Industrie : les grands groupes de parfumerie à l’abordage de Pirate Parfum
par Dominique Brunel, le 11 février 2014
Il est souvent question sur auparfum de marketing du parfum et de ses coûts exorbitants, souvent engagés aux dépens de l’aspect créatif. Si nous ne faisons qu’en parler, d’autres ont décidé d’agir... pas en se passant de marketing (pour le coup, il est bien assez senti), mais de recherche créative.
Pirate Parfum écume le web depuis 2011 et propose, "à des prix discount" des parfums fortement inspirés des marques ayant Nociphorionnaud sur rue... Inspirés ? A vrai dire, non : carrément copiés.
Et c’est là que le flacon blesse pour quelques groupes qui attaquent la société franco-italienne pour contrefaçon de marques et concurrence déloyale et parasitaire.*
Pirate-Parfum, dans le communiqué de presse qui nous est parvenu aujourd’hui, se défend de copier, assurant plutôt ne proposer [que] des parfums possédant les mêmes ingrédients principaux que les grandes marques à un prix compétitif.
L’exercice d’équilibriste semble bien risqué. Pirate Parfum ne comparerait pas ses parfums à ceux des marques, mais ne ferait que mettre en regard les ingrédients servant à leur composition respective, en n’utilisant lesdites marques qu’à seule fin de comparer les propriétés spécifiques du produit qu’il propose avec celles des parfums des grandes marques. Et de poursuivre qu’il "n’indique en aucun cas une correspondance exacte avec les parfums des grandes marques."
Tout ceci, donc, ne relèverait que "de la publicité comparative d’ingrédients et de famille/ sous-famille olfactive ; point totalement légal en Europe et en France".
Alors, sur auparfum, nous ne saurions bien sûr à la fois louer le travail des parfumeurs et adhérer à la démarche de Pirate Parfum... cela dit, les marques ne se tirent-elles pas une balle dans le pied en pratiquant des prix souvent rédhibitoires pour des parfums dont la qualité laisse à désirer ?
La porte est plus qu’ouverte à ceux qui voudront proposer aux amoureux des parfums un peu de luxe pour pas cher... excusez l’oxymore.
Le jugement devrait être rendu aujourd’hui 11 février. A suivre.. très vite !
* Malheureusement, le nom des 20 grands groupes en question, évoqués par Pirate Parfum, n’est pas précisé dans le communiqué.
- Le site de Pirate Parfum
- Voir également notre article Le parfum comme oeuvre de l’esprit ? Pas pour 2014 !
par Ankalogon, le 12 février 2014 à 11:50
Les parfums proposé par Pirate Parfum ne sont pas dans mes goûts, cela étant le jours ou il y en a je testerais sans aucune forme de complexe.
La parfumerie (sauf singularité) c’est de l’industrie, qui en tant que tel réduit les coûts de production au minimum pour un maximum de dividende.
Voyons quelques références au hasard :
Chez Bernard Arnault
Bois d’Argent 125 ml 90 € en 2007 et 210 € en 2014,
Grey Flannel 120 ml 71,50 €.
Chez allbeauty.com
Grey Flannel 120 ml 17,12 € (ok pour le verbiage boutique, vendeuses, décoration)
Chanel Coromandel 200 ml, 180 € en 2007, 250 € en 2014
Chanel Antaeus 100 ml 300 Fr (46 €) année 90, 84,90 € en 2014
Et les imitateurs :
Dior Granville ou Penhaligon’s Blenheim bouquet
Byredo Green ou Geoffrey Beene Grey Flannel
Etc.
Les boniments sur la rareté, les nez, etc, vous y croyez toujours...
par Nymphomaniac, le 12 février 2014 à 00:25
S’ils peuvent faire un "Oud Velvet Mood Replicate" pour 125 € au lieu de 275 €, je suis preneur !!
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par Ankalogon, le 12 février 2014 à 10:43
Pour être au niveau de www.pirate-parfum.fr, 30 € est est une somme plus juste.
par Frédéric, le 11 février 2014 à 22:16
Quelqu’un à déjà eu l’occasion d’essayer leurs créations à ces pirates parfumés ?
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par Poivrebleu, le 12 février 2014 à 12:29
Bonjour Frédéric,
J’ai effectivement eu l’occasion de tester une partie de leurs produits. J’en avais d’ailleurs fait un article (avant de les sentir cependant) : http://poivrebleu.com/2011/08/12/pirate-parfum-debat/.
Ma position sur cette maison n’a pas vraiment changée, je ne suis pas d’accord avec leur démarche que je trouve filoute et malhonnête, mais d’un autre côté, j’ai envie de dire "Bien fait pour vous" à tous les industriels qui mettent bien trop d’argent dans leurs publicités plutôt que dans leur flacon, et qui sont, encore une fois, incapables de se fédérer.
Mais pour ce qui est du résultat, très honnêtement, force est de reconnaître qu’ils font bien leur métier de copistes. J’ai senti pour ma part l’équivalent du N°5 et du Jean-Paul Gaultier Classique. Les copies se sont basés sur la formule EDP du N°5 et EDT du Classique. Les deux étaient très satisfaisants du point de vue de l’illusion, sans y prêter une grande attention, on pouvait n’y voir que du feu. Donc pour 30€, on peut s’en sortir avec un joli dupe de son parfum favori. Mais bon, à croire que je ne me sentais vraiment pas à l’aise avec cette vision et cette conception des choses, j’ai offert les 2 flacons à des membres de ma famille, car je ne voulais pas garder cela chez moi. C’est comme si je cautionnais en partie leurs agissements et cela me semblait impossible.
Mais donc soyons clair, il ne s’agit pas simplement de proposer des produits avec les "mêmes ingrédients principaux" puisque la marque précise bien qu’elle dispose d’une équipe de "nezs" aux connaissances aromatiques de "haut vol" et assure pouvoir tenir la comparaison puisqu’il est possible de se faire rembourser si le produit ne vous plait pas. Ce service est proposé à la fois comme outil marketing (le client se dit que si ce service est proposé, c’est que les vendeurs sont vraiment sûr de leurs produits et est ainsi plutôt incité à les croire sur parole), et à la fois parce que les produits tiennent effectivement la route. La copie en parfumerie existe, et c’est d’ailleurs ainsi que l’on commence par apprendre le métier de parfumeur, en faisant des copies !
Un point en revanche qui me fait doucement rigoler, et qui prouve que Pirate-Parfum s’adresse à une frange de la population qui n’achète pas (ou ne peut pas acheter) de parfum, est la question de la liberté des essences : les essences n’appartiennent à personne disent-ils. Les naturelles oui. Et on ne mentionne que celle-ci sur le site de Pirate-Parfum. Or, toute personne qui s’intéresse un peu au parfum et qui connait son métier sait très bien qu’il en est autrement dans les laboratoires, les parfumeurs pirates n’arriveraient jamais à leur but sans les matières synthétiques, qui elles, ne sont pas toutes "libres". Bien sûr, certaines sont depuis longtemps tombées dans le domaine public (comme la coumarine, l’héliotropine, la vanilline...), mais le résultat est le même : chez Pirate-Parfums, on vous ment pareil que dans les grands groupes. Vous n’êtes que des pigeons aveuglés par l’aspect pécuniaire des choses, et on a bien l’intention d’exploiter ce filon là à fond ! Quitte à vous raconter tout un tas de bobards comme pour tous les autres produits industriels du monde. On s’en fiche, et de toute façon vous serez content. (Rire machiavélique)
Bref. Je suis contente que les industriels se soient bougés les fesses pour faire entendre leur voix et leur position. La décision ressemblera, à mon avis, à celle qui fut rendue à propos de Lancôme dernièrement (voir https://auparfum.bynez.com/le-parfum-comme-oeuvre-de-l-esprit-pas-pour-2014). On demandera sûrement à Pirate-Parfum de cesser leurs activités, mais il ne sera probablement pas question de protection, de droit d’auteurs et d’oeuvre de l’esprit. Et si les pirates se défendent bien, il n’est pas exclu qu’ils remportent la bataille, ce qui ne serait qu’un soufflet mérité de plus dans la face de cette industrie. Peut-être d’ailleurs qu’une victoire des Pirates pourrait être salvatrice pour la suite, même si je n’y crois guère.
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par François, le 12 février 2014 à 13:23
Bonjour Poivrebleu,
Je rebondis sur le test des parfums "Pirate".
Je porte quotidiennement Shalimar en EDP et extrait, ce qui revient assez "cher" à l’année. Curieux, j’ai voulu essayer la copie chez Pirate Parfum (St Petersbourg).
Très sincèrement j’ai été désolé par cet achat. Leur parfum ne sent (mais peut être est-ce mon nez le responsable) que l’odeur citron des lingettes rince doigts que l’on sert avec les plateaux de fruits de mer. Le citron (et non pas la bergamote pour le coup) est bien trop trop fort, horriblement acide et même sur peau, je ne l’ai jamais senti évoluer, si bien que je ne connais toujours pas le fond du parfum.
L’odeur est tout simplement écœurante... Donc pour le coup, la copie est totalement ratée (je n’ai pas voulu en tester d’autres après cette mauvaise expérience).
J’ai toujours le flacon chez moi, intact, si ça intéresse quelqu’un au passage.
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par barmassa, le 12 février 2014 à 18:25
Je ne crois pas trop au succès de pirate parfum , même si je lui en souhaite.La plupart des gens n’achète pas une fragrance mais une marque avec tout les symboles qui vont avec. Les grands groupes ne nous vendent pas un "jus" mais du Jude Law ou du Charlize Theron pour ne prendre que Dior en exemple.Si pirate parfum sortait un jus absolument identique à "j’adore",ce n’est pas sûr qu’il le vendrait, car madame, dans sa salle de bain, veut le flacon Dior, et non pas celui de pirate parfum (La honte si une copine entre dans la salle de bain !!)Mais si Pirate sortait un Amber absolute,absolument identique à celui de Tom Ford, à 35 € les 100 ml, elle ferait quoi, notre amie Juliette de Poivre bleu ?!!!
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par Poivrebleu, le 13 février 2014 à 22:50
Bonsoir Barmassa,
Le problème, à mon sens, c’est que Pirate Parfum ne cible pas la même cliente que les grandes marques. Elles peuvent se recouper et s’entrecroiser, mais le créneau de PP c’est bien de dire à la cliente qui a peu de moyens qu’elle peut avoir le même parfum que sa voisine de palier aux souliers Louboutin, et faire illusion, sans pour autant y laisser un bras. Ils visent aussi les consommateurs qui sont dans une situation de défiance vis à vis des marques (et qui ont parfois raison), et qui ont la sensation de se faire prendre pour des pigeons... Le tout dans une atmosphère un peu anarchiste de "à mort le système, nous ont est des vrais et on est sincère", ce qui, nous l’avons vu, est une vaste fumisterie.
Mais pour répondre à votre question, je dirais d’abord que Tom Ford est le champion de celui qui nous prends pour des pigeons. J’adore son univers et j’adore ses parfums, mais soyons honnête, il est trop CHER. Je suis sensible, de temps en temps moi aussi, car j’aurais tord de ne pas le reconnaître, à l’idée que je porte des parfums de marques ultra-admirables, à l’aura glamour et désirable. Mais ça ne décide jamais mes achats. Je ne rechigne pas trop à mettre de l’argent dans un flacon, même si je sais que je le paie trop cher, lorsque je sais que la maison respecte ses clients sur le plan de la qualité (olfactive et créative), ce qui n’est pas le cas de PP.
Au final pour Amber Absolute, très franchement, la formule ne doit pas être horriblement compliquée. C’est un beau labdanum encens, poudré, vanillé et un peu fumé. Mais s’il était refait par Pirate Parfum, je pense que ça me passerais un peu par dessus. J’ai la chance de pouvoir trouver mon bonheur dans une collection déjà assez dense, et je réussi à combler son manque sans trop de douleurs quotidiennes à vrai dire ^^ (mais si un jour il ressort, je pense que je n’hésiterai pas !)
Bref, ce que je veux dire, c’est qu’en parfum, il y a toujours moyen de se faire plaisir... et que la patience participe à se plaisir.
par Poivrebleu, le 13 février 2014 à 22:57
Bonsoir François,
Je suis contente que vous donniez un autre son de cloche, preuve que les copistes ne peuvent pas non plus tout copier... Et preuve aussi que parfois, mettre l’argent dans un flacon a du sens.
Je dois avouer que je n’ai plus avec moi les flacons comme je l’ai dit, donc je ne suis plus en mesure de faire la comparaison. Mon commentaire précédent n’avait pas pour but de défendre la qualité des parfums pirates, mais plutôt de dire que faire des copies qui tiennent la route, c’est possible en parfumerie, mais que cela n’a rien de louable ni de révolutionnaire, surtout lorsqu’on a rien inventé. Car même sur le plan marketing (qui existe aussi pour ces chers Pirates), ils ne font que reprendre un concept très largement utilisé dans d’autres domaines, comme celui de la mode avec Zara ou Asos, en le mixant avec le modèle économique du Web, éprouvé depuis plusieurs année. C’est malin parce qu’en parfums cela est nouveau, mais ça n’a rien de révolutionnaire ou d’innovant.
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par ancien membre, le 12 février 2014 à 13:21
C’est de la contrefaçon systématique, en série, personne n’est dupe. Je trouve cette démarche scandaleuse, et personnellement, je pense qu’un prix élevé ne peut cautionner ou légitimer, même en partie, une contrefaçon.
Dommage qu’il n’y ait pas une plus grande protection de la formule et du "rendu" d’un parfum. Comme Poivrebleu, l’énergie dépensée en marketing serait plus profitable à la recherche d’une reconnaissance... le problème est que les acteurs se copient, aussi, parfois/souvent(?), plus ou moins entre eux.
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