Alien Man
Mugler
Pas si étranger
par Patrice Revillard - Samuel Douillet, le 15 octobre 2018
Il aura fallu vingt-deux ans pour que la marque à l’étoile se décide à sortir un second pilier masculin après A*Men. Par sa présence discrète sur ce segment, ce nouveau lancement a donc un sens. Mais on connaît bien la réticence du marché masculin face à l’innovation et aux jus à la personnalité marquée. Qu’en est-il donc de Mugler l’insoumis lorsqu’il doit se frotter à la dure loi du parfum pour homme ?
Alien Man emprunte à son alter ego féminin une surdose de Cashmeran immanquable, quoique plus fondue grâce à un cuir gras et souple, patiné de notes vertes, agrestes et anisées. Menthe, estragon, aneth… Le bouquet aromatique reste cependant bien à sa place, mené par un chef d’orchestre à la mode : le dihydromyrcénol. Derrière ce nom barbare se cache pourtant une molécule odorante bien civilisée et propre sur elle, puisqu’elle constitue l’un des clichés du genre masculin en parfumerie. Devenu symbole olfactif de la virilité, le dihydromyrcénol est la couleur bleue de la parfumerie. Gels douche, shampooings, mousses à raser… Tout y passe depuis 30 ans pour bien marquer d’une empreinte masculine les produits pour homme, que ce soit en parfumerie de niche ou grand public. Cette note aromatique de synthèse qui frôle le détergent pourrait se matérialiser sous la forme d’une lavande électronique : intrusive, répétitive, elle n’est supportable qu’à petite dose, notamment dans un emploi technique. Dans Alien Man, elle est heureusement moins dosée que dans la plupart des masculins d’aujourd’hui, mais cette marotte reste agaçante. Elle lui donne de faux airs d’Egoïste Platinum, commencement de cette parfumerie pour homme cliché et standardisée marquant les débuts de l’emploi à outrance de ce genre de notes à la virilité synthétique. Ou de La Nuit de l’Homme d’Yves Saint Laurent, modèle du parfum pour homme de ces dix dernières années et coup de grâce porté à la parfumerie masculine.
Pour en revenir à Alien Man, ce faux air d’after-shave sert à moderniser l’accord fougère un peu old school (qui n’est pas pour déplaire) sur lequel repose le parfum. Un esprit barbier tenu par le Cashmeran qui crée une tension boisée et épicée qui finit par se fondre dans une grosse boule de musc bien inoffensive et qui fait presque retomber le parfum un peu vite. Une pointe plus sucrée, mêlée de quelques notes boisées d’un patchouli cacaoté, développe une aura très “Muglerienne” et enveloppe un cuir gras qui n’est pas sans rappeler le Cuir Impertinent de la collection exclusive de la marque, Les Exceptions.
S’il évite la facilité des bois indélébiles et criards comme le font de nombreux masculins modernes, à l’image d’une Eau de Citron Noir d’Hermès ou d’un Aqua di Giò Absolu chez Giorgio Armani, tous deux sortis cette année, Alien Man manque cependant cruellement de l’audace de son pendant féminin et d’une signature plus affirmée. On aurait réellement aimé sentir l’osmanthus et ses aspects de cuir abricoté et confit promis dans la pyramide ! Il est si beau dans le Woodissime, lui aussi issu des Exceptions, et également signé Jean-Christophe Herault. Peut être aura-t-on la chance de le sentir dans une version plus intense à venir ?
Finalement pas si extraterrestre cet Alien !
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par Duolog, le 17 octobre 2018 à 21:27
"Dihydromyrcénol", ce coup-ci je l’apprend par cœur, pour mieux le fuir. Au sortir du spray, Alien Man sent exactement ça, on se croirait dans un vestiaire de garçon un soir après match, pendant un festival de pschitt de Axe, Mennen et consorts quand d’autres se rasent dans les douches à grand renfort de mousse odorante (une des mille raisons pour abandonner ces horribles bombes de mousse). Personnellement je vis ça comme un cauchemar bleu, et je salue la description faite dans la critique, c’est tout à fait ça, une lavande électronique, une fleur de néon qui est tout ce que je fuis dans un parfum.
Second degré ou opportunisme, chacun verra son Mugler comme il veut, mais il m’est difficile de distribuer des félicitations pour non-usage de "bois qui piquent" si c’est pour finir avec ça. Heureusement la suite du show est de meilleur goût, une touche menthol-anis s’appuie sur une sorte de cuir assez rond, une espèce d’ambre timide avec une pointe d’amande (sur la peau plus que sur touche, cette dernière restant très "bleue") qui n’est pas désagréable.
Au fond c’est une fragrance régressive à sa manière, comme Mugler sait en faire, c’est sans doute un parfum qui séduira tous ceux qui ont de bons souvenirs des vestiaires après l’EPS.
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par Patrice, le 26 octobre 2018 à 12:25
Interro surprise à la rentrée, attention ! DHM, à connaitre par coeur ! C’est, avec les bois ambrés, la molécule du vide de la parfumerie masculine moderne. Et pourtant, en soi, elle est techniquement intéressante...
Pour les bombes de mousse à raser, perso, j’ai abandonné depuis longtemps. Pour des raisons odorantes entre autres, effectivement. Celle que je tolère reste celle dérivée de Pour un Homme. C’est presque un plaisir de se raser !
par Tobacco, le 17 octobre 2018 à 08:27
En gros, comme pour beaucoup... c’est pas mal mais c’est pas l’Alien femme. Je me demande si les gens auraient été si durs avec ce parfum s’il avait eu un autre nom.
Perso si je veux porter Alien femme ben... je porte Alien femme. Quant à la version homme il ne ressemble pas à tout ce qui existe déjà. Rien que pour ça il mérite un peu son nom.
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par Patrice, le 26 octobre 2018 à 12:48
Je pense qu’il aurait été accueilli de la même manière. Je pense même qu’on aurait été moins tolérants s’il était sorti ailleurs, car on aurait peut être moins compris la démarche derrière, avec tout les (ou "seulement les quelques") points communs qu’il partage avec le féminin.
Effectivement, le féminin reste un chef d’œuvre de la parfumerie du 21ème siècle !
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Pourtant j’aime plutôt cette odeur qui ressemble un peu aux sels de bain... il y a comme une note florale derrière, puis un effluve sucré en fond.
Je l’ai acheté pour changer un peu et parce que j’essaie tous les parfums, sans jamais trouver celui qui me convient.
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