Infusion de Vétiver
par Youggo, le 13 octobre 2015
C’est étonnant et amusant de relire cet article et les commentaires 5 ans après. Pas sûr que les avis seraient aussi radicalement négatifs aujourd’hui.
Je n’en gardais pas moi-même un souvenir périssable, mais il est probable que les avis lus ici avaient peut-être joué à une époque où je commençais juste à explorer la parfumerie. J’ai donc profité de la sortie revue et augmentée de la gamme des Infusions de Prada pour poser à nouveau le nez sur la réédition de ce Vétiver. Et à ma grande surprise je l’ai trouvé passionnant et rudement bien foutu ! Et je suis convaincu qu’aucune reformulation majeure n’est intervenue entre temps.
Le vétiver est évident dès le départ. Pas un vétiver brun, profond et sévère à la façon d’un Encre Noire ; C’est plutôt un vétiver jaune pâle, limite vert, humide et tendre qu’il m’évoque. Plus « végétal » que boisé. Il est entouré de zestes d’agrumes et de gingembre amers et pétillants, et d’un effet savonnette un peu désuet contrebalancé par de très modernes muscs nets et propres comme un intérieur de voiture neuve. Tout ça est posé sur un cœur aux accents floraux avec quelques touches épicées (anis, coriandre, poivre), et finalement entouré d’iris poudré un peu cosmétique.
Je trouve le résultat réjouissant et séduisant, particulièrement fin. Oui c’est frais, c’est printanier, c’est propre et efficace… mais on est bien loin du détergent. Il y a derrière ça un beau travail sur les textures des matières, un bel équilibre et une évolution riche et maitrisée. C’est une proposition neuve et une interprétation originale du vétiver.
Je pense aussi que, le temps faisant son œuvre et les sorties s’étant égrenées (iris, tubéreuse, fleur d’oranger, rose, amande etc…), la signature de cette collection des Infusions est devenue évidente et clairement identifiable. Si bien qu’en le testant à nouveau j’ai cherché davantage "l’infusion" et que le "vétiver" (ce qui n’était pas le cas à sa sortie). Et ce vétiver ne déroge pas aux codes instaurés : c’est fin, c’est aérien, on joue sur les effets et la transparence, et la matière phare y apparait en filigrane, métamorphosée et réinterprétée avec beaucoup de cohérence. La parenté avec Infusion d’Homme est ainsi flagrante, et j’irais même jusqu’à dire qu’avec l’œillet, le vétiver un de ceux qui ressortent le plus fièrement de la collection. (J’ajouterai que la Fleur d’Oranger se révèle aussi plus enthousiasmante que dans mon souvenir.)
Après pour pondérer un peu tout ça : je n’ai jamais été très banché vétiver, et je suis bien conscient que ce parfum est un vétiver pour ceux qui n’aiment pas le vétiver.
Autre point : j’étais passablement malade le jour de mon test et ça peut avoir perturbé un peu ma perception (mais la mouillette conservée conforte tout de même mon jugement).
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