Ysatis

par Opium, le 19 mars 2013
Bonsoir Purplenote.
Bienvenue sur auparfum.
Merci pour votre intervention qui est intéressante et m’a bien fait réfléchir. Je vais me permettre de réagir à certaines phrases ou questions que j’ai lues...
"Ysatis disparaissait au même rythme que ses clientes"...
Ce trait d’humour noir possède une large part de vérité... Comme tous les parfums ai-je envie de dire, sauf les récents qui ne résistent pas deux ans dans les linéaires aujourd’hui !
Bon, ça, c’était de la provoc’, voici une réponse plus élaborée.
Comme cela est vrai pour tous les parfums qui ont du succès durant assez longtemps pour survivre à celles et ceux qui les portent mais ne sont pas soutenus commercialement.
D’un côté, aujourd’hui, il n’y a plus un seul parfum qui disparaît avec celles et ceux qui lui étaient fidèles ; ils disparaissent bien avant ! Actuellement, à la vitesse de rotation des parfums contemporains, nous survivrons à des générations et des générations d’entre eux. En 30 ans, âge à peu près d’Ysatis, nous aurons vu une dizaine de générations de parfums puisqu’ils ne tiennent pas plus de 3 ans aujourd’hui.
D’un autre côté, il y a de très rares parfums qui, soit qu’ils soient fortement soutenus médiatiquement, soit qu’ils possèdent des qualités intrinsèques qui fidélisent en renouvelant les générations (parfois, les deux phénomènes jouent, comme c’est le cas avec Chanel Numéro 5, Shalimar et d’autres). Ainsi, Mitsouko, Femme, L’Heure Bleue sont encore présents. De même pour Opium, qui survit malgré toutes les tentatives de le remplacer, comme ce fut le cas de Moche d’Opium, tellement même pas laid, mais juste nul et insignifiant, qu’il est déjà presque mort. Donc, des investissements ont lieu pour financer de la pub car il résiste bien, même si, je suppose, il emm*rde avec son "odeur de vieille" (oups, j’ai été grossier, pardon...) les marketeux qui croient tout savoir et portent les mêmes navets que nombre de gens en trouvant ça trop bien. Bref.
Cela n’a pas été cas avec Ysatis, qui n’est plus soutenu, Givenchy ayant lancé "quelques" parfums ensuite : Amarige, Organza, Organza Indécence, Eaudemoiselle, Very Irrésistible (le franglish, c’est tellement klâss’ !), Ange ou Démon et Dahlia Noir. Je ne parle même pas des flankers... Ce qui est étonnant, c’est qu’il y ait encore deux contenances d’Ysatis alors que de tous ceux cités, il est le plus ancien. Preuve qu’il a su trouver une clientèle fidèle... mais, effectivement, vieillissante et qui s’en va...
"Peut-on le considérer comme un parfum du passé ? Comme un parfum pour retraitées, genre lady anglaise d’un certain âge ?"
Bien entendu, oui !
Comme tous les parfums qui parviennent à survivre plus de vingt ou trente ans !
Même Angel qui faisait plutôt "vulgaire", lâchons le mot, pour certain(e)s, par association avec certaines utilisatrices qui forçaient la dose et dont la discrétion et le raffinement n’étaient pas forcément les qualités premières... Aujourd’hui, Angel parvient cet exploit d’être un parfum considéré par beaucoup comme assez "ostentatoire" et "racoleur" en même temps que les mêmes ou d’autres commencent à le trouver "vieillissant" du fait qu’ils le sentent depuis plus de vingt ans maintenant.
Opium a eu exactement le même parcours. D’abord considéré comme too much, au vu à la fois de ce qui sort aujourd’hui en parfumerie et de la moyenne d’âge bien avancée de ses porteuses, on ne le considère plus ainsi. C’est qu’il serait presque respectable aujourd’hui !
Tous les beaux parfums vieillissants sont des parfums pour "lady anglaise, même des parfums ultra animalisés. Même La Nuit de Paco Rabanne ou Tabu de Dana, un "parfum de puta" comme le voulait son commanditaire. Les moins connaisseurs n’y verront que des notes vieillottes quand les plus habitué(e)s y sentiront le stupre et la décadence !
"Parfum riche et remarquable mais qui paraît décalé rédigé au présent en 2013..."
Pas forcément, là encore, cela dépend du public, du lectorat.
Sur auparfum et dans certains forums d’échanges de connaisseurs, cela sera moins décalé que sur des blogs généralistes. Tout dépend du public. Dans un Sephora, indéniablement, cela sera décalé et même vieillot. Mais, ce n’est pas, sauf trop rares exceptions qui me touchent toujours, vraiment là que l’on s’y connaît en parfums, désolé de le préciser encore, mais, c’est un simple fait que j’énonce froidement et objectivement...
Quel est le dernier lancement d’un "grand floral" ? D’un vrai ? Bah, je ne vois que Portrait of a Lady, qui remonte à 2010 (déjà deux ans et demi), est sorti dans le circuit assez restreint des Editions de parfums Frédéric Malle (pas disponible pour tout le monde) et affiche un tarif encore plus restrictif (concentré en extrait, il vaut un rein et est, de ce fait, encore moins disponible à tout un chacun malheureusement). Mais, oui, là, on a vraiment un grand et beau floral intense, riche et fourni.
Maintenant, d’un point de vue structurel, bien entendu, ce parfum est décalé. Il est "riche", "dense", "foisonnant", "multiple", "complexe", un poil "évolutif", "intense"... Tout ce que n’est pas la parfumerie grand public aujourd’hui, celle qui nous sert des sirops Teisseire en guise de "sensualité".
A côté des arômes de synthèse à très bas coûts trempés dans du sirop de glucose rincés à la flotte, effectivement, Ysatis est décalé.
Prenons l’exemple de la dernière nouveauté sortie dans la même marque, donc chez Givenchy, Dahlia Noir. Waaaoouuuhh ! !! Toute cette obscurité, tout ce noir, cette profondeur, cette fleur mortuaire qui raconte une histoire morbide, cela en est presque transgressif... Nââân, la bonn’blague ! Une pauvre rose flétrie qui a servi à faire une tisane qu’on a sucrée et qu’on rallongée à l’eau car c’était "trop fort". Ouaip, y a bien décalageS. Entre les parfums. Dans les discours mystificateurs aussi...
J’espère que les lectrices et lecteurs apprécient le décalage car il va y avoir quelques articles concernant des parfums bien décalés prochainement normalement... [Comprendre "Hors de la tendance actuelle", donc, avec de la personnalité et qualitatifs, donc, pas "à la mode"...]
"Se verrait-on porter Ysatis sans un certain rapport nostalgique aux eighties avec lui ?"
Pour ma part, indéniablement, oui !
J’ai bien un souvenir personnel fort avec ce parfum qui joue les madeleines proustiennes. Il me rappelle les années 80 de très mauvais goût et très colorées... #GénérationPunkyBrewster
Mais, quand j’analyse un parfum, je sais me mettre de côté. Jicky m’a pas mal appris dans ce cas. A observer froidement et analytiquement l’objet parfum.
J’en parle avec émotion, mais, si je le fais, c’est car le logiciel d’analyse a envoyé un "Go !". Ysatis est, au vu de sa technicité, un excellent parfum. Nous organisons, avec Juliette du blog Poivre Bleu, Thierry - Méchant Loup d’Olfactorum, Patrice de Musque-Moi et Jicky (que je ne présente plus !) un prix, l’Olfactorama, auquel un certain nombre de personnes sera invité à voter, dont Jeanne. Nous avons sélectionné des parfums en parfumerie grand public et en parfumerie confidentielle. Si Ysatis était sorti en 2012, il serait dans les cinq parfums concourant pour le grand féminin de l’an passé.
Son intelligence de construction, sa personnalité multifacettes, sa densité, sa dimension confortable, tout en fait un grand parfum.
Mais, bien-sûr, ne nous leurrons pas, la parfumerie grand public ne propose plus ce genre de choses, la parfumerie confidentielle, elle, parfois, oui. Tant mieux, c’est sa raison d’être !
En outre, à propos du rapport à la nostalgie, je porte plein de parfums sans les avoir réellement connus auparavant : L’Heure Bleue, portée par la mère d’un monsieur y a looongtemps dont je me souvenais à peine. Fracas, Miss Dior, Chaldée, Habanita, Quadrille, je n’en ai aucun souvenir, je ne les connaissais pas avant de m’intéresser plus avant aux parfums, à TOUS les parfums. Je n’en ai aucune nostalgie. Pourtant, je les porte. Juste car il sont BEAUX tout simplement. De même pour Ysatis qui, effectivement, a acquis une résonance très 80’s avec les années qui défilent, mais, surtout, est bêtement beau...
Voilà. En espérant que cela soit intéressant.
Ysatis, pour moi, c’est bien à la fois la "morsure dans la fourrure" et le "tranchant dans la tendresse", impressions que me font souvent la tubéreuse et les chypres ; alors, quand les deux sont réunis...
N’hésitez pas toutes et tous à réagir et répondre à Purplenote à son sondage quant à vos ressentis à propos de ce parfum si vous en avez.
Encore bienvenue. A bientôt.
Opium
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