Auparfum

Comme des garçons : surf, savon, musc et cannabis

par Jessica Mignot - Jeanne Doré, le 15 décembre 2021

Nous n’avions pas parlé de la marque depuis quelque temps, mais ses lancements n’ont pas cessé pour autant. Cette année, cinq nouveautés ont vu le jour, qu’il nous fallait évoquer avant que celle-ci ne s’achève !

Fondée en 1973 par Rei Kawakubo, Comme des garçons nous a habitués à des compositions réussies, à la fois travaillées et anticonformistes. Aujourd’hui, la maison compte plus de 70 créations, issues des idées insufflées par le directeur artistique parfum Christian Astuguevieille, mais aussi de partenariats et de collaborations diverses, comme avec le magazine Monocle (dont font notamment partie Hinoki et Sugi), ou encore avec le Théâtre du Châtelet.

Ainsi, la collaboration avec Stüssy, marque de vêtements du surfeur californien du même nom, a donné naissance en février dernier à une création nommée Stüssy Laguna Beach, qui « capture l’état d’esprit, l’essence, et le mode de vie » de cette plage. Mousse, cèdre Atlas, accord fraîcheur marine et fleurs blanches lumineuses confèrent une « force vibrationnelle relaxante » au parfum.

On reste en Californie avec Erl Sunscreen, sorti en juillet, issu d’un travail avec Eli Russell Linnetz, fondateur de la marque de vêtements Erl. Signé Nelly Ruiz Hachem d’IFF, il « évoque le souvenir fugace d’un été nostalgique », entre peau salée, air iodé et plage de Venice Beach. L’ouverture solaire et hespéridée laisse place à des notes de muguet, d’héliotrope et de pêche, avant de s’adoucir sur un lit de musc, de cèdre, et d’accord noix de coco.
Le packaging en édition limitée, pensé par Eli Russell Linnetz, met le flacon de verre en suspension dans une capsule gonflable. Un étui de protection en mousse, qui flotte dans l’eau, est également proposé.

En septembre, Comme des Garçons nous offrait une ode olfactive à Marseille, composée par Quentin Bisch de Givaudan, et inspirée d’un poème de Romain Eugène Campens sur la cité méditerranéenne. Côté pyramide olfactive, la marque annonce une ouverture savon de Marseille et néroli, un cœur floral construit autour de l’accord Pétalia - aux facettes de rose et de litchi - et une « overdose d’Ambrofix » en fond, mêlé aux notes musquées et poudrées de la Cosmone.

Avec Mirror en septembre toujours, la marque japonaise signait le premier parfum de KAWS, nom d’artiste de l’américain Brian Donnelly, à l’univers pop. Nicolas Beaulieu d’IFF a créé un floral musqué, où le curcuma et le néroli côtoient l’absolue de fleur d’oranger et un accord propre. En fond, la marque revendique benjoin, Cashmeran et Sinfonide, un synthétique à la fois ambré, poudré et musqué. Le dessin sur le flacon est une référence à l’un de ses personnages iconiques, Companion.

Enfin, sorti en novembre, Ganja, au nom évocateur, a été créé par Caroline Dumur d’IFF. Avec cet herbacé boisé, la marque promet « une évasion et une stimulation sensorielle », qui dresse un parallèle entre l’urbain – évoqué par le design du flacon de Rei Kawakubo – et l’extrasensoriel – par la composition. Après l’ouverture épicée de poivre noir et de cumin, la parfumeuse joue sur un accord cannabis et des absolues de maté et de lentisque. En fond, gaïac, oliban et patchouli confèrent une structure boisée à l’ensemble.

Eau de toilette Stüssy Laguna Beach, 76 euros /50 ml
Eau de toilette Erl Sunscreen, 90 euros /50 ml
Eau de toilette Marseille, 69 euros/30 ml, 85 euros/50 ml
Eau de toilette Mirrors, 85 euros/100 ml
Eau de parfum Ganja, 57 euros/30ml

Premières impressions

Après une période de calme, la marque n’a jamais été aussi prolifique que cette année. Les six créations ont toutes leur personnalité, dans des directions très variées, il y en a donc pour tous les goûts.
Mention spéciale à Ganja, qui propose une interprétation très figurative, mais néanmoins très parfumistique du cannabis : camphrée, épicée, fumée, résineuse, elle est assez bluffante de vérité.
La retranscription du savon de Marseille est également réussie, même si elle évoque davantage un savon liquide, ou une lessive, aux effluves de citronnelle, musqués, aldéhydés et rosés, qu’un savon brut à l’huile d’olive, c’est un joli parfum accessible, à porter lorsqu’on a juste envie d’une sensation propre et minimaliste.
Erl Sunscreen ressemble à un teen-movie californien : tube de crème solaire à la main et ice-cream à la vanille dans l’autre, overdose de noix de coco et de notes de fleurs blanches lactées sucrées. Gourmand et girly.
Mirrors évoque quand à lui un univers enfantin très doux et propre, à traver le néroli poudré et musqué, avec quelques touches boisées et épicées. Discret et apaisant.
Enfin Stussy Laguna Beach est sans doute le plus déroutant : ozonique, marin, aldéhydé, métallique, laiteux, il rappelle un peu l’accord étrange de Sécrétions magnifiques, par sa raideur froide et artificielle, tout en évoquant une dimension organique un peu troublante. J.D.

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