Clash, les collisions olfactives de Comme des Garçons
par Jeanne Doré, le 26 septembre 2019
Comme des Garçons était resté bien discret depuis le relancement de Andy Warhol’s You’re in il y a deux ans. La marque revient cet automne avec une nouvelle série (la première depuis Blue Invasion en 2013) composée de trois créations : « Série 10 : Clash ».
Présentée comme « trois mondes qui entrent en collision », la collection « encourage la force des différences » en rassemblant des éléments qui n’auraient dû jamais se croiser.
Inspiré par l’art des collages surréalistes, le directeur artistique de la marque Christian Astuguevieille a cherché à comprendre ce qu’il se passait lorsque deux ingrédients qui ne s’étaient jamais rencontrés se télescopaient dans une formule, pour créer une nouvelle forme olfactive.
De cette réflexion sont nées trois eaux de parfum :
Radish Vetiver
Ces deux racines, qui ne se sont jamais croisées sous terre, se retrouvent ici dans une composition boisée verte signée Natalie Cetto. Le vétiver d’Haïti est entouré d’un « accord radis », de cypriol, de bois de gaïac et d’Akigalawood (note boisée issue du patchouli).
Celluloid Galbanum
Opposant la technologie à la nature, le plastique à la résine, Domitille Michalon-Bertier a imaginé un floral vert conçu autour d’un « accord celluloïd », de notes de citron, galbanum cœur LMR (filiale d’IFF qui produit des ingrédients naturels), absolue jasmin LMR, Cashmeran, ambre sec et musc.
Chlorophyll Gardenia
Pour casser l’image féminine et entêtante de la fleur blanche, Caroline Dumur lui a associé un « accord chlorophylle » afin de lui procurer de la fraîcheur. On retrouve dans ce floral vert du Cosmofruit (molécule à la note fruitée confite évoquant le coing), de la menthe crépue, du poivre rose CO2 LMR, du poivre noir LMR, du galbanum LMR, un accord « pois » et des muscs.
Eau de parfum, 50 euros/30ml.
Disponibles à partir du 1er octobre dans la nouvelle boutique Dover Street Parfums Market, 11 bis rue Elzévir à Paris, puis dans les autres boutiques Comme des garçons.
Crédit photo : © Artwork : Katerina Jebb
Premières impressions
Cela fait plaisir de retrouver l’esprit un peu « percutant » et anticonformiste des séries de cette maison, qui n’avait pas refait surface depuis longtemps.
Pour un prix plus que raisonnable, on peut sentir, voire s’offrir, des créations gentiment audacieuses et bien ficelées.
L’accord sombre, fumé, terreux, presque moisi de Radish Vetiver, avec une facette betterave, me rappelle un peu le Turtle Vetiver d’Isabelle Doyen pour LesNez, et son côté très brut de décoffrage, qui ne cherche surtout pas à paraître raffiné.
Chlorophyll Gardenia offre un réjouissant accord vert, végétal, évoquant des feuilles gorgées de sève humide, et qui évolue vers une fleur blanche jasminée, épicée, sucrée, presque lactée.
Celluloid Galbanum évoque les floraux verts des années 1970, Anaïs Anaïs en tête, avec son profil innocent, tendre et vintage, très musqué, comme un shampooing Timotei. C’est sans doute le moins téméraire des trois, mais il n’en reste pas moins mignonnet.
à lire également
par Duolog, le 26 septembre 2019 à 19:00
Un accord radis noir ! Seule une maison japonaise pouvait y penser. C’est réussi en plus. Ayant eu la chance de pouvoir sentir cette trilogie, je peux attester du caractère réjouissant de l’ensemble : surprises et bons souvenirs sont au rendez-vous.
à la une
Divine, l’été clair d’iris - Divine
Un iris majestueux qui se démarque par sa fraîcheur florale et printanière.
en ce moment
hier
Bonjour, Merci pour votre retour. Je n’ai malheureusement pas l’occasion d’aller à la capitale.(…)
Dernières critiques
L’Eau pâle - Courrèges
Lavande délavée
Mortel noir - Trudon
Église en flammes
Infusion de gingembre - Prada
Fraîcheur souterraine
par monbazarunlimited, le 7 octobre 2019 à 23:37
En total accord avec vous, Jeanne.
J’avais un peu perdu de vue toute la créativité et l’insolence qui m’avaient fait aimer les créations de Comme des Garçons depuis la série des encens.
Je l’ai retrouvée avec Clash.
Celluloid Galbanum est celui qui m’a le moins surprise ; l’accord que j’imaginais dans ma tête était le même sur peau. Et comme ce n’est pas trop ma "came", j’ai passé mon tour, sans pour autant lui nier une très jolie douceur.
Radish Vetiver pourrait sembler sur le papier une alliance un brin tordue, mais le résultat est extrêmement brut et sensuel. Ça sent la terre, mais une terre nourricière riche et intense. Hélas, ma peau ne rend pas justice au vétiver en général, et c’est encore le cas ici. Mais il faut vraiment l’essayer, car le coup de foudre est tout sauf impossible.
Et coup de foudre il y a eu... avec Chlorophyll Gardenia. En deux temps. Tout d’abord quand je me suis rendue par erreur au Dover Street Parfums Market (qui le vend pour le moment en exclusivité sur Paris) le jour de l’inauguration... à laquelle je n’étais pas invitée. On m’a quand même laissée entrer et je me suis donc fait discrète. Mais je n’ai pas pu m’empêcher d’aller essayer les 3 nouveaux opus de CdC. Et là, merveille absolue sur la peau. Au moment du pschitt, puis 5 minutes après, puis 20 minutes, puis 1 heure, puis avant de me coucher. Chlorophyll Gardenia n’arrêtait pas de jouer aux transitions franches entre les notes végétales et de fleur blanche, parfois les deux ensemble, mais toujours vivaces et d’une richesse olfactive impressionnante. Je suis retournée à la boutique 2 jours après (elle était enfin ouverte !) et là encore, je suis retombée en amour de cette création. J’étais tellement troublée que j’ai eu du mal à exprimer ce que je ressentais à Christian Astuguevieille, qui était de passage ce jour-là. Je n’ai pu que lui dire que j’étais désemparée face à ce parfum, mais que c’était justement ma quête absolue.
Pour terminer, il faut parler du prix : 50 € pour un 30 ml, c’est rare aujourd’hui pour de telles créations. Encore un très bon point pour CdC !
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus