Bronze Goddess

Azurée Soleil était une édition limitée qui avait été créée sous la direction de Tom Ford en 2008 pour Estée Lauder, et arrêtée à la fin du contrat du créateur avec la marque américaine. (Décidément, c’est encore et toujours lui dont on aperçoit la silhouette dès qu’il s’agit de bons concepts qui aboutissent à de bons parfums !) Mais, idée bien trop excellente pour finir oubliée, la firme a fait le choix de ne pas laisser cet énième parfum discontinué absent trop longtemps. Un peu d’or pour le flacon, des couleurs aux tons de paréos pour le boîtier, des retouches infimes "histoire de", et une mythologie créée de toutes pièces ont ainsi permis à Bronze Goddess de survivre au fil des années, et d’émerger des flots des linéaires de parfumeries. Cette bouteille pleine de bonheur trouvée en pleine mer serait donc une proposition à un voyage paradisiaque qui mériterait une escale avec un détour au Sephorarionnaud du coin...

Bronze Goddess, avec son alliance de mandarine verte et autres agrumes vivifiants fait d’abord souffler une brise légère verdoyante amère qui suggère presque des tiges balayées par le vent.
Mais, très rapidement, son bouquet de fleurs blanches onctueuses crémeuses composé de jasmin, fleur d’oranger et tiaré crée l’illusion d’une banane grasse et d’une amande presque frangipane qui rappellent feue la lumineuse Aqua Allegoria Tiaré Mimosa de Guerlain.

Le tout évolue nonchalamment, comme il sied lorsque le ciel se fait de plomb, dans une sensation lactée presque huileuse nourrie de coco, vanille et santal.
Bronze Goddess se fait alors presque gourmand, sans toutefois basculer dans le sucré, par son évocation douce amère d’une frangipane translucide édulcorée.
Le feuillage des débuts figurerait de manière subliminale un moment de quiétude à l’ombre sous une palmeraie pendant que le corps évacue la cuisson emmagasinée après une journée de farniente avant de poursuivre vers une destination qui pourrait être une plage isolée à Bali par des notes plus douces et lactées ensuite.

Avec son accord solaire qui rappelle le sable et la plage, Bronze Goddess fait partie du clan de ces parfums "feel good" qui vous donnent la pêche et le sourire quand bien même vous vous trouveriez, non pas aux Seychelles par 35 degrés, mais sous le ciel grisâtre déprimant d’un 20 novembre mélancolique pluvieux.
Son odeur ne manquera pas d’évoquer une destination paradisiaque au moment où le soleil se couche et irradie son halo sur le couchant avec, à la main, un flacon d’huile solaire portant l’inscription "Sun Tan" inscrit sur son plastique orange.
Bronze Goddess est probablement une vision décomplexée et un peu tartignole des moments de bronzage sous le cagnard durant les vacances. Mais avec ce soleil en flacon, l’exposition est illimitée et vous ne risquez pas de finir couleur homard comme Donatella Versace !
Cet élixir pourrait faire surgir de n’importe quelle vipère le potentiel d’une Aphrodite contemporaine qui, telle Ursula Andress dans James Bond contre Dr No, sortirait des eaux telle une déesse. Vous n’y croyez pas, la bombe solaire ce n’est pas vous ? Le maillot de bain américain est probablement un peu trop échancré...
N’hésitez donc pas sur ce parfum, en ton sur ton entre juin et septembre. Moi, je vous le conseillerais plutôt comme remède contre la déprime des jours gris, ternes et maussades du reste de l’année.