Myths Woman
Amouage
Foison d’or
par Alexis Toublanc, le 28 novembre 2020
Une création poétique, abstraite et foisonnante d’idées autour d’une chimère florale et des facettes végétales.
Avec l’expérience, le parfum tend à perdre le pouvoir évocateur qui marque les premières rencontres. Le nez décortique, s’attarde sur les ficelles de la création, sur les filiations... et oublie finalement de ressentir le parfum tel qu’il est dans sa forme entière.
Ce constat, Myths Woman le rappelle pour mieux le déconstruire. Car voilà une création qui vous prend aux tripes. Elle ne s’attarde pas dans les méandres analytiques du cerveau ; elle convoque des images fortes et difficiles à disséquer au premier abord. Pour l’appréhender, il a fallu s’attacher à un détail, reculer, puis découvrir l’ensemble du tableau, comme le ferait un zoom arrière tout droit venu de Barry Lyndon.
On y devine alors une création abstraite, poétique et foisonnante d’idées, qui permet à chacun d’y trouver son bonheur selon ses propres sensibilités. On pourrait vous parler de notes vertes et ozoniques, d’impressions floues de terre, de chair et de la lourdeur électrique de l’été ; d’une feuille de basilic chauffée froissée, de grains de sésame torréfiés et de l’odeur d’une fourrure laissée à l’abandon sur l’accoudoir d’un vieux fauteuil ; ce ne seraient que quelques clefs d’entrée parmi tant d’autres. Toutes ces idées s’arrangent autour d’une chimère orale venue d’ailleurs, où s’articulent des facettes végétales, animales, parfois même en dehors de toute réalité. Il est d’ailleurs intéressant de constater que le parfum invoque un univers diablement naturel et sensitif « fleuri vert animalisé » sur le papier, alors que sur la peau, il est d’une abstraction étonnante : parler de fleurs, de bêtes et d’eau finit par être un raccourci par trop simpliste. Après ces nombreuses images, un seul conseil : posez-vous. Myths Woman renvoie presque à la contemplation avec sa capacité à capter une attention que l’on aurait pu délaisser avec le temps. Il faut le sentir paisiblement, se laisser aller au bonheur le plus simple du parfum : se faire plaisir avec son nez.
Eau de parfum 275 euros/100ml.
Cette critique est parue initialement dans le 2e numéro de Nez, la revue olfactive
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par Adina76, le 8 décembre 2020 à 12:19
Bonjour à tous,
Voilà quelque temps que je porte Myths woman et c’est l’un des parfums les plus étranges et originaux que je connaisse. Les premières notes sont incontestablement vertes et fleuries, puissantes mais ce n’est pas le moins du monde un bouquet floral ensoleillé ou féminin comme nombre de parfums fleuris peuvent clairement l’être. Non, l’impression est surtout verte, froide, quasiment minérale et très rapidement soutenue par des notes de cuir, de mousse qui réchauffent et chyprent le tout. J’ai mis longtemps j’avoue à identifier la jacinthe qui pourtant illumine la composition d’un trait quasiment vert clair fluo pendant la première heure. Puis elle se calme et se range bien à sa place dans cette création automnale moussue où les fleurs au parfum sourd sont narcisses, œillets et parait-il chrysanthèmes (jamais remarqué que ces dernières aient un quelconque parfum !). Si je devais mettre des couleurs sur Myths, ce serait vert de gris, avec toutes les nuances plutôt claires de vert, tacheté de blanc, de noir, de beige rosée. L’éclatant flacon violet dégradé fuchsia lui offre un écrin aux couleurs complémentaires, avec un bouchon bijou rappelant les origines orientales d’Amouage. Superbe. Au fil des heures, toute cette verdeur, soulignée par les feuilles de violette et les mousses perdure et continue son jeu d’équilibriste avec les notes de patchouli, de cuir. Tantôt ce sont les unes qui l’emportent tantôt les autres. L’œillet se fait vert lui aussi, effaçant toute note poudrée. La tenue du parfum est irréprochable, le sillage bien présent. Myths a aussi la particularité de réveiller en moi le souvenir des lointaines années 70 où les fragrances vertes et chyprées ont connu leur heure de gloire. Cette évocation n’est d’ailleurs pas toujours plaisante : enfant, j’avais presque la nausée quand surgissait dans les trains que j’empruntais souvent avec mes parents cette odeur de skaï usé, un peu amère, mêlée à celle épouvantable de tabac froid. Cette sensation déplaisante durait pour moi plusieurs jours, bien au-delà de mon voyage. Cette amertume, je la retrouve un peu dans Myths mais fort heureusement sans qu’elle me soit aujourd’hui désagréable. La première fois que j’ai senti ce parfum, il m’a fait penser à Miss Dior dont il reprend, décompose et recompose les notes, mais sans le velouté fabuleux de son illustre aîné. Myth me semble pourtant être bien dans cette lignée tout en réinventant magistralement le genre. Les notes qu’il laisse sur les vêtements sont simplement magnifiques. Étrange, déroutant, au bout du compte totalement addictif comme le sont pour moi les vrais chypres, ma famille olfactive préférée ... voilà le type de parfum qui révèle de nouvelles facettes tout au long de la journée. Mouvant, émouvant, c’est un vrai chef-d’oeuvre. Un grand merci à Alexis et Auparfum de lui avoir consacré cette critique.
par Farnesiano, le 28 novembre 2020 à 14:08
Merci, Alexis, pour cet article plutôt bref mais qui fait le tour de la question.
Inutile de s’attarder dans de longues explications, analyses et "décompositions" du parfum évoqué : Myths est une expérience, un cheminement, une vraie rencontre et un pur et jouissif bonheur.
Attention, chef-d’œuvre !
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par bh59, le 29 novembre 2020 à 23:12
Totalement conquis par cette expérience parfumée .
Le mot qui, selon moi résume le mieux cette fragrance est "Contemplation"
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L’arrière-saison, humide et fraîche, lui convient idéalement. En le portant j’ai l’impression de m’enfoncer, bottes de cuir aux pieds, dans l’obscurité d’un bois mystérieux envahi par la mousse et habité autrefois par de vieux druides.
Aucune clairière en vue mais un sentier sinueux traversé parfois par une source, me mène, entre feuillus, conifères et rares fleurs sauvages, vers une belle demeure où m’attend la promesse de plaisirs inconnus.
Parfum vert sombre, aussi mouvant et imprévisible que souple et racé, Myths Woman me trouble et me plaît chaque fois davantage. C’est là le signe d’une grande création, non ? qui en outre illustre à merveille le mythe et le pouvoir d’envoûtement du chypre vert.
Pour aller plus loin dans cette direction, je recommande, en moins élégant, plus brut et aussi plus difficile à porter, Chypre Mousse d’Oriza L. Legrand... à condition toutefois d’apprécier l’odeur si automnale et très terroir du champignon.
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