Cartier : sur les chapeaux de roues

Roadster est pour moi aussi une bonne surprise masculine de la rentrée ; d’ailleurs je le porte ;)

Je concède que la sortie du spray, le haut de la tête, n’est pas mémorable : ça fuse, ça part dans tous les sens, c’est confus !

Mais le jus devient bien plus intéressant lorsqu’il s’installe sur la peau : notes végétales vertes + notes boisées chaudes donc « fougère ». Mais une fougère qui développe un aspect résineux et amer, à la limite du végétal vireux ; je dirai « fougère vénéneuse », très réussie a mon goût (et arrêtons avec l’After Eight, ce parfum est l’antithèse d’un gourmand). Le fond se fait plus sage, boisé, aromatique, riche en nuances et persistant.

Un petit mot sur le flacon : lourd, minéral, cossu, combinant le verre épais, le métal poli et le métal brossé. Cartier réussi à transcrire une certaine image du luxe, là où d’autres font bling-bling (1Million) ou gadget (Play).

Une menthe fusante, un moteur de berline : Pshiit !... Un blast de menthe verte m’entoure aussitôt, et là, je me dis, "c’est le drame" : Cartier a voulu rajeunir son image et donne dans une ridicule et facile fougère fraîche. Et une de plus en ces temps chargés de sent bons inutiles ( https://auparfum.bynez.com/?Guerlain-Homme,354 en tête) ! Je sors de ce très connu marchand de senteurs* où les vendeuses sont aussi douées en conseils qu’en hiéroglyphes, et décide d’ignorer cette rencontre olfactive fortuite et plus que décevante. Chemin faisant, mes narines commencent à détecter une timide mais très déterminée effluve légèrement piquante, âcre mais somme toute agréable... Comment ? Serait-ce donc le dos de ma main qui sentirait aussi bon ?? Mais oui, il semblerait... Je réitère l’inspiration et hume de plus belle : je sens déjà la menthe crêpue s’éloigner à grand pas, pressée de laisser la place à de moins sages intentions... Le poivre explose en toute fraîcheur et s’entoure déjà de puissantes mais racées notes de fond balsamiques et boisées, patchouli en tête. Une vraie surprise étonnante de fraîcheur et d’espace, habilement construite autour d’un classique accord basique délicieusement réinventé et pourtant étonnement moderne. Je ne saurais dire à qui s’adresse ce parfum tant il est atypique (et à l’opposé classique), mais j’ai beaucoup de mal à l’imaginer porté par le mass market. La menthe verte si évidente au début présente au final une belle évolution qui permet d’en avoir tous les avantages sans en pâtir de ses inconvénients (effet after eight, mousse à raser cheap et beurk...). En résumé, une des vraies bonnes surprises de la rentrée. Et moi qui déteste la menthe !!
* S-ph-ra pour les plus perspicaces