Sahara Noir
par Le Nez Bavard, le 13 novembre 2013
Difficile pour moi de me retenir pour parler de ce dernier opus de la collection "grand public" de Tom Ford. Ce créateur me pose un cas de conscience. En effet, j’ai beau avoir détesté ce qu’il a fait à Paris de YSL lorsqu’il a retravaillé la publicité, en créant une atmosphère étrange et malsaine ; autant que détesté le machisme hurlant de son premier masculin, se vautrant la provocation la plus primaire, je ne peux qu’admirer la force de son style et de sa ligne visuelle, élégante, rétro et mystérieuse. Et en tant qu’amoureuse du parfum, je ne peux qu’adorer son goût en matière de parfum, car la gamme Tom Ford (Private Blend et grand public passée et présente) est une de celle que j’aimerai le plus posséder.
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Et pourtant ! Comment ne pas détester ce sombre abruti qui en 3 ans de temps a fait discontinuer 3 des parfums pour lesquels j’étais prête à me couper un bras. J’ai réussi à sauver les meubles en acquérant in extremis un flacon de Urban Musk aux Galeries Lafayette (un musc ambrette scintillant, lumineux mais doucement animal et ronronnant) il y a 2 ans. En revanche, à mon grand dam, j’ai trop tardé à m’offrir le nectar des nectars, la résine suprême, le plus beau labdanum du marché, feu Amber Absolute. Et je le regrette amèrement aujourd’hui. Bois Marocain, un splendide cèdre Atlas très fin, encens, patchouli et bais roses est lui aussi discontinué, et s’il est encore possible de le trouver sur Internet, d’ici le 31 décembre, il ne restera probablement plus grand chose.
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Bref, ce cher Tom mérite des baffes. Mais il offre un espace de découverte et de respiration tellement salvateur dans cette marée ambiante de médiocrité, que l’on ne peut que le saluer. Car pour moi, il ne fait pas seulement "mieux" que les autres, il fait réellement de beaux parfums. Sahara Noir en fait donc parti, et son parti-pris franc et assumé est une réelle bonne surprise. Pour la part, je ne suis pas surprise du positionnement, car je pense que ce parfum n’a pas été fait pour le marché américain, ni même occidental d’ailleurs. La publicité et l’odeur nous le confirmerons si nécessaire. Cette franchise brûlante de l’odeur, l’overdose de l’encens, des notes boisée animales, la tenue, le sillage, l’évocation juste et bien réalisée du oud font de Sahara Noir un parfum pour les Moyens-Orientaux et les excités du bulbe olfactif. D’ailleurs, la distribution le confirme. Seuls quelques points de ventes bien sélectionnés ont été choisi pour le distribuer, créant ainsi "le nouveau casse-tête-méga-fun" de la distribution. Un grand public ? Apparemment. Mais distribué comme un parfum de niche (et olfactivement nichu) ? Apparemment aussi.
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Cependant, et malgré tout les points positifs énoncés ci-dessus, Sahara Noir n’est pas pour moi. Il m’a fait rêvé, pendant un temps, à l’espoir de retrouver mon Amber Absolute chérie, déguisée dans un nouveau flacon, mais son évolution m’a fait déchanté comme une descente en bad trip. Trop dur, trop sec, trop vertical pour moi, je n’ai pas pu retrouver dans ses profondeurs le voluptueux crépitant et embrasé du labdanum. Je pleure probablement un bonheur perdu que je ne pourrais pas retrouver dans ses bras, mais il me faut m’avouer aussi que je ne comprends pas encore le oud. Que je ne suis pas capable de l’aimer comme j’ai appris à aimer l’encens, le patchouli, le cèdre, le cuir depuis le début de ma vie de perfumista. Sa présence dans ce parfum est trop marquée pour moi. Mais je continue de le saluer pour la justesse et l’audace de sa note qui, une fois de plus, ravit l’amateur de parfum amoureux d’une parfumerie inventive et ayant de la personnalité.
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