Poussière d’ébène
par Jeanne Doré, le 28 février 2015
Vous avez sans aucun doute lu la superbe interview d’Olivier Durbano menée par Jean-David, vous savez déjà donc presque tout de sa vie, ses inspirations, sa vision… mais vous aurez sans doute ressenti l’envie d’en savoir un peu plus sur les parfums de sa collection.
Même si j’ai adoré la rose baumée de Quartz Rose, l’ambre épicé et enveloppant d’Améthyste, ou encore l’encens lumineux de Cristal de Roche, mon premier choix s’est porté sans beaucoup d’hésitation sur Tourmaline Noire, qui m’est apparu à la fois comme le plus évocateur de l’“esprit maison”, et celui qui m’a procuré le plus d’émotions en le portant.
Un nuage de poivre noir explose dès les premières secondes, avec quelques graines de cumin et de coriandre, dans un accord épicé tourbillonnant qui tend vers le médicinal, en tout cas vers le mystérieux et l’hypnotique.
L’encens, central comme dans la plupart des compositions d’Olivier Durbano, ici entouré de ces épices, prend des formes sombres, brûlées et poussiéreuses, renforcées par les notes terreuses et fumées du patchouli, de cuir et du oud.
Il se dégage de Tourmaline Noire une atmosphère de vieille boutique d’antiquaire de campagne, perdue dans un village silencieux, peu fréquentée, à la fois intimidante, mais fascinante. Comme un antre mystérieux dans lequel on s’attendrait à découvrir un trésor merveilleux, en fouillant dans les tiroirs de vieux meubles en bois cirés, parmi les vieux livres et vieilles affiches recouverts de poussière, sous les fauteuils en cuir un peu éventré, derrière les cadres en bois vernis, ou encore caché dans la cheminée, derrière le tas de charbon encore tiède.
Amoureuse des vieilleries en général, et des odeurs évocatrices en particulier, je ne peux qu’être touchée par ce décor olfactif empreint de vécu, de souvenirs et d’images fortes.
Peut-être est-ce le pouvoir de protection de la tourmaline, connue dans les légendes anciennes pour « transformer nos propres négativités en attitudes positives » qui expliquerait que l’on puisse se sentir aussi bien et en sécurité dans un décor aussi étrange ?...
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par DOMfromBE, le 9 juillet 2015 à 18:39
Parfum qui s’élève.
Fumée, noire, du bois qu’on embrase.
Froideur de la pierre, ou du poivre, blanc ou noir, comme le dallage d’un lieu consacré.
Pierre... La tourmaline, qui protège.
Forêt, qui puise dans les ressources du sol pour s’élever encore.
Et l’encens, qui réchauffe, enveloppe, protège, comme un talisman tiré de la terre et dédié à d’autres sphères.
Il me fait revoir mon à priori négatif sur l’encens en parfumerie et a aussi un petit faux air de Déclaration, mais un Déclaration romain... Loin des poisons des Borgias, il a joue sur plusieurs tableaux, comme ces jeunes Monsignore que l’on se surprend à suivre du regard.
Une découverte très intéressante grâce à Auparfum.
par PHILIBERT, le 9 juillet 2015 à 17:59
Je suis propulsée dans un univers mystique à souhait,dans la profondeur d’une épaisse forét ,dans la pénombre...une odeur de charbon m’envahie et l’encens suit,épais,présent...
Des odeurs de bois fumés,des épices,de patchouli..je suis loin,très loin dans les profondeurs de la terre...
J’apprécie énormément ce parfum qui sort des sentiers battus ,loins des mixtures insipides que l’on trouvent actuellement...
Belle réussite car la tourmaline est présente si l’on ferme les yeux..
par nnis, le 9 juillet 2015 à 00:14
J’ai reçu lundi dernier un échantillon de Tourmaline Noire généreusement offert par l’équipe d’AuParfum.
Premières vaporisations sur le poignet. Ouverture avec un encens puissant. Un peu à la manière de Copal Azur (Aedes de Venustas). Je redoute déjà une grosse fève tonka dès le cœur, mais non. Place à la belle pinède de Fille en Aiguille (Serge Lutens). Sans la prune alcoolisée. Un peu plus sombre peut-être. Une ligne mentholée apparaît subtilement au centre, comme pour empêcher l’encens de se fondre dans le pin. Je pense alors aux contours de Nuit Étoilée (Annick Goutal). Le parfum évolue tranquillement vers la terre et je retrouve l’humus de Tellus (Liquides Imaginaires). Je note avec joie qu’il n’y a ni tonka, ni vanille, ni baume de Pérou dans le fond. Ce jus aurait tout pour me plaire, mais je ne parviens pas à saisir sa personnalité. Il me fait l’effet d’un patchwork, d’un mash-up. Je laisse reposer.
Le lendemain, j’asperge sans retenue, le cou, le torse, les cheveux, le col et les manches de la chemise. Le nuage d’encens est très présent, longtemps, très spirituel. La pinède s’assombrit encore. Un tas d’écorces carbonisées jonchent une clairière. Je pense à un rituel druidique autour d’une grosse pierre granitique aux reflets vert céladon. Le parfum me semble cette fois-ci très unifié. La tenue est remarquable, surtout sur textile. Un encens/boisé splendide.
Le troisième jour, je me parfume de la même manière et vide complètement l’échantillon. La dimension spirituelle perçue la veille l’emporte totalement. Ce sont les installations de l’artiste Lee Ufan qui me viennent en tête. Entre les pins, les chênes, une pierre massive, particulière, posée prêt d’une autre plus petite, plus clair, au-dessus, un morceau de bois, des gravier blancs, une tôle rouillée qui ondule au loin. Entre art contemporain et méditation, l’encens qui me correspond le plus a trouvé son chemin, tout seul, jusqu’à ma boîte aux lettres. Quel bonheur !
par Nicolaï, le 6 juillet 2015 à 13:21
Pour ma part, j’ai procédé à l’évaluation (assez analytique et probablement moins poétiques que cela pourrait l’être) de Tourmaline en deux phases. La première à l’aveugle, c’est à dire sans aucun renseignements préalables (type notes odorantes présentées dans le dossier de presse ou sur le web, etc.), aucune "note d’intention" du créateur, ni rien. Juste ce que sent mon nez, d’abord sur touche, ensuite sur peau. La seconde en prenant connaissance des infos disponibles sur ce parfum, les autres commentaires, etc. Sachant que ces infos, même à notre insu, sont toujours influentes sur le ressenti (on sent souvent ce qu’on "compte" sentir...)
Evaluation à l’aveugle :
Impression d’entrer dans un bain de mousse à l’essence de pin, c’est assez frais, pétillant (peut-être l’effet d’un aldehyde type C12 MNA) ; il y a peut-être aussi du cèdre Atlas ou du cyprès, voire du menthol ou de l’eucalyptus... quelque chose un brin médicinal mais pas désagréable. Viennent ensuite des notes pyrogénées, inflexions cuir, un peu Vertofix et Cashmeran, un boisé doux moelleux, qui apaise un début plutôt volubile et terpéné. La fragrance s’arrondit alors, les aiguilles de conifères s’effacent pour laisser place au tronc, puis, lentement à la racine moussue (un vétiver de Haiti, ou Bourbon, assez doux, additionné d’Evernyl ?). Je reste en tout cas dans du bois, du résineux, même si quelques volutes d’encens semblent vouloir m’appeler hors de la pinède. Je dis pinède car je sens, dans le fond, de l’ambroxan, ou du fixateur 404, note caractéristique ambrée-bois flotté, qui évoque pour moi la proximité de la mer. Pourtant, pas de note ozonée-marine en vue, en ce sens la démarche me semble assez radicale : du bois, et encore du bois, avec sans doute un patchouli assez doux en traces. Me vient alors l’image d’un cristal de tourmaline – le nom du parfum – et je me dis que le créateur a voulu faire un bloc de bois résineux, plutôt sombre. Si c’est le cas, si tel est le concept de départ, c’est assez réussi.
Sans surprise, le rendu sur peau fait monter plus vite les notes de fond, mais le "tracé" du parfum, relativement linéaire, est similaire à celui sur touche, qui a cependant un départ frais plus prolongé.
Pour conclure cette évaluation à l’aveugle, je dirais que cette fragrance devrait ravir ceux, hommes ou femmes, qui aiment les forêts un peu mystiques et denses, où les clairières sont absentes, le ciel presque indicernable. Mais où pointe la promesse d’un horizon dégagé.
Seconde évaluation, éclairée – et influencée – par des infos sur le jus :
Bon, premier constat, mon évaluation à l’aveugle est assez proche de la "pyramide" annoncée – vu le nom Tourmaline, j’avais peur qu’il y ait des notes minérales que je n’aurais pas perçues du tout).
Sauf que je n’ai pas senti les épices (coriandre/cardamome/poivre) dans mon bain de mousse au pin initial. Ça m’a échappé, j’étais trop dans les résines.
Par ailleurs, l’odeur de l’oud annoncée, que je connais bien, m’apparaît absente, même en tentant de la déceler. On est plutôt sur une illusion d’oud, pas forcément réussie à mon sens. N’allons pas croire que bois fumé = oud. C’est un raccourci totalement fallacieux, même si le marketing adorerait que ce soit le cas.
par jalouve, le 25 mars 2015 à 19:08
Merci tout d’abord, car je vais recevoir Cristal de roche en cadeau (et les cadeaux, surtout quand ce sont des parfums-j’aime cela).
Suite à cet article, j’ai commandé sur JOVOY, cinq échantillons de cette maison, et j’ai donc découvert, Cristal de roche, Tourmaline Noire, Quartz Rose, Turquoise et Améthyste.
J’ai été éblouie par les notes de tête de "Cristal de Roche", car cela me fait vraiment penser à l’odeur des pierres jaunes (de chez moi)et c’est tellement complexe de parler du parfum des pierres, cette note minérale difficile à définir. Je ne l’ai pas encore assez porté pour bien le cerner, mais disons que cette première approche m’a plue.
En ce qui concerne Tourmaline Noire, alors là, c’est le coup de coeur, le coup de grâce dévastateur. Il y’a cette élégance poivrée tout d’abord, pour se conclure, après quelques heures sur cet aspect boisé, ciré (je suis d’accord avec ton article), cette sensation d’être dans une vieille bibliothèque, et j’aimerais connaître vos impressions dessus, je trouve qu’en notes de fond, cette odeur est comme la soeur de Bois d’Ascèse de Naomi Goodsir. Comme une soeur cadette, mais moins clivante...
Pour les autres parfums, pas encore essayé.
par Jean-David, le 1er mars 2015 à 09:20
Merci pour ce superbe article, Jeanne. Vous avez le don, non seulement de parler de parfum, mais d’évoquer tout un monde avec des mots, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
Tourmaline est en effet l’une des pièces maîtresses de cette collection. Un parfum noir, comme son nom l’indique, profond, terreux, calciné, tellurique, minéral comme de juste, qui semble mettre en jeu des grandes forces de la nature. Un parfum complexe qui suggère des formes simples et monumentales.
eremise
a porté Tourmaline Noire le 29 novembre 2018
atlas
a porté Tourmaline Noire le 19 août 2015
atlas
a porté Tourmaline Noire le 5 août 2015
nnis
a porté Tourmaline Noire le 10 juillet 2015
DOMfromBE
a porté Tourmaline Noire le 9 juillet 2015
atlas
a porté Tourmaline Noire le 8 juillet 2015
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