Sentir et ressentir : voyage (mal) organisé au cœur des odeurs et des arômes, sur France 3
par Jeanne Doré, le 26 octobre 2019
France 3 a diffusé le 21 octobre un documentaire consacré aux odeurs et arômes à Grasse, réalisé par Arnaud Gobin et Alban Guillien. La culture olfactive à la télévision française, c’est toujours une expérience… déroutante.
Une voix off à la première personne (qui passera d’ailleurs du singulier au pluriel en cours de route) vous accueille : c’est l’odeur elle-même qui vous parle, et va servir de liant entre les différents protagonistes qui vont tour à tour évoquer leur métier, leur domaine d’expertise ou des expériences qu’ils ont vécues. L’odeur est d’ailleurs « matérialisée » par un petit nuage qui apparait et disparait au fil des transitions tout au long du documentaire...
En voici un résumé :
On commence à Grasse, bien sûr, au Domaine de Manon, Carole Biancalana montre comment cueillir la rose centifolia aux élèves du GIP (Grasse Institute of Perfumery), venus du monde entier pour étudier la parfumerie.
Roland Salesse, notamment créateur de l’unité de Neurobiologie de l’olfaction à l’INRA (L’Institut national de la recherche agronomique) explique, toujours avec un talent inégalé, les mécanismes de l’odorat et raconte comment les larmes lui sont un jour venues lors d’une séance de kōdō.
Olivier Maure, directeur de la société Art & Parfums, fondée par Edmond Roudnitska, et l’une des « Icônes » du premier numéro de Nez, partage avec passion sa vision du parfumeur indépendant et affirme reconnaître « au nez » de qui est signée une formule en train d’être pesée dans son unité de production.
Le parfumeur Gérard Anthony (Azzaro pour homme, entre autres) se souvient comment la dégustation d’un gin tonic à Heathrow lui donna soudain l’idée d’une « nouvelle fraîcheur ».
C’est d’ailleurs peut-être ce qu’attend la cliente dans la boutique M.Micaleff à Grasse, qui recherche un parfum « frais et léger » ?
Annick Le Guérer nous rappelle comment l’odorat est resté longtemps négligé, et Patty Canac en quoi il est le sens de l’intuition.
Chez Expressions parfumées, société grassoise de composition de parfum récemment rachetée par le géant Givaudan, on découvre comment les formules fraîchement pesées sont appliquées dans différentes bases, et évaluées par le président Christophe Marin : « Hmm, ça sent bon ! ».
Non loin de là, chez Mane, au Bar-sur-Loup, le parfumeur Rolph Gasparian sent « sur tête » des shampooings fruités et aborde les différences culturelles des parfums fonctionnels, notamment à travers son expérience sur la définition de « l’odeur du bébé » au Mexique.
Stephane Arfi, fondateur d’Emosens à Lyon, explique en quoi consiste le marketing olfactif et demande à une cliente propriétaire d’une Bastide en Provence, qu’elle souhaite parfumer, si elle est « plutôt fleurie, fruitée ou boisée ? »
Pendant ce temps, à Grasse, dans le temple Fragonard , on confirme que la tendance en parfumerie, c’est « la gourmandise », ce qui permet de glisser que le goût, c’est aussi des odeurs et d’évoquer le travail des aromaticiens de la société Jean Niel.
Enfin, on découvre comment se déroulent les ateliers olfactifs thérapeutiques donnés par Géraldine Archambault (également fondatrice de la marque Essential Parfums) à l’hôpital de Garches.
Verdict : sans dire de grosses bêtises, puisque la parole est quasiment toujours laissée aux intervenants (de qualité) qui connaissent bien leur métier, ce documentaire se résume à un patchwork décousu de paroles d’experts, certes avec des choses à raconter, mais sans aucune intention, ni idée de réalisation, de scénario, de fil rouge ou d’angle… comme lors de la plupart des productions audiovisuelles que l’on nous sert de temps à autre (il y a quelques mois encore sur France 5 ou dans Capital, l’émission de M6)
On y parle de tout et de rien, les différents sujets sont souvent survolés, rien n’est creusé, ni réellement expliqué, et on peine vraiment à s’accrocher. Ça sent la commande de France Télévision à la suite de l’annonce de l’inscription des savoir faire du pays de Grasse au patrimoine immatériel de l’Unesco : « Eh les gars, vous pourriez faire rapidos un docu sur les odeurs s’il vous plait ? ».
Si vous ne connaissez rien sur le sujet, vous y apprendrez sans doute des choses… à condition de ne pas vous endormir avant la fin !
Sinon, vous pouvez aller voir le récent et bien plus réussi documentaire sur la maison Lubin diffusé en septembre sur TV5Monde, ou tenter de revoir celui réalisé en 2015 par David Richard sur « La fabuleuse histoire de l’eau de Cologne ».
Thème
Emission télévisionpar Jeanne Doré, le 7 novembre 2019 à 16:10
Monsieur Gobin,
(je réponds ici pour une meilleure lisibilité)
Tout d’abord merci de venir vous exprimer à la suite de cette publication, et bienvenue sur Auparfum, un espace ouvert au débat et à l’échange de points de vue, qui divergent souvent !
J’entends bien votre mécontentement suite à mon regard critique sur votre documentaire (ce qui n’a pour autant pas découragé les lecteurs à le visionner !), même si vous affirmez que « tous les avis, même sévères, sont donc bons à prendre et à entendre », cela ne semble pas validé par la suite de votre message.
Je ne suis en effet pas "critique télé" de profession, en revanche mon champ d’expertise sur le parfum et l’odorat ne me rend pas illégitime pour poser un regard sur un objet télévisuel qui se penche sur le sujet. Et en tant que grande consommatrice de documentaires en tout genre, j’estime avoir également une base de références me permettant de juger de la qualité d’un film, et d’exprimer un ressenti.
Je ne juge absolument pas vos compétences, mais uniquement le résultat, qui en l’occurrence ne correspond pas à mes attentes de spectatrice ni à mes exigences d’experte sur le sujet.
En matière de pédagogie et de vulgarisation de l’odorat à destination du grand public, je ne me sens pas non plus totalement déplacée pour emmettre un avis, Auparfum rassemblant un lectorat bien au delà du "microcosme" (150 000 visiteurs/mois), et la revue Nez, dont je suis cofondatrice, s’écoulant à plus de 10 000 exemplaires par numéro dans le monde, en trois langues. Mais peut-être considérez-vous ce public comme une élite ? Pourquoi pas.
De même que je ne prendrai jamais en considération le temps passé et le nombre d’essais qui ont permis d’aboutir à un parfum pour le juger, le temps consacré à produire un film n’est en aucun cas garant de sa qualité. Par ailleurs, comme le nombre de ventes d’un parfum ne rime pas toujours avec l’appréciation que je peux lui porter (mais ce n’est pas non plus antagoniste), le record d’audience de votre documentaire (dont je me réjouis sincèrement) pourrait aussi témoigner de l’intérêt du public pour le sujet, plus que de la qualité propre du film.
Enfin, une connaissance approfondie de la manière dont on produit et réalise un documentaire n’est à mon sens pas nécessaire pour donner un avis sur le résultat, de même que vous ne disposez a priori pas d’une connaissance de la parfumerie pour avoir pu réaliser ce film. Les critiques littéraires ne sont pas écrivains, ni les critiques de cinéma des réalisateurs, bref chacun son métier, et c’est très bien ainsi.
Quoiqu’il en soit, je continuerai à visionner des documentaires, sur France 3 et ailleurs, qu’ils portent au pas sur les odeurs, et j’espère que de votre côté vous aurez plaisir à poursuivre votre découverte de la culture olfactive, notamment à travers la lecture de ce site, sur lequel vous êtes et serez toujours le bienvenu !
Bien à vous,
Jeanne Doré, rédactrice en chef d’Auparfum et de Nez, la revue olfactive.
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par Arnaud Gobin, le 8 novembre 2019 à 17:14
Madame Doré,
J’ai écrit hier à une certaine « Nymphomaniac » (autrement plus désobligeante, fantasques et déroutante que vous, et qui semble au passage continuer à tourner en rond sur sa petite piste de danse au rythme de son lapin tambour comme une enfant capricieuse) que je ne souhaitai plus m’exprimer sur ce forum. J’ai bien hésité, mais votre aimable retour m’incite à y remettre le bout d’un orteil pour la dernière fois assurément, du moins sur ce sujet.
Soyez assurée que je ne me suis nullement senti blessé par vos critiques La télévision est un milieu particulièrement redoutable (voire impitoyable) où l’on perd vite la fraicheur de ses névroses. Mon égo s’y est donc largement émoussé avec l’âge et l’expérience. Comme je vous l’ai écrit, vous avez parfaitement le droit de ne pas aimer ce documentaire imparfait (comme beaucoup d’autres personnes très surement). Les films de cinéma, les romans, les pièces de théâtre, les œuvres artistiques, les parfums, les musiques ou la gastronomie font rarement l’unanimité et c’est tant mieux. Cela atteste de manière salutaire de la richesse de nos différences de goût et de pensée. Comme je suis d’une nature plutôt pronoïaque et que j’ai le cuir bien tanné, il n’y a aucun orgueil ou blessure d’amour propre dans ma réponse. Comme je vous l’ai dit et quoi que vous en doutiez, j’ai toujours accepté avec humilité les critiques de mes films ou de mes romans. Je ne suis assurément ni un réalisateur ni un auteur de génie, à peine un modeste et humble artisan dans ces domaines. Mais les critiques ne valent que si elles sont honnêtes et non revanchardes, précises et non méprisantes, renseignées et non fantaisistes ou hors de propos, sinon elles valent bien moins que les créations qu’elles dénigrent et en deviennent alors indignes. Comme ce ne fut heureusement pas du tout le cas de votre article (contrairement à d’autres messages), je souhaitais juste apporter quelques corrections à certains de vos commentaires qui m’ont semblé parfois très éloignés de la réalité ou erronés (voire parfois un peu cocasse), sans pour autant remettre en cause vos propres compétences dans le domaine de la parfumerie, cela va de soi.
Ceci étant dit, je conçois difficilement que l’on puisse dire d’un documentaire qu’il est « sans aucune intention ni idée de réalisation, de scénario, de fil rouge ou d’angle » donc écorner sévèrement les fondamentaux mêmes du travail de réalisation et affirmer ensuite ne pas remettre en cause explicitement les compétences dudit réalisateur. Voilà une pirouette en double salto arrière un peu difficile, voire dangereuse, à exécuter, ne trouvez-vous pas ? (C’est surement pour éviter les accidents de ce type que l’on impose les filets de sécurité dans les numéros de trapézistes). Je laisse cette remarque à votre réflexion.
Cela restera peut-être un point de désaccord entre nous, mais non tout le monde ne peut pas tout critiquer. La critique est un vrai métier accompli par des journalistes spécialisés ou des experts de la question. Les critiques de cinéma ne font certes pas de films, mais ils ont pour la plupart fait de longues études de cinéma ou de sémiologie de l’image, idem pour les critiques de théâtre qui n’ignore rien du travail de comédien et connaisse parfaitement les rouages de la mise en scène, idem pour les critiques d’art, de programmes TV ou de musique. Votre expertise en matière de parfums (voire même votre simple ressenti de spectatrice grande consommatrice de documentaires) vous donnait sans réserve le droit de critiquer à votre guise le fond de ce film puisqu’il aborde en plus votre domaine de compétence. En critiquer aussi sévèrement la structure filmique comme vous l’avez fait (plus durement que le fond d’ailleurs) est, en revanche, à mon sens plus contestable. Vous pouviez parfaitement désapprouver la partition du compositeur sans affirmer pour autant que les musiciens jouaient faux (un film est un travail collectif) et que le chef d’orchestre ne savait pas battre la mesure. (Aucun de mes précédents films, ayant fait l’objet d’articles dans la presse généraliste ou spécialisée, n’ont jamais été ainsi critiqués sur la forme).
Quant aux anonymes Fouquier-Tinville d’opérette qui trainent leur ennui ou leur prétention sur les forums en déversant leur fiel ou leur état d’âme, souvent plus par provocation égotique que par souci d’échanger, j’ai clairement exprimé ce que j’en pensais dans ma réponse à cette chère « Nymphomaniac ». Comme à une réunion fratricide chez le notaire, ils continuent d’ailleurs de me livrer à l’inquisition en se revendiquant orgueilleusement comme les légataires universels de Fragonard ou d’Edmond Roudnitska (Olivier Maure qui gère désormais le domaine de Sainte Blanche et qui en est, lui, l’héritier légitime a pourtant été dithyrambique sur les qualités de ce film). Ils se rependent en acrimonie désobligeante, déçus que je n’aie pas réalisé le film critique et élitiste qu’ils attendaient, faignant de pas comprendre ou méprisant l’approche du sujet qui était le mienne. Mais je conçois qu’il soit pour certains difficile d’apprécier un polar ou un western quand on est amateur que de films d’auteur bulgares. Est-ce pour autant une raison de cracher sur les polars et les westerns ?...
Contrairement à beaucoup, qui se gaussent et méprisent ouvertement ou implicitement ce média populaire, je respecte de manière indéfectible les chaines du service public et leur panel de téléspectateurs. A la télévision nous devons séduire, informer ou distraire un large public très éclectique (quelle tâche vulgaire ! n’est-ce pas ?). Les films sur les conflits guerriers ne sont pas destinés aux seuls militaires, pas plus que les documentaires animaliers ne sont portés à l’appréciation des seuls étudiants de Maisons-Alfort. Ce film réalisé, avec un cahier des charges contraignant et un budget très modeste, n’était donc pas exclusivement destiné aux experts autocratiques de la parfumerie, mais au public très particulier de France 3 (ceci explique peut-être pourquoi à ce jour, personne sur votre forum n’ait osé, contredire les louves aux canines découvertes en défendant un tantinet ce doc). J’estime avoir atteint (largement en termes d’audience) l’objectif qui m’était assigné. C’est pour moi l’essentiel.
Ainsi, quoi qu’en pense les professionnels ou les amateurs avisés (ou pas) qui visitent votre site ou lisent vos publications, convenez que je me satisfasse bien plus des avis élogieux des intervenants (de qualité) qui ont contribué à la mise en œuvre de ce film, de ceux de mon producteur et surtout de ceux du diffuseur France Télévisions qui m’accorde sa confiance et me reconnait un savoir-faire acquis depuis un quart de siècle sur plus d’une trentaine de documentaires à mon actif (à la télé, surtout quand on est intermittent du spectacle, la médiocrité ou l’incompétence pardonne bien moins que dans la parfumerie , semble-t-il).
Pour conclure, je tiens à préciser que le terme « microcosme » que j’ai employé n’avait dans mon esprit rien d’indélicat. Convenons là aussi, par modestie, que mes 175 000 téléspectateurs tout comme vos 150 000 visiteurs/mois, même s’ils sont un nombre non négligeable, ne constituent néanmoins qu’un « microcosme » au regard des 67 millions de nos compatriotes.
Voilà, madame Doré, je vous abandonne très respectueusement sur ce dernier message. N’étant pas non plus graphomaniaque, ces rédactions sont trop chronophages et pour tout dire trop désespérantes à mon goût. Comme vous le constaterez certaines contributrices confondent la réponse que je vous ai faite avec celle adressée à une autre et s’interdisent de voir le film en raison de la nature « détestable » de mes arguments (là, franchement, on touche le fond et me donne envie de répondre poing levé comme Maurice Piala raillé sous les sifflets à Cannes, madame, « Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus »). Ces pseudo échanges sont vite devenus un défouloir brouillon et sulfureux, une chasse à courre d’amazones en terrain boueux dont je ne veux pas être le gibier. Puisqu’on me reproche d’essayer de défendre ce film avec autant d’opiniâtreté que d’autres s’emploient à le vomir avec un sectarisme hallucinant (malgré tout fort révélateur d’un point de vue sociologique), je ne souhaite plus m’exposer en chemise et la corde au cou au jugement stalinien de certaines de vos lectrices que j’abandonne bien volontiers à leurs réflexions mandarinales (même si certaines d’entre elles, peut-être dévorés par leurs frustrations n’ont sans doute jamais tourné que des films de famille avec leur smartphone et qu’elles ne regardent presque jamais la télé). J’ai le montage d’un nouveau (mauvais ?) film à préparer. Comme il ne parle pas de parfums ni d’arôme, j’ai au moins l’assurance sereine qu’il ne sera pas cloué au pilori avant d’être livré au bucher des Torquemada masquées qui s’invitent sur votre site au demeurant fort instructif pour un béotien comme moi (malgré ma brève intrusion dans votre inexpugnable univers) et sincèrement d’une irréprochable qualité éditoriale.
Je le consulterai encore régulièrement (comme je l’avais fait en préparant mon film) pour enrichir mes connaissances dans ce domaine et constater au passage, si (dans la foulée des passionarias exaltées de la parfumerie qui osent parler « d’avis personnel, sincère, éclairé et étayé », en m’invitant au « fair-play » alors qu’elles s’en dispensent totalement par la virulence de leur propos), quelques employées de chez Marionnaud ou Sephora ne se sont pas à leur tour senties obligées de se payer la tête d’un réal de télé en déversant leur reflux gastrique sur un pauvre petit film qui ne méritait surement pas de déclencher autant de foudre et de subir autant d’opprobre.
Bien cordialement
Arnaud Gobin
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par Belami, le 8 novembre 2019 à 21:16
Bonsoir,
Il est évident que le grand publique est la cible de ce genre d’émission. Et si Jeanne avait déclaré ici que ce reportage était un chef d’oeuvre, les participants à ce forum auraient confirmé.
par Nymphomaniac, le 9 novembre 2019 à 00:46
Ce (dernier ?) commentaire est un peu à l’image du "documentaire" : une pluie sans fin – à ne pas confondre avec le film éponyme.
Quelques propositions de renommage du documentaire, plus appropriées, sans doute :
De l’hôpital à l’hôtel, le nez dans tous ses états
Butinons de l’usine à l’hospice !
Arômes alimentaires, parfum d’art et clinique : le nez se ballade
Le nez en vadrouille au pays de Grasse
La vie est belle avec son nez
La joie de vivre à Grasse en pleines narines
Les arômes, la paix, les parfums, les hôtels, les cliniques
Le monde sent bon avec son nez
etc.
par Nez inexpert, le 6 novembre 2019 à 22:31
La vache, ça tire à boulets rouges des deux côtés, pire qu’à la bataille d’Hernani. Voilà qui me donne envie de le voir, ce docu.
par Nymphomaniac, le 6 novembre 2019 à 21:51
Le film nous présente de belles images, dans une succession d’interventions sans relief ni regard critique. Une intervenante-stagiaire, sans doute choisie pour son haut niveau de perspicacité, nous déclare que le parfum permettrait de rétablir/répandre la paix dans le monde. Une ouvrière-technicienne nous raconte que les arômes sont là pour embellir les matières premières désormais sans odeur : puisque tous les aliments reconstitués, émiettés, calcinés, traités, recomposés, ré-agencés par l’agrochimie ne sentent désormais plus rien, ou pire puent, il faut bien leur ajouter des arômes pour pouvoir les absorber.
Les nez sont là pour créer de beaux parfums, de beaux arômes, avec de belles matières, au milieu de pinèdes et paysages féériques. Ils réinventent le monde, le parsèment d’odeurs dans tous les recoins (nourriture, soins, parfums, grands hôtels, lieux divers et variés, …). C’est la joie de l’odorat, partout.
Cet univers fantasmagorique, décrit sans recul ni regard critique, se brise hélas contre le mur de la réalité, banalement dystopique, où 99 % des parfums proposés sont standardisés et calibrés pour être de la merde olfactive, sans être véritablement issus d’un acte de « création », telle que béatement décrite dans le documentaire.
Et, pour la nourriture, plus prosaïquement encore, la ménagère-téléspectatrice de France 3 préfèrerait sans doute manger de vraies fraises parfaitement gouteuses et savoureuses, celles du jardin par exemple, plutôt que les simili-betteraves caoutchouteuses sans gout et gorgées de produits phytosanitaires néfastes qu’on lui sert dans des barquettes en plastique bisphénolisé, et pour lesquelles elle doit ajouter le cas échéant des arômes reconstitués, probablement de synthèse, puisqu’elles ne sentent rien.
Un documentaire à la fois inutile et inoffensif pour personnes déjà mortes, permettant une sorte d’assoupissement des membres entre deux séquences de matraquage de Danse(s) avec les Stars, sans doute. Le tout aurait pu, ou du, peut-être, bénéficier de la sponsorisation de quelque influenceuse de parfums fruitchoulesques, où la rose présente dans les champs de Grasse figure dans les notes autoproclamées du parfum – éventuellement accompagnée des adjectifs "érotisée", "sublimée", "magnifiée", etc. Même s’il n’y en a pas dedans, peu importe, puisque l’essentiel est de voir les roses cueillies dans les champs de Grasse, et de propager la paix dans le monde.
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par Arnaud Gobin, le 7 novembre 2019 à 16:10
Chère Nymphomaniac,
(Voilà un nom de famille sûrement difficile à porter dans votre enfance et plus encore depuis le film de Lars von Trier. Je compatis)
Vous lire fut pour moi un réel plaisir et une belle récompense. Si, si, je vous assure !
Car oui vous avez entièrement raison en tout point chère Nymphomaniac. Comme vous l’avez subtilement deviné, j’ai effectivement casté volontairement une pauvre gamine « intervenante stagiaire » (en réalité étudiante en Level 3 Summer School à la Perfumery School de Grasse), parce qu’elle était un peu coconne sur les bords et pitoyablement fleur bleue en pensant que les parfums pouvaient apporter autre chose au monde que les 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires de la seule maison Chanel.
Car oui, vous avez entièrement raison chère Nymphomaniac. Il est proprement scandaleux qu’une « ouvrière-technicienne » (en réalité Directeur technique arômes Sté Jean Niel, mais là aussi, il faut regarder un film avec ses yeux et lire les synthés) nous montre comment on fabrique un parfum naturel de fraise. Alors que toutes « les ménagères téléspectatrices de France 3 » qui se morfondent dans leur HLM de banlieue devraient s’acheter une maison à la campagne avec un potager pour cultiver leurs propres fraises bio, préférer la vanille de Madagascar à 500 euros le kilo au lieu de la vanilline pour leur gâteau du dimanche. Et au passage, chasser les mauvaises odeurs de leur deux pièces avec du papier d’Arménie, se décrasser la tronche avec du savon d’Alep et se désodoriser les aisselles avec du bicarbonate de soude pour ne pas puer dans le métro. (Ah les maudits prolos qui font sangloter Farina et Saint Laurent dans leurs tombes !)
Car oui, vous avez entièrement raison chère Nymphomaniac au lieu de décrire « béatement » le travail de parfumeurs respectables comme Martine Micallef, Gérald Antony (maitre parfumeur) ou encore d’Olivier Maure, nous aurions dû avoir le courage de dire que ces barbouilleurs de senteurs élaboraient au quotidien « de la merde olfactive, sans être véritablement issus d’un acte de création ». Comme nous aurions dû effectivement dire clairement que les aromaticiens sont des escrocs et des empoisonneurs à la solde de l’industrie agroalimentaire, ou encore que Patty Canac et Géraldine Archambault font de la bobologie de charlatan en milieu hospitalier. Les intéressés et les téléspectateurs auraient surement apprécié que l’on expose ainsi en place publique votre inébranlable et inquisitrice certitude.
« Stagiaire » (un peu idiote), « ouvrière », « merde olfactive », « public déjà mort », « ménagère téléspectatrice de France 3 » (et l’incontournable allusion à « Danse avec les stars ») voilà bien les vrais mots lâchés, enrobés de mépris et de condescendance comme autant de flatulences nauséabondes échappées de sous une jupe en soie lors d’un diner mondain. A l’heure où l’on parle beaucoup de la fracture sociale, je découvre sans grande surprise que dans une petite coterie élitiste de la parfumerie (loin de moi l’idée de généraliser), cette fracture sociale peut agresser les narines avec d’incommodants remugles de lilas chimique et de sent-bon à deux balles.
Car en somme ce qui semble le plus vous déranger dans ce film, chère Nymphomaniac, n’est pas tant qu’il soit bon ou mauvais (j’admets humblement que ce film n’est pas irréprochable, tant s’en faut) mais qu’il ait osé entrouvrir les portes de vos palais dorés sur un média populaire que vous snobez ouvertement avec dédain et arrogance (autant que les intervenants qui ont participé à ce film). Le crime de lèse-majesté est bien là, en filigrane entre vos lignes. Car oui, vous avez entièrement raison chère Nymphomaniac, ce film est tout aussi scandaleux que d’ouvrir les grilles du Château de Versailles à la visite aux smicards et aux gamins du 93. Dans votre petit monde en crinoline (le vôtre, pas celui des professionnels que j’ai eu l’honneur de rencontrer et le grand plaisir d’interviewer), la parfumerie se danse en mocassins vernis et souliers dorés, en rentrant de faire ses courses à La Vie Claire. Les « ménagères téléspectatrices de France 3 », elles, avec leurs charentaises ou leurs crocs aux pieds n’ont rien à faire au bord de la piste. Ces misérables n’ont pas à fourrer leur nez dans les pas du menuet. Elles ne doivent rien savoir de cet art si noble et si précieux. Circulez les gueux ! Y’a rien à voir, à part de la téléréalité de daube et des mauvais docs à la téloche ! (Je songe à vous lire à Beaumarchais quand il disait que « les petits maitres avaient encore une âme de valets »).
Allez sans rancune, chère Nymphomaniac. L’hiver prochain s’annonçant bien rude, je ne vous en veux nullement de m’avoir ainsi chaudement rhabillé pour les frimas à venir. Car votre critique outrancièrement bourge ou bobo, qui aurait pu servir de modèle à l’illustre Molière pour écrire Les Précieuses Ridicules, fut pour moi un réel plaisir et une belle récompense. Au lieu de me peiner ou de me contrarier, vous m’avez, au contraire, conforté dans l’idée que je fais mon job honnêtement et avec bienveillance sans chercher à plaire à tout le monde (j’irais presque jusqu’à m’enorgueillir de vous avoir déplus). Et vous m’avez, sans le vouloir, rendu très fier d’avoir donné à voir ce film « inutile » et par chance « inoffensif » au petit peuple de France que vous mésestimez tant.
Je n’interviens que très exceptionnellement sur les forums et jure à chaque fois qu’on ne m’y reprendra plus. Je suis une fois de plus atterré de constater à quel point l’usage des pseudos, même sur un site aussi sérieux et respectable que celui-ci, (exception faite pour vous, chère Nymphomaniac, car vous affichez avec courage votre vrai patronyme) autorise si souvent tant de personnes acrimonieuses à raconter incognito n’importe quoi, à insulter, dénigrer, humilier, malmener, critiquer sans vergogne, péter et roter sans retenu comme on le ferait dans l’anonymat d’un piètre bal masqué. Aussi, je me sens désormais aussi peu à ma place sur ce forum fréquenté par des apparatchiks bienpensants, qu’une ménagère téléspectatrice de France 3 aux festivités du palais impérial de Vienne ou que les dizaines de milliers d’autres blaireaux « déjà morts » qui ont gâché 52 minutes de leur reste d’existence à agoniser devant notre mauvais documentaire.
Je vous abandonne donc définitivement à vos digressions frivoles et désobligeantes autour de ce film devant une tasse d’Earl Grey et une assiette de macarons de chez Hermé.
Bien cordialement
Arnaud Gobin
P.S : Une info pour ceux et celles qui préfèrent s’instruire mieux qu’en regardant un doc mal foutu, l’émission « Danse avec les stars » est diffusée le jeudi vers 21h sur TF1 (une chaine privée et non du service public)
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par Nymphomaniac, le 7 novembre 2019 à 17:35
Non, je vous assure que j’aime beaucoup voire prioritairement ce qui est positivement populaire, et je ne suis pas du genre à ingurgiter des macarons Hermé chez moi, pratique quasi-décadente, hormis lors de circonstances spécifiques (pots de départ, anniversaires ou autres joyeusetés).
Par ailleurs, certains parfums – tel La vie n’est pas belle de Lancôme, puis plus encore toutes les pseudo-copies élaborées par d’autres marques par la suite – associent en effet souvent plusieurs grands nez de la parfumerie (sic). Il n’empêche que quantité de ces jus ne sont pas issus d’un acte de création – au sens de la citation de Roudnitska citée par je-ne-sais-plus-qui dans le documentaire. Au contraire, ces produits sont élaborés, standardisés, ajustés, évalués, calibrés aux goûts présupposés, orientés, simplifiés, caricaturés, voire réifiés de(s) (certaines) masses. Vous ne semblez pas en mesure de comprendre véritablement le sens et la portée de cette citation de Roudnitska, ni-même de la relier au reste du gloubi-boulga informe du documentaire, et encore moins à la réalité de la parfumerie, bien sûr.
Ce qui me dérange donc, in fine, absolument et uniquement, c’est bien la nullité sans relief et sans regard critique de ce documentaire-bisounours. Ce dernier ne peut en aucun cas éduquer convenablement le peuple, y compris celui situé dans les HLM de banlieue. Pour ces personnes d’ailleurs, et pour les plus modestes d’entre elles en particulier, il agirait au mieux comme une sorte de prothèse boboïfiante destinée à les faire échapper de leur morne quotidien, lors d’un moment d’assoupissement généralisé des membres.
par magie_nocturne, le 7 novembre 2019 à 19:49
Bravo,quel beau texte !
J’ai tellement de peine pour ces gens sans spiritus qui condamnent.
Ô pars...fin...
Vous me décevez,je vous croyais plus bienveillants.
Adieu.
par Chanel de Lanvin, le 26 octobre 2019 à 16:12
L’univers de la parfumerie garde son voile de mystère,est-ce pour cela que nous y sommes attirés ...chacuns peut y trouver son identité olfactive au travers d’esssences rares,c’est tout le charme de cette science.
La télévison hélas est loin d’être notre reflet culturel à quelques exceptions près.
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par Arnaud Gobin, le 6 novembre 2019 à 14:24
Madame Doré
Il n’est pas dans mes habitudes de répondre aux critiques de mes films documentaires. Aimer ou ne pas aimer un film est un choix subjectif respectable en toutes circonstances. Tous les avis, même sévères, sont donc bons à prendre et à entendre, sauf quand ils sont bourrés d’inexactitudes et de considérations un peu ridicules comme celles qui émaillent votre article. Preuve s’il en est que la critique de parfums ne conduit pas automatiquement à la compétence en matière de critique média.
Quelques précisions s’imposent :
Dès les premières lignes, vous notez que la voix off du commentaire s’exprime tantôt à la première personne du singulier et tantôt à la première personne du pluriel. N’allez surtout pas croire que j’ai oublié les règles élémentaires de grammaire et de syntaxe apprises à l’école primaire. Il vous aura simplement échappé que la voix off dit « Je » quand elle parle d’elle-même en tant que parfum et « nous » quand elle évoque ses « cousins » (parfums fonctionnels et arômes) Ceci explique cela. Un film s’écoute avec ses deux oreilles. Sur ce point vous vous êtes peut-être bouché une narine.
Libre à vous de voir dans ce film un machin « sans aucune intention ni idée de réalisation, de scénario, de fil rouge ou d’angle ». Le microcosme de vos lecteurs qui paie la redevance audiovisuelle va surement s’étonner que France Télévisions ait accordé sa confiance sur plus d’une trentaine de films documentaires a un aussi médiocre réalisateur. Quel gâchis d’argent public ! Un tel film a nécessité plus de huit mois de travail. Pensez-vous sincèrement que les responsables de la chaine, le producteur, le coauteur, le monteur et moi-même, tous plus incompétents les uns que les autres, avons passés tout ce temps à ne bricoler nonchalamment qu’un vague bout à bout sans aucune intention ni structure narrative ? Sur ce point vous vous êtes peut-être bouché l’autre narine.
Les intervenants (tous de qualité j’en conviens) ont été unanimes à dire que ce film abordait pour la première fois la complexité de leur art sous l’angle original de la sensibilité, de l’émotion et de la thérapie et non pas autour du sempiternel mono produit (Eau de Cologne, 5 de Chanel, grands parfumeurs …) ou de concepts mainte fois ressassés (économie du luxe, glamour…) régulièrement diffusés sur les petits écrans. Préférer ce type de films est votre droit le plus strict. Ecorner ceux qui ont une approche différente et plus large de cet univers complexe (au risque de le survoler) n’en est pas pour autant une nécessité. Pour ma part, je me consolerais des avis de ces intervenants de qualité qui ont particulièrement apprécié ce film et qui ont tous été très fiers (et reconnaissants) d’avoir participé à cette longue et passionnante aventure télévisuelle.
Dernier point : quand vous laissez penser que ce film n’est qu’une vague commande de circonstance, vous flirtez sans retenue avec le grotesque (qui ne tue pas plus que le ridicule, rassurez-vous). Ce film a été écrit en novembre 2017, mis en production au début du printemps et tourné l’été suivant. Le classement du savoir-faire grassois au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité ne nous a été confirmé que l’automne suivant, soit un an après l’écriture du projet et plusieurs mois après son tournage. Point de commande de circonstance donc et votre phrase fantasmée « Eh les gars, vous pourriez faire rapidos un docu sur les odeurs s’il vous plait ? » est donc en tout point risible. Autant que d’imaginer un responsable d’une grande maison de parfums, chopper deux jeunes nez stagiaires devant la machine à café et leur lancer à la cantonade « Eh les gars, au lieu de glander devant votre cappuccino, vous pourriez pas me pondre vite fait une eau de toilette qui évoque la déforestation en Amazonie ou la réforme des retraites S’il vous plait, c’est d’actu ! ». Ce paragraphe empreint d’humour (involontaire ?) qui dénote votre méconnaissance totale et candide du fonctionnement de la production TV aura au moins réussi à me faire sourire et je vous en sais gré. Mais nous savons depuis longtemps que ceux et celles qui parlent le plus (souvent en mal) de la télé sont ceux et celles qui la regardent le moins. Quel dommage pour vos lecteurs et lectrices que vos appréciations à l’emporte-pièce et quelques grosses bêtises gâchent la qualité d’un article dans lequel vous faites pourtant un résumé conforme et honnête du propos de ce film.
Sachez, pour conclure, que ce documentaire n’était en rien destiné à l’élite de la parfumerie ou au gotha des blogueurs avisés, mais au public de France 3 dont je connais et respecte parfaitement la nature et les aspirations depuis trois décennies. Il faut croire que mon « mauvais » film a touché sa cible, car ce documentaire a battu un record « historique » d’audience sur cette case et qu’il a été vu lors de sa première diffusion pourtant tardive par plus de 175 000 téléspectateurs, qui ne se sont pas « endormis avant la fin », rassurez-vous.
Bien cordialement
Arnaud Gobin
Auteur réalisateur du documentaire « Sentir et Ressentir »
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Bonsoir à tous,
Je suis un peu consternée à la lecture de réactions aussi virulentes. Que l’un des réalisateurs du documentaire soit vexé de l’avis peu favorable de Jeanne, cela peut se comprendre. Question d’amour propre sans doute. Mais cela tourne au procès d’intention aigre, à une forme de lutte des classes haineuse que rien dans les propos de Jeanne ne justifie. Quelle tristesse ! C’est justement la force d’Auparfum que ses équipes- et pas seulement les participants au forum que nous sommes - donnent un avis personnel sincère, éclairé et étayé. Oui, M. Gobin, vous avez le droit d’être attristé par un avis peu élogieux mais vous répandre ainsi en pîques accusatrices pleines de morgue et entrainer le débat sur un terrain sociologique hors sujet, cela dessert votre propos et n’offre qu’une piètre défense à votre document. Acceptez la critique et soyez fair play. En ce qui me concerne, la façon détestable dont vous vous défendez me fait perdre toute envie de regarder votre film. Avant que vous n’affûtiez vos couteaux à mon endroit, je précise que j’habite un quartier populaire, ai grandi et travaille dans le 93 ...
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