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Flacon de Fareb - Huitième Art
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Prenez le maquis

par Clara Muller, le 12 janvier 2016

« L’enfant cueille les coquillages. Ses pieds sont nus. La brûlure du sable, comme une injonction. Elle obéit et quitte la plage déserte en fredonnant une ballata. Le vent chaud énerve les branches des pins et emmêle les cheveux de l’enfant. Les épines consumées par l’été craquent sous ses pas. Le bruit du ressac s’éloigne et l’air, doucement, crisse.

Au son d’une voix qui l’appelle, sa petite main laisse échapper les coquillages. Les larmes dorées d’un tronc blessé gouttent lentement sur eux. L’enfant court, légère et rapide dans le maquis ardent, une branche de thym arrachée au passage. Les mains glissent sur un myrte estival. Bouffée résineuse d’aulne, soufflet de lentisque, gifle d’eucalyptus… elle s’arrête. Son jeune souffle se mêle aux effluves d’asphodèle, de ciste, de bruyère et monte vers le soleil retentissant. Avec elle le maquis exhale son âme.

L’enfant s’approche d’un cheval qui vainement cherche l’ombre au muret de pierres sèches. Son harnachement est abandonné au sol. L’enfant reprend son travail : la mer l’appelait, elle avait cédé. Le cuir tiède a des relents charnels. Luisant par endroit, presque gras au toucher. Rugueux aussi, blessé par les éraflures. Les mains menues flânent sur le harnais. Assise contre le mur, l’enfant graisse lentement les immortelles lanières. Elle mâchonne une tige sèche arrachée au foison d’un bouquet de grelots. Toute l’île rayonne l’hélichryse, soleil doré des terres arides. »

Curieux alliage de notes sèches et de notes grasses, Fareb joue sur le mode attraction/répulsion la partition flamboyante de la Corse, ses plages de sable chaud et son maquis à l’odeur si reconnaissable. La puissance de l’immortelle l’apparente à Sables d’Annick Goutal, les notes aromatiques sèches à Fougère Bengale de Parfum d’Empire, et le cuir gras qui se dévoile lentement à 1740 d’Histoires de Parfums. S’adjoignent à ce dense mélange des notes résineuses, chaudes, vaguement miellées, de ces miels bruns foncés qui sont presque amers. A l’image des terres qu’elle convoque, la composition est brute, presque primitive. Les matières sont comme pétries à la main, sans cesse en mouvement, s’enlaçant et se délaçant.

Et puis, tout comme on peut d’un battement de cils changer son regard sur une image, un infime déplacement de l’esprit transformera le complexe maquis de Fareb en un puissant cocktail d’épices- cumin, curry et une pointe de gingembre. Cette autre face de Fareb prend toutefois le risque de rebuter les non-amateurs de cuisine indienne et le rend parfois difficile, voire monolithique, à certains nez.

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hangten

par hangten, le 12 janvier 2016 à 22:09

Un très bel article pour un parfum que j’adore. Et oui, on est dans l’univers de Sables et de Fougère Bengale, mais aussi de Arabie et Aziyadé... Des eaux souvent polarisantes, mais quelle personnalité ! Le soleil dans un flacon, qu’il chauffe les dunes de l’océan, le maquis corse ou les marchés orientaux...

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batiboudoum

batiboudoum

a porté Fareb le 15 février 2017

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