Les cabines d’essayage olfactives de Philippe Di Méo au salon Tranoï
par Clara Muller, le 28 janvier 2016
Cette année le salon de mode Tranoï accueillait pour la première fois un espace dédié à la parfumerie de niche. Au coeur de cet espace se trouvait une installation olfactive de Philippe Di Méo. Scénographe et designer, ce dernier est notamment connu pour sa marque Liquides Imaginaires et son implication dans différents projets artistiques incluant le parfum.
- © Philippe Di Méo
Au coeur du salon Tranoï, cinq cabines d’essayage olfactives exploraient ainsi ce qui unit la mode et la parfum : le travail des matières. « La matière est vraiment importante pour moi, c’est le point de départ de la forme qui va suivre » explique le designer. Étaient donc mises en scène plusieurs matières utilisées dans la mode avec leurs retranscriptions olfactives créées par Nadège Le Garlantezec et Quentin Bisch sous la direction de Florence Pras de la maison de composition Givaudan. Pour David Frossard [2], acolyte de longue date de Philippe Di Méo, ce type de projet permet de « libérer la créativité du parfumeur » puisque celui-ci n’est plus bridé par la moindre restriction commerciale.
La disposition des cabines a été réfléchie pour aller des matières les plus brutes et ancestrales, le lin et le cuir, jusqu’à la plus technique, le néoprène, en passant par les matières les plus raffinées, comme le cachemire et la soie.
La retranscription olfactive du lin était matérialisée par un accord musqué et minéral, légèrement râpeux, composé d’ambrette, d’iris, de vétiver, de patchouli, de mousse de chêne et de muscs blancs, et évoquant des étoffes en toile de lin brut.
Le cuir végétal, c’est-à-dire un cuir animal mais traité avec des tanins végétaux, a été traduit par des notes boisées de cyprès, cèdre, bois de gaïac, cashmeran, mousse de chêne, patchouli et des notes animales et cuirées comme le suédéral, la base Animalis ou le ciste.
La soie sauvage a été imaginée glissante comme une caresse olfactive, à la fois lumineuse et hespéridée, avec un départ de bergamote, mais aussi douce et sinueuse, avec le bois de santal, l’ambrette et les muscs.
Le cachemire blanc s’est intéressé à la fois à l’origine de cette matière avec une nette odeur de laine de mouton évoquée par le costus, et jouant sur une sensation de contact avec la peau, de cocooning, avec des notes d’iris, de safran et de muscs.
- © Philippe Di Méo
Le néoprène marin, enfin, évoquait le pouvoir des matières synthétiques en parfumerie avec un accord plastique, éthéré et goudronné, aux allures de fleur étrange : aldéhydes, paracymène, bourgeonal, styrax et folrosia.
Chaque visiteur pouvait ainsi pénétrer dans la cabine, vaporiser dans l’air et sur les tissus habillant les parois chaque parfum contenu dans un flacon suspendu, afin de s’en imprégner. « On pénètre dans la cabine, on s’y assoit et on ressort vêtu de l’odeur » explique Philippe Di Méo.
- © Philippe Di Méo
Ces cabines d’essayage évoquent un peu des caisses de transports de marchandises dans lesquelles voyagent les matériaux bruts. Elles rappellent aussi les cabines en bois mises à la disposition des visiteurs du Van Gogh Museum d’Amsterdam par l’artiste espagnole Alicia Framis pour leur éviter le syndrome de Stendhall, cette "overdose" d’art qui provoquerait des évanouissements. Comme les Stendhall Syndrome Pavilions, les cabines de Philippe Di Méo sont des lieux d’isolement provisoire et d’intimité au milieu de la foule.
[1] Propriétaire du distributeur Différentes Latitudes, de la marque Frapin et de la boutique Liquides à Paris.
[2] Propriétaire du distributeur Différentes Latitudes, de la marque Frapin et de la boutique Liquides à Paris.
par Belle du seigneur, le 17 février 2016 à 12:44
C’est intéressant, il n’y a aucune réaction sur cet article. Je ne sais moi-même pas trop quoi en penser. Mais je me demande justement ce que ce silence signifie. Est-ce que, dès lors que l’on ne parle pas du parfum avec sa composante cosmétique (au sens large), il perd en quelque sorte son registre ?
Ces cabines d’essayage olfactif ne m’évoquent rien. Peut-être une attraction sympathique si j’en croisais une ; mais pas vraiment une expérience, finalement. Du coup, les avez-vous essayées ?
Quelqu’un aurait-il un avis sur ce sens - ou peut-être sur ce défaut de sens ?
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