Nuit Noire

Si jamais l’envie vous prenait, comme ça tout à coup, de sentir à nouveau un vrai parfum sensuel, sophistiqué, complexe, évolutif, avec un vrai caractère, sans pour autant aller à l’Osmothèque, vous pouvez toujours aller sentir les créations de Mona di Orio.

Nuit Noire, lancé parmi les trois premiers parfums de la collection sortis en 2006, avec Lux et Carnation, s’inspire d’« une nuit orientale à l’air tiède saturé d’épices troublantes », mais il peut évoquer cependant bien d’autres choses.

L’ouverture est déconcertante : un accord vert et animal violent, dans lequel je perçois une forte note de bourgeons de cassis, bien qu’elle ne figure pas dans la description officielle, mais peut-être est-ce la fleur d’oranger mêlée à la cardamome qui provoque cet effet dérangeant, vif et pugnace ? Ou serait-ce une pointe de substitut de civette ?... Derrière cet accord criard, mais cependant bien dompté, se dessine déjà un arrière-plan tout en douceur, velouté, poudré, moelleux. Une première image se dessine : une cuillère de confiture de cassis renversée sur un pull en cachemire blanc portant une fleur d’oranger en boutonnière. Acide et douillet. Répulsif et attractif. Le pull en laine précieuse se fait de plus en plus présent, il s’enveloppe de fleurs solaires (jasmin, tubéreuse), d’épices chaudes (girofle, cannelle, gingembre) et de bois crémeux (cèdre, santal). Les notes de fond deviennent de plus en plus cuirées, poudrées, ambrées, musquées, mais l’énumération des ingrédients ne suffit pas à évoquer l’impression de richesse, de cohésion et de densité qui émane de ce parfum. Il semble presque être tout droit sorti du labo d’Aimé Guerlain à l’époque où il créait son mythique Jicky.

Une Néo-Guerlinade qui laisse sur la peau une délicieuse impression de nostalgie et de véritable luxe.