- Marque : Yves Saint Laurent
- Année : 2001
- Créé par : Jacques Cavallier-Belletrud
- Genre : Féminin
- Famille : Ambrée
- Style : Pointu - Sensuel
Sensualité pudique
par Patrice Revillard, le 4 avril 2018
Il existe des parfums qui reviennent de loin et finissent par devenir cultes.
En 2001, Yves Saint Laurent est alors au sein de Gucci Group et sous la direction artistique de Tom Ford. Lancé en septembre, Nu est vite éclipsé par les heures sombres qui feront suite aux attentats qui éclatent aux Etats-Unis. Le flacon high-tech, compliqué dans son appréhension et dans sa conception, n’a jamais réussi à séduire sa cible. Sa forme de poudrier où aucune mention du nom n’apparaît et toute l’épure et la zénitude voulues par Tom Ford pour ce produit lui vaudront une quasi invisibilité dans les rayons. A cela s’ajoute une composition audacieuse, probablement un peu trop en avance sur son temps. Le « mix produit », fort et totalement en rupture avec les codes habituels d’Yves Saint Laurent - couleurs dorées et flamboyantes - incarne plutôt ceux que Tom Ford a imaginés pour Gucci. Tout comme son alter-ego masculin M7, qui sortira un an plus tard, Nu ne connaitra jamais le succès escompté. Après avoir vivoté un temps, ils seront tous les deux discontinués.
On dit souvent que Nu et M7 sont sortis dix ans trop tôt. Qu’ils préfigurent presque ce qui se fera en parfumerie de niche une décennie plus tard. Il est vrai qu’ils ne s’inscrivent en rien dans la lignée des parfums clean, aquatiques et hygiénistes des années 90 ou dans les floraux transparents et shampouineux qui commencent à émerger au début de ce nouveau millénaire. Ils imposent une vision du parfum détachée de tous codes imposés et préfèrent traduire les valeurs de la marque par la créativité et leur différence.
Jacques Cavallier-Belletrud imagine Nu comme « un accord androgyne rendu féminin » explique-t-il.
« J’ai joué à la fois sur la pureté et la sensualité. La cardamome est sans doute l’une des odeurs les plus saines pour moi. Elle met en forme, elle est stimulante et a un effet très propre. Tandis que le jasmin, l’encens, le cèdre et les notes vanillées apportent un effet sensuel plus charnel, épais et profond. »
C’est ce contraste qui donne à Nu toute sa singularité et sa personnalité. Une beauté froide en apparence mais bien plus sulfureuse qu’il n’y paraît, qui ne se dévoile qu’à celui ou celle qui prendra le temps, et ne s’arrêtera pas aux premiers regards.
Autour d’un pivot de cèdre blanc et d’encens clair s’enroule une fleur de jasmin aux faux airs exotiques. Plante hybride entre le frangipanier, solaire et radieux, et une vue de l’esprit de ce que serait une fleur d’orchidée, ronde et vanillée. Une pincée de poivre finit de mettre le feu aux poudres. Il prolonge l’explosion froide et savonneuse de la cardamome qui ouvre le parfum dans un éclat vif et froid qui va le traverser jusqu’aux notes de fond.
Cet accord étrange de prime abord, est, reconnaissons-le, très signé, et distinct de tout ce qui se fait alors. Si son évocation de la nudité ne semble pas assez directe et premier degré pour les consommateurs, c’est cette interprétation de la peau dans ses tonalités les plus pudiques qui a rendu Nu culte auprès des amateurs de parfum. Contre toute attente et pour le plus grand plaisir des connaisseurs, il reviendra sur les linéaires en 2012 aux côté de sept autres fragrances historiques de la maison Yves Saint Laurent dans un flacon cubique aux lignes art déco.
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par Chanel_5, le 5 décembre 2018 à 09:18
Un très beau parfum moderne, très Ysl, pétillant au départ avec sa bergamote, il est aussi boisé et a des notes d’encens, il est mystérieux et profond. De belles notes florales de jasmin et d’orchidée, et un fond musqué. Sa pyramide olfactive est riche sans être fourre tout et le résultat est réussi ! Je le trouve très élégant, il se peut qu’il soit mon futur parfum, si pas discontinué d’ici là, il est encore vendu chez N....bé (juste pour prévenir les amateurs).
par poivre rose, le 22 août 2018 à 21:17
Bonsoir à tous, deviendrais-je folle ? J’ai remis le nez ce soir dans ma box auparfum numéro 6, pour savourer mon échantillon de ’l’âme perdue’ (le galion) que j’avais adoré en découvrant la sélection. Et quelques minutes après l’avoir vaporisé sur mon poignet, une ressemblance plus que frappante s’est imposée à moi : ’Nu’ d’Yves saint Laurent !! j’ai découvert ’Nu’ il y a peu, et je me suis empressée d’acheter une des dernières bouteilles puisqu’au moment où je tombais amoureuse de ce parfum j’apprenais que sa commercialisation était tout juste arrêtée... je crois que c’est une note d’encens qui relie principalement les 2, elle si belle cette note.. certains parmi vous auraient-ils fait le même rapprochement ??
bonne soirée, au plaisir de vous lire.
par mara, le 27 avril 2018 à 15:18
Excellent commentaire ! Tout comme ce jus, que j’ai maintes fois senti sans me décider à me l’offrir.
Toutefois cet éloge vient un peu tard maintenant que YSL a décidé de ne plus le commercialiser. (Confirmation par mail)
Plus moyen de le trouver !
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par Val68, le 27 avril 2018 à 18:06
bonjour, effectivement il a de nouveau disparu des parfumeries, à part April qui doit finir ses stocks. D’ailleurs à part les derniers parfums à la mode et leurs innombrables déclinaisons, on ne trouve plus rien. Je voulais m’offrir vol de nuit, aucune des parfumeries de ma ville ne l’avait ( séphora, nocibé, marionnaud, et april) et le pire c’est qu’aucune des vendeuses ne connaissait le parfum. Comment s’étonner ensuite que les gens achètent sur des sites internet. Mais cela oblige à acheter le plus souvent à l’aveugle, un peu comme si l’on jouait à la roulette russe . Ce qui d’ailleurs ne me déplait pas, j’aime cette espèce de fébrilité à attendre le colis, le déballer comme si sa vie en dépendait, et pleine d’espoir, trouver un nouveau bijou pour sa déjà trop nombreuse collection.Alors parfois, il y a des déceptions . Quand c’est le cas je les offre à ma mère, elle est ravie et je sais que meme si elle adore le parfum, elle n’est pas prete à grever son budget pour se faire plaisir ( ce n’est maheureusement pas mon cas). J’ai reçu cette semaine, vol de nuit et c’est vraiment un parfum magnifique, meme si j’aurai aimé qu’il ait plus de tenue afin d’en profiter plus longtemps.
Désole pour l’absence d’accent circonflexe, mais il ne fonctionne pas sur mon ordinateur.
par Patrice, le 29 avril 2018 à 17:50
Merci Mara pour le compliment, et merci pour l’info. Effectivement, malheureux hasard que cet article qui arrive au moment de la discontinuation de Nu !
Allez, on espère le retrouver d’ici quelques temps. On a déjà vu ça plein de fois dans d’autres marques.
Peut-être dans 3 ans dans une collection exclusive YSL, sous le nom de Paris/Hô-Chi-Minh qui relatera les voyages des oeuvres d’arts collectionnés par Monsieur Saint Laurent ! #marketing
par Val68, le 5 avril 2018 à 22:45
bonsoir, j’ai acheté ce parfum il y a deux ans environ . Le flacon carré, beige sale n’est pas très glamour, mais personnellement, j’accorde peu d’importance au contenant ( qu’importe le flacon, pourvu qu’on est l’ivresse). Je ne sais pas si la réédition de ce parfum est conforme à ce qu’il était à son lancement, mais cette version me plait beaucoup. C’est un parfum original et sensuel, je le trouve relativement discret, mais sur ma peau, il tient plutot bien . Il ne me reste plus grand chose du flacon et il va falloir que je le mette sur la liste de mes prochains achats. Je pense que mon banquier aimerait que je devienne anosmique.
par Farnesiano, le 5 avril 2018 à 10:35
Outre par son contenu lui-même absolument envoûtant, le merveilleux flacon-poudrier d’origine (supprimé et remplacé par 3 différents jusqu’à ce jour) avait pourtant de quoi séduire par la simplicité de sa forme coulée dans un acier légèrement brossé d’une étonnante teinte sombre, proche de celle d’un titane qui serait violacé. (On peut aussi y voir un grand anneau de roulement contenant et cachant ses billes... cfr art industriel.) Qu’on l’envisage à plat bien sûr, ou tenant en équilibre sur son bord par la stabilisation de son jus, c’est à mes yeux l’une des plus belles trouvailles en matière de flaconnage design de ce siècle. Sans compter ce nom magnifique écrit en lettres minuscules, pouvant se lire dans trois sens différents : gauche vers droite, droite vers gauche (nu = un) ou retourné bas en haut (nu se lira toujours nu). Et en anglais, nu c’est new. Et avec new, on lorgne vers " nude "... D’où le trouble que provoquait chez moi la double page publicitaire des magazines, qui avait de quoi susciter quelque délicieux fantasme avec cet entrelacs si tendre de lignes anatomiques androgynes, cuisses féminines mêlées à l’avant-bras délicatement velu d’un mâle... Superbe ! Et tellement plus original, plus visionnaire que les innombrables visage de stars plus ou moins vulgaires qui envahissent nos écrans en vantant de la m... et fatiguent nos pupilles autant qu’elles martyrisent nos narines.
Ah, de ce " nu ", je n’ai jamais reçu que des compliments, tour à tour curieux, intrigués, inquisiteurs mais toujours séduits. Un magnifique YSL comme la maison pouvait à l’époque singulièrement nous offrir. Sans remonter aux Y, Rive gauche, Opium, Kouros, Paris, Jazz et autres Champagne, il y eut aussi le très réussi Kouros Fraîcheur en 93, l’élégant Opium pour Homme en 95, le tout mignon In Love Again en 98, le terrible Body Kouros en 2000, le sensuel M7 peu après, le rétro et roboratif Rive Gauche pour Homme en 2003, donc très peu de temps après ce NU, absolument novateur. Depuis, çà et là, parfois une jolie chose mais déclinée à l’infini et sans beaucoup d’inventivité.
Merci, merci encore, cher Patrice, pour cette précieuse et si juste réévaluation !
Sensualité pudique, écrivez-vous, mais sensualité certaine, et ô combien addictive !
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par Patrice, le 29 avril 2018 à 15:12
Merci pour ton commentaire !
Et merci pour ton analyse plus poussé du mix produit. Je n’avais pas été jusque là mais c’est intéressant.
Mais malheureusement cet article intervient pile au moment où il est de nouveau discontinué.
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par Farnesiano, le 29 avril 2018 à 16:44
Oh là ! Et un de plus... De moins à vrai dire. Merci du retour, cher Patrice. Retrouvez une voix qui nous est familière fait toujours plaisir :-) À la revoyure, comme on dit en Belgique, et peut-être ailleurs ? Mais les parfums, eux, sont universels !
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par Patrice, le 29 avril 2018 à 17:46
Ah on dit ça chez moi aussi ! Je pensais que c’était que dans le patois haut-savoyard ! :)
par DHUODA, le 4 avril 2018 à 22:28
Nu de Yves Saint Laurent son encens m’a immédiatement séduite lors de sa découverte en 2001 , j’étais alors fidèle ailleurs .
Quand j’ai voulu le retrouver beaucoup de regret devant une absence incomprise.
Farnesiano
a porté Nu le 7 juin 2023
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par dany, le 5 avril 2019 à 15:51
j’adore ce parfum et je n’arrive plus l’acheter .
Il va parfaitement a mon PH et je l’utilise depuis 17 ans . Quand il a été arrêté j ’avais essayé d’autres , mais rien ne me va aussi bien.
Existe la possibilité de le commander ?
Merci
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par poivre rose, le 7 avril 2019 à 09:44
Il a été malheureusement discontinué. J’ ai pu en acheter un flacon l’an dernier, le dernier avant sa disparition. Je vous recommande d’essayer L’âme perdue de Le Galion, qui est, à mon nez en tous cas, son presque jumeau.
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