Satine
Lalique
Noeud-noeud meringué
par Juliette Faliu, le 7 avril 2014
“Satine est un parfum de séduction intensément moderne, à l’image de la femme qu’il dessine : entre gourmandise et addiction, il entraîne irrésistiblement dans son sillage ceux qui l’approche.”
A la lecture de cette phrase tirée tout droit du dossier de presse (on aurait aussi pu citer : “Plutôt que de rêver sa vie, Satine préfère vivre ses rêves”), il n’est presque pas nécessaire de vous énumérer les notes olfactives et de perdre du temps à tenter d’expliquer ce qui a mené la maison qui a su, un jour, sortir Perles et Encre Noire, à produire ce parfum.
Vous savez déjà de quoi il s’agit : un parfum sucré, gourmand, structuré sur un axe jasmin-fève tonka-patchouli-vétiver, sans âme, sans audace, façonné pour une hypothétique parisienne chic, toujours belle et radieuse et qui rencontre le succès dans tout ce qu’elle entreprend parce qu’elle est tellement jolie et sympa qu’on ne peut pas faire autre chose que l’aimer. Femme qui n’existe donc pas bien sûr, et qui ne représente plus un idéal, en tout cas, pas dans la manière dont on nous la vend.
Alors, oui, ce parfum vous fera soupirer. Il vous fera soupirer parce qu’il ne propose rien et qu’il n’est là que pour assurer à la marque une présence sur le créneau des gourmands-roses-trop-mignons à destination des jeunes femmes urbaines d’aujourd’hui, qui ne savent tout simplement plus (ou pas), ce que veut dire “être féminine” autrement qu’en forçant l’amalgame olfactif entre leur odeur et celle d’un bonbon à la fraise / d’une pâtisserie à la crème. D’ailleurs, à l’image de plusieurs autres lancements récents (comme Honey de Marc Jacobs pour ne citer que lui), la fragrance choisie pour illustrer le nom/concept de ce parfum est un gâchis. Comment un tas de sucre glace amandé posé un bouquet fleuri qui n’en a que le nom pourrait-il représenter, même de très loin avec des jumelles, la sensation douce, lumineuse et délicate du satin ? Une fois de plus, on sent encore ce pauvre patchouli, à l’article de la mort, qui tente in extremis, de nous souffler ses dernières volontés… Ah mais non, le malheureux a la bouche pleine de pâte d’amande…
Je suis probablement un peu sévère avec ce lancement, car s’il est ahurissant d’ennui et pas loin de l’écœurement (la tenue et la diffusion sont très bonnes), il a le mérite de dégager une certaine sensation de qualité. Sur l’échelle de la qualité du sucre (et nous somme bien d’accord que cette échelle le place, d’office, en bas de l’échelle de la qualité générale), on peut lui donner un 9,5 sur 20, pour la jolie fève tonka qui réussit à jouer des coudes au milieu de cette sensation poudreuse de sucre glace. On peut aussi le féliciter pour l’absence (Hourra !!) de notes fruitées sirupeuses qui l’aurait dans ce cas fait dégringoler à 2 sur 20, juste devant notre splendide Le Bégin-Say national (copyright Opium). Dans son genre un peu tarte et cul-cul la praline, Satine aurait presque pu être une alternative “un peu moins mauvaise” pour le premier parfum de Repetto, qui lui, malheureusement, n’a pas grand chose pour être sauvé.
En conclusion, Satine, dans son genre, n’est pas affreuse. Mais elle reste un lancement opportuniste de plus, sans réel propos, et évidemment dépourvue de toute émotion créative. Il vient donc alourdir le moral déjà pas bien vaillant des passionnés de parfums, qui continuent de se demander, lancement après lancement, si c’est bien ça, la parfumerie aujourd’hui.
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par Farnesiano, le 10 avril 2014 à 10:35
Ma curiosité attisée par le billet de Poivrebleu, je suis allé sentir cette fameuse Satine. M’attendant à être déçu, j’ai découvert une jolie petite senteur accrocheuse (un peu trop... voire racolleuse ?) mais dont le minois mutin m’a conquis et s’est même employé, des heures durant, à vouloir me conquérir davantage, mon écharpe deux jours après en est la preuve. C’est un peu comme le cinéma : des amis chers descendent en flèche le dernier Lars Von Trier, et finalement vous ne le trouvez pas si mal. Satine joue tous les fronts de la séduction via l’amande, le sucre impalpable ou le talc pour " mon bébé chéri ", la fève tonka, quelques petites fleurs jaunes et blanches par ci, par là... mais j’aime ce fond sec de vieille poudre de boisée. On est très loin ici des belles Perles ou de l’unanime Encre ; on serait plutôt sur la route du beau Tonka de Réminiscence. Pas ma gamme préférée, j’avoue, mais je ne peux que saluer encore Nathalie Lorson pour cette création nettement au-dessus de la grande majorité des sorties actuelles. Et laissons à cette Satine au mignon flacon rétro, le temps de s’imposer. Je la re-sentirai, sur peau cette fois.
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par Poivrebleu, le 10 avril 2014 à 12:56
Bonjour Farnesiano,
Merci pour votre avis éclairé, je suis contente de voir qu’il a tout de même su séduire. C’est ce que j’ai essayé de dire à la fin de l’article. Satine est tout de même moins mauvais que certains autre opus de la parfumerie ces derniers temps, qui lorgnent sur le plateau de bonbons, et même plonge dedans sans remords... Mais j’avoue qu’il m’a ennuyé, parce que j’ai retrouvé ce schéma classique de jasmin-fève tonka-vétiver-patchouli-caramel qui est juste d’un ennui mortel. Et il m’a aussi vraiment trop envahie, trop présent, trop compact et trop nourrissant (impossible de manger avec ça sur le poignet).
Il n’est donc pas raté en effet, juste pénible et trop attendu.
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par Farnesiano, le 11 avril 2014 à 13:18
Bonjour, Poivrebleu. En fait, Satine au nom accrocheur mais peut-être pas idéal pour cette senteur-là, fera pour moi partie de ces innombrables parfums que j’aime croiser mais que je ne porterai pas ni n’achèterai jamais. Longue liste que je ne dresserai pas ici, ce serait trop pénible , et d’un ennui mortel ;-) Bon week-end !
par Jean-David, le 8 avril 2014 à 21:21
La Parisienne chic, toujours belle et radieuse n’est pas hypothétique ; elle porte un nom : Poivre bleu !
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par Poivrebleu, le 9 avril 2014 à 16:46
Bonjour Jean-David,
Mon dieu je suis flattée et toute rouge maintenant...
Merci beaucoup :)
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par Jean-David, le 10 avril 2014 à 09:54
Qu’un grain de poivre bleu rougisse (pour un compliment mérité) n’est pas le moins... piquant de notre correspondance blogosphérique. Quant à moi, je m’auto-proclame président du fan-club de Piper Caeruleum !
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Satine est un gourmand, certes, mais mignon, pas écoeurant. Le nom peut effectivement induire en erreur.
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