un effet "pipi de chat", un truc "pas frais" comme dirait mon ami... Un comble quand on apprécie l’ouverture fusante et dynamique qui précède...
Dieu merci, les autres eaux de la marque me réussissent bien : Sables, L’Eau du Sud, Mandragore, Nuit Etoilée...
A suivre donc, lors de prochains essais et avec d’autres proches, assez courageux pour me donner un retour !
Pour le reste de ton post, tu m’as mis l’eau à la bouche avec Bergamask !
Enfin, merci à Jeanne

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par Solance, le 14 mai 2015 à 00:34

Bonsoir Hangsten...

Pour ma part, je préfere nettement Philosykos de Dyptique à Ninfeo Mio... je le trouve plus vert et plus frais, moins fruit mur qui peut "tourner"...

De fait, Philosykos, ce n’est pas que la figue, mais aussi le figuier, feuille, tronc, seve compris !

L’avez-vous testé ?

Cordialement

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par hangten, le 14 mai 2015 à 11:12

Bonjour Solance,
Merci pour votre suggestion, je vais m’y atteler !(Encore une eau qui va me tenir tant que je ne l’aurais pas testée !)

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billieH

par billieH, le 10 mai 2015 à 12:00

Mon amie et collègue a fait tourner de façon horrible Vol de Nuit et Jicky en moins de 5 min, un truc incroyable. Elle a une peau atopique, c’est peut être à cause de cela. Jichy sentait le vinaigre et VdN le potage ! Par contre Shalimar lui va bien.
Idem deux personnes portent dans mon entourage Loulou, de façon très très différente. Sur l’une il est très beau et sur l’autre insipide.

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DOMfromBE

par DOMfromBE, le 10 mai 2015 à 10:30

Jeanne, merci pour cette série !
Dans le cas de cette troisième idée à combattre, je serais assez enclin à croire que c’est d’autant plus vrai que la formule est basée sur une synthèse cheap. Bref radotage : dans les années 90, j’étais fan de Dune, qui depuis la demachysation m’écoeure. Idem avec Angel, qui n’a plus rien de sec (sur moi) comme ce fut le cas par le passé. Ou alors, ma perception olfactive a vraiment beaucoup évolué...
Bon dimanche à tous.

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Lady of Shalott

par Lady of Shalott, le 10 mai 2015 à 10:03

A ce propos, j’ai vécu une expérience troublante il y a peu. Restaurant, le soir. Un ami nous présente sa nouvelle conquête. Je vous brosse en trois traits le portrait de la lady. Femme et certainement pas fille, élancée, féline, une chevelure châtain foncé ruisselante de boucles, elle portait un perfecto en cuir. Je l’ai tout de suite rangée dans la catégorie féminité assumée sans vulgarité. Elle sentait bon. Cela m’intriguait. Je lui demande donc quel est son parfum.... la vie est belle, me répond-elle.... T-T mais comment était-ce possible ? Je reconnais ce parfum tous les jours dès que je croise son odeur offensante de sucre artificiel. Comment avais-je pu le trouver agréable sur cette dame ?
Bien entendu, je suis mille fois d’accord avec l’article. Cependant, j’avoue parfois être confrontée à de mystérieux résultats (ici, peut-être l’odeur du cuir, des cheveux, peut-être des autres cosmétiques, sans doute aussi l’odeur naturelle de la personne qui imprègne toutes ses affaires).

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par Tevic, le 3 mai 2017 à 15:20

peut-être vous a-t-elle menti pour garder l’exclusivité de ce qu’elle portait. Peut-être était-ce eau fraiche de Roudniska et pas la vie est belle...

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Bella R

par Bella R, le 9 mai 2015 à 22:56

Est-ce que les molécules synthétiques sont moins changeants que les ingrédients naturels dans les parfums ? Pourquoi les parfums de grand publique, La Vie Est Belle, Black Opium, J’Adore de Dior, Angel ou LPRN par exemple, sentent pareil sur toutes les peaux ?
Carnal FLower par exemple ou Musk de Villoresi ou Le Cuir de Russie de Chanel... ou Portrait Of A Lady donnent les effets différents sur les peaux différentes.

Merci Jeanne pour cet article ! Peut être vous auriez la réponse sur ma question ? ;-)

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par Aloxe, le 10 mai 2015 à 13:05

Intéressant ! Les parfums plus "construits" et certaines familles comme les verts ou chyprés seraient plus susceptibles d’évoluer ? C’est peut-être moins le parfum, mais la tenue qui diffère ( et parfois de beaucoup ! ) d’une peau à une autre ? L’on entend souvent, aussi, parler du "type" de peau (mate, claire), qu’en pensez-vous ?

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