Serge Lutens "Le parfum, seul décide"

par Opium, le 12 août 2012
Encore bonsoir.
Bon, et bien puisqu’on m’y autorise, je me re-glisse, m’immisce, me ré-introduis dans ce bel échange. ;)
Matthieu, merci à toi pour ton retour et tes compliments (je préfère très largement aussi le tutoiement). ;-)
Je crois que ce qui me dérangerait le plus dans un élargissement des produits disponibles avec des bougies, en dehors de la trahison de la volonté profonde de son créateur que l’on peut supposer dans certaines de ses réponses lors d’entretiens plus ou moins récents (de ne pas parfumer autre chose que le corps), c’est que la marque ne serait pas du tout leader dans ce domaine. Cela, pour faire simple, manquerait un peu d’originalité.
En revanche, proposer d’autres mises à disposition de produits parfumés pourrait être intéressante si ces produits étaient cohérents. En effet, la vente de flacons alcooliques parfumés n’est qu’une pratique commerciale bien récente dans l’histoire du parfum. Pourquoi ne pas innover ?
L’Artisan Parfumeur va d’ailleurs mettre à disposition des gants parfumés, je crois, à l’automne prochain, renouant avec la tradition des Maîtres Parfumeurs et Gantiers.
Dans une perspective davantage orientée vers le futur plutôt que vers une tradition passée, de nombreuses maisons de parfums et laboratoires semblent travailler sur de nouvelles manières de se parfumer. On pourrait imaginer absorber une gélule qui nous parfumerait de l’intérieur. Bon, outre les risques toxicologiques à maîtriser, encore faudrait-il être assez fidèle à une fragrance ou savoir ce que l’on veut porter assez longtemps en avance. Or, jusqu’au moment où je me parfume, souvent, je ne sais pas de quoi je vais avoir envie, je peux changer d’idée dans les deux dernières secondes...
De plus, absorber une gélule, cela manque un peu de "sensualité" dans l’acte du parfumage ; sensuailité que Serge Lutens revendique. Mais, après tout, pour des raisons de praticité et d’hygiène, les vaporisateurs ont supplanté l’application par effleurage ou application en splash, ce qu’on n’aurait probablement pas imaginé possible il y a 50 ans.
Mais, quelle idée sérieuse pourrait être intéressante ? Cela, je ne le sais pas... Ah, si, les savons, ce serait tout mimi et cela reste un getse entre le sensuel et l’hygiène. J’adore les savons Claus Porto avec leurs jolies senteurs naturelles et leurs papiers d’emballage qui sont de vraies petites oeuvres d’artisanant colorées. Ah, non, les savons, c’est pas possible : Y a déjà L’Eau. Faut trouver une autre idée. Mais, qu’elle soit en rapport avec le corps, la peau, c’est obligatoire. D’où la cohérence actuelle des parfums avec le maquillage par ailleurs.
Mon petit doigt me dit que si Serge Lutens proposait un nouveau produit, il faudrait que ce soit plus sensuel qu’une gélule à avaler. Les vendeuses de la marque préconisent d’ailleurs souvent - et l’appliquent ainsi aux Salons du Palais Royal - de réaliser l’application par effleurage de la solution odorante plutôt que par vaporisation. Dans le cas de Tubéreuse Criminelle, cela a l’avantage d’éviter de mourir asphyxié dans le camphre "Baygon vert" assassin ! ;)
Quant au lieu de distribution, il est certain qu’une boutique en nom propre dans un endroit bien choisi avec une décoration faisant sens avec les Salons du Palais Royal originels serait préférable probablement. Mais, cela serait bien plus cher et toucherait probablement moins de monde potentiel. Toutefois, quelques très rares boutiques, pas même une dizaine, ni même six, dans des lieux stratégiques, où l’on "transporterait" l’univers Lutens, serait une idée, bien que chère, pas forcément ultra rentable immédiatement, qui pourrait avoir "de la gueule" tout en accroissant la visibilité de la marque sans la rendre trop accessible malgré tout. Mais, encore une fois, ce genre de boutiques ne sont pas toujours rentables. D’autres, déjà, de ce type pour d’autres marques, ont dû fermer. Louer un espace dans des Grands Magasins coûte moins d’argent et est souvent plus rentable.
J’avoue avoir mis également du temps à parvenir à m’approprier les Grands Magasins : ces surfaces gigantesques où on se perd et où, à trop repérer de choses éventuellement intéressantes, plus rien n’a de vrai et réel intérêt.
Il est certain, en tous les cas, qu’une "surveillance" particulière quant à la mise à disposition de ce qui est censé être "rare" et "avoir de la valeur" sera nécessaire si la marque ne souhaitie pas perdre en crédit et banaliser une distribution qui est, trop souvent, tout sauf appétente. Dans les nociphorarionnauds, si l’on n’est pas amateur de parfumerie un peu artistique, je ne suis pas sûr que l’on soit attiré par les deux linéaires trop souvent désordonnés, mal rangés, où les parfums sont mal mis en valeur. Il en est de même au Printemps à côté de chez moi (dans le 20ème arrondissement parisien, vers Nation) : Faute de personnel attitré, c’est une véritable débandade des parfums (pauvres Annick Goutal, Acqua di Parma et autres Nez à Nez éparpillés n’importe comment). Seul le stand de L’Artisan Parfumeur attire réellement : Mais, une vendeuse de la marque y est disponible toute la semaine. Et, cela fait toute la différence. Aux Galeries Lafayette et, surtout, au Printemps, dans l’une des Scent Room dévolue aux couleurs de la marque, les flacons de poche sont particulièrement bien mis en valeur. Mais, encore faut-il être déjà dans les Grands Magasins pour avoir envie de passer du temps à découvrir ces marques. L’absence d’une devanture, peut, effectivement, être un problème de visibilité.
Je vais revenir sur un autre point qui a été abordé à plusieurs reprises : le rythme des sorties et le nombre de références disponibles. Le fait de sortir de manière obsessionnelle trois parfums par an à dates fixes a l’avantage de cadencer le calendrier des perfumistas comme Noël et Pâques peuvent le faire. Mais, cela a un inconvénient précisé par Jicky : Réduire l’originalité de ce qui sort. Peut-on toujours parvenir à être original à un rythme aussi soutenu ? Inutile de répondre, je crois que nous sommes à peu près tous d’accord pour considérer qu’un calendrier des sorties plus lâche pourrait être utile. Mais, j’y vois un autre inconvénient. Elargir une marque à foison semble être contre-productif. Je m’explique : Nous nous promenions hier avec des ami(e)s dans les Salons du Palais Royal et, nous nous sommes rendus compte qu’à trop tester et trop apprécier de trop nombreuses références, on ne parvient plus au final à se décider sur rien. On apprécie la gamme presque au complet, avec certains que l’on aime plus que d’autres. Mais, le coup de coup de coeur potentiel est tué par tous les autres coups de coeur potentiels que l’on pourrait avoir. A tout bien aimer, on ne semble plus disposé à craquer sur rien ! Je me demande si une gamme de taille moyenne n’est pas plus efficace en termes de ventes. La vingtaine de parfums des Editions de Parfums Frédéric Malle permet d’en avoir rapidement une vision globale avec deux ou trois préférences qui se démarquent et qui peuvent déterminer rapidement un finaliste préféré.
Et puis les conseillères des Salons commencent à manquer de place sur leurs comptoirs pour les nouveaux arrivants. Elles ne savent plus où poser les touches à sentir. ;)
Je reviens et confirme ce qu’a dit Jicky ci-dessus. On se faisait la réflexion en sortant des Salons du Palais Royal hier.
#connexion
Il est vrai que les prix sont, quoi qu’on en dise, assez élevés. Pas pour les flacons dans l’absolu ou en comparaison avec l’autre unité que sont les flacons des autres marques. Moins de 100 euros pour les flacons rectangulaires et toujours moins de 140 euros pour les flacons de table, cela n’est pas trop trop cher. En revanche, cela est élevé eu égard à la contenance ; 50 mls dans le premier cas, 75 dans le second. Soit, grosso modo, deux euros le ml. Moins cher qu’une Heure de Parfum de Cartier mais bien plus cher qu’un mainstream de type Givenchy. Mais, quand on sait que dans ce dernier et chez la plupart de ses petits copains des nociphorarionnauds (Chanel, Guerlain et Hermès étant à part avec quleques autres comme Cartier et Van Cleef & Arpels peut-être, qui portent un certain soin au choix de leurs matières premières), il y a seulement entre 0,50 et 1 euro de concentré, presque jamais plus de deux en tous les cas, les flacons Lutens prennent une autre valeur. Plus de la moitié du prix d’un flacon de Iris Silver Mist semble dévolu aux matières premières (et oui, l’iris, c’est cher !). La différence : La communication qui n’est pas la même, de même que la distribution, et, une égérie qui, absente, ne coûte, donc, rien. Et, finalement, bien que ce soit l’obsession de tous les papiers un peu modeux, l’égérie n’est pas toujours nécessaire : La Petite Robe Noire de Guerlain dernièrement, en est un exemple récent. On verra avec le futur Coco [pas si] Noir [du tout] de Chanel qui n’aura pour égérie rien d’autre que le flacon (sublime il est vrai).
Et puis, l’augmentation des prix des Lutens est faible comparativement à beaucoup d’autres marques dernièrement. Parfois, je me demande si "elles n’ont pas bon dos les matières premières" dont le coût augmente, il est vrai, beaucoup parfois, comme c’est le cas pour la tubéreuse, le santal, le patchouli et d’autres, mais, dont la représentatoin dans certains flacons est de moins de 10 euros. 50% de hausse (ce qui est une extrapolation abusive vers le haut en plus qui n’a presque jamais lieu dans les faits, mais, c’est pour l’exemple) sur 2 euros, ça ne semble pas justifier certaines hausses, parfois constatées, de près de 10 euros parfois. Mais, le positionnement d’une marque joue également. La prochaine hausse des parfums Chanel est ainsi prévue afin que ses parfums, dont les matières sont assez chères et dont le prestige se doit d’être au RV (je ne parle pas de l’innovation des jus, vaste et autre débat !), afin, donc, que ses parfums aient un coût qui corresponde au prix psychologique que les possibles client(e)s imaginent mentalement voir attribué. En version 50 mls, les Lutens à étiquette claire seront plus "mainstream" (entendre "accessibles financièrement") que les Chanel au même format.
Tout cela pour dire que, bien que pour certaines bourses les parfums Lutens soient toujours excessivement chers, en rapport à ce qui est mis d’originalité et de beauté des matières dans les flacons, ils peuvent se révéler moins coûteux que bien des marques semblant de prime abord plus accessibles. Mais, tout cela est très relatif et subjectif : seul devrait compter le plaisir !
On devrait recruter certain(e)s intervenat(e)s sur AP chez Serge Lutens et ailleurs, on est bourré d’idées (et, pas si idiotes ces idées...) ! ;)
Bonne soirée.
Opium
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