Le sexe des parfums
par Opium, le 10 février 2011
Bonjour à toutes et à tous,
Je me permets de faire remonter ce sujet car en vous lisant, je viens de passer un moment des plus agréables : drôle, impertinent, juste historiquement s’agissant de parfums... Une palme à Mitsouko et Jicky et aux autres, car sous des propos franchement rigolards parfois, beaucoup de justesse et, oserai-je dire, d’émotion, donc l’essence même des "bons" parfums dont je tente la défense depuis des années auprès d’ami(e)s qui prennent cela pour une originalité de plus de ma part, défense de parfums dont je suis convaincu qu’ils ne doivent pas être sexualisés, mais utilisés à contre-emploi s’il le faut. A la rigueur, ils peuvent "nous" sensualiser (à l’extrême) et tant mieux, mais surtout pas l’être, eux.
L’anecdote du papa et du rugbyman qui portent Angel m’ont fait rire aux éclats ! Du panache et de la justesse !
Alors, le pourquoi de cet amour de la "transgression sexuée" (et non sexuelle) des parfums... Le contexte historique veut choisir des "cibles" marketings bien nettes ou bien floues, pour taper juste ou taper large... Ca m’emmerde royalement.
Le parfum, c’est l’expression de nous mêmes, de nos humeurs, de nos envies, aspirations, espoirs, illusions, échecs, messages aux autres parfois, j’y reviendrais... L’expression de notre histoire personnelle.
Alors, la mienne... Maman portait Maroussia de Slava Zaïtsev car, même si vendu à côté des concombres, belle odeur originale (vous savez, le mauvais cadeau de Noël qu’on vous offre, acheté en grande surface par un vague ami qui ne sait pas quoi amener mais ne veut pas venir les mains vides et commet un impair... qui n’en est pas un)... Coco également, davantage en soirée, Tocade et Hypnotic Poison (qui a dit que ma maman pouvait être un peu une "emmerdeuse" ? )...
Et bien d’autres odeurs, de la belle famille là pour le coup : belle-maman, et ses Cristalle, N°5 et N°19, Poison, devenu Tendre en été, Loulou quand il fallait de la "légèreté" en semaine ("waouh"), L’Air du Temps et Arpège parfois, Opium et Femme chez l’une de ses soeurs, L’Heure Bleue et Shalimar chez une autre, compléments pas trop proches en fonction de l’humeur...
Dans la famille, le parfum c’est au sentiment. Je suis épaté que quelqu’un comme Jicky et ses 16 ans assume si bien ses choix anticonformistes ! !
+ jeune, à 18 ans, j’ai porté L’Air du Temps, ses fleurs blanches ne me semblaient pas choquantes, et le "parfum de vieille" sur une peau de gamin, j’adorais juste l’idée en plus de la senteur. Puis porté Deci-Delà et Liberté Acidulée, Egoïste, Platinum en été, Opium "pour Homme" (vilaine expression), Man de Rochas (à défaut des Mugler), Lolita Lempicka ("pour lui"), puis Allure (magnifique), L’Eau Lente de Diptyque et bien d’autres, mais la liste de la cinquantaine serait trop longue et pas exhaustive... Un ami portait à l’époque, vers mes 18 ans, Féminité du Bois (j’ai bien dit, un et non une), superbe senteur...
En lisant une interview de Pilippe Stark lors de son "reflaconnage", il expliquait il y a quelques mois qu’il portait L’Air du Temps. Cela m’a libéré de mes contraintes. En gros, et puis "merde", si cela me plaît et que je pense que cela me va, je vais le remettre. Le choc ! Cette odeur : intemporelle, que de souvenirs, magnifique... Je le porte parfois, et en ce moment, c’est la "brume d’oreiller" qui rend mes rêves + doux/fous (à chacun son N°5 à porter la nuit !)... ;-)
Puis, parce que j’adore cette odeur, je crois, ma préférée, j’ai franchis le pas (comme quelqu’un d’autre cité ici) : j’ai senti puis acheté, allez, je vous laisse deviner (petit indice, regardez mon pseudo) : mes préférences vont d’abord aux orientaux, leur profondeur d’interprétation, les "non-nez" ne (res)sentent que la vulgarité, l’aspect "tape à l’oeil" de ces créations, quand j’y trouve de la chaleur et de la profondeur, de la création complexe et aboutie ; puis, de beaux chyprés aux notes poudrées de nos grands-mères (ah, cet iris qui revient au devant de la scène depuis quelques années après avoir été malheureusement "passé à la trappe") (Suis surpris de toujours apprécier sans la reconnaître l’odeur d’Aromatics Elixir de Clinic, à chaque fois que je le sens, je l’aime sans le reconnaître, on me dit de quoi il s’agit, et là, je me dis, "encore une fois, c’est celui-ci... Alors qu’avec L’Heure Bleue, reconnaissance immédiate, j’adore suffoquer dans le cou que j’embrasse de ses effluves immédiatement reconnus qui viennent me chatouiller les narines) ! !
Longue digression... J’ai senti, donc, il y a quelques mois, l’eau de toilette d’Opium, qui ne m’a pas rappelé tous les souvenirs désirés, puis l’eau de parfum, et là, un début de vie qui se déroule sous mon nez... Ce parfum qui embaumait tout l’appartement de ma tante et qui se battait contre Femme de Rochas porté durant le w-e ! Cette odeur qui contaminait même les vêtements de ses enfants... Cette odeur puissante ! Immédiatement reconnaissable entre mille... Je l’avais entre les mains, il me la fallait.
S’agissant d’une odeur "polarisante" qu’on adore ou hait, qu’on aime ou déteste, mais pas de juste milieu (comme Angel ou Poison), je suis toujours étonné par les deux réactions autour de moi : "C’est quoi ton parfum" avec le sous-entendu, là, j’aime bien, mais ça me rappelle un truc, je ne mets pas "le nez dessus". Et le nombre de fois où j’entends dire, je ne l’aime pas, mais sur toi, "ça passe bien"... Ou, autre réaction, juste, "j’adore cette odeur" (bah, oui, ça doit te rappeler maman ou tata aussi, des w-e ou des après-midi en famille, mais tu ne fais pas le lien, car c’est un jeune trentenaire qui l’utilise "à contre-emploi" par rapport à un usage courant, alors que sur auparfum ou osmoz, j’ai l’impression que c’est juste "la norme" (vilain mot)).
Je vous parlais tout à l’heure de messages aux autres : quand je porte Opium, clairement, je n’attends pas d’acquiescement de la part de mon entourage, pas vraiment une révolte, juste un moment de plaisir personnel pur, et tant pis du qu’en dira-t-on, et tant pis (malheureusement) si, cette odeur si particulière indispose certain(e)s ; toujours bien mieux que les effluves métro-isés (et + classe comme je l’ai lu, que One Million, que j’ai porté en avant-première, pensant qu’il s’agissait d’un "féminin" justement (retour au sujet) ; pas si épouvantable que cela, juste le message "putassier" à la Terry Richardson (concepteur avec Tom Ford et l’ancienne rédactrice en chef du Vogue France du "porno-chic") + porno provoc’ que chic quand même !
J’adore le "vrillage" d’Opium (sillage violent et détourné), son image transgressive (quand on connaît les problèmes d’addiction de feu Saint-Laurent, cela est encore plus touchant) ; j’adore "m’adonner" à ce Saint-Laurent là ! !
Maintenant, quelques réflexions d’ordre purement technique à propos du "sexe des parfums" : Je peux me noyer dans Voyage d’Hermès ou les Eau d’Issey, mais avec des orientaux capiteux, boisés, épicés ou terreux, voire gourmands si M. Mugler passe par là (A Men porté, jamais osé Angel, vais peut-être y réfléchir ! ), il faut un doigté plus léger.
Opium est superbe sans une main trop lourde. J’aime le moment où les épices, muscs et bois luttent contre la chaleur d’une sudation, en boîte ou au sport ; cela devient presque animal, mais pas désagréable, la puissance tente de continuer à brûler contre ma peau ; là, ce n’est presque plus de la sensualité, mais presque de l’érotisme je dois l’avouer...
Mais à user, voire abuser, avec parcimonie malgré tout sil’ on ne veut pas se haïr soi-même et faire un joli cadeau olfactif à ceux qui nous entourent.
Je crois que la seule règle pour un garçon, outre, comme pour une fille de se faire plaisir, c’est de ne pas forcément se permettre un floral "trop floral"... Mais je ne suis pas sûr de moi. J’adore Poison : mais, là, j’ai le sentiment que je ne serai pas juste. Je le suis, à la limite peut-être, mais je le reste, avec Opium : les bois et les épices équilibrent le parfum le rendant sensible sur une peau hormonée plus masculine. Encore une fois, peut-être suis-je dans le faux. Cela pourrait permettre une réponse : un floral ultra-"féminin" est-il accessible à un homme ?
Grâce à vous, pas mal de travail/plaisir en perspective : aller re-découvrir les "vieux" Guerlain et surtout, Jicky, Shalimar et Mitsouko (dont j’ai le sentiment qu’il devrait bien me plaire et risque de se retrouver malencontreusement dans un sac accroché à ma main ! (oh, zut !)) puis aussi quelques ’L’Art et la Matière" dont j’ai testé Spiritueuse Double Vanille que j’apprécie énormément pour le travail fourni, mais pas si simple à porter ; Iris Ganache (et sa proximité avec Dior Homme) est à tester je crois...
Me replonger + attentivement dans les Serge Lutens : Rahat Loukoum, Ambre Sultan et Muscs Koublaï Khän, dont vos descriptions me font par avance, "saliver les narines" !
Que j’ai été long, mais le suis toujours très analytique et jamais synthétique (sauf en parfumerie (bon, nulle cette blague !)...
N’hésitez surtout pas svp à me donner vos avis qui sont très souvent judicieux, ultra-pertinents/impertinents, toujours un régal à lire ! ! Merci pour vos commentaires, avis et opinions...
Bon, un petit "shoot d’Opium" ou pas ? ;-)
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