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Le Participe passé

Serge Lutens

Flacon de Le Participe passé - Serge Lutens
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Pin de sucre

par Clément Paradis, le 14 janvier 2021

Voilà un Lutens qui souffle le chaud et le froid, comme un choc de matières brutes, en bloc, avec quelque chose d’insaisissable.

Cuir mauresque, Santal de Mysore, Arabie… Il y a une vingtaine d’années, les parfums de Serge Lutens parlaient d’ailleurs lointains ou rêvés. Ils tissaient la géographie imaginaire qui a contribué à façonner la « niche », cette parfumerie qui a refusé de vivre uniquement des codes contemporains de la publicité.

Ces dernières années les territoires romantiques de Lutens se sont cependant étiolés en échos biographiques, narrant la jeunesse du créateur de parfum, depuis Santal majuscule, censé évoquer les lettres tracées sur les cahiers d’écolier, jusqu’au récent Fils de joie et ses souvenirs de l’ambiance interlope des cafés lillois.

Le Participe passé prend place dans cet exposé cryptique dont on ne sait pas toujours qu’attendre olfactivement : l’oncle Serge aime nous perdre. Aura-t-on cette fois un hommage aux parfums d’une autre époque ? une récapitulation du style Lutens ? Eh bien non. Certes, les parfums de la maison savent toujours rappeler leur filiation avec leurs prédécesseurs, mais ce Participe passé n’a rien d’un clone. Disons plutôt qu’il a deux parents bien identifiables : Chêne et Fille en aiguilles.

Du premier, il hérite ses notes d’immortelle réglissée et de bouleau légèrement pyrogéné. Du second, on retrouve le pin, quelques fruits secs, et un certain goût pour la surdose. Mais Chêne était un exercice de naturalisme patiné et Fille en aiguilles un assemblage incongru, à l’équilibre frémissant, avec des effets de sève et de sapin baumier qui trainaient en longueur, étendus jusqu’à ce que les fruits confits et les épices ne les rejoignent depuis le fond de la composition. Leur fils légitime ne fait au contraire ni dans la patine ni dans la vacillation.

Dans ce Participe passé, Christopher Sheldrake a reconstruit le souvenir de ses précédentes créations, en a assombri les traits et retravaillé la matière au couteau. Ici, tout est compact et dense, à commencer par l’immortelle qui charpente la création, alternant entre réglisse et feu de bois, calcinant la mousse de chêne et le patchouli. Le pin se fait plus résineux, les fruits portent un duvet de pot-pourri et les facettes aldéhydées qui ouvrent la composition, éprouvées depuis La Myrrhe, s’évanouissent dans le miel et les épices qui la replient sur elle-même dans un effet de café torréfié.

Voilà un Lutens qui souffle le chaud et le froid, et se présente finalement comme un choc de matières brutes, en bloc. Tantôt rêche, tantôt bouillonnant, il dégage dans le temps des effluves de cassonade fondue, cristallisée au fond d’une casserole oubliée. Infusion d’immortelle dans une forêt de conifères loin de la civilisation, le Participe passé a quelque chose d’insaisissable ; son brutalisme en fait une fragrance que l’on s’approprie ces jours où l’on se sent une âme de forestier en week-end, de trappeur repenti. À d’autres moments, il ne passe plus, on le voudrait plus contenu, moins taillé à la serpe, mais il n’y a peut-être là rien de surprenant : le participe passé, on ne sait pas toujours comment ça s’accorde.

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gladys39

par gladys39, le 2 juin 2022 à 13:13

Bonjour,

Je viens de le recevoir en decant

Je l’adore

Il a un côté poivre.

Je ne perçois pas le cote fille en aiguille

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par bh59, le 15 janvier 2021 à 15:51

Merci pour votre belle description.
Effectivement on sent et ressent l affiliation, avec chêne et fille en aiguilles.
Cependant à la différence de ses "ascendants" si je puis dire, je le trouve quelque peu fugace...

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Frédéric

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