Estée
Estée Lauder
Les Classiques
- Marque : Estée Lauder
- Année : 1968
- Créé par : Bernard Chant
- Genre : Féminin
- Famille : Florale
- Style : Chic - Classique
Soap opera
par Aurélien Caillault (PoisonFlower), le 8 novembre 2013
En 1952, Youth-Dew avait créé l’événement avec sa fragrance orientale aussi puissante qu’innovante et par là même signé le véritable acte de naissance de la parfumerie américaine. Seize ans plus tard, Estée a la lourde tâche de lui succéder et plutôt que de tomber dans le piège de la surenchère, Lauder joue intelligemment la carte du contre-pied en proposant un fleuri aldéhydé on ne peut plus civilisé et conservateur.
Les aldéhydes donnent immédiatement le ton et érigent l’odeur d’un bon gros savon de toilette, doux et piquant, en parfum. Les notes qui suivent ne sont dès lors là que pour magnifier et accentuer cet aspect savonneux, véritable fil conducteur d’Estée, à commencer par les fleurs blanches (muguet, jasmin, lys, tubéreuse, ylang-ylang), légèrement épicées mais somme toute assez inoffensives. Et surtout la rose, moelleuse et pétillante, qui, de concert avec le fond poudré boisé (iris, mousse, santal) et musqué éminemment propre (là où les fleuris aldéhydés historiques utilisaient des notes animales à l’hygiène plus douteuse), rappelle les serviettes chaudes et parfumées offertes en début et fin de repas dans les restaurants asiatiques.
Estée n’est pas un parfum à proprement parler compliqué ou sophistiqué. Plutôt que de chercher à surprendre ou impressionner, il se préoccupe avant tout de traduire aussi simplement que possible l’élégance sans tapage de la femme Lauder, très WASP et un rien puritaine, à l’aide d’une senteur évoquant la beauté et la simplicité du rituel de la toilette.
Mais qui dit savon, ne dit pas uniquement hygiène, il y a également une dimension charnelle dans la toilette au savon à prendre en compte. Pour s’en convaincre, il suffit de revoir la scène mémorable de la douche érotique qui ouvre Pulsions (Dressed to Kill en V.O., 1980) de Brian De Palma, dans laquelle Angie Dickinson n’utilise pas sa savonnette que pour se laver ! On aurait donc tort de sous-estimer le pouvoir sensuel d’Estée.
Puisqu’il est question d’Angie Dickinson dans Pulsions, son personnage de femme au foyer quadragénaire bien comme il faut, aux brushing et tenues impeccables, a du reste des allures d’ambassadrice idéale pour Estée. Et si l’on assimile ce dernier à cette héroïne de cinéma frustrée sexuellement (sur qui plane l’ombre des blondes hitchcockiennes), qui profite de la visite d’un musée pour tromper l’ennui puis son mari, le parfum de Lauder sous ses apparences soigneusement policées devient d’un coup beaucoup moins sage et l’on en viendrait quasiment à lui trouver un côté sulfureux ! Sous la glace, il y a paraît-il souvent le feu. Et sous le savon ? Sans doute une bonne dose de luxure…
Avec son aura terriblement classique et bourgeoise qui ferait presque passer le 5 de Chanel pour un parfum de midinette, Estée n’est pas des plus faciles à porter. Mais sous ses airs raffinés un peu frigides, il ne demande en fait qu’à s’encanailler et à être réinventé. Il semble même parfois susurrer à celle (celui ?) qui le porte un "salis-moi !" tout à fait explicite !
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par Tamango, le 28 octobre 2018 à 08:37
Bonjour à toutes et tous,
Je termine mon " vieil " Estée (flacon ananas de la fin des années 1980) et la lecture du post de Bebop ne m’encourage pas vraiment à le commander dans sa version actuelle que je ne connais pas. Qui pourrait m’éclairer ?
Belle journée que je passerai pour ma part avec Sensuous.
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par Anna, le 28 octobre 2018 à 19:03
J’ai entamé mon dernier flacon ananas d’Estée et la suite m’angoisse. J’hésite d’en commander un nouveau depuis des mois.
par Bebop, le 4 mai 2018 à 18:06
Un de mes parfums préférés avec White Linen (l’original) que j’ai porté pendant des années. Lire les commentaires m’a donné envie de le re-porter, je viens d’en racheter un flacon, mais... j’ai l’impression qu’il a changé, il me semble que l’odeur de propre justement est devenue moins claire - je la détecte, elle est bien là, mais avec un je ne sais quoi qui s’y est rajouté qui la brouille un peu et qui me plait moins... c’est comme si l’odeur d’Estée que je connais arrivait après assez longtemps et pas complètement ; un peu de déception, en plus de celle du remplacement du si joli flacon d’origine, qui me faisait penser à un ananas et qui allait si bien avec la facette un peu suave que je lui trouvais. A moins que ce ne soit ma peau qui ne prenne plus les parfums de la même façon aujourd’hui... Je précise que je viens souvent me cultiver sur AuParfum, mais c’est la première fois que je laisse un commentaire car je n’ai rien d’une spécialiste - j’avais envie de laisser cette petite indication de petit désappointement. Peut-être quelqu’un de plus savant saura dire si c’est le parfum a changé ou si c’est moi (un tel parfum, je m’en voudrais d’être injuste !).
par billieH, le 17 mai 2015 à 13:15
Anna, grâce à toi, je porte Estée aujourd’hui. Je suis super fière de moi. Il y a quelques années je n’aurais pas pu le porter, trop "dame chic de la quarantaine". Bref un préjugé idiot. Deux solutions : le décaler ou le total look. Aujourd’hui, total look avec une robe à la Jackie Kennedy, manque plus que le chapeau (il fait pas assez beau et de toute façon je n’ai pas de chapeau). Irrésistible. Du savon, du beau, du propre. Et plus accessible pour moi que le N°5 avec lequel j’ai du mal !!
Et oui, il ne demande qu’à s’encanailler, j’ai vraiment senti ce côté là !!
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par Solance, le 17 mai 2015 à 13:28
Pour le côté élégant mais pas frigorifique, comme je le disais ailleurs, essaie le N°22 ;)
Et Allure aussi, moi je l’aime beaucoup (et c’est mon dernier craquage du mois, j’en avais envie depuis un an, j’attends le flacon acheté sur ebay qui doit m’arriver en milieu de semaine prochaine !) :) :)
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par billieH, le 17 mai 2015 à 14:30
Dis donc toi aussi tu craques... ;) il faut que je trouve le 22, pas facile depuis ma campagne plus que profonde. Allure, pas ma came, je l’ai porté à sa sortie mais j’ai refilé le flacon à une amie. À re tester...j’en ai peut être un mauvaise idée depuis le temps.
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par Anna, le 17 mai 2015 à 17:39
Ravie qu’elle te plaise. Je trouve aussi qu’elle est beaucoup trop propre pour être honnête. J’aime son extrémisme.
N°5 n’a jamais fonctionné chez moi ni sur moi non plus. Je le comparerais aussi avec Arpège, qui me va à merveille, probablement parce que il est bien plus boisé et moins animal. Encore une piste bien-comme-il-faut.
PoisonFlower, plus bas, a fait la parallèle entre N°22 et White Linen aussi. J’aimerais connaitre N°22 que pour cette raison.
par Solance, le 17 mai 2015 à 20:16
lol après plusieurs mois sans achat, oui, j’ai eu quelques craquages aux beaux jours, mais ils restent très raisonnables puisque la totalité n’atteint même pas la somme d’un flacon cloche des Salons du Palais Royal ^^
Si je peux me procurer 1 2e échantillon du N°22 lors d’une prochaine virée parisienne, je te l’envoie...
Allure est un parfum qui peut se révéler étouffant si on a le pschitt un peu lourd mais je le trouve élégant à petites doses ... La version edt est + soft mais moi j’aime même l’edp, celle que je viens de m’offrir...
par ana, le 13 novembre 2014 à 23:43
Aujourd’hui une ancienne vendeuse dans la parfumerie, et connaisseuse, m’a dit que je sentais incroyablement bon. Et elle ne voulait pas savoir ce que c’était...pour une fois j’étais disposée de partager mes secrets. J’étais la, dans mes Doc Martens et une casquette sur la tête avec une femme raffinée, bien comme il faut, en train de parler de vieux Guerlains, de reformulations et accessibilité des Lutens. Le pied !
par ana, le 3 novembre 2014 à 23:11
Estée a réussi de faire pétiller la mousse de chêne. Je trouve que des chyprés ont tendance d’être particulièrement élégants, intimidants même. Ici on est bien dans un floral savonneux, mais cette mousse est absolument merveilleuse. L’accord (plus) classique (tu meurs) fleurs-aldéhydes-bois la met particulièrement en valeur (je trouve). J’adore. Ça pétille comme un bon champagne bien frais dans la bouche. C’est joyeux et il n’y a pas beaucoup de parfums qui le sont. C’est festif aussi. Rien de compliqué dedans.
Je n’ai jamais accroché aucune version de n°5, je l’aime bien occasionnellement sur ma mère, mais je trouve Arpège, vintage au pas, bien plus intéressant. Il y a que moi qui lui trouve une note de cuir enchanteresse au fond. Au ma peau est vraiment bizarre ?
Et que Estée fait presque passer n°5 pour un parfum de midinette (quel mot hors de (notre) temps, bien vu !) me fait rire chaque fois sans faute. Merci, cher PoisonFlower pour cette critique absolument délicieuse. Encore ! ###ovations
Et pour Estée je sorte mes perles, évidemment...le voyou ne doit pas être bien loin ;-)
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par PoisonFlower, le 4 novembre 2014 à 12:09
Merci pour vos compliments, Anna. :-)
Avec Estée, j’ai l’impression que Lauder, qui, je crois, admirait le style autant que le parcours de Chanel, a voulu proposer sa propre version du N°5, une version qui pousse la note savonneuse à l’extrême. De la même manière que White Linen semble réinterpréter N°22 et sa profusion d’aldéhydes.
Je ne sais pas si Gabrielle avait la curiosité de s’intéresser aux parfums de la concurrence, mais je me dis qu’elle aurait pu apprécier Estée, elle qui était obsédée par la blancheur et l’odeur du propre !
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par Anna, le 6 novembre 2014 à 21:28
Je ne sais pas comment ça se fait, mais les "versions" américaines des Chanel sont plus compatibles avec ma peau que des "originaux". Et beaucoup moins chères en plus. Rentabilité ;-)
Comme vous le dites bien, ils sont poussés à l’extrême.
Je les porte avec grand plaisir, mais certains de mes proches les trouvent trop agressifs, hautains. Ils disent que j’apparais encore plus inaccessible et froide (Blonde hitchcockienne). Pourquoi des amis essayent toujours mettre à terme le célibat des autres amis ? Nous, on ne se plaint pourtant pas ! Soit...
Je travaille surtout avec des hommes, il faut s’en sortir avec tous les cartésiens. Je suis (relativement) jeune et je ne suis pas une secrétaire, mais leur égale. Aïe !
Alors, Musc Ravageur&co sont une très mauvaise idée.
Une discussion autour des parfums de Pouvoir ? Super-pouvoir ?
En tout cas, j’aperçois facilement les similitudes entre Estée et Aromatics Elixi, patte Bernard Chant. Et cette merveilleuse mousse me rappelle Cristalle , N°19, Miss Dior...la grande classe, quoi !
par ana, le 6 février 2014 à 03:31
Ma peau est americaine et bourgoise. Je m’en doutais bien depuis le temps, mais je suis comme meme en choc. Je ne peux pas croire a quel point elle a sublime Estee. Encore une fois. Ca sera un bon achat, bien rentable. Je ne sais pourquoi je resiste encore.
Sur autre bras j’avais n°19. Il etait beau mais si timide et il est parti trop vite. Et j’adore iris. Un jour, je trouverais un iris qui m’aimera autant que je l’aime.
par lolo, le 8 novembre 2013 à 17:30
J’aime beaucoup les parfums Estée Lauder. Ils ont tous énormément de caractère si l’on considère les jus délavés que nous sort la parfumerie française depuis quelque temps...
Estée est celui dont je me souviens le moins, mais j’ai envie d’aller le redécouvrir. Dans les tops, je place Private Collection (un mimosa un peu métallique), Knowing et Cinnabar. Seul Sensuous ne m’emballe pas, je le trouve écoeurant à la longue, trop touffu et lourd. Mais ils sont tous très typés et reconnaissables.
par judith, le 8 novembre 2013 à 11:51
J’ai senti Estéé pour la première fois l’autre jour (en voulant emporter Knowing sur mouillette) et il m’a beaucoup plu. Bon, je porte le N°5 et suis de plus en plus sensibles aux aldéhydés savonneux auxquels je trouve en effet une forme d’élégance cependant sensuelle. Je ne me rendais pas compte, pourtant, de l’effet très bourgeoise qu’ils peuvent faire aux autres (j’ai adoré votre description de la femme Lauder, so comme il faut !) mais bon, lorsque je relève les manches de mon manteau Burberry (euh, ou approchant...) je suis couverte de tatouages alors je suppose que ça compense ? ^^
Je suis comme vous : j’aime le choc des contraires - et c’est probablement ce qui me plaît chez Estée. Lauder ne fait rien de très tapageur, mais sa subtilité n’est jamais fadasse. Ils me plaisent presque tous à vrai dire !
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par Farnesiano, le 8 novembre 2013 à 12:38
Et le somptueux et diabolique Spellbound, avec lequel nous revenons à Hitchcock, littéralement enchaînés à ses atmosphères proches de la suffocation autant qu’à ses fabuleuses blondes plus ou moins meurtrières...
par PoisonFlower, le 14 novembre 2013 à 23:43
Estée porté avec des tatouages sous un trench, j’aime l’idée ! ^^
Ce que j’apprécie avec des parfums comme Estée, c’est ça, ce côté un peu trop poli pour être totalement honnête, qui donne envie de gratter pour découvrir ce qui peut bien se cacher sous la surface en apparence lisse...
C’est d’ailleurs ce qui fait pour moi l’essentiel du charme d’Estée, qui n’est pourtant pas le Lauder qui me passionne le plus à la base.
par Anna, le 16 décembre 2013 à 02:39
Chere Judith, je fait exactement pareil. Notre vraie nature est privee.
par dau, le 16 décembre 2013 à 08:48
J’ai toujours trouver Estée grande dame, le genre avec limousine et chauffeur, mais très capable de faire arrêter la voiture pour faire monter un voyou et s’amuser un peu...
J’adore les bourgeoises ! Elles sont souvent moins coincées que ces pauvres modeuses tellement à la page, tellement de leur époque, dans leur insipides petits jus de fruits proprets !
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Version actuelle testée : franchement pas terrible. Je ne sais pas si le testeur avait souffert mais je n’ai pas retrouvé ce qui me charmait tant chez Estée à savoir des aldéhydes tonitruants et cette facette savonneuse, pas si sage qu’il n’y parait, si bien décrite par PoisonFlower dans son article. A l’évolution, il a même fini par me chatouiller les narines avec des notes piquantes, franchement désagréables. Grosse déception. Essai à renouveler ultérieurement car pour l’instant, je n’arrive pas à renoncer à Estée.
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