Auparfum

Tabac Blond

16 octobre 2013, 18:31, par Opium

Bonjour Oud à l’Amour.
Ne vous excusez pas, vos questions sont fort pertinentes, et jamais posées ici je crois, au point de ne pas être certain de pouvoir y répondre sans démontrer des choses que vous savez déjà.
Je vais, malgré tout, tenter cela en répondant à chacune des deux questions que vous avez posées. Mais, je vous demande la plus grande indulgence à mon égard. #pression

 

1 - Le parfum nous parfume et nous rend meilleur(s).
Si seulement... Heureusement, parfois, c’est tout à fait vrai.
Bon, je vais faire presque comme à l’école, thèse, antithèse, argumentation et contre-argumentation.
Le parfum nous parfume, et encore que, pas toujours ni longtemps dans notre société qui ne supporte plus grand chose et le parfum pas plus que le reste. (En effet, les "petites" odeurs qui durent une à deux heure(s) et sont décelables à 0,5 millimètre de la zone de vaporisation peuvent-elles être nommées "parfums" ? Mais, il s’agit là d’un autre débat bien que fort intéressant...)
Mais, si l’on imagine que cette proposition est juste et qu’on peut l’accepter, le parfum, donc, nous parfume : ok. Mais, nous rend-il meilleur ?
En tous les cas, il améliore notre quotidien ou nous le flingue pour peu que l’on n’apprécie pas ce qui est porté. Donc, avant de nous améliorer personnellement, il améliore notre cadre de vie immédiat, notre bulle psychologique en quelque sorte, en la rendant "mieux parfumée"...
Il est vrai que, parfois, on constate un élargissement du besoin de connaissances dans des domaines très variés (tels les lettres, la peinture, etc), comme si, accroître ses/nos connaissances dans ces domaines permettait d’améliorer l’appréhension de l’objet parfumé.
Mais, il est vrai que le parfum, par ses écueils, nous incite à aller scruter au delà du parfum. Son vocabulaire, son champ de références, tout son univers fait appel aux synesthésies, aux autres sens, à d’autres symboles que lui-même. En cela, il nous améliore car il ouvre nos perspectives et accroît nos connaissances, notre appréhension du monde et nos performances. Plus nous sommes "connaisseurs", plus nous sommes capables d’acquérir rapidement et efficacement de nouvelles connaissances, dans des domaines aussi divers que la cuisine, l’architecture, la peinture, l’écriture, la musique et bien d’autre formes d’arts...

 

2 - Le parfum comme passion destinée à une seule classe élitiste, du moins intellectuellement, qui ne fait qu’étendre un rapport à la culture qu’elle possédait déjà, donc un cercle qui se referme à mesure qu’il se cultive ? Ou, a contrario, le parfum peut-il être un véritable moyen d’éducation, un moyen d’accès à la culture ?
[Cette question est particulièrement juste, déstabilisante et bien posée !]
Curiosité
En fait, j’ai souvent constaté que les passionné(e)s de parfums sont des personnes qui s’intéressent énormément à tout un tas de choses, son plus ouverts dans de nombreux domaines culturels. Il sont avides d’apprendre, de se cultiver. Et, profitent de leurs apprentissages dans un thème précis pour le répliquer dans d’autres circonstances.
Parfum comme 2ème intérêt/passion, secondaire d’abord
De la même manière, si le parfum devient chez certain(e)s un centre d’intérêts majeur, si ce n’est le plus grand, il a le plus souvent, étant culturellement et socialement le moins médiatisé et internalisé, été précédé par d’autres passions très très variées.
Ces deux éléments iraient plutôt dans le sens de la première hypothèse de la question : le parfum serait simplement un révélateur pointu des intérêts divers de personnes culturellement à la recherche d’enrichissement, assez peu nombreuses dans leur quête de satisfaction de leur besoin de divertissement et d’accroissement de leurs connaissances. Ces personnes, partageant certains intérêts communs, son amenées à plutôt s’entendre les unes avec les autres, refermant peu à peu le cercle peu large des "initié(e)s", et se retrouveraient uniquement entre personnes de bonne entente. Dans ce cas, on pourrait légitimement s’interroger sur l’utilité de tenter d’ouvrir la connaissance vers d’autres, puisque l’on échange qu’entre soi.
Toutefois, heureusement, quelques exemples peuvent aller dans l’autre direction...
Exemple contradictoire - L’Opéra et Paris
Je vais, ici, me servir d’un exemple des plus simples qui vaut ce qu’il vaut et, partant d’un cas particulier, ne peut pas forcément être généralisé.
A Paris, lorsqu’il a été fait le choix de construire un deuxième opéra, les voix ont été très nombreuses pour s’élever contre ce projet qui se révèlerait, pensait-on, ruineux pour la ville, incapable d’absorber le public correspondant à deux salles de ce type en son sein. Tout le monde pariait contre l’utilité de la chose.
Je ne reviendrai pas sur la réalisation même de l’Opéra Bastille, tel n’est pas le lieu ici, il y aurait fort à dire pourtant. Mais, avec quelques aménagements, des tarifs réduits pour les jeunes, des tarifs avantageux pour celles et ceux qui se décident tôt, on a vu de nouveaux publics fréquenter l’opéra. Moins de costumes-cravate, des tenues plus simples, des gens en t-shirt. Cela retire un peu du charme exceptionnel que cela avait auparavant. Mais, cela permet à un plus grand nombre de personnes, à un public moins élitiste, d’avoir accès à ce type de spectacles qui était bien très élitiste auparavant. Donc, l’élargissement, même pour ce type de culture assez absconse, est possible. Et, pourtant, il est reproché aux programmations de l’Opéra de Paris d’être parmi les plus pointues et difficiles à appréhender. Pas assez grand public, trop torturées. Alors, si cela a fonctionné dans un chamo de connaissances aussi peu partagé (que l’opéra classique et contemporain), pourquoi une ouverture ne serait-elle pas disponible pour le parfum ? Bien entendu, ne nous leurrons pas, on le voit bien en comparant divers lieux d’échanges, les attentes ne sont pas les mêmes selon les publics. Sur auparfum, plutôt que d’aimer les parfums, c’est à dire ces objets interchangeables et périssables à l’envi, on aime LE parfum, objet que l’on respecte et révère, quand bien même on ne le comprend pas toujours. Il y a bien un certain déterminisme, mais, à force d’effort, certains cas particuliers, ce que l’on nomme des individus, pourront s’extraire des effets de masse et des determinismes pour apprécier des choses plus éloignées de leurs centres d’intérêts.

 

Voici ma tentative de réponse. Il semble bien, selon moi, que le parfum n’est pas qu’un "simple" vecteur sensoriel et sensuel, fort heureusement... ;-)
Bon, je me suis relu. Peut-être que je tente de me convaincre et que nous fonctionnons en vase clos, entre personnes faites pour s’entendre, sans réelles possibilités d’élargissement de nos cercles de proches. Je ne sais pas vraiment. Peut-être fais-je la poule qui refuse de voir la réalité en face. Mais, ainsi, le monde me paraît plus beau et acceptable. #politiquedel’autruche
Votre interrogation était fort utile et pertinente. En bon psy de formation qui conserve ces/ses travers, je préfère les questions aux réponses, les interrogations aux certitudes. ^^
Merci pour ces interrogations qui forcent à s’extraire de sa zone de confort.
Bonne fin de journée. A bientôt.
Opium

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