Bonjour Jeanne, bonjour à toutes et à tous.

Opium est "cro cro" content ! ;-)
Plus sérieusement, et dans des termes plus adéquats, quel plaisir de vous relire "chez vous", Jeanne, dans un article aussi juste et si représentatif de votre style : quelques lignes concises, claires, précises, qui décrivent le parfum, son odeur, vos impressions, et le situent dans sa marque et par rapport aux parfums de la même famille. J’adore vous lire. Vous parvenez à faire tout ce que je ne sais pas faire. Précision, netteté et concision.

Revenons à ce subtil baiser que l’on appose rapidement et qui s’envole. J’ai lu dans les commentaires précédents des mots qui m’ont paru très justes. New-Yorker cite ainsi un "parfum ayant le sens de la discrétion typique de la bourgeoisie, il est chic mais pas coincé". Je suis totalement d’accord. Ce parfum est cohérent dans la gamme Cartier, ne fait absolument pas honte à la marque. Il est justement placé.

Voici mes impressions et images lorsque je l’ai senti pour les premières fois : Une femme, peu importe la couleur ou la longueur de ses cheveux, se prépare dans un film rétro des années 40 devant sa coiffeuse et une glace. Elle s’apprête, est déjà habillée, porte plutôt une robe, de couleur blanche ou mordorée, peaufine les dernières touches à son maquillage. Sur le côté, posé près d’elle et de son maquillage étalé sur le plan de sa coiffeuse, un très grand vase avec un énorme bouquet de lys blancs, très frais, plongés dans une grande quantité d’eau. Ces images sont en noir et blanc.
Au vu de la publicité et, en ayant discuté avec Josiane (du stand des Galeries Lafayette, que Jicky m’a très gentiment présenté), cela m’a semblé une évidence, et, je n’étais pas si loin de la réalité. Il est vrai que l’image de la femme qui se prépare en soirée avec un vase posé près d’elle est un peu éculée par sa récurrence dans l’imagerie d’une certaine parfumerie rétro. Mais, dans ce cas, cela me semble totalement cohérent, flagrant et évident !

Cela était mes impressions sur touche, qu’en est-il de la peau ? Ce baiser m’a tant séduit que je suis passé au stade de l’essai sur peau samedi dernier. Les impressions restent les mêmes. L’évolution est extrêmement lente. J’ai l’eau tout d’abord, en grande quantité (et, j’adore cet aspect), les lys aussi, le poivre des pistils épicés se mêlent durant des heures à la verdeur un peu rêche et légèrement crissante des tiges nombreuses et épaisses. La visite chez le fleuriste dure des heures entières (probablement me suis-je retrouvé enfermé chez ce fleuriste, spécialisé dans les bouquets blancs !). Puis, doucement, tranquillement, l’étape du maquillage, des poudres et du crémeux du bâton de rouge à lèvres, apparaît et se pose sur la peau.
Le parfum, par son aspect épicé, et par la verdeur qui se développe sur ma peau, se fait moins discret qu’on ne pourrait l’imaginer. L’évolution, très lente, en fait un parfum qui tient durant des heures.

J’apprécie énormément Vanille Galante de Hermès. Depuis sa découverte, j’étais assez calmement en quête d’un lys qui soit un peu moins discret. Le Lys Galant de Hermès est si fin et délicat que je ne le porte que chez moi pour ne pas gâcher l’estampe à la gouache de Jean-Claude Elléna, qui, comme souvent chez lui, ne supporterait pas l’environnement olfactif agressif extérieur. Vanille Galante est mon doudou pour la maison, pour les soirées au calme. Baiser Volé devient un sérieux concurrent de Beige, ce parfum moins discret, assez solaire mais toujours aqueux, qui peut s’accommoder de l’air extérieur et des turpitudes d’une vie un peu mondaine.
Baiser Volé est un lys tel que je l’attendais : figuratif au possible, naturaliste, réaliste.

N’étant moi-même ni tout à fait une bourgeoise, ni tout à fait une jeune fille bien élevée sortant à peine de l’adolescence, j’avoue bien facilement pourtant pouvoir craquer totalement sur ce lys-ci, sans même espérer pouvoir voler un baiser, mais juste, parce qu’il m’a incroyablement séduit.
Ma note, en l’état, est de 3 étoiles, la verdeur crissante se faisant si imposante face à l’eau que je lui préfère. Mais, s’agissant d’une sortie de mainstream, je ne boude pas mon plaisir à la découverte de ce parfum si cohérent pour Cartier et que je trouve, à titre personnel et subjectif, si réussi.

Jeanne, encore merci pour votre article, pour votre intérêt pour ce beau parfum tout récent (dans l’actualité du jour pourrait-on dire) !
Je vous souhaite à toutes et à tous de belles découvertes olfactives.
Opium

Ps : Je l’ai conseillé il y a dix jours avec Angel en EDT à une auparfumiste régulière ici, j’étais presque sûr qu’elle craquerait pour l’un ou l’autre, et, Opium ne s’est pas trompé (je me vante un peu là... ^^). J’envoie ainsi un doux baiser pas volé à cette auparfumiste, quand elle aura l’occasion de passer quelques moments sur auparfum.