Parfum sucré, oui mais....
par Opium, le 23 septembre 2012
Bonjour à tou(te)s.
Le problème posé par certain(e)s est intéressant : Parle-t-on de parfums "gourmands" ou "sucrés" ? Je suppose que le curseur de chacun(e) est placé différemment et qu’il évolue avec le temps.
La famille des orientaux épicés vanillés était considérée comme celle des parfums gourmands par le passé, jusqu’à l’arrivée de Angel qui a déplacé le curseur en nécessitant la création d’une nouvelle dénomination afin d’appréhender cette nouvelle catégorie descriptive de famille olfactive. Puis, on a connu, comme une sorte de plaisanterie potache, une poussée jusqu’à l’extrême vers des tentatives mono-matières consacrées au seul sucre (Pink Sugar en est un exemple).
Toutefois, je vais conserver la classification qui prévalait anciennement. Tout ce qui finit son histoire par un fond un peu vanillé ne sera pas listé. Mais, si une matière gourmande est mise en valeur de manière centrale (benjoin, vanille...), alors le parfum concerné sera peut-être cité ci-après.
La tendance pâtissière à tout va devient gonflante car ronflante (et, donc, morne et toujours la même) et répétitive à l’extrême. Tous les parfums sortis en mainstream durant cette rentrée, TOUS, ont une facette sucrée, même les masculins ; pas un qui y échappe ! Enfin, dernièrement, cette tendance est, encore plus, exaspérante car elle se fait moins fine et subtile. Mais, que diraient aujourd’hui Ernest Beaux, qui déclarait qu’avec les matériaux de Jacques Guerlain il aurait confectionné une "crème brûlée" en lieu eu place de Shalimar, et Edmond Roudnitska, qui se plaignait déjà, après le milieu du XXème siècle, de la tendance sucraillonne de l’époque ? Ça laisse rêveur. Eux, n’étaient pas encore soumis à l’éthyl maltol et à ses apparentés.
Ma passion du parfum, dans les années 90, s’est souvent manifestée par une certaine préférence pour des parfums gourmands vis à vis desquels mon meilleur ami me disait souvent : "Ah, c’est sucré, tout à fait toi...". Mais, dans les années 90, si on suivait les actualités des sorties de parfums, de toutes façons, on avait le choix seulement entre deux tendances :
- l’iode calonée huîtrée zen de brise de bord de mer rassérénante ou...
- la régression récofortante des desserts et petits-déj’ à pshitter.
Depuis, j’ai bien allégé mon "régime parfumé" et les préférences qui vont avec, naturellement, sans m’en apercevoir. A ce point que j’en avais oublié cette époque qu’on nommerait, si on est généreux et sympa : "gourmande" ; si on est moins gentil : "sucraillonne".
Comme la thématique du tout au sucre me plaît moins, comme Doudou et la plupart ici, je vais porter mon attention sur des gourmands où le sucre ne joue que le rôle secondaire d’une partition mettant en valeur d’autres effets. Globalement, ma liste va ressembler beaucoup à celle de Troudujol, à peine rectifiée en fait ; je ne suis pas très original... ^^
Mainstream
Thierry Mugler - Angel : LE Premier. Porté en EdT, mais, l’EdP me fait du gringue.
Thierry Mugler - A Men : MON Premier gourmand. Mais, aujourd’hui, la note de café sucré renversé sur la chemise après le déjeuner du midi me semble manquer de subtilité et un poil trop poisseuse.
Thierry Mugler - B Men : Il était plus facile à porter que A Men, écrasé par lui dans les 00’s ; il fonctionnerait très bien aujourd’hui, sans nouveaux frais de créa’.
Thierry Mugler - Womanity EdP : Gourmand, entre autres. Ça en fera hurler beaucoup, mais, d’une facilité étonnante à enfiler. Pshitter entre 2 et 4 petiots pshitts, pas plus. Ne pas sentir au goulot ni sur mouillette. D’une facilité étonnante à porter pour moi et pas un seul mort à signaler lors de son usage ni plaintes pour tentative d’assassinat. ^^
Thierry Mugler - Alien EdP également connu sous son nom à rallonge "so 10’s" Alien Essence Absolue : Meilleur encore que la première version, déjà, pourtant, excellente. Là, on est vraiment dans la démonstration que l’ajout d’une facette gourmande peut arrondir une création. Très bonne idée d’en faire un permanent. Remplacera sûrement le "Dark Vador" de la première mouture quand elle sera achevée. Il méritait un 16/20 en EdT. Il passe à 18 en EdP.
Rochas - Rochas Man et Rochas Man Intense : La parenté avec Angel semblait flagrante à leur sortie. Deux versions funky pas prise de tête qui étaient toujours sympas pour aller en boîte ! ;-)
Lolita Lempicka - Lolita Lempicka : La petite sœur plus ingénue de Angel. Moins tape-à l’oeil, parle moins fort, se maquille moins, low profile, mais assez funky. ^^
Lolita Lempicka - Au Masculin : Encore un dont j’ai vidé des flacons. La note de réglisse de sa petite amie, à moins que ce soit sa sœurette réglissée, plus amère ici, était bien sympathique. Presque de la niche avant l’heure. Un faux air, en moins parti pris, de Bulgari Black, mais, moins goudron.
Lolita Lempicka - Minuit Noir : Overdose de réglisse cuirée entre caramel brûlé et goudron chaud. L’une des meilleures versions de l’original.
Jean-Paul Gaultier - Gaultier² : Il a été un très fidèle compagnon de certaines soirées festives. La vanille me semble dissonante et agressive aujourd’hui, comme métallique et saturée d’infrabasses. En fait, c’est bien ça. Une "vanille deep house", une "techno-vanila" ou une "dub step vanille". Une vanille pour ce moment où le soleil est couché et les néons sont bleus et stroboscopiques.
Jean-Paul Gaultier - KoKoRico - La facette gourmande du cacao est indéniable. Plus jolie ailleurs, mais, je l’aime bien mouah... J’y suis attaché et il est plus proche d’un Poulain Grand Arôme que d’un Benco, donc, tout va bien... ^^
Givenchy - Pi : Vanille aussi originale que celle de Gaultier, mais, mois métallique, moins "SM", beaucoup plus texturée. Agréable, non pas comme un débardeur, mais comme un pull chaud et confortable. Devrait être relancée par la marque, en cette période où la vanille reste une valeur dominante, ça pourrait très bien fonctionner.
Yves Saint-Laurent - Body Kouros : Une odeur unique, ça passe ou ça casse. Étrange, comme un bruit assourdi en continu qui irradie, une vibration de paille et foin vanillés.
Guerlain - L’Instant pour Homme Intense - La version classieuse du précédent. Le t-shirt n’est pas trop flashy, c’est même plutôt un polo, repassé, dont le porteur fait gaffe de ne pas se faire arroser par les verres de ses voisins. [Fin de la métaphore filée "Clubbing"] La tonka est fort jolie et rend l’édition Intense plus gourmande que la première version.
Guerlain - Shalimar - Ôde à la Vanille : Presque plus beau que la version courante. Dommage que ce ne soit qu’une édition limitée. Tout le monde l’adorait. Dont moi !
Réminiscence - Réminiscence pour Homme - Pas porté par moi, mais, existe toujours. Original (signé et identifiable). Doucement régressif. Un joli gourmand plutôt délicat.
Yohji Yamamoto - Yohji Yamamoto pour Homme : Une note noisette et un peu bitume sur fond doux si je me souviens bien. Excellent. Discontinué aujourd’hui.
Escada - Magnetism pour Homme : Début de l’ère "sirop de fruits rouges", mais, encore à tâtons, et appliqué à un masculin, donc, avec parcimonie. Finalement, bois, épices et notes fruitées sucrées fonctionnaient plutôt bien. Même pas honte de l’avoir porté.
Tom Ford - Black Orchid : La vanille est une gousse issue d’une orchidée. Tom Ford a tracé un trait d’union entre les deux, et sa "fleur noire" évolue et survit dans le sirop et le sucre. Nourrie à l’excès, elle devenue un monstroplante envahissant mais séduisant.
Prada - Candy : LE seul mono-sucre que je pourrais adopter. Mais, après un test long sur peau, il m’a, malgré tout, un peu lassé par sa linéarité. N’en reste pas moins le mieux construit dans sa catégorie.
par sa rondeur, sa subtilité et son fondant moins "bruyant" que bien d’autres.
Dior - Dior Addict "L’Eau de Parfum" : Même pas honte. ^^
Dior - Hypnotic Poison : Doudou amandé pour adultes.
Dior - Dior Homme Intense et Dior Homme dans sa version actuelle (la réduction de la part d’iris de la version originale faisant basculer la création vers davantage devanille cuirée tabacée) : Moins classieux que par le passé, plus facile, mais, toujours aussi innovant et toujours aussi agréable à sentir et porter.
Viktor & Rolf - Spicebomb : En fait de bombe épicée, c’est un accord de benjoin, tabac et vanille qui met l’eau à la bouche et rappelle furieusement Ambre Narguilé de Hermès en moins gras et presque plus digeste et aérien. Si, si... ^^
Niche
Guerlain - Spiritueuse Double Vanille : Premier achat nichu. Comme quoi, on ne se refait pas. Vanille très alcoolisée, trèèès sucrée, liquoreuse. Excellente à (toutes) petites doses, à consommer en petites quantités. [L’abus d’alcool ET de sucre est dangereux pour la santé]
Guerlain - Cuir Beluga : Il me plaisait beaucoup il y a quelques années. Mais, ma tolérance au sucre ayant diminué, me semble un peu trop pâtissier - confiseur aujourd’hui. Joli daim souple arrondi par la "guerlinade".
Guerlain - Bois d’Arménie : En référence au papier d’Arménie et au benjoin qui le compose. Le tout est asséché par des bois.
Guerlain - Tonka Impériale : Mon préféré de la gamme. Un bonheur absolu et, plus équilibré que d’autres.
Guerlain - Rose Barbare : Quand une rose - patchouli devient folle et nourrit par du pop corn Monsanto devient obèse comme la sorcière dans "La Petite Sirène" de Disney, envahissante jusqu’à la folie. Mais sympa comme une diva qui rit trop fort.
Tom Ford - Noir de Noir : Même catégorie que ci-dessus, mais, plus sombre, plus baryton que soprano.
Tom Ford - Ambre... : Majestueux et magistral dans sa catégorie. Était une "tuerie". Est, pourtant, discontinué.
Tom Ford - Tobacco Vanille : Tout est dans le titre. Un pur régal de tabac aromatisé, dans la même famille que Fumerie Turque mais avec une forme olfactive bien différenciée.
Frapin - 1270 et 1697 : Mon attirance passée pour les gourmands les trouve charmants, mais, de là à les porter. Pourtant, je vois les flacons, je teste, encore et encore, sans savoir si je préfère le fruité - ananas ou l’autre.
L’Artisan Parfumeur - (Havana) Vanille Absolument : Proche de la SDV de Guerlain en moins sucraillonne et moins lourde. Mais, une note aérienne d’huile vanillée flotte dans l’air et ne le rend pas toujours portable. Fort joli malgré tout.
The Different Company - Sublime Balkiss : Ça doit être mon côté Dior Addict qui s’exprime...
Hermès - Ambre Narguilé : Struddel, crumble ou compote aux pommes - cannelle. Une tuerie. L’idée a été reprise cette année en mainstream par Spicebomb. Conseil : A éviter avec un repas lourd. A fuir à Noël ! [Expérience personnelle] Pour une fois qu’un Ellena est "trop lourd"... Sinon, à faibles doses, il est délicieux et très facile à reconnaître.
Serge Lutens - Fumerie Turque : Certain(e)s ne seront pas d’accord, mais, très très doudou régressif gourmand pour moi. #bigcrush
Serge Lutens - Ambre Sultan : Pas gourmand au sens premier, très aromatique, beaucoup de coffre, mais, malgré tout, sa strcture ambrée classique en fait quelque chose de rond qu’on ne peut pas ne pas citer...
Serge Lutens - Bornéo 1834 : Je crois que s’il ne fallait conserver que deux accords patchouli - cacao, ce seraient Angel et celui-ci, sa version "couture" en somme, plus ciselée, moins racoleuse, plus "roots" et brutaliste.
Réminiscence - Do Ré et Mi Fa : De la barbe à papa pour une invitation à la fête foraine et une amande amère comme celle que l’on trouve dans une liqueur portugaise délicieuse dont le nom indique bien ce qu’elle est, "Amêndoa Amarga", amande qui se poudre et se fait plus cosmétique et rétro. Deux réussites du genre !
Je constate en rédigeant ces listes que les gourmands et orientaux ont été plutôt des compagnons noctambules. Leur aspect plus puissant, plus délirant, plus fun et déluré, moins austère, avec un certain sillage, tout cela convient bien à un papillon de nuit.
Je note pour approfondissement de mes connaissances : Angélique Noire qui a été souvent cité mais qui, noyé dans les autres L’Art et La Matière n’a eu que trop peu d’attention de ma part, Ambre Premier de Jovoy, HM de Hanae Mori que j’ai bien aimé sur touche, Kenzo Amour dont j’ai adoré sur papier la variation autour du riz, entre poudre cosmétique et dessert au lait, L’Elixir des Merveilles de Hermès dont je connais surtout la première version, Sucre d’Ebène de Huitième Art dont Pierre Guillaume est connu pour son talent à pâtisser le fond de nombre de ses parfums, tel une sorte de Guerlain d’aujourd’hui.
Si beaucoup de trucs pâtissiers sont écoeurants, certains sont de vrais plaisirs dont il serait parfois dommage de se passer.
Bonne journée.
Opium
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