Eau de mandarine ambrée

Alors qu’elle est souvent noyée dans un jardin des Hespérides où lui font concurrence la bergamote, le citron, l’orange, le pamplemousse, le cédrat, le yuzu, la limette, mais aussi le néroli et le petit-grain, la mandarine brille ici comme un astre unique, d’une clarté vive et radieuse.

Elle surprend par son réalisme et sa gourmandise juteuse et acidulée qui vous éclabousse de lumière et vous met l’eau à la bouche. On y décèle simultanément le zeste de l’écorce dont l’éclat éblouissant rappelle celui du citron, et la pulpe dont la douceur sucrée s’approche de celle de l’orange.
Ses notes à la fois fraîches et suaves sont soutenues par un discret accord de fruit de la passion. Celui-ci, dont la chair couleur de soleil est aussi connue pour sa saveur acidulée, permet d’atténuer les facettes hespéridées de l’agrume pour lui conférer un aspect plus confusément fruité.
Puis, petit à petit, la lumière de cet accord se tamise, le soleil prend ses couleurs du couchant. Se dévoile un fond ambré ténu dont la palpitation tiède soutient à merveille la mandarine sans que le parfum se départisse de sa légèreté ni de sa transparence.

Dans la collection des Colognes d’Hermès, l’Eau de mandarine ambrée est sans doute la plus directe parente de l’iconique Eau d’orange verte de Françoise Caron qui était déjà une merveille de fraîcheur hespéridée, verte, aromatique, chyprée et boisée. Pourtant, malgré cet héritage, elle demeure loin du schéma classique de la cologne. Sans effets aromatiques, sans amertume aucune, douce au nez et douce à la peau, cette eau est peut-être la cologne pour ceux qui n’aiment pas les colognes, ou qui leur préfèrent généralement les compositions orientales ou gourmandes.

D’une simplicité déconcertante, elle est un plaisir exquis et rieur qui se dore et danse sur la peau comme les reflets du flacon sous les rayons du soleil. Un splash de vitalité et de bonne humeur dont on s’asperge avec délectation et sans modération. Car très vite, malgré les notes ambrées qui servent d’écrin au fruit, ne reste plus sur peau que l’ombre d’un sourire. Et si l’ombre d’un sourire cela reste joli, on ressent vite l’envie de revenir au rire franc et joyeux de ses premiers éclats.